Cette semaine j'ai choisi la photo de Gelinotte qui se trouve dans ce fil.
Marie, j'étais convaincu que tu avais déjà fait l'objet d'une sélection pour la photo de la semaine et je me rends compte que non ! Comment cela est-ce possible ? Bref, le retard est rattrapé

1°) Difficile d'échapper à la question n°1. Gelinotte, présentes-toi en quelques mots si tu veux bien.
- Gelinotte, Marie pour les intimes. J'ai 32 ans, mariée et maman de deux mini-nous de 3 ans et 6 ans. Je suis sage-femme hospitalière en Normandie et j'adore mon boulot.
Évidement passionnée de photographie depuis ... pfiou je ne sais plus trop à vrai dire. Je dirais mordue depuis 2003 et carrément barré depuis la naissance de ma deuxième fille. C'est là que j'ai eu le déclic, j'avais vraiment envie de me lancer dans la technique pour réaliser de belles photos de mes enfants. Je suis quelqu'un qui a besoin en continue de créativité, que ça soit par des travaux manuels, de la confection, des projets, bref , il me faut un moteur. Je ne pensais pas que je resterais accrochée à la photographie avec une telle passion et de façon aussi durable.
Aujourd'hui c'est tout simplement quelque chose dont je ne pourrais plus me passer, c'est ma thérapie ( oui nous avons tous nos démons à gérer) .
Bien évidement je reste attirée par la photographie d'enfant.
2°) Je crois que dès que l'on parle de Gelinotte on associe ton nom à un style de photos, enfin plus que cela : une véritable marque de fabrique. Tu sais mettre en évidence à travers ton travail la douceur de la vie et de l'enfance comme nulle autre. Comment es-tu arrivée à ce résultat ? Ton métier t'aide-t-il dans l'approche ?
- Wou je suis flattée si mon style est désormais reconnaissable. J'ai parfois l'impression de m'éparpiller.
Comment je suis arrivée à ce résultat ... déjà j'ai lu toute la panoplie de bouquins sur la profondeur de champ, l'ouverture de diaphragme et autres conneries ... techniques

Je me suis également nourrie de tous les blogs photo américains et australiens, entre autre Carrie Sandoval , Lisa Visser, Hélene Douchet et j'en passe...
Enfin, je suis hyper émotive ( à mon grand désespoir ) J'aime l'enfance, j'aime les bébés, j'aime leur innocence. Je suis émerveillée par leurs expressions, leurs rires, leurs larmes. Je suis maman et c'est tout simplement la plus belle chose qui me soit arrivée. Et ce que je cherche dans mes photos, c'est de réussir à capturer ces émotions là , la petite étincelle dans l’œil d'une maman qui admire son bout de chou, ce petit quelque chose dans le regard d'un nouveau né, l'amour d'une future mère pour son enfant à venir.
Je ne sais pas si je dirais que c'est mon métier qui m'aide dans l'approche, c'est plutôt ma sensibilité. Mon boulot m'aide par contre énormément dans les séances nouveau né car je sais repérer si l'enfant a faim, ce dont il a besoin ou à quel moment profiter de ces attitudes. Ça rassure aussi très souvent les parents qui se trouvent en confiance sur la manipulation de leur bébé.
3°) En général je pose toujours une question autour du matériel. Là je suis un peu dérouté car j'ai l'impression que toute la force de tes photos réside dans ta manière d'appréhender la vie, peu importe le matériel finalement, non ?
- Ah oui pour le coup tu n'es pas tombée sur la bonne personne pour parler matos. Déjà parce que je ne suis pas hyper calée, ensuite parce que ma signature n'a rien de glorieux.
Je fais avec les moyens du bord en mĂŞme temps.
Mais c'est aussi un conseil de mon mentor que j'ai toujours gardé en tête : "on s'en tape si tu as un boitier dernier cri, on s'en tape si t'as pas du CZ, ça n'est pas ça qui fera que ta photo est réussie".
Ça ne m’empêche pas de rêver à mon FF et les cailloux qui vont bien, comme tout le monde ne soyons pas hypocrites, mais ça n'est pas essentiel pour moi.
Et puis j'essaye d'y aller étape par étape, de répondre à mes besoins. Ça va faire 4 ans en Juin que je suis tombée dans la marmite et je viens seulement d'acheter mon flash 56 il y a 1 mois.
4°) La sensibilité féminine est-elle déterminante dans ton approche ? Dis autrement, sans mots cachés : considères-tu qu'être une femme te donne un point d'avance lorsque tu photographies une femme enceinte ou un enfant par exemple ?
- Bonne question tiens. Je pense que oui !
La plupart du temps je suis contactée par des femmes, que ce soit pour les photos de grossesse, pour les enfants et même pour les mariages. Les hommes la plupart du temps ne sont pas hyper branchés photo. Ils vont se laisser mener pour "faire plaisir" mais ça n'est pas leur tasse de thé.
Je pense que les femmes ayant une plus grande sensibilité, accordent davantage d'attention aux photos. On aime revoir les clichés parce que ça nous replonge dans nos émotions.
On revit un peu les moments en mĂŞme temps.
Et en général, j'ai l'impression qu’être une femme met davantage en confiance les gens quant à la sensibilité qu'ils veulent retrouver dans leurs photos.
5°) Pour sélectionner la photo de la semaine, je balaie toutes les publications de la semaine, et je retiens celle qui me parle le plus, indépendamment de son contexte. Connaissant l'univers de douceur habituellement transmis dans tes photos, celle-ci m'a interpellée par son contraste : un tutu noir, des cheveux libres, une mèche rebelle, et un regard de défi. Connaissant un peu l'univers de la danse, j'ai vu là de suite toute l'opposition que tu voulais mettre dans cette photo, voir même de la provoc'. Je dirais même qu'on pourrait y voir l'ombre du malin caché derrière un univers de douceur et d'innocence. Peux-tu nous en dire dire plus sur le contexte de cette photo ?
- Cette année je me suis mis plusieurs défis. Je réalise un projet 52 ( une photo de mon univers par semaine) et je me suis jointe à un groupe de photographes pour un projet " De A à Z" qui consiste à réaliser tous les 15 jours une photo en suivant les lettres de l'alphabet.
Nous voici donc au D et me vient forcément la Danseuse puisque ma fille fait de la danse classique.
Je réfléchis un peu et je repense à une magnifique photo de Lisa Visser dont je décide de m'inspirer.
Faire la photo banale de la ballerine en tutu rose, petit chignon tiré et bras au dessus de la tête, sincèrement ça n'avait aucun intérêt.
Ma fille adore jouer le jeu et relever mes défis. Je décide donc de lui mettre son tutu noir, de la décoiffer et de lui demander un regard plutôt noir.
Objectif: jour l'opposition entre cette image qu'on a tous de la danseuse classique, et la personnalité de ma puce avec son caractère de chiotte ... délicat

Pas de flash, pas de fioriture parce qu'avec les enfants il faut que ça aille vite. Juste la lumière du jour et un mur uni. Ça a duré 3 minutes à tout casser.
Alors effectivement ça n'est pas le genre d'image que j'ai l'habitude de faire. Mais j'aime me lancer des défis, et partir parfois dans des routes complètement différentes pour tester. Parfois ça marche, parfois moins. Qui ne risque rien n'a rien !
6°) Je parlais précédemment de provocation. Dès lors, rare est le consensus et à lire le fil, je vois qu'il y a eu pas mal de divergences sur le fond et la forme. Très bien ! J'adore quand une photo suscite le débat et qu'elle ne laisse pas indifférente. Si je suis en phase sur l'idée que tu voulais mettre en forme, la manière d'y arriver peut être sujet à discussion ? As-tu un mot à rajouter à ces échanges ?
- J'ai été assez contente de susciter ces réactions, car comme tu dis, s'il y a débat c'est que ça ne laisse pas indifférent. Je suis contente de voir que certains ont bien interprété les choses. c'est que je n'était pas complètement à coté de la plaque.
Je suis totalement d'accord avec les imperfections techniques de la photo ( mur du fond imparfait, forte lumière à gauche) Je sais ce que je peux améliorer.
Je pense que ce qui a gêné, c'est l'attitude un peu trop "adulte" de l'enfant. Les gens restent trop souvent dans des codes, et cela pour tous domaines. On doit entrer dans des cases, on doit tous consommer pareil, on doit s'habiller selon la mode, on doit aimer la couleur qui est gaie et trouver le marron, le noir et le blanc tristes et fades.
Une photo d'enfant qui ne sourit pas, et qui est même à la limite de faire la tronche, ça n'entre pas dans les codes.
Une photo avec un cadrage sous les genoux idem. Pourquoi pas le classique plein pieds? et bien justement parce que c'est classique!!!
Mes cadrages ne sont pas conventionnels et je comprend tout à fait que ça ne plaise pas toujours. Mais si je cadre de cette manière c'est justement pour sortir des rangs.
Après il faut savoir prendre ce que l'on est venu chercher dans la critique, et je pense y parvenir.Chaque avis est intéressant puisqu'il apporte un univers différent.
7°) Revenons à tes projets. Je vois que tu mènes à la fois une vie active parallèlement à une activité photographique. Quels sont tes projets dans le proche avenir ?
- Pour moi c'est juste le pieds total, je bosse en maternité à mi temps et je peux réaliser ma passion en même temps.
Que demander de plus... je baigne dans les bébés à longueur de temps!!!
L'autoentreprise commence Ă bien marcher Ă ma grande surprise.
L'idéal pour moi ? M'installer en libéral car je ne me vois pas lâcher mon boulot que j'aime trop. J'ai besoin de ce contact! Et j'adorerais avoir un cabinet dans lequel je pourrais réaliser un studio à lumière du jour, des grandes bais vitrées de partout, au plafond aux murs. Et ainsi pouvoir allier le boulot de sage-femme et les photos , tout en continuant du lifestyle.
J'en profite pour rappeler le site de Marie/Gelinotte : http://petit-monde-de-gelinotte.blogspot.com/
Et une petite piqure de rappel Ă travers son album : galerie/thumbnails.php?album=search&owner_id=on&search=3620
Merci encore à toi pour ta disponibilité et les réponses à ces quelques questions...
