La route pour arriver à Darwin s'annonce ennuyeuse: des centaines de kilomètres de route asphaltées et monotones. Il n'y a pas d'autres chemins même en 4X4, nous partons donc à l'assaut du bitume.
Après avoir pu apprécier les magnifiques levers de soleil et les gravures aborigènes de la région, nous laissons Karratha, Dampier et Port Hedland derrière nous et décidons spontanément de nous rendre à Marble Bar, à l'intérieur des terres. A cause du nom.



Marble porte le titre de ville la plus chaude d'Australie, mais aujourd'hui le temps est nuageux, on s'enfonce de toutes façons dans l'hiver ici dans l'hémisphère sud, on ne suera donc pas. L'endroit est petit et sympathique. Nous nous offrons un «The Lot» (Hamburger avec la totale – bacon, oeuf, etc.) à l'«Hotel». Souvent le seul endroit avec une licence d'alcool dans ce genre de lieu, devenant ainsi le point de rendez-vous des locaux. Marrant.
On commence à boire à midi, dans la salle de derrière, aborigènes et blancs jouent au billard ensemble, ça fait plaisir à voir. C'est la pause de midi.
La dame du petit office du tourisme propose de se rendre à la Carawine Gorge. Un «détour» de 400 kilomètres qui s'avérera valoir la peine. Nous traversons encore une fois les superbes paysages du Pilbara et rajoutons une crevaison à notre collection. Malheureusement le temps est constamment couvert.
Il n'y a ensuite plus rien d'autre à faire que de suivre la highway pour Broome: plus de 600 kilomètres. Sans rien à voir. L'ennui qui en résulte est facilement imaginable.

Broome est une ville florissante, au tourisme galopant. Il est temps de faire un service et d'autres petites réparations obligées. Rien de dramatique ni de coûteux, si ce n'est en temps. Cela prendra ainsi deux semaines.
Comme il n'est pas très pratique, voire impossible de camper en ville (si ce n'est dans des caravans park que nous fuyons comme la peste) nous tentons notre chance dans la nature et passons le temps à un joli endroit, dans la péninsule de Dampier, à nous relaxer, faire du pain et des pizzas au feu de bois.


Le trajet vers le nord reprend ensuite malheureusement son cours sur la highway. Dan la région des Kimberley il n'y a que deux possibilités. La voie rapide ou bien la «Gibb River Road», une piste qui passe au coeur de la région. Fin juin nous avons à nouveau de la famille qui vient nous rendre visite, nous laissons donc la «Gibb» pour plus tard. En effet comme ils loueront un 4X4 nous irons ensemble explorer cette région.

Nous traçons ainsi à travers un paysage monotone. Il y a souvent plusieurs centaines de kilomètres entre deux zones habitées qui ne sont souvent que de simples roadhouses. De vastes plaines s'étendent à perte de vue, la seule diversion bienvenue est offerte par les baobabs, majestueux géants s'élevant au dessus des broussailles dorées. Cet arbre originaire d'Afrique ne pousse en Australie que dans les Kimberleys. On pense que des graines ou m^me des troncs entiers auraient flottés jusqu'ici.
Et l'on se croirait effectivement en Afrique. Cela rappelle la savane – c'est peut-être pour cela que cette portion de route s'appelle «The Savannah Way». Ce paysage répond parfaitement aux sons de Bob Marley et ses amis qui s'échappent de l'iPod, rendant la longue route plus supportable.

A partir de Halls Creek les roues peuvent à nouveau mordre la terre, nous nous échappons de cet enfer de bitume par la Duncan Road. La Sawpit Gorge nous offre un bivouac à notre goût. Toute la piste est en fait très jolie. Des herbes dorées hautes comme des hommes se balancent doucement dans le vent, de grosses termitières s'élèvent encore plus haut, tels des châteaux forts et des kangourous sautillent partout.

De retour sur l'autoroute nous sommes dans un nouvel état: le «Northern Territory», avec Darwin pour capitale. A la frontière se trouve le Keep River National Park où nous nous aventurons et où une bonne surprise nous attends: il nous en coûtera ici deux fois moins cher qu'en Western Australia pour camper, 3.30 AU$, presque rien quoi! Nous avons le droit de faire du feu, le bois est déjà prêt, de l'eau est à disposition ainsi qu'un éco-WC, pas mal... L'endroit nous plaît beaucoup. Il n'y a pour nous rien de tel, alors que percent les premiers rayons de soleil, que de regarder par la fenêtre depuis notre lit et d'observer les eucalyptus passer du rouge incandescent à l'orange et puis un moment plus tard briller d'une lueur dorée dans la lumière du matin. Les oiseaux se réveillent, ça gazouille, ça chante, il y en a un qui nous abreuve de sons électronique incroyables!
Puisque nous avons encore un peu de temps avant que la famille arrive il y aura un petit crochet par le Gregory National park. Beaucoup de pistes y sont fermées mais la «Bullita Stock Route» est empruntable. A peine avant nous avancer sur cette piste que déjà la piste s'arrête brutalement devant une large rivière.
Un panneau nous informe «Restez à gauche des marqueurs bleus». Froncement de sourcils. Ils veulent nous faire traverser la rivière. Une deuxième pancarte avertit de la présence de crocodiles. Intéressant.
La rivière est profonde de 40 cm, parfois plus, l'eau transparente, le fond constitué d'une roche plate glissante formant parfois des marches. La seule difficulté se présente avec le contournement de certaines plaques infranchissables obligeant à un grand virage à l'intérieur de la rivière. Fin prêt, nous pouvons nous lancer. Lentement et prudemment nous nous avançons dans l'eau. Ici un marqueur et là -bas la sortie, jusque là on est bon, mais... on a trop viré et nous nous trouvons maintenant devant un obstacle infranchissable, moteur calé. Notre rythme cardiaque s'emballe. Et maintenant?
Il est normalement fortement déconseillé de changer de vitesse lors d'un passage de rivière, d'une part il est préférable d'être toujours en traction et en mouvement et d'autre part un embrayage n'étant pas étanche de l'eau peut s'y infiltrer lors du débrayage et lui faire perdre toute adhérence, le rendant aussi inutile que des chaussures de bowling sur une patinoire. Oui mais là il ne nous reste pas d'autres choix, il va falloir passer la marche arrière afin de se remettre dans le droit chemin.
Après quelque sueurs froides nous atteignons la rive opposée sains et saufs, la voiture n'ayant pas bronché (incroyable ces véhicules!) et laissons la rivière aux crocos, que nous n'avons pas vus d'ailleurs. Il y aura d'autres rivières à travers dans ce parc mais elles seront moins excitantes


Il n'y a que 13 kilomètres jusqu'au prochain bivouac, une heure de conduite tout de même. Rocailleux, cahoteux et branlant. C'est comme ça que se sent un milk shake? La pleine concentration est demandé, après ça on se sent comme après avoir fait une heure de sport. Mais chaque kilomètre en vaut la peine nous serons bien récompensé.
Le mini campground nous appartient, baobabs et termitières sont nos seuls voisins, une petite rivière transparente sans crocodile clapote à quelques mètres. Sur le feu le dîner mijote, les oiseaux nous observent, critiques. Un jeune dingo passent voir les intrus de passage sur son territoire. Les dents se brosseront sous la croix du sud. Nous avons tout ce dont on a besoin.




Après quelques jours de ce régime dans ce superbe parc, il faut reprendre la route vers Darwin. A Katherine nous voulons acheter du vin dans un «Bottle Shop». Comme il n'est pas question de transporter des bouteilles en verres sur les pistes cassantes que nous empruntons nous achetons toujours du vin en carton. Ca a l'air terrible mais pas tant que ça et même plutôt commun ici, il est de plus (beaucoup) moins cher que le vin en bouteille. A la caisse on nous demande une pièce d'identité. Pardon? Aurait on l'air si jeune et frais aujourd'hui? Pas vraiment, ici on ne peut acheter qu'un carton de deux litres par personne et par jour, le numéro de la pièce d'identité est entré dans l'ordinateur afin de contrôle. «Nous avons un problème d'alcool en ville» répond la caissière à nos mines interrogatives.
«Mais nous pourrions acheter toutes les bouteilles que l'on veut?» répliquons nous. Haussement d'épaules, l'air de dire: c'est pas moi qui fait les lois. Que nous vaut ce grand n'importe quoi? D'après les statistiques seul le vin en carton poserait problème.
Appelons un chat un chat. Beaucoup d'aborigènes ne contrôlent pas leur consommation d'alcool et errent dans les villes complètement saouls du matin au soir. Un petit malin de politicien derrière son bureau a donc pondu cette loi. Comme il ne serait pas politiquement correct de contrôler les aborigènes, on préfère casser les pieds à tout le monde. Pas sûr que cela aide à résoudre les problèmes entre les deux communautés...
Beaucoup de choses ont changé depuis notre dernière visite il y a sept ans de cela. Nous nous y attendions et c'est aux «Douglas Hot Springs» que nous en saisissons l'ampleur. Autrefois il n'y avait qu'un petit dégagement au bord de la piste pour pouvoir se garer et c'est en crapahutant à travers la végétation que l'on pouvait aller prendre un bain chaud où une source (très) chaude rejoint une rivière d'eau fraîche, on se baigne à la jonction des deux. Aujourd´hui Il y a un grand parking aménagé flanqué d'un terrain de camping énorme pour accueillir le flot de touristes...
Darwin n'est maintenant plus très loin. Le centre de la ville n'est pas très grand mais bars et restaurants y abondent. Bien que situé au bord d'une mer magnifique avec de superbes plages, la baignade est un luxe dont les habitants et les touristes doivent se passer: d'avril à octobre des méduses mortelles pullulent dans les eaux et le reste de l'année on se trouve à la merci des crocodiles, requins, serpents de meret autres animaux sympathique qui ne partagent pas facilement leur terrain de jeu.
Egal, demain nous allons chercher la famille à l'aéroport et les entraînons à l'aventure avec nous. Les six prochaines semaines seront riches en découvertes, alors à bientôt...
