Le coin des Photosophes [MàJ P40] Lumière, sujet ou compo?
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nianys - Messages : 3259
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Je pense qu'on fait fausse route dans la définition de l'art, parce qu'on veut attribuer à ce terme une donnée qualitative. C'est là que ça coince. On peut être un réel artiste, avec une forte sensibilité et un besoin inné et irrépressible de créer... et faire de la m... !!! Mon beau-frère est artiste, l'a toujours été (30 ans), n'a pas d'autre métier, vivote de cette activité (une subvention par ci, une petite vente par là). C'est quelqu'un d'incroyablement sensible et créatif... Il n'y a aucun doute dans mon esprit que c'est bel et bien un artiste. Et pourtant, je dois parfois poliment m'empêcher de pouffer de rire quand je vois son travail. On peut donc avoir réellement une personnalité résolument artistique, et ne pas être "bon" pour autant. C'est d'ailleurs tout le concept de l'art contemporain vs. l'art classique, se libérer de la vision bourgeoise de l'art réclamant un savoir faire, et donc quantifiable et qualifiable.
"If you don't have an expression, then you don 't have a shot"
- Peter Hurley.
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nianys a écrit :Je pense qu'on fait fausse route dans la définition de l'art, parce qu'on veut attribuer à ce terme une donnée qualitative. C'est là que ça coince. On peut être un réel artiste, avec une forte sensibilité et un besoin inné et irrépressible de créer... et faire de la m... !!! Mon beau-frère est artiste, l'a toujours été (30 ans), n'a pas d'autre métier, vivote de cette activité (une subvention par ci, une petite vente par là). C'est quelqu'un d'incroyablement sensible et créatif... Il n'y a aucun doute dans mon esprit que c'est bel et bien un artiste. Et pourtant, je dois parfois poliment m'empêcher de pouffer de rire quand je vois son travail. On peut donc avoir réellement une personnalité résolument artistique, et ne pas être "bon" pour autant. C'est d'ailleurs tout le concept de l'art contemporain vs. l'art classique, se libérer de la vision bourgeoise de l'art réclamant un savoir faire, et donc quantifiable et qualifiable.





"Plus tard, il sera trop tard. Notre vie, c'est maintenant."
Jacques Prévert
https://www.evelynegaillou.fr/
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Nianys, ton discours me semble un peu contradictoire.
1.
Je pense que je suis de ton avis.
2.
Tu émets un jugement de valeur, en contradiction avec 1.
3.
A nouveau, jugement de valeur sur l'artiste et son oeuvre.
Je n'ai pas eu la chance de voir ce que produisait ton bon frère, j'aurais peut être trouvé ça génial ou détestable.
Finalement, est ce que la valeur que nous percevons de l’artiste et/ou de son oeuvre, n’est-elle pas que l'écho d'une des multiples facettes de nous-mêmes?
1.
nianys a écrit :Je pense qu'on fait fausse route dans la définition de l'art, parce qu'on veut attribuer à ce terme une donnée qualitative.
Je pense que je suis de ton avis.
2.
nianys a écrit :On peut être un réel artiste, avec une forte sensibilité et un besoin inné et irrépressible de créer... et faire de la m... !!!
Tu émets un jugement de valeur, en contradiction avec 1.
3.
nianys a écrit :Et pourtant, je dois parfois poliment m'empêcher de pouffer de rire quand je vois son travail. On peut donc avoir réellement une personnalité résolument artistique, et ne pas être "bon" pour autant.
A nouveau, jugement de valeur sur l'artiste et son oeuvre.
Je n'ai pas eu la chance de voir ce que produisait ton bon frère, j'aurais peut être trouvé ça génial ou détestable.
Finalement, est ce que la valeur que nous percevons de l’artiste et/ou de son oeuvre, n’est-elle pas que l'écho d'une des multiples facettes de nous-mêmes?
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nianys - Messages : 3259
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Ce que je voulais dire c'est que personnellement, je n'ai PAS dépassé la "notion bourgeoise" de savoir faire dans l'art. Donc un mec qui colle des sacs Tati ensemble ou pose un chariot de nettoyage dans un coin et appelle ça une install', ça me fait inévitablement lever les yeux au ciel. Après je continue à penser que l'art n'est pas qualifiable, ça demeure une valeur *fondamentalement* subjective. Pour moi, il fait de la m..., pour lui, c'est l'expression de sa créativité artistique. Je n'ai pas vocation ou autorité à juger, et pourtant, j'ai le droit à mon opinion perso, c'est toute la complexité de la chose, et c'est pourquoi nous pouvons en débattre jusqu'au 10 janvier 2015 sans jamais avoir défini de vérité absolue. L'art classique était beaucoup plus facile à appréhender parce qu'il y avait une notion de maîtrise technique indispensable, comme un passage obligé. C'était réducteur pour l'expression personnelle, mais cela permettait de définir ce qui accédait au rang d'art bcp plus facilement.
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bah ca me semble simple, c'est de l'art mais ca te parle pas.
Apres c'est comme beaucoup de chose il y a en que l'on prefere a d'autres, des personnalites, des histoires, nos experiences, nos envies, font ce que ce qui va parler a l'un(e) ne vas pas forcement d'autre.
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NEXs RX1R SEL30 CV40 Cron-SEL 50 / écran calibré /
mon petit fil: http://www.alphadxd.fr/viewtopic.php?f=155&t=55612&start=272
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Je ne pense pas que définir ce qu'est l'art, ou un artiste, soit fondamental à la discussion. Je ne pense même pas que cela soit possible. Nous en aurons tous une définition différente, c'est le propre de l'art, évoluant au fil de notre propre évolution.
Pour en revenir au sujet de l'essai de Reichmann, je vous propose la suite avec la pensée de Briot sur le sujet, avec une photo sans prétention, toute fraîche de ce dimanche pour accompagner votre lecture:
Vue sur le Pilatus depuis les flancs du Rigi, Suisse:
Dites simplement oui
1 - Introduction
En tant que photographe d'art si on ne vous a pas déjà posé la question, ça ne tardera pas: “Est ce que vous manipulez vos photos?” Parfois cela prend un autre aspect: “Est ce que vous changez les couleurs?” Et occasionellement on va au coeur du problème: “Est ce réel?”
2 - Un peu d'histoire
3 - L'art de dire oui
4 - Drama
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Alain Briot vit et travaille au cœur des paysages du sud-ouest. Après avoir passé sept années à Chinle, Arizona, sur la réserve Navajo, Alain s'installe à Peoria, Arizona, en Janvier 2003. Cet emplacement lui permet d'accéder au désert de Sonora et à de nouvelles possibilités photographiques. Monument Valley, Canyon de Chelly et le Grand Canyon sont son arrière-cour, et il les explore en profondeur avec l'oeil d'un artiste.
Né et éduqué en France, Alain a fait des Etats-Unis sa maison depuis 1986. Il a étudié la peinture et le dessin à l'Académie des Beaux Arts de Paris, et la photographie au Centre franco-américain à Paris également. Après avoir déménagé aux États-Unis Alain received son Bachelor et une maîtrise de l'Université de Northern Arizona à Flagstaff, et a travaillé sur sa thèse de doctorat à l'Université technologique du Michigan à Houghton.
Aujourd'hui Alain crée des photographies Fine-Art, enseigne dans des ateliers de photographie et des séminaires, et propose des tutoriels de DVD. Alain a écrit trois livres: Mastering Landscape Photography, Mastering Composition , Creativity and Personnal Style, et Marketing Fine Art Photography. Plus d'informations sont disponibles sur le site d'Alain.
Pour en revenir au sujet de l'essai de Reichmann, je vous propose la suite avec la pensée de Briot sur le sujet, avec une photo sans prétention, toute fraîche de ce dimanche pour accompagner votre lecture:
Vue sur le Pilatus depuis les flancs du Rigi, Suisse:
Dites simplement oui
- Partie 1
1 - Introduction
En tant que photographe d'art si on ne vous a pas déjà posé la question, ça ne tardera pas: “Est ce que vous manipulez vos photos?” Parfois cela prend un autre aspect: “Est ce que vous changez les couleurs?” Et occasionellement on va au coeur du problème: “Est ce réel?”
- Il y a une certaine partie du public qui croit qu'une photographie doit représenter la réalité. Il y a des gens qui ne savent pas qu'il y a des différences entre ce qu'ils voient et ce que l'appareil capture. Enfin, il y a des personnes qui ne comprenne pas qu'une photographie est une représentation bi-dimensionelle de la réalité et non pas la réalité elle-même, celle-ci est beaucoup plus complexe, tri-dimensionelle et perçu à travers nos 5 sens, pas seulement un.
Certaines personnes sont prêtes à changer d'avis quand ces choses leur sont expliqués. D'autres ont un avis tranché sur la question peu importe les faits. Ce sont à eux que je me réfère dans cet essai.
Les personnes dans cette dernière catégorie croient non seulement que les photos doivent représenter la réalité, mais ils croient aussi que, pour y arriver ces photographies doivent être inchangés. Ils croient q'une photographie doit être imprimé exactement comme elle sort de l'appareil. Alors que cela peut être vrai pour certains types de photographie technique ou pour des photographies illustrant l'actualité, quand il s'agit d'art je crois que c'est l'exact contraire qui est vrai, c'est à dire que les photographies doivent être altérées d'une manière ou d'une autre afin d'avoir une chance de représenter la réalité que l'artiste perçoit.
Je pars du principe, pour cet essai, qu'une photographie d'art, crée par un artiste avec pour but de s'exprimer lui-même, est une représentation de la vision de la réalité de l'artiste, une représentation du monde tel que d'autres peuvent le voir. Cela peut-être une bénédiction ou un crime, suivant l'opinion de chacun.
Car finalement c'est une question d'opinion. Personellement mon opinion est qu'une photo ne peut capturer la réalité tel que nous en faisons l'expérience physiquement et je peux le prouver avec des faits. Néanmoins, je constate que débattre de ce point avec des gens qui ne sont pas d'accord n'est pas forcément la décision la plus intelligente. Je propose donc une approche différente, une approche qui fonctionne parfaitement pour moi.
2 - Un peu d'histoire
- Pendant longtemps je n'ai su que dire lorsque j'étais confronté aux gens qui me demandait si mon travail était réel, si je manipulais les couleurs, ou si je changeais quelque-chose aux scènes que je photographiais. En fait, en tant qu'artiste débutant pas très sûr de lui, je me sentais menacé par ces questions et était plus préoccupé par ma propre défense qu'autre chose.
A cette époque je croyais qu'expliquer mon approche artistique m'aiderait. Alors je répondais en disant que cela (les changements de couleur, les manipulations, les modifications que j'ai apportées à l'image) était représentatif de mon style et que mon but était de montrer comment je vois le monde.
J'expliquais également que je préfèreais appeler ce que je faisais des "améliorations" plutôt que des "manipulations", Parce que je perçevais ce dernier terme comme péjoratif et négatif alors que le premier est une affirmation positive.
Malheureusement mes efforts ont été vain. Ces fines différences de terminologie laissait ces gens froid. Leur opinion était faite et ils ne souhaitaient pas être embêté par les faits. Mes faits peuvent avoir été précis, pensés et sophistiqués, ce n'était que des faits. Bien qu'ills aient eu une chance d'être entendu dans un cadre académique, ils étaient complètement inutile dans une situation du monde réel.
Je pensais également que de faire tout ça m'aiderait à vendre mon travail.
Je croyais que je pourrais changer l'opinion des gens et qu'une fois que ce serait fait ils achèteraient mes photographies. Ce que j'ai découvert c'est combien il est difficle de les faire changer d'avis. J'ai également découvert que les gens qui ne croient pas ce que vous dites, ou qui n'aiment pas ce que vous faites, n'achèterons pas votre travail. Après tout, je vends de l'art. Et pour acheter de l'art quelqu'un doit aimer notre travail et souvent il doit aimer à la fois votre travail et vous-même. Quand les gens n'aiment pas l'un ou l'autre, ou pire aucun des deux, essayer de faire une vente n'est pas juste futile, c'est délirant.
Ce que j'ai découvert par dessus tout, c'est que mes explications ont peu d'effet sur ces gens. Alors que certains m'ont cru, la plupart n'était pas convaincu. Ce que je ne savais pas alors, c'était que la majorité de ceux posant ces questions était principalement intéressé par démarrer une discussion. Ils savaient que ce que je montrais dans mon travail était ma vision. Ils demandaient si c'était réel, non pas parce qu'ils se demandaient quelle serait ma réponse, mais parce qu'ils n'aimaient pas ma vision de la réalité. Quelques uns certainement, une minorité, ne comprenait vraiment pas comment mon travail était crée. Cette minorité était satisfaite avec ma réponse, que c'était mon style, ma vision du monde et souvent ils finissaient par faire un achat après que j'ai expliqué mon approche artistique. Ceux dont je parle ici ce sont les autres, ceux qui n'acceptaient ma réponse comme valide.
J'ai finalement vu la lumière et décidais d'un plan d'action différent. Je décidais que devant une évidente suspicion concernant l'honnêteté de mes réponses, je donnerais la plus directe et la moins contestable des réponses possibles. Je décidais, dans un sens, que je ferais comme si j'étais devant une cour de justice où il est demandé à la partie questionnée de répondre par un simple "oui" ou "non". En bref, j'ai décidé de simplement dire oui.
3 - L'art de dire oui
- Lorsque l'on vous demande "Est ce que vous manipulez vos couleurs?" Et que vous répondez «oui», vous créez une situation tout à fait différente que lorsque vous commencez à expliquer pourquoi vous faites ce que vous faites. Quand vous dites "oui", vous vous référez aux faits, et rien que les faits: “Oui je manipule mes couleurs”. Bien que la personne qui pose la question peut ne pas aimer votre réponse, il est difficile de remettre en question cette réponse sans remettre en cause votre intégrité personnelle.
Quand vous expliquez pourquoi vous faites ce que vous faites, vous essayez de légitimer vos actions. Dans ce cas, trois choses doivent être expliquées. Tout d'abord, essayer de légitimer vos actions implique que vous savez qu'elles peuvent être perçues comme n'étant pas légitimes. Deuxièmement, vous laissez le choix à la personne posant la question, de vous croire ou pas. Troisièmement, vous ouvrez la porte à une longue discussion car la personne posant la question à la possibilité de démanteler point par point votre réponse.
En d'autres mots, bien que je disais la vérité en tentant de m'expliquer, je donnais le contrôle à la personne posant la question. Car une fois ma réponse donnée, c'était à eux de décider si ils croyaient mes explications ou pas. Je me confondais en longues explications alors que j'aurais pu répondre par un seul mot: oui ou non. Ils pourraient légitimement se demander pourquoi je ne dis pas tout simplement «oui» ou «non». Ils avaient des raisons de douter de mon intégrité en ce qui concerne ce que je fais réellement dans mon travail.
A l'inverse, une fois que j'ai décidé de dire tout simplement «oui», j'ai pris le contrôle de la situation. Pourquoi? Tout simplement parce que lorsque quelqu'un répond à une question de la manière la plus simple possible, les deux seules options disponibles sont soit croire cette personne ou ne pas la croire. Si vous ne croyez pas que cette personne ait dit la vérité, alors vous devez revenir avec une question aussi simple que sa réponse, et vous hésiterez probablement à le faire parce que vous vous attendrez à une deuxième réponse tout aussi simple et direct que la première. Vous courrerez aussi le risque de paraître insultant. Après tout, quelqu'un que vous venez juste de rencontrer à répondu à votre question de la manière la plus simple et direct possible. Cette personne peu, si elle se sent oppressée, demander légitimement quelles raisons vous avez de ne pas la croire, si vous êtes suspicieux par nature ou si vous avez un problème avec ce qu'elle fait. Finalement elle pourrait vous demandez si il y a quelque chose qui ne va pas chez vous. Aucune de ces options n'est agréable pour la personne qui pose les questions. Et en règle générale, les êtres humains ne s'engagent pas volontairement dans des actions désagréables. Les masochistes le font, mais j'ai découvert que peu de masochistes fréquentes les expositions ou traînent dans les galeries d'art. Pas assez de douleur en vue peut-être, pas même lorsque vous contrariez les artistes pour votre propre satisfaction.
Par exemple, si quelqu'un me demande «Avez-vous manipulez les couleurs?" Je réponds "oui" et si ils demandent alors "Est-ce vrai?" Ma réponse sera un autre «oui». Je pourrais dire "oui monsieur" pour souligner ma réponse, ou juste parce que je pense qu'ils ont besoin d'une réponse plus longue, mais c'est tout ce que je dirais à une exposition de mon travail. Si ils demandent "comment manipulez vous les couleurs?" Je réponds "dans Photoshop". Et si ils disent, “Oh, je vois, vous utilisez Photoshop!” ma réponse sera encore “oui” avec ou sans “Monsieur”. Bien sûr, les mots exacts utilisés et les questions posées varient dans leur construction grammaticale selon la situation, mais d'après mon expérience, et mon expérience est vaste, c'est la façon dont les choses se passent normalement.
4 - Drama
- Revenons un peu en arrière. Mon professeur d'écriture créative à l'Université Northern Arizona, Allen Woodman, défini le drame comme étant: “deux chiens, un os.” Comme nous le savons tous, une telle situation peut rapidement conduire à un duel, car la plupart des chiensne voudront l'os que pour eux. Les chiens partagent rarement avec d'autres chiens.
Chez l'homme, les combats ont souvent lieu pour la même raison: deux personnes qui veulent la même chose uniquement pour eux. Si on l'applique métaphoriquement à la situation examinée dans cet essai, photographes ou amateurs de photographie entrent souvent en conflit en ce qui concerne la réalité, car ils croient tous les deux qu'ils décrivent la réalité dans leur travail. Cependant, leur travail semble radicalement différent, même si les deux ont photographié le même sujet. Dans cette situation, qui a raison? Qui peut prétendre représenter la réalité? De toute évidence, ce doit être l'un ou l'autre mais pas les deux.
C'est généralement ce qui est en jeu lorsque quelqu'un regarde mon travail et demande: «Avez-vous manipulez les couleurs" ou "Est-ce réel?". Ils demandent si je prétends représenter la réalité ou non. Si je dis que je le fais, le plus probable est que nous allons avoir une discussion parce que très probablement ils voient une réalité différente de la mienne. Par conséquent, si ils croient qu'il n'y a qu'une seule réalité possible, l'un de nous se trompe. Deux photographes, une seule réalité: problème.
Cependant, ma réponse ne pointe pas vers un conflit. Ma réponse n'est pas “oui, je représente la réalité” Ma réponse est “oui” je manipule mon travail. Et "oui" je manipule la réalité. Par conséquence, ma réalité peut être différente de la vôtre.
Lors des conférences je donne une réponse plus longue en expliquant que "En fait, je clone, change les couleurs, modifie le contraste, et même supprime des maisons qui ont l'air laides au milieu d'une nature sauvage. Bref, je modifie la réalité. Ce que vous voyez n'est pas ce que j'ai photographié. C'est la façon dont je me suis senti quand j'ai crée cette image. Ce que vous voyez est le monde tel que je le vois et tel que je souhaite le montrer".
“En outre, je me sens bien à faire ce que je fais. En fait, J'adore ça et je n'ai jamais été aussi heureux que depuis que je me suis donné la liberté de le faire. Non seulement ça mais j'écris aussi des essais décrivant précisément comment je fais ce que je fais et j'enseigne également aux autres afin qu'ils puissent aussi le faire. Je fais même des ateliers, séminaires et conférences sur les techniques que j'utilise et les points de vue philosophiques et rhétoriques qui soulignent ma position. Et s'il ya quelque chose que vous aimeriez savoir à ce sujet que je n'ai pas encore couvert, n'hésitez pas à demander. J'ai peut-être oublié quelque chose, et si c'est le cas, je serai heureux de corriger ça tout de suite.”
Ce que je dis, pour aller à la source de mon message et de ma position artistique, c'est qu'il n'y a pas qu'une seule réalité.Il y en a plusieurs.
Et si nous limitons cette discussion à moi-même et la personne qui pose les questions mentionnées ci-dessus, il y a au moins deux réalités différentes: la sienne et la mienne.
Nous voyons tous les deux le monde de manière différente. Je vois le monde tel qu'il est représenté dans mon travail, et ils voient le monde de quelque façon qu'ils le souhaitent. C'est OK. Ils peuvent avoir leur réalité, je peux avoir ma réalité, et je ne vois aucun problème avec cela.
Je ne prétends pas que leur réalité est erronée et que ma réalité est juste, ni le contraire. En fait je me moque complètement de savoir laquelle est correcte. Tout ce que je sais c'est que j'aime ma réalité. Elle me fait me sentir bien, me donne envie de sortir du lit le matin et d'en crée encore plus, ça me donne envie d'aller plus loin en décrivant encore plus précisément en quoi elle consiste et par dessus tout me donne envie de la vivre autant que je peux. Bref, j'adore ma réalité et je suis heureux d'y vivre. Tout ce que je demande, c'est qu'ils ne m'imposent pas plus leur réalité que je ne leur impose la mienne. Nous sommes dans un pays libre et ils peuvent faire ce qu'ils veulent, mais leur liberté s'arrête là où la mienne commence. Nous avons les mêmes droits et nous devrions tous nous le rappeler. Nous pourrions croire tous les deux que nous avons raison de décrire le monde tel que nous le faisons dans notre travail, mais nous pourrions tout aussi bien avoir tort, pas seulement eux, moi ou vous, mais nous tous.
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Alain Briot vit et travaille au cœur des paysages du sud-ouest. Après avoir passé sept années à Chinle, Arizona, sur la réserve Navajo, Alain s'installe à Peoria, Arizona, en Janvier 2003. Cet emplacement lui permet d'accéder au désert de Sonora et à de nouvelles possibilités photographiques. Monument Valley, Canyon de Chelly et le Grand Canyon sont son arrière-cour, et il les explore en profondeur avec l'oeil d'un artiste.
Né et éduqué en France, Alain a fait des Etats-Unis sa maison depuis 1986. Il a étudié la peinture et le dessin à l'Académie des Beaux Arts de Paris, et la photographie au Centre franco-américain à Paris également. Après avoir déménagé aux États-Unis Alain received son Bachelor et une maîtrise de l'Université de Northern Arizona à Flagstaff, et a travaillé sur sa thèse de doctorat à l'Université technologique du Michigan à Houghton.
Aujourd'hui Alain crée des photographies Fine-Art, enseigne dans des ateliers de photographie et des séminaires, et propose des tutoriels de DVD. Alain a écrit trois livres: Mastering Landscape Photography, Mastering Composition , Creativity and Personnal Style, et Marketing Fine Art Photography. Plus d'informations sont disponibles sur le site d'Alain.
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nianys - Messages : 3259
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J'utilise depuis longtemps le terme "optimiser". Quand on me demande si je retouche je réponds que "oui, j'optimise absolument toutes mes photos". Car mon workflow étant très léger et non intrusif, c'est vraiment cela que je fais. Je les modifie à peine pour leur permettre d'apparaître sous leur meilleur jour. Il n'y a aucune valeur qualitative à mon commentaire. Qq'un autre pourrait retoucher avec une main bcp plus lourde, je n'ai rien contre ça. Je fais juste partie de ces gens qui ont moins de plaisir devant une photo largement retouchée. Un paysage avec des orange intense et des violets flashy, alors que je sais pertinemment que les teintes ne sont pas aussi intenses dans la nature, ne me procure qu'un plaisir limité, car il perd sa crédibilité. C'est pourquoi j'aime le concept "d'optimisation". On donne un petit coup de boost à notre vision, mais tout en restant crédible et sans trop trahir la scène initiale.
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ourtigas - Messages : 1094
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je parcours ce fil sans intervenir, de belles discussions qui sont parfois assez loin de mes préoccupations de béotien, toutefois, une réflexion
me vient ,il est coutumier de dire que "la fonction crée l'organe" mais parfois et notamment en photographie c'est l'outil qui crée la fonction.
Le fait de travailler en RAW va nécessairement au moment du "développement" engendrer un réflexe d'optimisation de la vue, comme le souligne nianys, pour peu qu'on ait quelques logiciels à sa disposition . Avec la quasi disparition de l'argentique, tout amateur de photo dispose
de son petit labo et l'utilise avec plus ou moins de réussite. L'important est d'apporter sa petite contribution.
Belle photo du Pilatus et de cette mer de nuages, JC.
me vient ,il est coutumier de dire que "la fonction crée l'organe" mais parfois et notamment en photographie c'est l'outil qui crée la fonction.
Le fait de travailler en RAW va nécessairement au moment du "développement" engendrer un réflexe d'optimisation de la vue, comme le souligne nianys, pour peu qu'on ait quelques logiciels à sa disposition . Avec la quasi disparition de l'argentique, tout amateur de photo dispose
de son petit labo et l'utilise avec plus ou moins de réussite. L'important est d'apporter sa petite contribution.
Belle photo du Pilatus et de cette mer de nuages, JC.
A700,A77MK2,70-300 SSM,16-50 SSM,16-80CZ,500 f8,Minolta macro f2,8,Sigma 10-20,Tamron 150-600,Samyang 8mm Fish-eye
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Winwalloe - Messages : 1931
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J.C a écrit :Quand vous expliquez pourquoi vous faites ce que vous faites, vous essayez de légitimer vos actions. Dans ce cas, trois choses doivent être expliquées. Tout d'abord, essayer de légitimer vos actions implique que vous savez qu'elles peuvent être perçues comme n'étant pas légitimes. Deuxièmement, vous laissez le choix à la personne posant la question, de vous croire ou pas. Troisièmement, vous ouvrez la porte à une longue discussion car la personne posant la question à la possibilité de démanteler point par point votre réponse.
Je résumerais qu'il ne pas se mettre sur la défensive si la discussion lancée risque de mener à un débat stérile.
S'agissant de la fin de l'essai, le rapport de la photographie à la réalité me passionne. J'apprécie toujours de le voir traité dans des articles.
Belle photo JC, je connais la vue que d'en bas mais j'avais beaucoup aimé ce coin.
a99, 24/2 CZ, 35/2, 50/1.4 CZ, 70-210/4, 150/2.8 Mamiya, 200/2.8, dans un sac Domke
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Winwalloe - Messages : 1931
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nianys a écrit :J'utilise depuis longtemps le terme "optimiser". Quand on me demande si je retouche je réponds que "oui, j'optimise absolument toutes mes photos". Car mon workflow étant très léger et non intrusif, c'est vraiment cela que je fais. Je les modifie à peine pour leur permettre d'apparaître sous leur meilleur jour. Il n'y a aucune valeur qualitative à mon commentaire. Qq'un autre pourrait retoucher avec une main bcp plus lourde, je n'ai rien contre ça. Je fais juste partie de ces gens qui ont moins de plaisir devant une photo largement retouchée. Un paysage avec des orange intense et des violets flashy, alors que je sais pertinemment que les teintes ne sont pas aussi intenses dans la nature, ne me procure qu'un plaisir limité, car il perd sa crédibilité. C'est pourquoi j'aime le concept "d'optimisation". On donne un petit coup de boost à notre vision, mais tout en restant crédible et sans trop trahir la scène initiale.
D'autant c'est à la limite de l'impossible d'expliquer à un "profane" que le JPEG de son smartphone est une photo tout autant retouchée (ou pas plus retouchée) que toi quand tu optimises la BdB / expo / contraste et ne va pas plus loin avec le RAW.
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nianys - Messages : 3259
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Winwalloe a écrit :
D'autant c'est à la limite de l'impossible d'expliquer à un "profane" que le JPEG de son smartphone est une photo tout autant retouchée (ou pas plus retouchée) que toi quand tu optimises la BdB / expo / contraste et ne va pas plus loin avec le RAW.


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Je ne prétends pas que leur réalité est erronée et que ma réalité est juste, ni le contraire. En fait je me moque complètement de savoir laquelle est correcte. Tout ce que je sais c'est que j'aime ma réalité. Elle me fait me sentir bien, me donne envie de sortir du lit le matin et d'en crée encore plus, ça me donne envie d'aller plus loin en décrivant encore plus précisément en quoi elle consiste et par dessus tout me donne envie de la vivre autant que je peux. Bref, j'adore ma réalité et je suis heureux d'y vivre. Tout ce que je demande, c'est qu'ils ne m'imposent pas plus leur réalité que je ne leur impose la mienne. Nous sommes dans un pays libre et ils peuvent faire ce qu'ils veulent, mais leur liberté s'arrête là où la mienne commence. Nous avons les mêmes droits et nous devrions tous nous le rappeler. Nous pourrions croire tous les deux que nous avons raison de décrire le monde tel que nous le faisons dans notre travail, mais nous pourrions tout aussi bien avoir tort, pas seulement eux, moi ou vous, mais nous tous.


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borntoswim29 - Messages : 5955
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Oui c'est plutôt vrai! Que celui qui ne retouche pas ses photos me jette la première bière!
Il faut différencier à mon sens la retouche et la "l'optimisation" comme dit nyanis!
Pour les gens qui ne font pas de photos, effectivement ils ne font pas de différences!
J'étais réticent à mes début concernant les logiciels, parce que c'est "tricher" mais en fait non.. On veut créer notre vision de la scène, donc si on voit plutôt un n/b à partir du moment où c'est du numérique, il y a retouche point barre!
Je ne parle pas des achdéhaires qui piquent sévère et qui là pour le coup déforme la réalité! (quoique si le photographe était sous champignons au moment de prendre la photo ça peut se comprendre) mais si c'est sa vision de sa photo, alors je respecte! Je pense simplement qu'une optimisation va simplement permettre de mettre en valeur l'émotion que l'on avait eu au moment se shooter, et que la photo brute ne permettra pas de restituer..
Pour ma part elle m'aide aussi à moins me sentir limité par mon matériel.. Ce que pense les autres de la retouche et de leurs visions sur mes photos c'est leurs avis. Si on me demande je dis que oui, et c'est vrai qu'on se sent obligé de se justifier un peu comme si c'était très grave! Comme si notre photo était honteuse parce que maquillée..
D'ailleurs on ne demande jamais à un femme si elle est maquillée.. c'est une mise en valeur des atouts déjà présents
et il y a aucune honte à dire que oui..
Il faut différencier à mon sens la retouche et la "l'optimisation" comme dit nyanis!
Pour les gens qui ne font pas de photos, effectivement ils ne font pas de différences!
J'étais réticent à mes début concernant les logiciels, parce que c'est "tricher" mais en fait non.. On veut créer notre vision de la scène, donc si on voit plutôt un n/b à partir du moment où c'est du numérique, il y a retouche point barre!
Je ne parle pas des achdéhaires qui piquent sévère et qui là pour le coup déforme la réalité! (quoique si le photographe était sous champignons au moment de prendre la photo ça peut se comprendre) mais si c'est sa vision de sa photo, alors je respecte! Je pense simplement qu'une optimisation va simplement permettre de mettre en valeur l'émotion que l'on avait eu au moment se shooter, et que la photo brute ne permettra pas de restituer..
Pour ma part elle m'aide aussi à moins me sentir limité par mon matériel.. Ce que pense les autres de la retouche et de leurs visions sur mes photos c'est leurs avis. Si on me demande je dis que oui, et c'est vrai qu'on se sent obligé de se justifier un peu comme si c'était très grave! Comme si notre photo était honteuse parce que maquillée..
D'ailleurs on ne demande jamais à un femme si elle est maquillée.. c'est une mise en valeur des atouts déjà présents

A9, A7III + Voigt 40mmF1,2 + Zeiss 55mmf1,8 + Samyang 24mmf1,8 - Quelques trucs avec des films dedans :------------: Fil perso : http://www.alphadxd.fr/viewtopic.php?f=155&t=74226 :------------: Site internet : ici
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nianys - Messages : 3259
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C'est une bonne analogie, la femme et le maquillage ! Certains vont vouloir se donner un coup de pouce léger, d'autres se réinventer. Je trouve le parallèle très pertinent.
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- Peter Hurley.
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