Semaine 34-2014 airV

Cette section contient les photos sélectionnées par les galeristes. Une photo à la une, choisie par un galeriste, suivie d'une interview de son auteur.
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J.C
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#1 Message Dim 17 Août 2014 19:21


Bonsoir,

Cettre semaine j'ai choisi de laisser la parole à un photographe dont j'apprécie particulièrement la démarche et le travail. Du reportage aux concerts en passant par les expositions, Airv avec sa production enrichit régulièrement notre forum de très belles compositions.
Pour illustrer cette interview j'ai choisi une photo de concert dont j'aime particulièrement l'expression et l'instant:




Il est temps d'en apprendre un peu plus sur l'oeil de ce photographe.
Je te souhaites encore plein de belles réussites photographiques!




- Bonjour Hervé, pourrais tu te présenter, nous raconter ton histoire photographique, comment cette dernière est venue à toi, on sent un oeil photographiquement éduqué et un rapport à l'art très fort chez toi, non?

    Education semble effectivement le mot qui convient. J'ai reçu une formation d'architecte et exercé en tant que tel, puis j'ai digéré tout cela afin de l'enseigner à mon tour.
    Outre la formation élémentaire qui déjà accorde une part non négligeable à la culture artistique (histoire, étude, analyse, critique, etc.) il est possible, par certains choix, d'aller davantage dans cette direction, ce que j'ai fait par le biais de réflexions et de recherches sur le processus de conception en général et de manière transdisciplinaire par des rapprochements avec les domaines artistiques.
    A partir de mon diplôme j'ai notamment développé une approche de la conception autour de la notion de "regards" qui, entre autres, sont des moyens d’énonciation, des explorations hors-champ d’oeuvres plastiques, littéraires ou musicales.
    Recentrée sur mon activité photographique, cette notion de regard retrouve un sens plus usuel, mais excède toutefois le champ de la photographie pour s’étendre d’une manière plus générale à la notion de “point de vue”. Cette conceptualisation m'a conduit vers une certaine épure de la sensation exprimée par le choix de la focale unique afin de chercher à m'écarter de la recherche du cadrage pour tenter de m’inscrire directement dans la perception en essayant de ressentir l’environnement en fonction de la focale emmenée.
    Toutefois jusqu’à une époque assez récente ma pratique photographique a été quelque peu chaotique, Je pense même qu’avant d’être pour moi un moyen d’expression la discipline a été un champ critique (au sens de commentaire) et/ou d’analyse comme par exemple dans un des textes écrit à l’occasion de mon diplôme qui, au travers de deux photographies : l’une de Henri Cartier-Bresson et l’autre de Winston O Link, s’attachait à deux aspects de la photographie : l’instant et le temps.
    Après des premières années sans intérêt et même un éloignement, je suis revenu à la photo aux premiers temps du numérique à l’occasion de la naissance de mon fils avec le Sony DSC F505 (2 Mpx), son look d’objectif auquel on aurait greffé un capteur m’avait séduit, tout comme son ergonomie qui permettait des cadrages intéressants.... tant qu’on était à l’intérieur ou à l’ombre, il en allait tout autrement en plein soleil. Très rapidement je suis revenu à l’argentique avec l’acquisition d’un Hasselblad x-pan puis d’un Leica R8 (deux appareils que je possède encore). Mon fils devenant de plus en plus remuant, j’ai fini par trouver que l’AF présentait peut-être un intérêt et je me suis tourné vers le Canon EOS lv acquis avec le zoom 70-200 L dont tout le monde disait le plus grand bien et que je n’ai pratiquement pas utilisé. Une période où la photo était plutôt synonyme de «reportage familial».
    Les labos se faisant de plus rares, les scans me prenant pas mal de temps et mon fils ayant de moins en moins envie d’être pris en photo ont fait que ma pratique est allée en s’amenuisant au fur et à mesure que l’argentique disparaissait.
    La sortie du 5dll (j’étais trop habitué au 24x36 ) a été l’occasion de reprendre en numérique cette fois et c’est à partir de cette période que j’ai commencé à travailler avec la focale unique. L’arrêt de mon activité libérale en tant qu’architecte pour me consacrer à l’enseignement de la conception architecturale et urbaine, m’a laissé plus de temps pour m’adonner à la photographie et celle-ci est devenu pour moi un nouveau mode d’expression qui remplace la conception architecturale.
    Pour mon voyage à NYC en novembre 2012 je voulais voyager léger et j’ai donc revendu l’EOS lv et le zoom 70-200 qui dormaient dans un placard pour financer le Nex-7 muni du CZ 24mm et me confronter à la focale 35mm que je ne connaissais pas, étant un grand adepte du 50mm : il s’agit de l’album qu’à l’époque j’ai posté dans le forum et dont est extraite la photo depuis le Top of the Rock de l’interview avec Pschitt.
    Une meilleure colorimétrie selon moi, un EVF auquel je me suis fait sans problème, l’envie d’optiques Zeiss AF m’ont amené à switcher vers le a99 et le CZ 85mm. Je réalise la plus grande partie de mes photos de concerts, dont celle que tu as choisie, avec cet ensemble. En parallèle je me suis aussi équipé en matériel Leica M que j’emmène dans les expos et les petites salles où le a99 me semble trop voyant même s’il est peut-être plus silencieux que le M9, tout au moins en mode standard.
    J’insiste un peu sur le matériel car pour moi l’outil n’est pas neutre et il fait partie intégrante du regard et je commence à me conditionner lorsque je choisis ce que je vais mettre dans le sac.

- On apprend dans ta première interview avec Pschitt que tu es très attiré par le style documentaire. A voir ton album c'est apparemment toujours le cas.
A part ce style, ce qu'ont en commun quasiment toutes tes images c'est la présence de l'humain. Tes images reposent presque toujours sur un élément humain qui devient la clef de voute de ta composition.
Est-ce quelque-chose de fondamental pour toi? De délibéré? Un équilibre pour ne pas faire que de la composition graphique?


    Lorsque, dans l’interview avec Pschitt, je parlais du style documentaire, je faisais référence au courant photographique qui en Europe a pris naissance avec August Sanders (voire avec Eugène Atget) et surtout aux Etats Unis avec Walker Evans et son livre American Photographs. Un mouvement auquel on peut rattacher des photographes tels que Ansel Adams, Michael Curtiz, Karl Blossfeldt, Bern & Hilla Becher, et plus près de nous Jeff Wall ou Andreas Gursky et qui pose le problème fondamental des relations complexes que peuvent entretenir art et document. Si je suis admiratif et intéressé par les photographes, artistes dit de la «Nouvelle Objectivité» qui, à l’intérieur de cette relation, ont développé une approche plus typologique, taxinomique et une classification, pour reprendre le sous titre : «Typologie, Taxinomie et Classement sériel» de l’exposition «The Walther Collection» présentée en ce moment à Arles à l’occasion des Rencontres, ma tendance naturelle à me laisser séduire, emmené par des petits évènements et à voguer au gré des associations d’idées qui en découlent m’éloigne de la rigueur nécessaire à ce genre d’approche. Je me sens plus attiré par ceux qui ont travaillé à la frontière de la Street Photography ou du photo journalisme : Walker Evans, Robert Adams, Jeff Wall, etc..
    Les photos que j’avais prises à NYC en 2012 s’inscrivaient directement dans ces références avec notamment la volonté d’une netteté du premier au dernier plan. Pour moi il s’agissait plus de «paysages urbains» que de «photos de rue», dans lesquels la présence de l’humain n’est pas forcément recherchée ou indispensable.
    Cette présence, sans toutefois devenir systématique, devient effectivement de plus en plus importante dans ma production. Je ne me suis pas trop interrogé sur les raisons de cela, je pense qu’il s’agit en partie d’une évolution liée à ma pratique de la photo de concert qui par essence doit s’accorder de la personne humaine et de l’imprévisible.
    L’intérêt pour l’humain vient également de ma formation d’architecte non seulement dans la conception de lieux destinés à accueillir les actions et usages humains mais aussi dans les analyses préalables du contexte où la phénoménologie et l’anthropologie tiennent une grande place.
    Pour moi la composition est essentielle mais elle n’est pas une finalité en tant que telle, elle doit être au service de la narration, je ne respecte aucune règle "à priori" de composition sauf celle qui sert l'histoire que j'ai envie de raconter... Je trouve d’ailleurs énervant ce diktat de la règle des tiers érigé en dogme par les revues ou les ouvrages d'initiation... il y a plein d'exemples dans les arts graphiques de composition centrées, je sais bien qu’en photo le centrage va parfois de paire avec le «pastillage», mais c’est une autre histoire et je pense qu’il y a d’autres manières moins critiquables et dogmatiques de faire comprendre cela.
    Dans les photos de concert, mais aussi dans celles où l’action humaine joue un rôle prépondérant il y a une grande part de hasard et la composition est très instinctive : visée et déclenchement se font pratiquement en simultané. Je suis très aidé en cela par les outils dont je dispose : la visée télémètrique qui par essence est instinctive lorsque j’utilise le M9, et l’EVF du a99 qui, par sa définition moindre qu’un OVF, estompe les détails et permet de mieux appréhender rapidement la disposition des masses dans le cadre. L’EVF permet de se rendre compte de la composition un peu comme lorsqu'on cligne des yeux, une méthode pour analyser et juger de la composition générale sans se perdre dans les détails.
    A propos de composition graphique, suite à une remarque intéressante de Cwati sur une des photos (#17) de mon fil personnel, je faisais une distinction entre géométriser une image et représenter une figure. Je pense que les photos que je fais vont le plus souvent vers la recherche d’accroches géométriques qui structurent l’image sous l’angle de la narratologie plutôt que vers la représentation d’une figure, même si certaines comme la #46 du fil sur les expositions peuvent avoir une double lecture. Dans cette image #46, la répartition symétriques des formes du sol et des murs supérieurs de part et d’autres de celle blanche des cimaises s’apparente à une figure qui tente d’unifier les différences spatiales entre toutes les surfaces au profit d’une répartition et d’une découpe purement géométrique. La présence humaine, comme tu le dis justement contrebalance cette figure, même si la ligne du regard du spectateur correspond (plus ou moins car il s’agit d’un instantané) à la médiane horizontale de l’image, et introduit un autre niveau de lecture. Si cette lecture tient compte de la photo de David Bailey structurée par une division horizontale fortement marquée la perception de la figure s’estompe pour laisser la place à un système de correspondances géométriques, spatiales et humaines qui sont de l’ordre de la narration. C’est en tout cas ce que j’ai essayé de construire dans cette photo.
    Il y a des cas ou la présence n’est pas délibérée mais s’inscrit par le plus grand des hasard comme dans une des dernières photos que j’ai postées dans le fil sur les scènes de rue. J’avais photographié une scène que je trouvais intéressante par la profusion de divers panneaux, numéros, plaque mis en valeur par une jolie lumière. J’étais sur le point de quitter le lieu lorsque la porte s'est ouverte et que le monsieur est sorti pour prendre cette pose. J’ai rapidement déclenché et au moment de l’editing j’ai trouvé plus intéressant cette image enrichie fortuitement d’une présence humaine que celle à laquelle j’avais d’abord pensée.

- Documentaire et artistique paraissent pour certains comme deux termes en complète contradiction. On voit par exemple sur ce forum beaucoup de photographes s'adonner à ce qu'ils appellent de la "photo de rue" (qui est en fait du documentaire) et qui acceptent de sacrifier la composition sur l'autel de la spontanéité, ne voulant pas rater "l'instant".
Tu travailles également avec l'humain et sa relative imprédictibilité, mais semble quand même toujours recherché des compositions abouties.
Un mot lĂ -dessus?


    C’est très difficile de répondre à cette question tant elle s’enracine dans le processus photographique en lui-même et dans son histoire.
    Pour ma part cette contradiction n’existe pas et je peux donner quelques pistes et références en vue d’explorations qui seront certainement plus intéressantes que la démonstration maladroite que je pourrai être tenté de faire...

    - Jean-François Chevrier historien de l’art s’attache beaucoup à la photo et considère que le livre, pillier fondateur du style documentaire, American Photographs de Walker Evans n’est pas un album d’images mais un livre construit qui s’apparente à un livres de poèmes en prose.
    Jeff Wall considéré comme un héritier de ce style documentaire, qualifie lui-même (je crois) son travail de : near documentary, construit complètement ses scènes de rue avant de les photographier.
    Les scènes de trains (travail documentaire également) de Winston O Link sont mises en valeur par des dispositifs d’éclairage très sophistiqués et très complexes.
    Le baiser de l’Hôtel de Ville de Doisneau est une scène construite tout comme l’est vraisemblablement la photo du milicien espagnol de Robert Capa.
    Le «filet noir» d’Henri Cartier-Bresson un des «maîtres» de la photo de rue au sens classique se veut bien l’expression du regard et donc d’une attitude artistique qui toutefois ne l’a pas empêché de recadrer certaines photos lorsqu’il le jugeait nécessaire
    Les protocoles particuliers et personnels de prises de vues mis en place par les artistes de la Nouvelle Objectivité, vont bien au-delà de la recherche de l’objectivité et signent les photographies dans leurs principes même.
    etc.

    Il me parait difficile dans une photographie de sacrifier un élément au profit exclusif d’un autre. Je trouve que la spontanéité d’une expression, d’un mouvement qui ne s’inscrit pas dans une composition générale (au sens où je l’entend) ne présente pas un grand intérêt. On peut éventuellement admettre cela pour des évènements vraiment de grande importance, mais lorsque cela a trait au courant, il n’y a aucun sacrifice à oublier une photo si elle est bancale.


    A l’exception de deux photos (#8 & #15) où j’ai demandé à mon fils de se mettre devant l’œuvre, les personnages de mes photos d’expositions sont tous des visiteurs. Sur la #44 il s’agit d’une amie avec qui je visitais l’expo mais elle ne m’a pas remarqué alors que je prenais la photo. Ma manière de procéder vis à vis des photos d’expo est variable, pour certaines, il s’agit de déclenchements très spontanés et très rapides : en présence d’une scène qui me semble digne d’intérêt je vise et je déclenche dans la foulée de manière très instinctive, pour d’autres j’espère qu’une présence intéressante va s’inscrire dans le cadre, toutefois ce cadre même en attente a été, la plupart du temps, déterminé «à vide» sur une impulsion. La difficulté étant parfois de retrouver ce cadrage impulsif lorsqu’un visiteur intéressant se manifeste, la visée télémètrique devenant pour le coup plus un inconvénient qu’un avantage. Entre ces deux «techniques» : déclenchement spontané ou attente il y a des cas où le hasard modifie l’intention de départ, comme par exemple, pour la photo #31. Je cherchais un angle et une bonne lumière pour la photo du chapeau-cape de Yohji Yamamoto dans une pièce assez sombre lorsque la dame au chapeau blanc est passé dans le cadre, j’ai déclenché très rapidement à son passage trouvant, par là même, l’angle que je cherchais comme s’il manquait quelque chose auparavant.
    La relative imprédictibilité de la présence humaine que tu soulignes, fait obligatoirement intervenir une part du hasard dans le résultat, soit dans un sens soit dans l’autre. Je suis revenu bredouille d’un certain nombre d’expositions, ou vis-à-vis d’oeuvres qui me plaisaient particulièrement.
    A contrario parfois je trouve que le hasard fait particulièrement bien les choses, comme par exemple dans cette photo #31 que je viens de mentionner, ou encore dans une des dernières que je viens de poster : la #47. Une situation d’attente pour cette photo, toutefois si pour la position du visiteur il suffit de déclencher au bon moment, sa gestuelle dépend toujours du hasard. Ici je trouve que j’ai eu énormément de chance : le mouvement des bras qui se déroule pour se prolonger par une ligne virtuelle aboutissant au centre du parasol s’inscrit particulièrement bien dans la composition.

- airV sur DxD c'est donc essentiellement de la photo d'expo et de la photo de concert. C'est un peu un grand écart entre deux disciplines qui paraissent bien différentes.
Pourrais tu nous expliquer ce qui t'attires dans ces deux domaines?



    C’est vrai que même si je suis arrivé sur DxD avec mon reportage sur NYC, depuis maintenant un moment la grande majorité des photos que je poste appartiennent à ces deux disciplines. Même si elles diffèrent, je n’ai pas la sensation de faire le grand écart entre elles, j’y trouve pas mal de points communs. Même si les sujets sont très différents, les approches peuvent se ressembler. Certes la plupart des photos de concerts sont prises de manière instinctives, très spontanée, celle que tu as choisie fait partie de celles-là, mais c’est également le cas de certaines des photos des expositions. La différence étant ici sur la manière de regarder car j’ai un rapport plus physique qu’intellectuel avec la musique. Je danse pendant les concerts, même si je photographie. Je danse et je m’arrête pour prendre des photos. La spontanéité du déclenchement est donc en partie physique, ce qui n’est effectivement pas le cas dans les expositions. Mais dans les concerts, il y a aussi parfois des situations d’attente, lorsque je sens que «quelque chose peut arriver». Dans ces cas là je construis un cadre en fonction de ce que j’espère et cela arrive ou n’arrive pas. Bien sur ces situations d’attentes sont des instants beaucoup plus brefs que ceux des expositions mais la méthode est pratiquement la même avec une part, peut-être encore plus grande, laissée au hasard. Par exemple dans le même fil que celle que tu as choisie, la photo #7 est prise de cette manière. J’ai eu l’impression qu’un moment intime allait arriver entre la bassiste et le guitariste, aussi ai-je «construit un cadre» susceptible de l’accueillir, mais c’est à la chance que je dois cette position des 3 mains à gauche et de leurs têtes.

    Avec ces deux domaines, j’ai pris quelques libertés vis à vis de mes références vis à vis du style documentaire tel que je l’avais exposé dans mon interview sur le reportage new-yorkais pour aller vers le langage cinématographique notamment pour la gestion de la profondeur de champ et dans le rendu des ambiances colorées.
    Par rapport à ta question, cette influence touche davantage ma pratique des photos de concert, et c’est la direction vers laquelle j’essaye d’évoluer : profondeur de champ et ambiances lumineuses au service de la restitution des moments qui m’arrêtent. Tout récemment, je viens d’augmenter la granulométrie pour trouver un grain plus cinéma qui me semble plus approprié pour ce que je recherche. Je m’interroge aussi sur le fait de passer au moyen format pour avoir de plus belles transitions net/flou, même si je trouve que l’ensemble a99-CZ 85mm se défend plutôt bien sur ce point.

- T'es tu déjà essayé à d'autres domaines photographiques?


    le reportage new-yorkais était d’un autre ordre, j’ai en chantier des séries dans d’autres domaines. Toutefois la photographie de concert est très chronophage et me laisse peu de temps pour les autres domaines, ce que je regrette un peu. Comme je privilégie juste après mon travail sur les expositions il reste peu de temps pour le reste. Mais de temps en temps j’essaye de m’y consacrer. récemment dans mon fil personnel, j’ai posté une photo (#18) qui appartient à un travail sur la végétation urbaine. Cette série que j’ai appelé (pour l’instant) «comme un arbre dans la ville», directement issue de mon exercice d'architecte et d’urbaniste de l'espace public, s'attache à rendre compte du caractère artificiel du végétal dans la ville.

    une autre série très personnelle cette fois : «Mélancholia» se constitue très très lentement avec des photos et l’écriture de textes articulés autour de la couleur rouge, dans les arts, les souvenirs. Un travail qui fait appel à des rencontres fortuites, à des écritures déjà produites ainsi qu'à des nouvelles. Il s'agit d'un collage sur la couleur rouge qui s'enrichit au gré de l'intuition et du fortuit.

    j’ai également un travail N&B - couleur en liaison directe avec mon travail de recherche sur la conception et la «réalité» qui prend racine dans des textes que j’avais écrits à propos de certains films de Wim Wenders et de Michelangelo Antonioni.

- Bien que j'ai choisi une photo de concert pour illustrer cette interview, ce sont tes photos d'expositions qui m'intéressent le plus car c'est sur ces clichés que l'on apprécie le plus tes choix de composition. C'est un domaine que j'apprécies et que j'aimerais pratiqué plus, seulement je ne manque jamais de me faire mettre au pli par un gorille qui me demande de ranger mon appareil car les photos sont interdites.
C'est quoi ton truc? Tu leurs emmènes des friandises pour les amadouer?


    Il existe bien sur des exceptions qui concernent certaines expositions ou certains Musées, Orsay par exemple, mais dans beaucoup de cas la photo est autorisée dès lors qu’on ne procède pas à une «reproduction» (le personnel laisse pourtant faire cela avec les smartphones) ou qu’on emmène un pied.
    Je me demande même dans quelles mesures les musées nationaux ont le droit de l’interdire, j’avais justement lu un article sur ce sujet à propos de la décision d’Orsay.
    En expo je n’emmène jamais le a99 que je trouve trop voyant et avec lequel je ne me sentirai pas à l’aise pour opérer comme je l’entend, mais je ne sais pas si cela a un impact sur l’attitude du personnel qui surveille les expositions, normalement ça ne devrait pas en avoir. De temps en temps une personne vient me voir pour me rappeler que la photographie de certaines oeuvres n’est pas autorisée (cas fréquent dans les expos temporaires de Pompidou) ou qu’on ne peut pas faire de repro, mais on ne m’a jamais demandé de ranger mon appareil.

    Par contre effectivement il est interdit de photographier certaines expos. j’ai eu 3 fois le cas en 2013 : Nuage au Musée Réattu d’Arles, la collection personnelle de Foster au Carré d’Art de Nimes et l’expo Ron Mueck à la Fondation Cartier. Pour ces 3 expositions, j’ai envoyé par mail une demande au conservateur expliquant ma démarche accompagné d’un portfolio en pdf de mon travail.
    Ma demande pour Nuage a été acceptée et j’ai eu tout le loisir de photographier, j’ai reçu une «réponse automatique» de la part du Carré d’art de Nimes ne m’accordant pas l’autorisation. Comme j’avais envoyé cette demande surtout pour profiter de ma venue à Arles, je n’ai pas été trop affecté par ce refus.
    La réponse de la conservatrice de la fondation Cartier était négative mais personnelle et prenait le temps de m’expliquer les raisons pour lesquelles elle ne pouvait m’accorder cette autorisation (refus qui émanaient des propriétaires des oeuvres exposées). J’étais quand même très déçu car j’avais très envie de prendre des photos de cette expo.

- Tant qu'on en est aux expos, qu'est ce qui te pousse Ă  photographier en ces lieux? Que cherches tu Ă  montrer dans ces instants lĂ ?

    De la même manière que mon amour pour la musique m’a amené à pratiquer la photo de concert, c’est mon intérêt pour l’art qui fait que je fréquente les expositions. Un jour j’ai eu envie d’associer ces visites avec ma passion de la photo.
    Pour autant, il ne s'agit pas de photographier les œuvres mais tenter de saisir mon ressenti dans leur rapport au lieu physique (la scénographie) et/ou temporel (le public). Cette démarche à caractère intuitif repose également sur le fortuit et comme la cristallisation n'est jamais assurée puisqu’il m’arrive de rentrer bredouille même après plusieurs visites.
    Il y a quelques expositions, entre autres Georges Braque au Grand Palais et Georg Baselitz à la galerie Thaddaeus Ropac, pour lesquelles je n’ai toujours pas réussi à sélectionner ne serait-ce qu’une photo à produire.
    Dans cette activité liée aux expositions, je me suis aperçu de 2 choses qui ne sont pas des préméditations, mais des constatations que je me contente de restituer sans tirer de conclusions pour l’instant :
    je n’ai, à ce jour, photographié que des expositions temporaires, pas de collections permanentes
    mes photos concernent essentiellement l’art contemporain, ou tout au moins moderne.

-Que donnerais tu comme conseils à un photographe qui souhaites se lancer ou s'améliorer dans ce domaine photographique (documentaire et expo en particulier).

    Quelque soit le sujet abordé, je pense que la première question qu’un photographe doit se poser est la ou les raison(s) qui le pousse(nt) à aborder ce sujet et la manière dont il compte s’y prendre.
    sans ce préalable il me semble très difficile d’opérer, de faire un editing, ou de produire les photos, n’ayant aucun point de référence. Un point qui dépasse largement le cadre de la photo.
    Regarder, observer, se laisser porter, et ne pas se sentir contraint par des règles de compositions érigées en dogmes de manière complètement arbitraire. Par contre ouvrir des livres d’art et essayer de comprendre comment les choses s’organisent et pour quelles raisons. Ne pas hésiter pour cela à lire les commentaires d’auteurs reconnus.

    Les techniques dont j'ai parlées cette inteview sont suffisamment souples pour être modelées en fonctions des situations ou des priorités et donc chacun peut facilement se les approprier ne serait-ce que pour simplement les tester.

    Ne pas avoir peur de revenir bredouille d’une sortie photo, même si c’est difficile.

- Je te laisse le mot de la fin.

    Merci J.C d’avoir choisi cette photo et merci à tous les membres pour leurs participations et sans lesquels le forum ne pourrait exister.

    Bel été plein ou pas de photos.

    Hervé.


Merci Hervé pour ces réponses très riches qui pemettent de mieux comprendre ta démarche.

rascal
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#2 Message Dim 17 Août 2014 19:30


bien joué AirV !
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Pierrot68
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#3 Message Dim 17 Août 2014 19:45


superbe photo pleine de tout ce que j'aime :clap:

Je lirais l'interview plus tard par contre , ce soir c'est shaka ponk par chez moi et je suis Ă  la bourre :roll:
5DMIII + 150-600 Tamron + 24 F/2,8 Canon
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#4 Message Dim 17 Août 2014 19:53


J’adore cette photo, et ai bien aimé la série, que j'ai découverte. Donc, bravo à vous deux.

Par contre j'ai pas tout lu... :mrgreen:
A6000 + 16-50, 19mm et caisson
OMD EM1 II et X, 12-100mm, 40-150 2,8, 300mm, TC1,4, 60macro, 75 f1,8, 25mm f1,8
https://www.facebook.com/pages/Salvador ... e=bookmark
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FisH
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#5 Message Dim 17 Août 2014 20:29


superbe photo :commeca: pour l'interview j'ai pas tous lut mais ce n'est que partie remise :oops:
α77 - S 16-50 F2.8 - M 50 F1.4 - Si 30F1.4 - Si 105 F2.8 - T 70-200 F 2.8 -TC X1.7

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#6 Message Dim 17 Août 2014 20:31


Une belle sélection et une interview riche, joli travail à vous deux

cerise
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#7 Message Dim 17 Août 2014 21:06


Un coup d'oeil assuré et des photos d'expo qui me laissent souvent rêveuse!!
Très belle et riche interview :clap:
Merci Ă  tous les deux.
"Plus tard, il sera trop tard. Notre vie, c'est maintenant."
Jacques Prévert


https://www.evelynegaillou.fr/

ben21
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#8 Message Dim 17 Août 2014 22:29


Une très belle photo de concert, même si ce sont tes photos d'exposition que je préfère. Une belle interview, fruit de la rencontre de deux photographes qui intellectualisent beaucoup leur pratique :commeca: :commeca:
Éleveur de poussins Fil | Site | Flickr |SIGNATURE 5d4/R6/500IS1/100-400v2 |
« Vivant, je veux bien être modeste, mais mort, il me paraît naturel qu’on reconnaisse mon génie » M. Audiard

henriko
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#9 Message Lun 18 Août 2014 06:02


La photo m'avait fait "TILT", donc très belle sélection :commeca:
avec en plus une interview très riche... Bravo
Sony A700, obj 17-70 Sony, flash Sony HVL-F58AM, Tamron 28/200, Tamron 60 Macro, Sony 35 1/8
NEX 7 et son 16-50

Alphagard
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#10 Message Lun 18 Août 2014 17:46


Superbe photo, en général la tof de concert n'est pas mon intérêt premier mais celle ci a beaucoup de dynamique, on croit qu'elle va nous sauter dessus
Quant a l'interview...... excellente :prosterne: , bon va falloir la relire et la digérer pour que mes neurones se reconnectent :mdr:
Belle sélection JC :commeca:
A77 + Alpha 200 + Sony 16x50 f/2.8 SSM + Tamron SP 90mm f/2.8 Macro DI + Tamron 11x18 f/4.5-5.6 + Sony SAL 18x70 & 75x300
Flashs : HVL-F60M & Vivitar 285 HV - Posemètre Gossen Sixtar - Trigger Cactus V4 + 2 récepteurs - SLIK Pro700DX - Monopod Bilora 1119
flickr - Flickriver - PhotoBlog - Le fil du retraité
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steph85
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#11 Message Mar 19 Août 2014 19:01


bravo belle selection et superbe photo :prosterne:
http://www.flickr.com/photos/107827148@N08/
sony A77 :objos:tamron17-50 /Minolta 50mm /Minolta 28-80/sigma art 18-35 /
nikon D5000:objos:nikkor 18-55:nikkor55-200:sigma 105 macro:sigma 150-500

pschitt
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#12 Message Mer 20 Août 2014 05:00


L'une des interviews les plus intéressantes lue sur AlphaDxD ! Et une photo "sur le vif" qui en jette. Bravo AirV et merci pour tes lignes qui nous laissent découvrir un peu plus ta démarche.
α1 - RX100iv
S FE 12-24 GM | S FE 16-35 GM | S FE 24-105 G | S FE 70-200 GM ll | S FE 100-400 GM | M 100 Macro (D) | S LA-EA3 | S HVL-60M | S HVL-20M | Lee filters
La galerie VivaLaVida Photography. Le fil VivaLaVida...

airV
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#13 Message Mer 20 Août 2014 11:00


merci Ă  vous tous :)
et vraiment très heureux de cette sélection
Arca-Swiss Misura 8x10 inches Fujinon-W 300mm f/5,6 l R8 l X-pan 45mm f/4 l H4D-31 HC 80mm f/2.8 l M9, M10-P Summicron-M 28mm f/2 ASPH, Summilux-M 50mm f/1.4 ASPH BC, C-Sonnar T* 50mm f/1.5 ZM Silver l A7s


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