Comme cela intéresse quelques personnes ici, voici un petit topic sur le développement de films argentiques.
Il faut savoir qu'il existe autant de méthodes développement que de photographes. Chacun a sa petite recette, donc je vais essayer d'être le plus générique possible, et en fin de topic, je vous donnerai la méthode que j'utilise.
Avant toute chose, voici les références de deux bouquins qu'il faut absolument avoir quand on fait de l'argentique, dont un (le second) qui se trouve être une véritable bible.
- "Le noir et blanc - De la prise de vue au tirage" de Philippe Bachelier (ISBN : 978-2-212-67263-3)
- "La photographie moderne - Cours de pratique et de technique" de René Bouillot (ISBN : 2-7075-0086-0). Ce dernier ne se trouve que d'occasion !
Ces deux livres répondront à la majeure partie des questions que l'on peut se poser. J'en reprendrais probablement certaines parties dans ce topic.
LE MATERIEL
Le matériel nécessaire pour développer un film (135 = 24x36 ou Full Frame si vous venez du numérique ou 120 = 6x6 ou Moyen Format)
- Une pièce noire ou un manchon étanche à la lumière
- Une cuve
- Une spire acceptant le format du film
- Une éprouvette graduée
- Un thermomètre
- Un minuteur affichant les secondes
- Un décapsuleur
- Une paire de ciseaux
- 3 bidons pour les chimies (identifiés pour chaque chimie. Si vous ne les identifiez pas, c'est pas grave. En général, on inverse le révélateur et le fixateur qu'une seule fois et ça nous sert de leçon !

- 3 entonnoirs également identifier pour éviter de polluer les chimies (un par bidon)
- 2 pinces (idéalement avec une lestée) pour le séchage
- De l'eau
- Idéalement une paire de gants et des lunettes de protection (que vous laisserez tomber au bout du deuxième dev)
- Un film exposé (bien exposé, de préférence

Personnellement, j'achète mes consommables sur ce site (je n'ai pas d'action, mais ils sont sérieux et pas spécialement cher) : http://www.photostock.fr
LA MISE EN SPIRE
Ce sera la seule étape qui sera effectuée dans le NOIR TOTAL, au risque de flinguer vos photos. Le but est d'enrouler le film autour d'une spire afin que les chimies soient en contact avec toute la surface de ce dernier (un jour ou l'autre, vous aurez des surprises

Cette étape peut se faire dans une pièce totalement noire, ou dans un manchon étanche (c'est plus délicat). Je vous conseille, dans un premier temps, de faire la mise en spire assis par terre, au cas ou le film vous échapperait des mains. Cela vous évitera un (plus ou moins) long moment de solitude à tatonner dans le noir à la recherche du film perdu. Attention, le premier reflex quand on perd le film...c'est d'allumer la lumière !

Pour la petite anecdote, il m'est arrivé une fois de faire tomber le film et de le retrouver presque une demie heure plus tard....dans des chaussures (je fais ça dans ma salle de bain). Je peux vous garantir que ça semble très long !

Donc, mieux qu'un long discours, voici une vidéo qui montre comment cela se passe. Accessoirement, les spires Patterson sont probablement les plus faciles à utiliser.
Je vous conseille de sacrifier un film ou de récupérer un film périmé pour vous entraîner en pleine lumière. C'est toujours un peu de stress en moins une fois dans le noir.
Une fois la spire mise dans la cuve et cette dernière refermée, vous pouvez rallumer la lumière. Le plus dur est fait !

LE DEVELOPPEMENT
* Principe :
Vous trouverez les détails dans les bouquins cités ci-dessus. Dans les grandes lignes, le développement nécessite trois bains : Un révélateur, un bain d'arrêt et un fixateur (dans cet ordre)
Les dilutions des produits sont exprimés de la façon suivante : 1 + N --> soit une dose de produit + N fois la même dose d'eau
Par exemple : 1 litre de révélateur à 1+4 = 20 Cl de révélateur en solution stock + 4 x 20 Cl d'eau (4x20 + 20 = 100Cl = 1L, le compte est bon ! )
* Le révélateur :
Ce sera le premier bain utilisé. Il a pour but de faire "apparaître" les images sur le film. Il en existe une multitude, dans différentes marques, et avec des propriétés propres à chacun. Là encore, chaque photographe a ses préférences. Le rendu du négatif va en parti dépendre du couple film/révélateur.
Il existe des révélateurs sous forme liquide et en poudre (ces derniers se conservent mieux). Ceux sous forme liquide sont près à l'emploi en solution stock (c'est à dire pur) ou dilués. Ceux en poudre nécessitent de préparer la solution stock en les dissolvant dans de l'eau. Comme les révélateurs liquides, ils peuvent être utilisés en solution stock, ou dilués.
Cette étape sera faite à une température, une agitation et un temps donné. L'aspect final du négatif en dépendra. Là encore, chacun a sa méthode. Néanmoins, on trouve sur le packaging du produit des recommandations d'utilisation en fonction de la température, de la dilution et de l'exposition du film. C'est lors de cette étape que le maintien en température est le plus primordiale (en théorie

* Le bain d'arrĂŞt :
L'acide acétique du bain d'arrêt va stopper la réaction chimique du révélateur avec le film. On peut aussi utiliser du vinaigre d'alcool dilué (1+4) pour cette étape.
A ce stade, vos photos existent physiquement (du moins, les négatifs), mais ne peuvent toujours pas être mise en contact avec la lumière.
* Le fixateur :
Cette étape va permettre de fixer l'image sur le film en le rendant insensible à la lumière. Il ne faut donc pas la négliger si on veut pouvoir conserver ses images dans le temps.
* Le lavage :
Comme son nom l'indique, cette étape va permettre de retirer tous les résidus de chimies afin de conserver ses photos le plus longtemps possible
Bonus !
* L'agent mouillant
Cette dernière étape avant le séchage n'est pas obligatoire. Ceci dit, pour ce que ça coûte, autant ne pas s'en passer. Cela va permettre au film de sécher dans de bonnes conditions en évitant les traces de séchage ou encore de calcaire, par exemple.
TOUTES LES CHIMIES DOIVENT ETRE PRÉPARÉE AVEC DE L'EAU DISTILLÉE
Lors de toutes ces étapes (sauf éventuellement pour le lavage), il faudra "agiter" la cuve par retournement de celle-ci à fréquences régulières. A titre d'exemple, ça peut ressembler à ça:
- révélateur : 3 retournements toutes les minutes
- Bain d'arrĂŞt : 3 retournements toutes les minutes
- Fixateur : 3 retournements toutes les minutes
Bref, c'est pas compliqué ! Attention toutefois à être assez doux lors des retournements, au risque de faire exploser le grain (surtout quand on pousse un film) !
RÉCAPITULATIF DES ÉTAPES
1- Mise en spire (dans le noir)
2- allumer la lumière, une fois la cuve bien fermée
3- On verse le révélateur. On agite en continu les 30 premières secondes pour que tout le film ait été en contact avec le produit. Puis on agite régulièrement durant tout le temps du traitement en maintenant la température
4- On vide la cuve
5- On verse le bain d'arrêt, on agite comme il faut (le maintien de la température n'est pas essentiel)
6- On vide la cuve
7- On verse le fixateur, on agite (le maintien de la température n'est pas essentiel)
8- On vide la cuve
9- On lave le film (soit en remplissant et agitant la cuve plusieurs fois, soit avec un accessoire permettant un lavage continu)
10- On vide la cuve
11- On verse l'agent mouillant, on agite (le maintien de la température n'est pas essentiel). Attention, ça mousse !
12- On ouvre la cuve, et on sort délicatement le film de la spire
13- On exulte de joie (ou pas

14- On essore le film entre ses doigts (index et majeur)
15- On met le film à sécher en l'attachant avec les pinces (la pince lestée en bas of course)
16- On se débarrasse de son animal de compagnie quand on voit toutes les poussières et autres poils présents sur le film.
Voila voila ! J'espère ne rien avoir oublié. Je mettrais ce post à jour si nécessaire (et corrigerais les fautes ultérieurement, je vous prie de m'en excuser par avance)