Compréhension et composition de l'image

[Okapi]

Un très bon exemple de l'emploi des règles est illustré par la photo que j'ai postée en "Modèle" récemment, elle ne respecte pas du tout les canons du genre et est peu appréciée, si on la regarde bien, le personnage regarde vers son épaule en bas à gauche, ce qui est en réalité perçu comme négatif, alors que si on prend la photo qui suit, elle a toutes les ressources pour être perçue positivement, ce qui fut le cas lorsque je l'ai postée.



Le geste comme le regard vous poussent vers la droite, ce qui est ressenti comme positif par la majorité et ce malgré "l'agressivité" du personnage.

Je vais souvent regarder la galerie de personnes, mais nombre de photos me sont indifférentes car sans émotion, précisément en raison d'une construction absente, et c'est très dissuasif au premier regard de là l'importance de composer en suivant certaines règles de base si on veut éviter de faire passer tout droit notre spectateur.

Vous voudrez bien m'excuser d'utiliser mes propres images comme exemples, mais c'est plus simple ainsi.

[mero]

Okapi.... tu vas être mûr pour un petit article.... ...

[Okapi]

Dans mon travail journalistique je suis hors de prix voyons…

[pat13]

En tout cas débat très intéressant
J'ai été revoir la photo que tu cites ci dessus Okapi, moi je n'accroche pas.
par contre je commence à comprendre pourquoi je préférais la photo qui à subit un traitement horizontal dans le post "A quoi jouent ils "

[Okapi]

J'ai été revoir la photo que tu cites ci dessus Okapi, moi je n'accroche pas.

Ce qui confirme donc le bien-fondé du respect des bases de composition pour une accroche du public, si on les transgresse, les spectateurs ont tendance à passer par dessus.

C'est intéressant pour moi de voir comment vous percevez ces points, dans l'appréciation d'une oeuvre d'art on retrouve les mêmes critères, je vais vous poster la photo d'un dessin dérangeant pour la plupart des gens cet après-midi.

[JeanMi]

Je suis moi aussi convaincu que le regard que nous portons sur notre environnement est conditionné par nos acquis culturels, et que nous décodons (consciemment ou pas) en fonction de ces acquis.

Je voudrais juste proposer deux mises en pratique - deux lectures très différentes, en recyclant pour cela le cliché "Mais à quoi jouent-ils?" qui me paraît particulièrement approprié pour cet excercice.

1) Le sens conventionnel de lecture nous fait parcourir le cliché de gauche à droite et de bas en haut. Que lisons nous? Des gravats, des pierres, de la poussière, un mur bleu délavé et abîmé, et enfin le groupe des enfants, en plongée (donc un peu écrasé) et positionné sur un point fort de l'image. On ne va guère voir au-delà, parce qu'il n'y a plus grand chose à voir au-delà.
Le côté un peu misérabiliste évoqué dans une autre réponse peut être attribué au fait qu'on a lu pas mal d'éléments négatifs avant d'arriver au sujet principal.

2) Le sens conventionnel de lecture nous amène directement au sujet principal; on explore éventuellement rapidement la partie droite de l'image, mais on ne s'y attarde pas et on revient chaque fois vers le sujet principal. Ici, aucun élément négatif ne vient conditionner la lecture de l'image avant de découvrir le sujet.
Il semble que ces enfants aient encore de l'espace pour évoluer, grandir, s'affirmer (toute la paartie droite de l'image).
L'image véhicule donc peut-être un message plus positif.

P.S. Edition "orthographique"

[Okapi]

Et si on veut encore renforcer cette seconde vision, on floute la partie de droite progressivement, pour donner encore plus de poids au futur des enfants on fait un flou directionnel qui suggère la vitesse et l'élévation, deux points de plus pour manipuler le lecteur, mais dans un sens positif bien sur.

[sebastien]

Un très bon post qui a le mérite d'aborder le point le plus important de notre pratique.
Même si évidemment ce n'est qu'une minuscule porte d'entrée d'un domaine immense (l'histoire de l'image) elle pose le problème d'un point de vue culturel et non "technique" (je veux dire par là indépendendant de la technologie embarquée).
Avant tout saisir qu'une image se "lit" (comme un texte), que ses codes sont le fruit d'un long héritage, et que celui-ci peut différer selon que l'on se trouve ICI ou LA sur Terre.
Les chinois par exemple -eux qui peignaient à l'encre 1500 ans avant qu'on se mette à l'huile en Europe- n'ont eu que faire de la règle des tiers héritée de l'antiquité grecque et remise au goût du jour par les humanistes aux 15-16ème siècles.


Donc tout est possible pourvu qu'on en ait conscience. Et encore le paradoxe réside-t-il aussi dans ceci que les accidents peuvent révéler d'heureuses surprises.

[pat13]

Donc tout est possible pourvu qu'on en ait conscience.

est ce que l'on en a vraiment conscience lorsque l'on regarde une photo ?
pas sur

[sebastien]

Tu aurais également pu inclure la fin du texte: c'eût été plus approprié.
Mais là je distingue l'auteur de la photo du spectateur. Le message peut très bien ne pas passer du tout entre les 2...
C'est pas un scoop.

[pat13]

Exact !
Mais lorsque je prends une photo ce n'est pas ce que je regarde en premier.
Peut être est ce à tort

[sebastien]

Heureusement d'ailleurs qu'on ne voit pas tous la même chose!

Sinon bienvenue dans le monde de Big Brother.

[Okapi]

C'est précisément la finalité de ce post Sébastien, expliquer ce dont on a pas conscience en regardant une image, et qui déterminera si nous l'apprécions ou pas, hors de tout aspect de l'évolution des cultures, mais de notre point de vue européen puisque nous faisons des photos au XXIème siècle en tant qu'occidentaux.
Et au risque de te contredire, nous voyons en grande majorité tous la même chose, une pomme est pour tout le monde une pomme, la lecture d'une image par notre cerveau agit exactement ainsi, c'est aussi pourquoi l'art contemporain est en grande partie une masturbation intellectuelle, le fait d'une catégorie de personnes qui peuvent dire qu'eux comprennent ce que le quidam n'arrive pas à apprécier.
Simplement une manière de se démarquer ainsi, exactement le contraire de ce que j'essaie d'expliquer ici.

[ear_78]

En effet, complètement d'accord avec toi et Jean-Mi. Personnellement je respecte rarement la règle des tiers et le sens de lecture et je constate que ça dérange en permanence...

[Okapi]

Ainsi tu montres ton indépendance de construction, mais le risque est d'avoir très peu de monde qui va aimer l'image, c'est surtout vrai en portrait et en architectural où la créativité est plus "possible" qu'en animalier, d'ailleurs personnellement j'aime beaucoup le tirage papier de ma photo citée avec le personnage indien, le format de l'écran moins, mais en général cette photo est peu appréciée.

[ear_78]

Oui je comprend, en archi je me fais souvent jeté surtout que j'aime en plus comme les paysages les présenter en carré...