
décidément, le N&B truste ce début d'année dans nos sélections car à mon tour, je choisis une image N&B avec celle de Corinne 'tite route. J'ai épluché toutes les photos postées cette semaine et après une petite hésitation, mon choix s'est arrêtée sur celle-ci. J'aime beaucoup l'histoire qu'elle me raconte ; j'ajoute de plus qu'il s'agit là d'une image que j'aurais aimé réaliser.
1/ Depuis quand consacres-tu du temps Ă la photo ?
- Plus de vingt ans. J'ai commencé en 1989 : je voulais faire des photos du bicentenaire de la révolution sur les Champs-Elysées. Pour m'aider, un ami photographe m'a donné mon premier appareil, un Foca Sport, une cellule à main, une pellicule noir et blanc et quelques conseils pour débuter. Et c'était parti. J'ai remplacé le Foca Sport par un Minolta Dynax 7000i un an plus tard, acheté un labo photo et fait du noir et blanc pendant une dizaine d'années, de manière assez intensive par moments. A partir des années 2000, j'ai progressivement arrêté de faire du noir et blanc. Je suis passée au numérique, mais je n'aimais pas du tout les compacts. Résultat, je faisais assez peu de photo. Cela correspond aussi au moment où j'ai commencé à faire de la céramique dans laquelle je me suis complètement investie. J'ai du mal à faire deux activités artistiques fortes en même temps, la photo est donc restée de côté jusqu'à la fin 2007, où j'ai abandonné la poterie et découvert qu'un réflex numérique était abordable financièrement pour moi : l'A100. J'ai replongé dans la photo.
Pour l'anecdote, en 1989, je n'ai finalement pas pu aller voir le spectacle du bicentenaire de la Révolution et la seule photo que j'ai de l'événement est un dessous des tribunes prise le lendemain...
2/ Tes pratiques photographiques sont assez variées ; y a t-il des domaines qui t'attirent particulièrement plus que d'autres ?
- J'aime les photos plutôt graphiques et qui racontent une histoire, une ambiance. C'est ce que j'essaye de mettre dans mes clichés. Je n'ai pas réellement de thèmes privilégiés, les photos que je fais sont liées à mes activités, aux rencontres que je fais, aux opportunités qui se présentent. C'est par hasard que je me suis retrouvée sur des circuits moto en 2011, alors que c'est très loin de ma pratique de la moto : j'ai beaucoup de copains qui tournent sur circuit, je suis allée les voir, j'ai testé la photo de circuit et de fil en aiguille, je me suis retrouvée à Magny-Cours pour le Bol d'Or puis au Mans pour les 24 h. Cette année, je vais peut-être continuer à travailler sur ce sujet. Ou pas. Je m'adapterai, l'essentiel étant que je fasse de la photo et que je retransmette les émotions que je vis.
3/ Pour tes sorties photos, es-tu du genre à prendre tout ton matériel ou à sortir légère ?
- Je suis tout le temps en mode "sortie photo" puisque mon sac à main est un sac photo. Sortir sans maquillage n'est pas un problème, mais sans appareil photo, c'est juste impensable, je me sens toute nue ! J'ai donc en permanence un appareil photo avec moi.
Pour revenir à ta question, ça dépend. Au quotidien, je ne prends qu'un objectif, le plus souvent un zoom transtandard, mais pas forcément. Il peut m'arriver de sortir avec une focale fixe. Je trouve que c'est une bonne manière d'apprivoiser un objectif, de comprendre quelles photos sont possibles avec. Pour une sortie photo ou reportage, je prends plusieurs objectifs. Cette année, je pense même que je vais prendre plusieurs appareils : l'A700 pour les photos, parce que j'adore la prise en main d'un réflex, et le Nex pour les vidéos.
4/ Le fait que tu sortes le plus souvent avec un appareil m'interpelle. Est -ce par peur de "rater" quelque chose ? Je pose la question car je fais partie de ceux qui attendent depuis plusieurs années l'arrivée d'un "bloc-note" numérique et qualitatif que je pourrais toujours avoir sur moi pour ne rien rater. J'ai trouvé ce bloc-note mais je me rends compte que je ne m'en sers finalement pas. L'achat de ton NEX répond-il à ce besoin ?
- Non, je n'ai pas peur de rater une photo faute d'appareil sous la main, je suis juste tout le temps susceptible de passer en mode prise de vue. Je considère que LA photo, je l'ai déjà ratée, donc le problème est évacué. Reste le besoin de pouvoir photographier quand j'en ai envie. Ce fonctionnement est basé sur la liberté, pas sur une peur.
Cette photo en est d'ailleurs un exemple : une sortie de bureau, la lumière est belle, je prends le temps de faire un tour, ça se termine avec deux trois photos de plus dans mon album.
5/ Raconte-nous l'histoire de cette photo : où, quand et comment l'as-tu réalisée ?
- Cela se passe à La Défense, début janvier, à la sortie des bureaux. Le soleil se couchait, il y avait une très jolie lumière et j'ai donc décidé de faire un tour dans cet endroit que j'aime assez peu : trop de monde, trop grand, trop froid, trop de béton, pas assez de végétation. J'ai tourné une heure et demi au milieu des immeubles, faisant notamment plusieurs essais de photos pour le thème du concours. La nuit est complètement tombée, je suis partie prendre le métro et là , mon regard a été accroché par ces statues. Un vrai coup de foudre !
6/ Combien de photos ratées avant d'obtenir celle qui te convenait ? D'ailleurs, cette photo est-elle la dernière de ta série ou une parmi d'autres que tu espérais améliorer ?
- C'est la seule photo que j'ai faite avec ce cadrage et ce point de vue. Mais c'est la dernière de la série autour de ces statues, d'une dizaine de photos au total, y compris celles qui me servent juste pour les réglages. J'en ai gardé trois mais celle-ci est la seule que je montre.
7/ Est-ce la dernière parce que tu savais que c'était la bonne ?
- Oui, c'est la dernière parce que c'est la bonne. Quand je l'ai vue sur l'écran de l'appareil, je me suis dit que j'avais ce que je voulais et que je pouvais y aller. J'aurais pu attendre un autre passant pour faire un essai de plus, mais je n'aime pas multiplier inutilement les photos. Il y en a déjà assez comme ça sur mon disque dur.
8/ Ta photo ne manque pas de défauts mais au fond, est-ce important ?
- Pour moi, non. Ce n'est pas de la photo de studio, où tout est maîtrisé, c'est une photo sur le vif, réfléchie certes, mais faisant avec des éléments que je ne contrôle pas. Cela correspond à ma façon de faire de la photo : je ne déclenche pas par hasard, je réfléchis au sujet, au cadrage, au point de vue, mais je compose avec les éléments qui sont en place et que je ne choisis pas forcément. Comme ce caddy qui peut déranger mais qui fait partie de l'environnement urbain de ces statues. Je me garde quand même le droit de supprimer un élément s'il est vraiment trop gênant, comme cette enseigne Relay juste au-dessus du passant, qui attirait vraiment trop le regard sans rien apporter à la photo.
9/ Justement, en parlant de suppression, venons-en au post-traitement. L'inspiration t'est-elle venue au moment de dématricer ou avais-tu pensé au rendu souhaité lors de la prise de vue ?
- Souvent, quand je prends une photo, je ne réfléchis pas en terme de rendu, mais plutôt en terme de sujet/cadrage/lumière. Si ces trois éléments sont dans la boîte avec une exposition correcte, le rendu sera "simple". En post-traitement, je travaille beaucoup en noir et blanc en ce moment. J'ai trouvé que ça allait bien à cette scène, surtout que si la quantité de lumière, la direction de l'éclairage me conviennent, les couleurs d'origine étaient vraiment affreuses.
10/ As-tu des projets photographiques particuliers pour l'avenir ?
- J'ai quelques projets dans les cartons au niveau moto, et je vais peut-être suivre de nouveau des compétitions. Je pense en savoir plus d'ici un mois-un mois et demi. Si cela se fait, j'ai envie de me mettre à la vidéo, avec déjà des idées sur le type de film que je voudrais faire.
J'aimerais aussi refaire des reportages comme celui sur la tonte des brebis en allant voir des artisans, des producteurs, des agriculteurs autour de chez moi. Il y a de quoi faire au milieu des paysages magnifiques de l'Auvergne, sans toutefois tomber dans le "typique comme autrefois", parce que je n'ai pas envie de photographier des savoir-faire figés, mais des gens d'aujourd'hui.
Merci à Corinne pour s'être prêtée au jeu des questions/réponses. N'hésitez pas, pour celles et ceux qui n'y sont pas encore allés, à faire un tour sur son site.
