La Patagonie depuis la fenêtre du bus (Santiago, Chili)

Horizons lointains, nature, lieux isolés et cabanes en bois pleines de couleurs, c'est la patagonie qui anime notre imagination depuis des années déjà . On peut même dire que c'est une des raisons qui nous poussa à prendre la route et entreprendre ce voyage.

Nous faisons de long trajets de jour comme de nuits, depuis la région des lacs au chili jusqu'à Puerto Madryn, de l'autre côté du continent où des baleines devraient être observables dans la baie.
Ce qui est exact car ils viennent là pour mettre bas, entre septembre et octobre... Pas de chance on est déjà fin novembre. C'est ainsi que nous devons à nouveau changer notre plan de route et arriver plus rapidement que prévu dans le sud.
Depuis que nous sommes en amérique du sud l'immensité de ce continent nous est régulièrement rappelé, à chaque interminable trajet en bus. L'Argentine est de ce point de vue encore plus extrême. Ce pays n'en finit pas. Entre deux points, c'est un grand rien. Une aridité sans fin, sans points d'intérêts. Des heures durant le paysage ne change pas. A droite comme à gauche de la route différents tons de vert aussi loin que le regard porte. Buissons rabougris, touffes d'herbes sèches et différentes sortes de mousses. Parfois émerge une bande plus claire d'herbe fraîche ponctuée de petites fleurs jaunes. Ce paysage nous rappele l'altiplano bolivien, en plus vert.
Nous y voilà , dans l'infinie contrée de patagonie où le vent siffle constamment dans les oreilles, quand on n'est pas assis dans le bus. A première vue on ne se rend pas compte à quel point l'endroit est venteux et puis l'on remarque le peu de végétation perpétuellement agité et définitivement orientée dans le sens des rafales, l'absence d'arbres, l'herbe courte, ce qui n'est pas dû aux moutons.

Sur l'interminable route droite on aurait presque l'impression d'être seul au monde si l'on n'était pas constamment accompagné d'une clotûre de fil barbelé, même dans ces contrées l'homme est partout présent.
On est en fait constamment entre deux clotûres, on ne peut porté les yeux librement sur l'horizon sans rencontré ces barbelés nous rappelant que chaque pouce de terre appartient à quelqu'un.

La côte atlantique, là où passe la seule route nous menant au sud, est, soyons sincère, franchement monotone. Nous sommes tout deux fanatiques des grands espaces, déserts, paysages sans fin et horizons lointains mais nous trouvons tout ceci très ennuyeux et fatiguant. Les seuls changements sont les moutons, émeus, lamas, lapins et flamands qui de temps en temps apparaissent.
Afin d'arriver à Ushuaia nous devons traverser le chili. Nous avons entre temps une quantité insensée de tampons chiliens et Argentins dans nos passeport, bien que les deux pays partagent une frontière immense et que la géographie de la région oblige a continuellement passer d'un pays à l'autre, il n'existe aucun accord pour faciliter les passages en douanes, à chaque fois les mêmes papiers à remplir, les files d'attentes et les contrôles de bagages.
Une fois au chili nous traversons le détroit de Magellan afin d'atteindre la terre de feu nous sommes accompagné de dauphins noirs et blanc faisant penser à de petits orques.
En terre de feu, le paysage change enfin: sommets enneigés, collines, lacs et grands arbres pousant dans le sens du vent.

Plus l'on s'enfonce dans le sud plus les nuits deviennent courtes. Il fait nuit très très tard et jour très très tôt, les nuits les plus courtes, fin décembre, ne durent que 2 ou 3 heures. Une observation amusante: les antennes satellites. Elles ne sont pas orientées vers le ciel mais pointent parallèlement au sol, on se demande comment ils peuvent capter quoi que ce soit.

Après encore douze heures de bus, de jour à cause du bateau et de la douane, nous arrivons en début de soirée à Ushuaia ce qui pose un problème d'hébergement: on va devoir prendre ce qui reste.
Depuis que nous sommes en Patagonie une chose est clair: fini les chambres chez l'habitant, ici c'est "backpacker" et dortoir. Le reste est simplement inabordable.
Nous devons donc partager une pièce minuscule avec huit autres personnes, tout est plein. Le petit déjeuner est tipyque des Bacpackers: un mini-pain avec un mini-café. Les traditionelles règles sont affichés un peu partout, attention: ne pas rester plus de vingt minutes à table! Ce que la taille du p'tit dèj interdit de toute façons... Et dire que dans le nord, pour moins cher, nous avions une chambre privée avec TV et tout le toutim. C'est fou. Le lendemain matin nous trouvons heureusement quelque chose de mieux. Egalement un Hostal, incroyablement cher mais pour Ushuaia ca reste dans les normes et on a quelque chose pour notre argent.

Comme beaucoup de choses auparavant, nous nous imaginions Ushuaia autrement. Plus petit peut-être? La ville se montre grande et moderne. Je ne sais pas pourquoi l'image que nous avons de la "fin du monde" est un village...?
Dans le centre on trouve de tout pour satisfaire le touriste. Ca nous fait fortement penser à une station de ski chic des alpes suisses.
Par contre la ville esy magnifiquement située. En arrière plan des montagnes enneigées et devant s'étend le canal de Beagle.
Le marketing a porté ses fruits et "la ville la plus australe du monde" attire des hordes de touristes disposés à se faire déplumé avec le sourire. Nous rencontrons beaucoup moins de voyageurs au long cours. La patagonie et la terre de feu peuvent se visiter en quelques semaines et c'est sûr. La plupart prennent l'avion pour couvrir les longues distances, ce que nous comprenons bien.

Nous voulions en fait passer les fêtes de fin d'année ici, ce coin du monde a pour nous une valeur symbolique. Plusieurs voyageurs rencontrés ici et là vont se trouver là également. Seulement ce tumulte n'est pas pour nous. Les touristes et les locaux vivent ici dans deux mondes différents, chacun de son côté, nous ne sommes pas à l'aise et soyons sincère, nous nous sentons comme ca depuis un moment déjà ...

Nous faisons par contre un suberbe tour en bateau sur le canal de Beagle dans un petit bateau de pêche pour six personnes et un vrai capitaine avec une épaisse moustache et la pipe au coin des lèvres. Tout ca pendant le seul jour ensoleillé que nous ayons eu (le temps peu changer chaque demi heure ici bas).


Nous visitons d'abord une colonie de lions de mer et allons ensuite sur l'île H qui doit son nom à sa forme.
Nous découvrons une superbe nature, de fragiles fleurs, beaucoup d'oiseaux et une colonie de cormorans en pleine nidification. Magnifique.












Le trajet de Punta Arenas (Chili), que nous visitons rapidement, à Puerto Natales (Chili) est superbe (et pas très long). La terre de feu et le sud de la péninsule en général offrent un paysage plus diversifié. Puerto Natales est un petit lieu, vraiment sympatique bien qu'également très touristique, le fameux parc national Torre del Paine étant tout proche. Cette petite ville est un bijou, partout les tipyques maisons en bois hautes en couleurs (souvent également en tôle mais toujours en couleurs) égayent les rues qui sentent si bon. Les gens utilisent encore un poele à bois, même si il ne sert qu'a faire bouillir de l'eau et chauffer la pièce. Toutes les cheminées fument, sinon c'est qu'il n'y a personne à la maison, les rues s'emplissent ainsi d'une agréable odeur de feu de bois. C'est exactement comme ca que nous imaginions ce coin du monde...
 



Nous nous rendons encore à El Calafate afin d'aller voir le fameux clacier «Perito Moreno». Ce glacier est une vraie merveille. La gigantesque masse de glace s'avance sur la surface du Lago Argentino. C'est un des rares glaciers qui ne recule pas face au réchaufement climatique, au contraire, à son centre il avance de deux mètres par jour!
Quand un morceau de glace se détache de ce monstre et tombe dans le lac le spectacle est autant visuel qu'auditif, un incroyable craquement et grondement accompagne la chute, un mélange de coup de feu et de tonerre. Parfois le bruit est tellement sourd que l'onde vous tape dans la poitrine. F-A-S-C-I-N-A-N-T. Le glacier montre différentes nuances de bleu, les détails, crevasses et pointes de glaces sont un régal pour les yeux. Cette masse de glace énorme fait 50-55 mètres de haut, 14 kilomètres de long et plusieurs de larges. Le plus fou c'est que l'on est là , en T-Shirt, le soleil brûle et on s'émerveille devant un morceau de glace énorme. Où est mon Whisky?












Nous montons définitivement vers le nord. Nous remarquons à quel point nous sommes profondément épuisé, on a l'impression de devoir dormir douze heures par nuit. On peut dire que notre "disque dur" est plein et ces trajets en bus nous ont complètement épuisé et pèsent encore.
Si nous avons a nouveau l'occasion de visiter la patagonie ce sera avec notre propre véhicule et du matériel de camping, ce sera plus intéressant et moins fatiguant.
Heureusement nous ne devons pas reprendre la même route sur la côte atlantique. Nous prenons la "Ruta 40" direction Perito Moreno (la ville pas le glacier) il y a depuis quelques jours un service de bus sur ce chemin. Bonne nouvelle.



A droite comme à gauche de la piste, c'est le même paysage déjà vu. Après 16 heures de bus nous faisons encore le court trajet jusqu'au Chili et atterissons à Chile Chico.
Il n'y a ici absolument rien à faire mais c'est exactement ce qu'il nous faut. Ici nous nous sentons enfin, après longtemps, à notre place. Les gens sont extrême ment amicaux dans ce petit village endormi au bord d'un superbe lac. Nous n'avons plus l'impression de faire un voyage en groupe (Dans le sud on finit toujours par se revoir encore et encore).

Il est par contre un peu difficile de partir d'ici, les bus roulant rarement. Le ferry qui traverse le lac ne partira que lundi prochain. On prend la situation telle quelle et attendons donc trois jours.

Au contraire de l'Argentine, au Chili il ya beaucoup de possibilités de dormir chez l'habitant . Ou bien on cherche une maison avec une pancarte "hospedaje" ou on demande. On nous répond alors quelque chose comme: "va voir au 420". C'est ainsi que nous atterissons chez "Carmen vieja" comme elle se nomme elle-même. Elle nous tout de suite pris a coeur et nous recevons sa meilleure chambre comme elle dit.
Nous pouvons cuisiner et elle jette toujours un coup d'oeil pour voir ce que nous préparons et si nous ne manquons de rien. Elle trouve toujours une raison pour venir papoter en fait elle bavarderait volontiers 24 /24 si elle pouvait. C'est une personne vraiment très gentille et nous amusons vraiment avec elle.
Elle nous montre même son trésor: dans un cagibi dans l'arrière cour elle entasse des réserves de conserves, liqueurs et autres confitures faites maisons pour l'hiver, le congélateur déborde de viande. On peut fouiller partout, goûter et savourer ces merveilles.

Carmen nous donne à nouveau la force et l`élan que nous avions perdus ces derniers temps et nous rappele pourquoi nous voyagons. Les échanges avec de telles personnes nous donnent l'énergie dont nous avons besoin pour aller plus loin. Ces dernières semaines nous ont pris plus que ce que nous avons eu en retour.
Ce n'est pas notre facon de voyager, nous nous sentons de toutes façons mieux dans les pays un peu "chaotique" avec des vieux bus où des dames montent pour vendre les produits locaux. (Rappeler nous ça quand on geulera sur ces mêmes bus;-)) 

Le lundi arrive et nous partons. Carmen nous promet un délicieux repas quand nous reviendrons. Nous traversons le deuxième plus grand lac d'amérique du sud en ferry, le vent patagonique rempli pleinement office et des vagues, énorme pour un lac, secouent notre embarcation. 

Sur la carretera austral nous traversons une contrée vraiment jolie. Tout est très boisé et vert, des tapis de violettes surgissent ici et là . Ici nous passons, comme ailleurs déjà , au milieu d'énormes étendues d'arbres morts pointant vers le ciel comme une forêt de cure dents. Beaucoup, abattus par le vent, gisent, les racines à l'air. L'impression est étrange. Un ouragan aurait pu sévir ici.
Un local dans le bus nous explique qu'en 1918, lorsque la colonisation en règle de la patagonie commenca et que l'on pouvait acheté sans problèmes des pans de terres énormes pour une bouchée de pain, les colons se sont rtetrouvés face à de gigantesques forêts. Ne sachant pas "quoi faire" avec et ayant besoin de place pour les cultures et les constructions ils entreprirent purement et simplement de tout brûlé. Les cicatrices sont encore visibles de nos jours, incroyable... Et navrant.

Notre idée est de nous rendre sur l'île de Chiloé en prenant la Carretera Austral et finir ensuite à Santiago. Plusieurs voyageurs nous laissent entendre que cette route serait fermée et que le ferry que nous voulions prendre à Puerto Chaitén ne ciculerait pas. Au début de l'année, un proche volcan est entrée et toute la ville à été évacuée. Les gens ne sont toujours pas revenu, la ville étant en partie détruite.
Nous décidons de nous rendre à Puerto Cisnes afin d'attraper un autre bateau. Depuis un moment il pleut beaucoup et le ciel gris ne laisse présager aucune amélioration. Puerto Cisnes nous recoit malgré tout avec un arc en ciel s'étendant sur la baie. Le village est petit, rustique et tranquille. On obtient une place sur le bateau pour le lendemain. 15 heures de traversée nous attendent...

Nous quittons le port le lendemain matin à sept heures. Le ciel est chargé et noir. Le ferry est très grand, chargé de voiture et de camions ce qui rend l'embarcation stable. La traversée est superbe. Nous passons à travers les fjords et nous arrêtons dans divers petits ports pour prendre des passagers. Un peu avant Chiloé nous passons même devant une colonie de lions de mer.
Le vert intense de lîle et la densité de la végétation ne laissent aucun doute quand à la fréquence à laquelle la pluie tombe sur ce bout de terre. Nous retrouvons les tipyques petites maisons de bois qui sont ici la plupart du temps sur pilotis pour les protéger de l'humidité du sol. Chilé est fameuses pour ses églises. Ce ne sont pas des églises quelconques, elles sont entièrement construites en bois. Les colones les arches et même à l'époque, les clous sont en bois. Cela donne une ambiance très chaleureuse, inhabituelle pour une église.


Nous arrivons à Santiago peu avant Noël. Nous avancons sur nos réserves d'énergie et avons besoin d'un endroit où nous recharger complètement, un endroit où nous pouvons simplement nous laisser vivre et nous concentrer sur le futur de notre voyage. Cet endroit ne sera pas Santiago.
Nous choisissons de nous poser à Mendoza en Argentine, au programme: RIEN! Un mois de pur repos et de glandouille histoire de retrouver la pêche et l'envie de repartir à l'aventure, mais une autre sorte d'aventure cette fois-ci. A l'heure oû je poste ces lignes nous patientons nerveusement jusqu'à dimanche et sommes pressés de sauter dans l'avion qui nous amènera..............
En Australie!!! Le prochain post se fera depuis le pays des kangourous. On ne tiens plus en place, on est comme des gamins. Ce sera notre troisième séjour en Australie mais on ne peut en avoir assez de ce pays. De plus les deux premières fois nous avons voyagé en van, cette fois nous voulons le faire en 4X4 pour être sûr de pouvoir accéder partout. On se concentrera sur la partie occidentale que nous ne connaissons pas encore.
C'est un autre voyage qui nous attend, fini de se demander quel bus va où, à quelle heure il part où allons nous dormir ce soir. En Australie on voyage en totale autonomie, la liberté absolue. Et puis les paysages.... rien que d'y penser j'ai l'A700 qui me démange
Nous sommes donc très impatient mais en même temps nostalgique de quitter un continent qui nous a tant offert....
A plus......