Il est rare qu'un inscrit de fraîche date sur le Forum retrouve son travail ici dans la semaine suivant son inscription, mais je dois dire que j'ai été impressionné et ému par cette photo, toute en douceur, de ce lever de soleil en pleine mer éclairant subtilement les focs, le beaupré, le mât de misaine et la plage avant de ce voilier.
Ayant moi même pratiqué la voile de croisière, il y a très longtemps, j'y ai retrouvé les émotions, le calme et la sérénité ressenties lors d'une fin de quart au lever du soleil entre Corse et Sardaigne.
Je pourrai presque y imaginer la mélodie et le crescendo de "Au Matin" accompagnant l'émergence de l'astre.
Merci Ă toi pour ce souvenir...
Passons, maintenant, aux choses plus "terre Ă terre"

Tu t'es très récemment inscrit sur le forum (2 novembre 2013) j'aimerai donc faire plus ample connaissance avec toi, qui es tu Marc ?
- Bonjour ;
Merci pour votre accueil ! Je suis un « Américain à Paris », oublié en France par ses parents au début des années 60 alors qu’ils habitaient l’Afrique et le Moyen Orient ; j’ai en effet passé toute mon enfance dans des pensionnats en Suisse et en France, où j’ai appris la langue de Voltaire. J’ai épousé une française et l’ai entraînée avec moi un peu partout dans le monde. Jeunes retraités, nous habitons en partie dans l’Ouest parisien, près d’une école internationale où j’ai pu faire suivre une éducation pluriculturelle à mes enfants. Nous sommes par ailleurs souvent aux US, où vit une partie de la famille.
Question récurrente ici : qu'est ce qui t'a amené à la photo ?
- A la naissance de mon fils, pendant la guerre du Vietnam, mon beau frère m’a ramené d’Asie, où il était coopérant, le Pentax Spotmatic F (que j’ai toujours – et qui fonctionne !) d’un grand reporter de guerre de ses amis qui changeait d’équipement. Mon sujet était tout désigné : mon nouveau né !
Autre question non moins récurrente : Qu'est ce qui t'a amené sur "Alpha DxD", qu'attends tu du forum ?
- Après avoir traîné dans deux photoclubs successifs, où j’ai beaucoup appris, j’ai démissionné car soit je n’aimais pas les critiques formulées à l’égard de mon « travail » (digne de Géo, pas d’un photoclub), soit j’étais toujours en voyage et manquais toutes les séances (j’ai effectivement la bougeotte). Je suis donc à la recherche de deux forums – un français et un anglo-saxon – où je puisse partager des photos, recevoir des critiques (constructives !), chercher des idées et améliorer mes résultats techniques, éthiques et artistiques.
Pourquoi deux forums ? J’ai la très forte impression que deux cultures photographiques distinctes existent, l’une française, l’autre américaine. Le graphisme, la couleur (ou les nuances de gris dans le noir et blanc), la composition et les formes priment en France. Aux US c’est l’expression, le choc des scènes de rue, l’urbain et l’objet. C’est mon avis, et il n’est pas forcément partagé. Donc je cherche deux forums pour y mettre les deux types de photos et ensuite constater et comparer les commentaires !
Après une rapide visite sur ton profil LinkedIn, sur ton blog et quelques recherches sur Google il semble que tes compétences s'exercent plutôt dans les domaines de la finance, du volontariat humanitaire et de l'agrobusiness alors... trois livres photos édités sur "Blurb"........... Why?
- En effet, j’ai beaucoup à me faire pardonner ; vous imaginez une carrière de plus de quarante années dans la finance américaine et globale ! Donc retraité, je fais de « l’humanitaire » avec des ONG américaines (pour la simple raison que mes diplômes – Suisse et US - et expériences – exclusivement pour des entreprises US, y sont fortement reconnus).
Bien qu’équipé d’une très bonne imprimante, j’utilise néanmoins Blurb pour partager mes photos avec amis et famille. J’ai une bonne douzaine de gros livres chez eux, dont trois sont « publics » (Birmanie, Éthiopie et Nouvelle-Orléans) ; mais les ventes sont ridiculement faibles ! Les autres sont « privés » car soit consacrés à la famille, soit j’ai « emprunté » le texte sans autorisation (Voyage en Éthiopie, Égypte en Montgolfière, Sainte Cécile d’Albi, La Sicile, Les Oiseaux d’Éthiopie…). En outre, Blurb permet de partager son travail sur Internet sans l’obligation de passer à la caisse (tous mes livres sont entièrement visibles sur Internet bien que vendus sans marges)…
Qu'est ce qui t'a amené à publier ?
- Mon premier livre à tirage « privé » (en Éthiopie - le deuxième livre éthiopien sur le Bull Jumping est public) a été le fruit d’un voyage avec une amie agrégée de français qui a su raconter notre voyage avec humour – à l’époque l’Éthiopie, c’était l’aventure ; j’ai donc illustré son texte. Ensuite, pris au jeu, j’ai continué. Mon dernier livre (en anglais), sur la Birmanie, reprend le blog que j’ai écrit pendant les trois mois passés dans ce pays fabuleux au début de cette année (et où j’ai assisté un entrepreneur birman à créer une start-up dans le domaine de la finance).
Au vu de ton travail sur Flickr, puisque, pour l'instant, tu n'as pas encore eu le temps de poster grand chose ici, pourrait on dire que tu es une sorte "d'ethno-photographe " des pays d'Asie et d'Afrique ?
- Non, pas vraiment. Quoique… Je suis devenu passionné par la photo humaine suite à de nombreuses critiques formulées à l’égard de mon travail (pourquoi ce mot, alors qu’en réalité je m’amuse !) de jeunesse. L’humain était systématiquement absent de mes premières photos (hormis celles de mon fils, bien entendu). Je me suis donc forcé à me mettre face aux inconnus pour les photographier. Et, avouons le, c’est plus facile à faire dans certaines parties du monde. Les éthiopiens et les birmans adorent ça ! C’est vrai qu’en Éthiopie ils s’attendent à une petite obole (de l’ordre de 20 cents d’Euro pour une séance). Par contre, en Birmanie, il s’agit d’une manière de faire connaissance, car ils vous photographient également ; en effet, privés de libertés depuis les années 40, ils découvrent, depuis deux ans, enfin l’étranger.
En France, pour prendre une photo de rue, c’est la galère, sans parler des problèmes dès qu’il y a un enfant dans le viseur. C’est Cartier-Bresson qui disait que si c’était à refaire, il serait devenu exclusivement peintre. Et c’est aussi là que la photographie contemporaine américaine diffère de celle en France. Là bas, pas besoin d’autorisations ; ce qu’il ne faut pas c’est mettre le sujet dans une situation qui puisse le compromettre.
As tu des projets photographiques particuliers pour l'avenir proche ?
- Oui ; je pars en Inde du Sud prochainement ! Du coup je vais peut être mettre sur Flickr de vieilles photos prise au Rajasthan il y a quelques années afin de les compléter avec celles à venir.
Quels conseils donnerais tu à ceux qui souhaitent partir photographier dans les pays que tu connais bien (Birmanie, Éthiopie, States) ?
- Premièrement, se forcer à photographier les gens ; pour cela il convient de sourire et de demander, soit oralement soit par gestes, si on peut le faire. Leur montrer ensuite le cliché sur l’écran et lorsqu’ils se mettent à sourire du résultat, recommencer en mettant l’appareil en mode rafale. La dernière étape est de leur envoyer la meilleur photo par mail (quand c’est possible), ou de l’imprimer sur place si on a la chance d’avoir une mini imprimante portable (c’est le pied !).
Deuxièmement, bien choisir son équipement et avoir un boîtier de secours (j’ai cassé un boîtier dans le grand sud éthiopien et heureusement j’avais un boîtier de secours dans mon sac ! ). J’essaie au moins d’avoir deux objectifs fixes (entre 20 et 85mm) à très grande ouverture, et un zoom passe partout (70-400).
Finalement, bien choisir son sac… Et ça, c’est hyper compliqué. Je ne suis jamais satisfait du choix. Au final, pour le transport aérien et en voiture, j’ai un gros sac à dos d’une marque très connue avec ouverture sur le coté et poche pour l’ordinateur indispensable, mais une fois sur place, j’ai une vieille banane de chez Lafuma (qui n’est plus fabriquée) qui contient mon 70-400, un pantalon (ou veste) à grandes poches pour un ou deux objectifs et je porte mon Alpha au poignet (jamais autour du cou, c’est trop fatiguant quand on marche longtemps). Fut un temps j’avais un « machin » pour porter 2 boîtiers (un chargé de film 64 ASA, l’autre de 400 ASA) autour du cou, mais les cervicales ne supportaient plus ; et puis maintenant avec le numérique, on peut changer la sensibilité à chaque cliché !
Sur Flickr tes premières photos publiées sont des "scans" de clichés argentiques, aujourd'hui, en dehors du A99, ta panoplie c'est quoi ?... et pourquoi ?...
- Au départ, j’étais équipé de Spotmatic F 42mm à vis (j’en ai encore 2) et de toute une gamme d’objectifs du grand angle au 300mm. Je faisais énormément de diapositive (discipline ardue, car il n’y avait aucun droit à l’erreur, ni recadrage, ni éclaircissement ou obscurcissement). Je suis ensuite tombé amoureux de Minolta quand la marque a introduit ses premiers appareils à mise au point automatique et que j’ai découvert le rendu des couleurs des objectifs de la gamme G. Ensuite je suis resté fidèle et j’ai donc naturellement basculé vers Sony (avec bonheur !). J’ai donc un Maxxum 9000, un Dynax 9, deux 9xi, un Dynax 7D, un A300 (ah, non, ma fille vient de me le piquer), un A900 et un A99 (tous en état de marche). Parmi les objectifs, chez Minolta j’ai les suivants : 20mm, 28mm, 50mm f:1.8, 50mm Macro, 85mm f:1.4 G, 27-70 G et le 70-200 G (tous un peu lents, mais avec un Bokeh et un rendu de couleur qui me conviennent parfaitement). Chez Sony, j’ai le 70-400 V1 et chez Sigma j’ai le 18-30mm et le 35mm 1.4 DG HSM (que j’adore et qui quitte rarement mon A99. C’est avec cet objectif que j’ai pris cette photo).
En outre, j’ai un scanner Nikon CoolScan 4000 pour digitaliser les quelques 50 000 diapos que j’ai et une imprimante Epson grand format (A2).
J’utilise Aperture d’Apple et comme je ne fais que du RAW, j’ai 9 To de mémoire pour tout garder en triple exemplaire.
Cette photo est elle une "opportunité" saisie au vol ou est ce un cliché mûrement préparé ? Raconte nous un peu de son histoire.
- Cette photo n’a pas de mystère ; après m’être couché horriblement tard, je suis tombé du lit à 5:30 pour un lever de soleil et je me suis recouché après ! Je ne me souviens pas de grand chose si ce n’est que c’était beau ! Il faut dire que l’Adriatique en septembre sur un cinq mâts, c’est « géant ». Malheureusement, presque toutes mes photos sont instinctives et jamais mûrement préparées ; je n’ai ni la discipline, ni la formation et ni la patience pour la photo
« préparée » ; c’est pourquoi je ne m’encombre presque jamais d’un trépieds (mais j’ai un « bean bag » - il s’agit d’un sac rempli de billes molles afin de poser le boîtier n’importe où). C’est probablement la raison de mon choix de boîtiers digitaux (avec stabilisateurs incorporés ; je ne pense pas m'offrir le A7R !). Je dois cependant avouer que je suis un grand « fan » de Gary Friedman, connu pour ses livres sur les Minolta et la gamme Alpha, et que mes appareils sont tous préprogrammés selon ses conseils (il m’a également aidé à créer mon blog et a édité un article et certaines de mes photos pour la revue Cameracraft de ce trimestre).
En matière de post traitement es tu un "fan" ou réduis tu cela au strict "minimum syndical" ? Qu'en est il ici ?
- Je recadre, visite la balance des couleurs, pousse un peu les contrastes et, si besoin est, supprime les taches dues aux saletés sur le miroir ; l’A99 est fantastique car son miroir translucide évite d’avoir à nettoyer souvent le capteur. Sur cette photo, je n’ai pas voulu « enlever » les deux plates formes de forage en mer qu’on aperçoit sur la ligne d’horizon et qui ressemblent à deux taches. Pour les diapositives scannées, j’utilise toujours le pinceau « skin smoothing » pour enlever le grain du ciel bleu (c’est le problème de la majorité des scanneurs de diapos – on dirait que le ciel a été pris à 1600 ASA).
Des fois il m’arrive de m’exciter sur les manettes et sans doute vais-je partager avec vous le résultat tiré d’un voyage dans le pays des goulags prochainement (écluses de la Volga)… Ma femme a crié en voyant le résultat, et c’était bien l’intention…
Enfin, souhaites tu ajouter à cet entretien quelques autres choses qui te tiennent à cœur ?
- A moins de travailler dans le monde de la photo, il convient de se faire plaisir, ne jamais se prendre au sérieux, et se dire qu’on a la chance de pouvoir prendre toutes ces belles photos ! Et tant pis si on est seul à admirer le fruit de son « travail » (à condition toutefois de chercher à progresser) ! C’est vrai que des compliments et un peu de reconnaissance pour un travail bien effectué ça fait plaisir, mais finalement, pour l’amateur, ce n’est pas le principal. C’est souvent la prise de vue qui est le moment fort
Merci à toi Marc de m'avoir consacré ces quelques moments. We wish you a long and very "photographic" retirement

Pourquoi pas dans un fil perso ici ???
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