
Vagabondage maj Chinguetti / Sahara p35
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FREDW - Messages : 4808
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Je découvre ce fil passionnant en le parcourant en diagonale
car j'ai peu de temps en ce moment, quel voyage fabuleux
. J'admire votre liberté! Je prends un plaisir fou à lire vos aventures. Du coup je vais tout reprendre depuis le début tranquillement dès que je peux.


A7rv, A7riv, A7iii, A9ii, SEL12-24/2.8|24-105/4|55/1.8|Batis 85/1.8|SEL90/2.8 macro|SEL70-200/4|SEL100-400/4-5.6l SEL200-600
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J.C - Galeriste
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Bonne lecture!
Ababa, notre chauffeur mauritanien vien tous nous chercher le lendemain matin, conduit les deux autres passagers à la gare routière. Nous, il nous fait visiter la ville.

Celle-ci est un vrai "nid à poussière". Les trottoirs sont faits, ou recouverts de sable, les routes sont pleines de sable, les rues sont de toutes façons faites de sable. Même les maisons semblent être faîtes de sable. Il existe un "quartier riche", c'est là qu'habite Ababa comme il nous annonce fièrement, et un centre ville.

Ababa se rend ce matin au marché aux chèvres, il a besoin d'une peau. A côté du quartier pauvre où les maisons sont bricolés tant bien que mal à partir de tôle ondulé, bêlent les nombreuse chèvres. Nous traversons le marché en voiture. Amplement suffisant pour l'instant.
Les rues du marché sont un enchevêtrement d'humains et d'animaux, nos pieds sont en contact constant avec le sable, le soleil tape sur nos têtes. Nous voulons acheter des fruits. Il n'y a pas grand choix en fruits et légumes ici. Presque rien ne pousse dans ce paysage sec et sablonneux. Quasiment tout est importé d'Espagne ou du Maroc.
On trouve quelques carottes, choux, pommes de terres, tomates. Et des bananes. Le bourdonnement d'un immense troupeau de mouches vertes se fait entendre depuis le stand de fruits alors que l'on se rapproche de la viande. il vaut mieux s'en tenir aux bananes.
Les gens sont tous très gentils. Néanmoins, nous ne savons toujours pas si nous pouvons déjà abandonner l'armure de protection, dont nous nous sommes revêtu au Maroc.
Ababa s'occupe de nous d'une manière touchante. Il promet, puisqu'après tout il a travaillé pendant 35 ans au chemin de fer de la mine, de nous organiser des billets pour le train. LE train minéralier. Ce train est un des plus long du monde et circule plusieurs fois par jour entre Nouadhibou et Zouérate, une mine de fer en plein Sahara. A la fin du convoi, qui fait deux kilomètres de long derrière deux locomotives, se trouve une voiture de passagers.
Le voyage jusqu'à Choum dure plus de douze heures. Dans ce wagon, toujours plein à craquer, il n'y a pas de toilettes, pas de banquettes, l'air chargé de poussière est difficilement respirable, les fenêtres inaccessible. Les plus solides préfèrent encore s'installer dans un wagon de minerai vide et endurer le froid glaciale de la nuit saharienne. Personne n'est volontaire pour ce voyage mais c'est, pour beaucoup de communauté saharienne, le seul moyen de transport vers la civilisation.
Ababa nous promet une place dans le wagon "V.I.P", un petit wagon avant celui des passagers, qui fait penser Ă une locomotive et permet aux cadres de la mine de faire le trajet plus "confortablement". Nous n'y croyons pas trop.

Le soir nous sommes invités dans sa famille, pour le thé. Le thé est une cérémonie très importante et très sociale que les Mauritaniens pratiquent à toutes occasions. Mais au moins trois fois par jour.
Le thé est sucré mais pas collant comme au Maroc. La menthe vient également en moindre quantité. Il est bu dans des petits verres, de la taille de verres à Schnaps. Chez les nomades, le thé est un véritable rituel d'accueil, de détente et de négociation. On lui prête de nombreuses vertus, dont celles de pouvoir couper la faim, la soif et de réduire la fatigue. La préparation du thé répond exactement au mode de vie des nomades. Quel thé ? C’est un thé vert de chine " 8147 " et on boit non pas un, mais trois verres de thé. Pour que se déroule cette lente liturgie, les conditions requises sont au nombre de trois: les fameux 3 J : Jmar (ce sont les braises du charbon de bois dans le " canoun " sur lequel on pose la théière), Jar (lenteur - lenteur de l'infusion des feuilles, lenteur du service, de la dégustation.), Jmaa (signifie le groupe, l’assemblée, car on prépare rarement le thé pour une seule personne). Le premier thé est fort, juste les feuilles infusées; un verre est rempli puis versé et reversé dans les autres verres. Tout l'art réside à verser le thé de très haut, créant une cascade de liquide s'étirant parfois jusqu'à un mètre pour en couper l'amertume et en favoriser la mousse. Puis on remet l'eau de la théière à chauffer en ajoutant de la menthe et du sucre; le troisième suit le même processus, ainsi, la teneur en théine est de plus en plus faible. Les Mauritaniens disent que le premier thé est âpre comme la vie, le second est fort comme l'amour et le troisième suave comme la mort. On les boit jusqu'à l’extrême dernière goutte, " la larme de miel ". Une bonne mousse c'est l'Alpha et l'Oméga du thé Mauritanien. Il faut ensuite attendre jusqu'à ce que le service à thé est été lavé par celui ou celle qui l'a préparé. Ce qui est également fait sous les yeux des invités. Il en est toujours ainsi, pas seulement lorsque l'on a des touristes comme invités…
L'épouse d'Ababa explique cette tradition, en souriant: "Nous essayons ainsi de faire durer ce moment où nous sommes réunis le plus longtemps possible."
Il faut avoir le temps lorsque l'on décide de prendre le thé. Boire les trois verres obligatoires, même si il n'y a dans chaque verre que deux gorgées, ça prend un certain temps.
Le thé Mauritanien est en tous cas un délice, le meilleur thé que j'ai pu boire, ça devient vite une drogue.
Avant de nous quitter, la fille d'Ababa offre à Manuela un grand voile. Elle est très surprise de ce cadeau. C'est un voile que les femmes portent comme vêtement ici. L'étoffe, fine et colorée fait bien 5 mètres de long. Elle est enroulée en un ample mouvement autour du corps et de la tête. Toutes les femmes sont ainsi habillées, très coloré. C'est une question de goût mais c'est, à notre avis, beaucoup plus joli, qu'une Djellaba et un Hijab.
Ponctuel comme toujours, Ababa vient nous chercher le lendemain matin pour nous emmener à l'endroit où le train doit s'arrêter. Il y a déjà beaucoup de personnes qui attendant avec leurs énormes baluchons noués.

Alors que nous nous rapprochons de la voiture des cadres, un employé nous fais signe de nous diriger plus vers l'arrière du train, au wagon passager. Ababa lui agite un papier sous le nez qui confirme que deux lits ont été réservé pour nous.
Ca marche! Dans un compartiment vert se trouvent trois lit, un est déjà occupé par le responsable de l'entretien de la voie qui fait le trajet avec nous. Il nous accueille à bord et nous souhaite la bienvenue.

On a peine à y croire, nous sommes complètement retourné par l'hospitalité et la gentillesse des Mauritaniens. Nous voilà donc dans notre compartiment "V.I.P", traversant le désert. S'enfonçant toujours plus dans le Sahara. Peu après Nouadhibou nous nous retrouvons complètement isolé.

De temps en temps apparaissent des tentes à l'horizon, sinon nous admirons depuis le hublot du train de longues dunes de sables dorées par le soleil du soir. Et tout cela grâce à Ababa. Sans que cela nous coûte un centime…


Malgré le confort "V.I.P", le trajet vers Choum n'est pas de tout repos. Nous sommes couvert d'une fine couche de sable et suons tout ce que nous pouvons. Sans parler du risque sérieux d'étouffement, tant il y a de poussière. Aucune chance de trouver le sommeil non plus. Quand un train d'une telle longueur opère le moindre changement de vitesse, un grondement se fait entendre, de plus en plus fort, le long des deux kilomètres de wagons qui nous sépare des locomotives, c'est le choc des fixations de chaque voiture, amplifié par la distance, pour se finir en un choc incroyable à notre niveau, en queue de convoi, donnant l'impression d'une collision avec un autre train. Impressionnant! Mais on ne se plaindra pas. Au contraire, nous compatissons encore plus avec ceux qui voyagent dans l'autre wagon.


Le voyage se termine Ă 02:00 du matin au milieu de nulle part.
A Choum descendent toutes les personnes qui ne travaillent pas à la mine. Dans la nuit noire un convoi de pick-up Toyota attendent leur clientèle débarquant du train. La fatigue cède place à l'étonnement, nous ne savons pas trop ce qu'il nous faut faire, dans cette obscurité et espérons seulement qu'un de ces véhicules pourra nous emmener plus loin, et que le pilote connaît bien le chemin!
Nous finissons par être embarqué dans un des pick-ups par un des chauffeurs enturbané, ambiance Taliban garantie. Je n'arrive pas à faire taire une petite voix dans ma tête. "As tu fais le bon choix, as tu fais le bon choix, as tu…"
Nous roulons ainsi plein gaz, dans le noir, au milieu du sable, sous un immense ciel étoilé, direction Atar. La plus grosse "ville" de la région de l'Adrar. Le chauffeur nous débarque à une auberge et va réveiller la propriétaire, il est à peine six heures, le jour vient de se lever. Nous nous installons dans une pièce avec deux matelas à même le sol et nous reposons quelques heures.

Atar est également une ville poussiéreuse. Pas étonnant, le Sahara occupe la plus grande partie du pays, progresse constamment, le combat contre le sable est perdu d'avance et puis après tout c'est pour lui que nous sommes là . La rue principale est bordée de maisons simples, de mécaniciens, garages, magasins de produits alimentaires, des chèvres traversent les rues ou mangent des ordures.



Il fait incroyablement chaud. Pour nous en tous cas. En effet c'est l'hiver en ce moment et la plupart des Mauritaniens ont froid.
En tant qu'étranger on nous demande constamment ce que l'on fait ici, où nous allons, quand et comment. Il arrive souvent que le gens sachent que vous allez arriver quelque part avant même que vous y soyez! C'est tout à fait sans arrière pensées, c'est plus un sport national, en savoir le plus possible et le raconter à tout le monde, et puis si on ne connaît pas vraiment toute l'histoire on invente un peu
Le bon vieux téléphone arabe.
Une fois, alors que nous prenions notre déjeuner à la terrasse poussiéreuse d'un minuscule boui-boui, Manuela est prise d'une envie pressante. Elle s'en va donc à la recherche de toilettes, le local où nous nous trouvons n'en disposant pas. Cent mètres plus loin elle est interpellé par un Mauritanien se trouvant de l'autre côté de la rue et s'empressant de la rejoindre. De la drague? Impossible, pas ici. Arrivé à sa hauteur, le garçon, qu'elle ne connaît ni d'Eve ni d'Adam, lui tend un téléphone portable: "c'est pour toi!" lui lance t'il en s'éloignant un peu pour la laisser converser avec son interlocuteur. Manuela reste bouche bée un moment, regardant autour d'elle en croyant à une blague, avant de risquer un "allo?" dans le téléphone. C'est en fait le neveu d'Ababa, il tient une auberge à Chinguetti (à plusieurs heures de route de là ) et à été prévenu par ce dernier que nous étions en route pour aller le voir, il voulait s'assurer que tout allait bien. Comme nous n'avons pas de téléphone, il a appelé une connaissance à Atar qui a tôt fait de nous retrouver, étant les seules étrangers en ville. Ca surprend…
Tout se déroule beaucoup plus facilement et surtout avec beaucoup moins d'énervement qu'au Maroc. On est souvent recommandé de personnes en personnes, le chauffeur a une nièce avec une auberge, l'oncle de l'aubergiste est Taxi, ce dernier à un ami qui change l'argent à un bon taux. Et tout se déroule sans aucune arnaque.
Dans aucun autre pays nous n'avons échangé autant de numéros de téléphone et reçu autant d'adresses qu'ici. Ici les relations et connaissances jouent un rôle très important. Il y a toujours quelqu'un qui connaît quelqu'un qui peut vous aider. C'est toute la société Mauritanienne qui fonctionne ainsi.
Nous sommes à al recherche d'un endroit plus tranquille et isolé qu'Atar. Azougi qui se trouve à seulement 20 minutes, nous paraît être idéal pour cela. C'est donc en "taxi brousse" que nous nous rendons vers cette oasis d'où provient l'eau de Atar et d'une bonne partie de la région.
Du haut d'une colline nous restons sans voix à la vue des pittoresques habitations traditionnelles, s'intégrant parfaitement ton sur ton dans le paysage. Partout se trouvent des "Tikits", demi-sphères pointues assemblées à partir de petites branches et servant au couchage, ou des "Khaimas", grandes tentes de toile protégeant de la chaleur et du vent, qui elles sont l'espace de vie commune. Superbe.


L'hébergement qui nous a été conseillé (qui est en fait le seul) se trouve tout au bout du village. Les enfants nous font signe, il règne une atmosphère calme et sereine. Immédiatement après l'"auberge" une immense dune dorée se dresse pompeusement, se poursuit en plusieurs autres pour finir par se transformer en une mer de dunes.


Nous y voici, au coeur du Sahara, le plus emblématique des déserts.
Nous dormons dans un petit Tikit, sur de fins matelas de sol. Khassem et sa famille gèrent l'endroit d'une manière très simple. On peut également y manger. Heureusement car sinon, il n'y a absolument rien ici. Nous voilà donc en pension complète désertique
Tout d'abord nous nous verrons offrir le traditionnel thé de bienvenue dans la grand Khaima. Fait par la fille de Khassem il est parfait, avec une mousse délicieuse. Enfants et membres de la famille passe nous voir, prennent le thé ou font juste un court arrêt le temps de quelques bavardages. Nous nous sentons très à l'aise ici.

Khassem est d'un âge avancé. Dans les années 30 il se battait sous les couleurs françaises, ici même, pour défendre SON oasis dont il a, aujourd'hui encore officiellement la garde. Il nous montre fièrement toutes ses décorations, titres et photos. On le verra défilant sur les Champs Elysées lors d'un 14 juillet et recevoir, encore, une médaille.
Nous sommes aux anges. Enfin dans la nature, enfin au calme. Le cadre est paradisiaque, la grosse dune peut se grimper en passant par une "porte du désert". Au loin paissent des chameaux, on aperçoit quelques habitations mais sinon surtout du sable, du sable et encore du sable.



Le lendemain matin nous sommes très tôt à la "porte du désert". Nous voulons marcher jusqu'à l'oasis, distante de quatre kilomètres. La sensation que l'on a en se promenant pieds nus à travers les dunes est difficile à décrire. simplement génial.



Un vent incessant souffle sur le désert et nous sommes bien content d'avoir notre "Shesh", ce long tissu bleu foncé que les hommes portent en "turban" protège efficacement du soleil, du vent et d'une déshydratation trop rapide. Le vent balaie le sommet des dunes soufflant des bouffées de sable fin sur le paysage.

A certains endroits le sable miroite dans des reflets rose saumon. Il ruisselle parfaitement et est agréablement frais sous la surface chaude. A l'aller les températures ne sont pas encore très élevées, mais arrivé à l'oasis il est presque midi. L'endroit est fabuleux, une oasis comme on se l'imagine. D'un côté une falaise et des pierres noires se mélangeant au sable doré, un petit lac, et évidemment, des palmiers.

Le retour est long et la chaleur accablante. Mais cela en valait vraiment la peine. Nous sommes imprégnés de nouvelles sensations et d'images que nous ne sommes pas prêt d'oublier. Notre retour sera célébré et notre estomac remplit avec le traditionnel "Leksour". Un bol est recouvert d'une sorte de crêpe sur laquelle est versée une sauce abondante, de la viande et des légumes. La crêpe se gorge de sauce et il faut essayer de manger tout ça avec las main droite. On en met nettement moins à côté avec une cuillère.

Nous sommes maintenant vraiment positivement surpris de ce pays. A entendre le nom "République islamique de Mauritanie" peut donner des à priori à certains, pourtant ici l'on trouve de tout, sauf de l'extrémisme. Les gens sont polis et accueillant, bienveillant et hospitalier, d'une gentillesse rare. Nous nous sentons parfaitement bien dans ce pays.

Nous continuons encore plus loin dans le Sahara, au prochain épisode...
Ababa, notre chauffeur mauritanien vien tous nous chercher le lendemain matin, conduit les deux autres passagers à la gare routière. Nous, il nous fait visiter la ville.

Celle-ci est un vrai "nid à poussière". Les trottoirs sont faits, ou recouverts de sable, les routes sont pleines de sable, les rues sont de toutes façons faites de sable. Même les maisons semblent être faîtes de sable. Il existe un "quartier riche", c'est là qu'habite Ababa comme il nous annonce fièrement, et un centre ville.

Ababa se rend ce matin au marché aux chèvres, il a besoin d'une peau. A côté du quartier pauvre où les maisons sont bricolés tant bien que mal à partir de tôle ondulé, bêlent les nombreuse chèvres. Nous traversons le marché en voiture. Amplement suffisant pour l'instant.
Les rues du marché sont un enchevêtrement d'humains et d'animaux, nos pieds sont en contact constant avec le sable, le soleil tape sur nos têtes. Nous voulons acheter des fruits. Il n'y a pas grand choix en fruits et légumes ici. Presque rien ne pousse dans ce paysage sec et sablonneux. Quasiment tout est importé d'Espagne ou du Maroc.
On trouve quelques carottes, choux, pommes de terres, tomates. Et des bananes. Le bourdonnement d'un immense troupeau de mouches vertes se fait entendre depuis le stand de fruits alors que l'on se rapproche de la viande. il vaut mieux s'en tenir aux bananes.
Les gens sont tous très gentils. Néanmoins, nous ne savons toujours pas si nous pouvons déjà abandonner l'armure de protection, dont nous nous sommes revêtu au Maroc.
Ababa s'occupe de nous d'une manière touchante. Il promet, puisqu'après tout il a travaillé pendant 35 ans au chemin de fer de la mine, de nous organiser des billets pour le train. LE train minéralier. Ce train est un des plus long du monde et circule plusieurs fois par jour entre Nouadhibou et Zouérate, une mine de fer en plein Sahara. A la fin du convoi, qui fait deux kilomètres de long derrière deux locomotives, se trouve une voiture de passagers.
Le voyage jusqu'à Choum dure plus de douze heures. Dans ce wagon, toujours plein à craquer, il n'y a pas de toilettes, pas de banquettes, l'air chargé de poussière est difficilement respirable, les fenêtres inaccessible. Les plus solides préfèrent encore s'installer dans un wagon de minerai vide et endurer le froid glaciale de la nuit saharienne. Personne n'est volontaire pour ce voyage mais c'est, pour beaucoup de communauté saharienne, le seul moyen de transport vers la civilisation.
Ababa nous promet une place dans le wagon "V.I.P", un petit wagon avant celui des passagers, qui fait penser Ă une locomotive et permet aux cadres de la mine de faire le trajet plus "confortablement". Nous n'y croyons pas trop.

Le soir nous sommes invités dans sa famille, pour le thé. Le thé est une cérémonie très importante et très sociale que les Mauritaniens pratiquent à toutes occasions. Mais au moins trois fois par jour.
Le thé est sucré mais pas collant comme au Maroc. La menthe vient également en moindre quantité. Il est bu dans des petits verres, de la taille de verres à Schnaps. Chez les nomades, le thé est un véritable rituel d'accueil, de détente et de négociation. On lui prête de nombreuses vertus, dont celles de pouvoir couper la faim, la soif et de réduire la fatigue. La préparation du thé répond exactement au mode de vie des nomades. Quel thé ? C’est un thé vert de chine " 8147 " et on boit non pas un, mais trois verres de thé. Pour que se déroule cette lente liturgie, les conditions requises sont au nombre de trois: les fameux 3 J : Jmar (ce sont les braises du charbon de bois dans le " canoun " sur lequel on pose la théière), Jar (lenteur - lenteur de l'infusion des feuilles, lenteur du service, de la dégustation.), Jmaa (signifie le groupe, l’assemblée, car on prépare rarement le thé pour une seule personne). Le premier thé est fort, juste les feuilles infusées; un verre est rempli puis versé et reversé dans les autres verres. Tout l'art réside à verser le thé de très haut, créant une cascade de liquide s'étirant parfois jusqu'à un mètre pour en couper l'amertume et en favoriser la mousse. Puis on remet l'eau de la théière à chauffer en ajoutant de la menthe et du sucre; le troisième suit le même processus, ainsi, la teneur en théine est de plus en plus faible. Les Mauritaniens disent que le premier thé est âpre comme la vie, le second est fort comme l'amour et le troisième suave comme la mort. On les boit jusqu'à l’extrême dernière goutte, " la larme de miel ". Une bonne mousse c'est l'Alpha et l'Oméga du thé Mauritanien. Il faut ensuite attendre jusqu'à ce que le service à thé est été lavé par celui ou celle qui l'a préparé. Ce qui est également fait sous les yeux des invités. Il en est toujours ainsi, pas seulement lorsque l'on a des touristes comme invités…
L'épouse d'Ababa explique cette tradition, en souriant: "Nous essayons ainsi de faire durer ce moment où nous sommes réunis le plus longtemps possible."
Il faut avoir le temps lorsque l'on décide de prendre le thé. Boire les trois verres obligatoires, même si il n'y a dans chaque verre que deux gorgées, ça prend un certain temps.
Le thé Mauritanien est en tous cas un délice, le meilleur thé que j'ai pu boire, ça devient vite une drogue.
Avant de nous quitter, la fille d'Ababa offre à Manuela un grand voile. Elle est très surprise de ce cadeau. C'est un voile que les femmes portent comme vêtement ici. L'étoffe, fine et colorée fait bien 5 mètres de long. Elle est enroulée en un ample mouvement autour du corps et de la tête. Toutes les femmes sont ainsi habillées, très coloré. C'est une question de goût mais c'est, à notre avis, beaucoup plus joli, qu'une Djellaba et un Hijab.
Ponctuel comme toujours, Ababa vient nous chercher le lendemain matin pour nous emmener à l'endroit où le train doit s'arrêter. Il y a déjà beaucoup de personnes qui attendant avec leurs énormes baluchons noués.

Alors que nous nous rapprochons de la voiture des cadres, un employé nous fais signe de nous diriger plus vers l'arrière du train, au wagon passager. Ababa lui agite un papier sous le nez qui confirme que deux lits ont été réservé pour nous.
Ca marche! Dans un compartiment vert se trouvent trois lit, un est déjà occupé par le responsable de l'entretien de la voie qui fait le trajet avec nous. Il nous accueille à bord et nous souhaite la bienvenue.

On a peine à y croire, nous sommes complètement retourné par l'hospitalité et la gentillesse des Mauritaniens. Nous voilà donc dans notre compartiment "V.I.P", traversant le désert. S'enfonçant toujours plus dans le Sahara. Peu après Nouadhibou nous nous retrouvons complètement isolé.

De temps en temps apparaissent des tentes à l'horizon, sinon nous admirons depuis le hublot du train de longues dunes de sables dorées par le soleil du soir. Et tout cela grâce à Ababa. Sans que cela nous coûte un centime…


Malgré le confort "V.I.P", le trajet vers Choum n'est pas de tout repos. Nous sommes couvert d'une fine couche de sable et suons tout ce que nous pouvons. Sans parler du risque sérieux d'étouffement, tant il y a de poussière. Aucune chance de trouver le sommeil non plus. Quand un train d'une telle longueur opère le moindre changement de vitesse, un grondement se fait entendre, de plus en plus fort, le long des deux kilomètres de wagons qui nous sépare des locomotives, c'est le choc des fixations de chaque voiture, amplifié par la distance, pour se finir en un choc incroyable à notre niveau, en queue de convoi, donnant l'impression d'une collision avec un autre train. Impressionnant! Mais on ne se plaindra pas. Au contraire, nous compatissons encore plus avec ceux qui voyagent dans l'autre wagon.


Le voyage se termine Ă 02:00 du matin au milieu de nulle part.
A Choum descendent toutes les personnes qui ne travaillent pas à la mine. Dans la nuit noire un convoi de pick-up Toyota attendent leur clientèle débarquant du train. La fatigue cède place à l'étonnement, nous ne savons pas trop ce qu'il nous faut faire, dans cette obscurité et espérons seulement qu'un de ces véhicules pourra nous emmener plus loin, et que le pilote connaît bien le chemin!

Nous finissons par être embarqué dans un des pick-ups par un des chauffeurs enturbané, ambiance Taliban garantie. Je n'arrive pas à faire taire une petite voix dans ma tête. "As tu fais le bon choix, as tu fais le bon choix, as tu…"
Nous roulons ainsi plein gaz, dans le noir, au milieu du sable, sous un immense ciel étoilé, direction Atar. La plus grosse "ville" de la région de l'Adrar. Le chauffeur nous débarque à une auberge et va réveiller la propriétaire, il est à peine six heures, le jour vient de se lever. Nous nous installons dans une pièce avec deux matelas à même le sol et nous reposons quelques heures.

Atar est également une ville poussiéreuse. Pas étonnant, le Sahara occupe la plus grande partie du pays, progresse constamment, le combat contre le sable est perdu d'avance et puis après tout c'est pour lui que nous sommes là . La rue principale est bordée de maisons simples, de mécaniciens, garages, magasins de produits alimentaires, des chèvres traversent les rues ou mangent des ordures.



Il fait incroyablement chaud. Pour nous en tous cas. En effet c'est l'hiver en ce moment et la plupart des Mauritaniens ont froid.
En tant qu'étranger on nous demande constamment ce que l'on fait ici, où nous allons, quand et comment. Il arrive souvent que le gens sachent que vous allez arriver quelque part avant même que vous y soyez! C'est tout à fait sans arrière pensées, c'est plus un sport national, en savoir le plus possible et le raconter à tout le monde, et puis si on ne connaît pas vraiment toute l'histoire on invente un peu

Une fois, alors que nous prenions notre déjeuner à la terrasse poussiéreuse d'un minuscule boui-boui, Manuela est prise d'une envie pressante. Elle s'en va donc à la recherche de toilettes, le local où nous nous trouvons n'en disposant pas. Cent mètres plus loin elle est interpellé par un Mauritanien se trouvant de l'autre côté de la rue et s'empressant de la rejoindre. De la drague? Impossible, pas ici. Arrivé à sa hauteur, le garçon, qu'elle ne connaît ni d'Eve ni d'Adam, lui tend un téléphone portable: "c'est pour toi!" lui lance t'il en s'éloignant un peu pour la laisser converser avec son interlocuteur. Manuela reste bouche bée un moment, regardant autour d'elle en croyant à une blague, avant de risquer un "allo?" dans le téléphone. C'est en fait le neveu d'Ababa, il tient une auberge à Chinguetti (à plusieurs heures de route de là ) et à été prévenu par ce dernier que nous étions en route pour aller le voir, il voulait s'assurer que tout allait bien. Comme nous n'avons pas de téléphone, il a appelé une connaissance à Atar qui a tôt fait de nous retrouver, étant les seules étrangers en ville. Ca surprend…
Tout se déroule beaucoup plus facilement et surtout avec beaucoup moins d'énervement qu'au Maroc. On est souvent recommandé de personnes en personnes, le chauffeur a une nièce avec une auberge, l'oncle de l'aubergiste est Taxi, ce dernier à un ami qui change l'argent à un bon taux. Et tout se déroule sans aucune arnaque.
Dans aucun autre pays nous n'avons échangé autant de numéros de téléphone et reçu autant d'adresses qu'ici. Ici les relations et connaissances jouent un rôle très important. Il y a toujours quelqu'un qui connaît quelqu'un qui peut vous aider. C'est toute la société Mauritanienne qui fonctionne ainsi.
Nous sommes à al recherche d'un endroit plus tranquille et isolé qu'Atar. Azougi qui se trouve à seulement 20 minutes, nous paraît être idéal pour cela. C'est donc en "taxi brousse" que nous nous rendons vers cette oasis d'où provient l'eau de Atar et d'une bonne partie de la région.
Du haut d'une colline nous restons sans voix à la vue des pittoresques habitations traditionnelles, s'intégrant parfaitement ton sur ton dans le paysage. Partout se trouvent des "Tikits", demi-sphères pointues assemblées à partir de petites branches et servant au couchage, ou des "Khaimas", grandes tentes de toile protégeant de la chaleur et du vent, qui elles sont l'espace de vie commune. Superbe.


L'hébergement qui nous a été conseillé (qui est en fait le seul) se trouve tout au bout du village. Les enfants nous font signe, il règne une atmosphère calme et sereine. Immédiatement après l'"auberge" une immense dune dorée se dresse pompeusement, se poursuit en plusieurs autres pour finir par se transformer en une mer de dunes.


Nous y voici, au coeur du Sahara, le plus emblématique des déserts.
Nous dormons dans un petit Tikit, sur de fins matelas de sol. Khassem et sa famille gèrent l'endroit d'une manière très simple. On peut également y manger. Heureusement car sinon, il n'y a absolument rien ici. Nous voilà donc en pension complète désertique


Khassem est d'un âge avancé. Dans les années 30 il se battait sous les couleurs françaises, ici même, pour défendre SON oasis dont il a, aujourd'hui encore officiellement la garde. Il nous montre fièrement toutes ses décorations, titres et photos. On le verra défilant sur les Champs Elysées lors d'un 14 juillet et recevoir, encore, une médaille.
Nous sommes aux anges. Enfin dans la nature, enfin au calme. Le cadre est paradisiaque, la grosse dune peut se grimper en passant par une "porte du désert". Au loin paissent des chameaux, on aperçoit quelques habitations mais sinon surtout du sable, du sable et encore du sable.



Le lendemain matin nous sommes très tôt à la "porte du désert". Nous voulons marcher jusqu'à l'oasis, distante de quatre kilomètres. La sensation que l'on a en se promenant pieds nus à travers les dunes est difficile à décrire. simplement génial.



Un vent incessant souffle sur le désert et nous sommes bien content d'avoir notre "Shesh", ce long tissu bleu foncé que les hommes portent en "turban" protège efficacement du soleil, du vent et d'une déshydratation trop rapide. Le vent balaie le sommet des dunes soufflant des bouffées de sable fin sur le paysage.

A certains endroits le sable miroite dans des reflets rose saumon. Il ruisselle parfaitement et est agréablement frais sous la surface chaude. A l'aller les températures ne sont pas encore très élevées, mais arrivé à l'oasis il est presque midi. L'endroit est fabuleux, une oasis comme on se l'imagine. D'un côté une falaise et des pierres noires se mélangeant au sable doré, un petit lac, et évidemment, des palmiers.

Le retour est long et la chaleur accablante. Mais cela en valait vraiment la peine. Nous sommes imprégnés de nouvelles sensations et d'images que nous ne sommes pas prêt d'oublier. Notre retour sera célébré et notre estomac remplit avec le traditionnel "Leksour". Un bol est recouvert d'une sorte de crêpe sur laquelle est versée une sauce abondante, de la viande et des légumes. La crêpe se gorge de sauce et il faut essayer de manger tout ça avec las main droite. On en met nettement moins à côté avec une cuillère.


Nous sommes maintenant vraiment positivement surpris de ce pays. A entendre le nom "République islamique de Mauritanie" peut donner des à priori à certains, pourtant ici l'on trouve de tout, sauf de l'extrémisme. Les gens sont polis et accueillant, bienveillant et hospitalier, d'une gentillesse rare. Nous nous sentons parfaitement bien dans ce pays.

Nous continuons encore plus loin dans le Sahara, au prochain épisode...
Super J.C
Le récit est 
Et les dernière photo de désert sont sublimes !
Ton matos photo n'a pas trop dégusté avec tout ce sable et cette poussière ?


Et les dernière photo de désert sont sublimes !
Ton matos photo n'a pas trop dégusté avec tout ce sable et cette poussière ?
D600 grippé | N18-35/3.5-4.5 | N50/1.8 | N85/1.8 | N105/2.8 VR Macro | T180/3.5 Macro | S500/4,5
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J.C - Galeriste
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Salut Quentin!
Merci pour les compliments.
Niveau matos tout marche encore, donc ca va.
Tout était démonté et nettoyer chaque soir, où chaque fois que c'était possible. Sinon sur le terrain je ne me suis jamais posé de question, le matériel est là pour s'en servir, si il doit déguster eh bien qu'il en soit ainsi, le principal c'est de ramener de belles images
Merci pour les compliments.
Niveau matos tout marche encore, donc ca va.
Tout était démonté et nettoyer chaque soir, où chaque fois que c'était possible. Sinon sur le terrain je ne me suis jamais posé de question, le matériel est là pour s'en servir, si il doit déguster eh bien qu'il en soit ainsi, le principal c'est de ramener de belles images

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J.C - Galeriste
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C'était ce bon vieil A700, donc pas tropicalisé du tout.
Je nettoyais tout ce que je pouvais systématiquement, pour le capteur je faisais d'abord un test contre un fond uni pour voir dans quel état il était, je ne le nettoyais que si y a avait besoin, pour minimiser les risques. Et si y avait besoin c'était d'abord souflette et encore souflette, je ne le nettoyais au Swab que si les pétouilles collaient. C'est pas arrivé souvent je dois dire.
Je nettoyais tout ce que je pouvais systématiquement, pour le capteur je faisais d'abord un test contre un fond uni pour voir dans quel état il était, je ne le nettoyais que si y a avait besoin, pour minimiser les risques. Et si y avait besoin c'était d'abord souflette et encore souflette, je ne le nettoyais au Swab que si les pétouilles collaient. C'est pas arrivé souvent je dois dire.
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