"J' erre, minable" récit zolien, takumarique et bretonnant!
Jean-Louis, si t'arrives à me montrer à l'image l'intérêt du 14 bits, je suis preneur, j'ai pas encore trouvé....
Si tes voisins t'indisposent... Tulaie ?
Si tes voisins t'indisposent... Tulaie ?
Nex 7 + 18-55 + 18-200 + Voigtlander 15 et 35 1,7 + Zeiss G 28, 45 et 90 | Nex 3 défiltré. 50 1,7 et 35 2,8 Zeiss ; 24 2,8 ; ... ; 50 2,8 macro ; 100 2,8 macro ; 17-35 2,8-4 ; 85 1,4 CZ Contax ; 24-105 ; Tokina 500 f8 MD ; .
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jean-louis - Messages : 723
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Les avis sont partagés là dessus j'admets... N'empêche que mon 40 D crame moins les blancs que le 400 D?
A quoi tient-ce-? That's the question
L'intérêt du live view, ça je te le montre quand tu veux !
A part ça, epouvantable mistake, le Beaujolais c'est du Gamay, vous aurez rectifié bien sûr!
A quoi tient-ce-? That's the question
L'intérêt du live view, ça je te le montre quand tu veux !
A part ça, epouvantable mistake, le Beaujolais c'est du Gamay, vous aurez rectifié bien sûr!
J'ai du Canon mais je me soigne!
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jean-louis - Messages : 723
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Pour Tulaie, c'est pas du tout ça !
Merci d'avoir joué avec nous!
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jean-louis a écrit :L'intérêt du live view, ça je te le montre quand tu veux !
Avec plaisir Jean-Louis, même si j'ai une idée sur le sujet, mais juste pour la rencontre, malheureusement, je vais si peu à Lyon, que je n'y ai finalement jamais mis les pieds....
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jean-louis - Messages : 723
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Tu sais pas ce que tu perds!
Y a des "bouchons"qui méritent le voyage.
"En France, on se nourrit, Ă Lyon, on mange!"
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Chapitre 8
Ce lundi-là , le temps était superbe : un fier matin de printemps, tout baigné de rosée, frémissant de mille parfums de fleurs qu’Odile respirait à pleins poumons, à travers cet air iodé qu’elle avait appris à aimer au point de ne pouvoir s’en passer désormais. En plus - quel bonheur ! Son « Traqueur d’images » venait d’arriver ! La jeune fille s’y était, bien sûr, abonnée avec son premier salaire de la Poste, et savourait déjà le moment de pure jouissance que lui procurerait la lecture de l’édito signé CMG. Aussi avalait-elle le faux plat de Kerleven-le- Menhir en appuyant de toutes ses forces sur les pédales, sans souci des ornières qui faisaient vaciller Kléber, perché, de son unique patte, sur la barre chromée du guidon. Si elle allait vite, c’était aussi parce qu’elle allait retrouver Yoann, à présent totalement guéri et qui revenait précisément d’un rendez-vous professionnel prometteur. Il devait même l’attendre à la dernière maison de sa tournée, pour lui en apprendre le résultat. Le jeune homme, dans sa fièvre d’invention, avait mis au point, avec son chimiste de cothurne, un procédé novateur permettant de colorer dans la masse le silicone et il se faisait fort d’obtenir des teintes chair du plus parfait réalisme ! Il y avait là une fortune à faire dans la lingerie féminine, les brides de soutien-gorge particulièrement, et Yoann, emporté, cette fois encore par ses rêves utopiques, imaginait déjà leur produit pénétrant les marchés étrangers, séduisant l’Amérique du nord, gagnant le Mexique et le Brésil où les danseuses de samba frémiraient toutes de désir pour le silicone carné !
Odile essayait bien de tempérer cet enthousiasme, mais se réjouissait en elle-même de l’appétit de vie du jeune homme qu’elle aimait. Sans doute était-ce pour cela qu’elle souriait et pas seulement parce qu’elle abordait à présent la descente vers le village, juste après la paillote en ruines où vivait Marche en Crabe. Ce dernier avait, en effet, élu domicile dans cette baraque en planches à demi-carbonisées dont tous ne parlaient qu’à demi-voix, depuis cette nuit d’été où elle avait mystérieusement brûlé, à la veille de son ouverture. Aussi quelle idée son propriétaire, un étranger du Finistère, avait-il eue de claironner qu’il allait faire un dancing « le Kerfrancis » et introduire ici la crêpe au bruccio, à la mode corse ? La nouvelle avait fait grand bruit alentour, moins, toutefois, que l’explosion du frêle bâtiment ! Le vieux Marche en Crabe avait relevé quatre poutres destinées à supporter quelques mauvaises planches épargnées par l’incendie et s’était construit là un gîte vers lequel, certains soirs de pleine lune, on le voyait mettre le cap, de retour de ribote. Odile connaissait bien l’endroit et, aussi sensible à la poésie des ruines qu’un autre Breton illustre qu’elle n’avait jamais lu, elle venait parfois y bercer son spleen. Elle n’était, hélas, pas la seule à se montrer sensible au pittoresque de l’endroit…
Soudain, au sortir du plus mauvais virage, celui qui précédait la ruine, elle dut se crisper des deux mains sur les freins qui grincèrent, mêlant leur gémissement lugubre au coassement indigné de Kléber battant frénétiquement de l’aile pour conserver son équilibre. Un homme était là , au beau milieu du chemin, perché sur un méchant escabeau, semblant ne l’avoir ni entendue ni vue venir. Penché en avant, il lui tournait le dos. Il était à moitié dévêtu, une ample robe noire rejetée par dessus la tête laissant voir des jambes poilues. Odile, stupéfaite, eut encore le temps de remarquer qu’il était pieds nus, puis ce fut le choc : le triporteur lourdement chargé faucha l’escabeau, bascula sur le bas- côté, entraînant Odile et termina sa course folle contre un pilier de la paillote qui s’effondra dans un craquement sinistre. L’homme, lui, avait roulé dans les ajoncs, serrant contre lui, comme s’il se fût agi du Saint-Sacrement, une boîte noire où Odile, en un éclair, avait eu le temps de reconnaître un appareil moyen format.
Ce lundi-là , le temps était superbe : un fier matin de printemps, tout baigné de rosée, frémissant de mille parfums de fleurs qu’Odile respirait à pleins poumons, à travers cet air iodé qu’elle avait appris à aimer au point de ne pouvoir s’en passer désormais. En plus - quel bonheur ! Son « Traqueur d’images » venait d’arriver ! La jeune fille s’y était, bien sûr, abonnée avec son premier salaire de la Poste, et savourait déjà le moment de pure jouissance que lui procurerait la lecture de l’édito signé CMG. Aussi avalait-elle le faux plat de Kerleven-le- Menhir en appuyant de toutes ses forces sur les pédales, sans souci des ornières qui faisaient vaciller Kléber, perché, de son unique patte, sur la barre chromée du guidon. Si elle allait vite, c’était aussi parce qu’elle allait retrouver Yoann, à présent totalement guéri et qui revenait précisément d’un rendez-vous professionnel prometteur. Il devait même l’attendre à la dernière maison de sa tournée, pour lui en apprendre le résultat. Le jeune homme, dans sa fièvre d’invention, avait mis au point, avec son chimiste de cothurne, un procédé novateur permettant de colorer dans la masse le silicone et il se faisait fort d’obtenir des teintes chair du plus parfait réalisme ! Il y avait là une fortune à faire dans la lingerie féminine, les brides de soutien-gorge particulièrement, et Yoann, emporté, cette fois encore par ses rêves utopiques, imaginait déjà leur produit pénétrant les marchés étrangers, séduisant l’Amérique du nord, gagnant le Mexique et le Brésil où les danseuses de samba frémiraient toutes de désir pour le silicone carné !
Odile essayait bien de tempérer cet enthousiasme, mais se réjouissait en elle-même de l’appétit de vie du jeune homme qu’elle aimait. Sans doute était-ce pour cela qu’elle souriait et pas seulement parce qu’elle abordait à présent la descente vers le village, juste après la paillote en ruines où vivait Marche en Crabe. Ce dernier avait, en effet, élu domicile dans cette baraque en planches à demi-carbonisées dont tous ne parlaient qu’à demi-voix, depuis cette nuit d’été où elle avait mystérieusement brûlé, à la veille de son ouverture. Aussi quelle idée son propriétaire, un étranger du Finistère, avait-il eue de claironner qu’il allait faire un dancing « le Kerfrancis » et introduire ici la crêpe au bruccio, à la mode corse ? La nouvelle avait fait grand bruit alentour, moins, toutefois, que l’explosion du frêle bâtiment ! Le vieux Marche en Crabe avait relevé quatre poutres destinées à supporter quelques mauvaises planches épargnées par l’incendie et s’était construit là un gîte vers lequel, certains soirs de pleine lune, on le voyait mettre le cap, de retour de ribote. Odile connaissait bien l’endroit et, aussi sensible à la poésie des ruines qu’un autre Breton illustre qu’elle n’avait jamais lu, elle venait parfois y bercer son spleen. Elle n’était, hélas, pas la seule à se montrer sensible au pittoresque de l’endroit…
Soudain, au sortir du plus mauvais virage, celui qui précédait la ruine, elle dut se crisper des deux mains sur les freins qui grincèrent, mêlant leur gémissement lugubre au coassement indigné de Kléber battant frénétiquement de l’aile pour conserver son équilibre. Un homme était là , au beau milieu du chemin, perché sur un méchant escabeau, semblant ne l’avoir ni entendue ni vue venir. Penché en avant, il lui tournait le dos. Il était à moitié dévêtu, une ample robe noire rejetée par dessus la tête laissant voir des jambes poilues. Odile, stupéfaite, eut encore le temps de remarquer qu’il était pieds nus, puis ce fut le choc : le triporteur lourdement chargé faucha l’escabeau, bascula sur le bas- côté, entraînant Odile et termina sa course folle contre un pilier de la paillote qui s’effondra dans un craquement sinistre. L’homme, lui, avait roulé dans les ajoncs, serrant contre lui, comme s’il se fût agi du Saint-Sacrement, une boîte noire où Odile, en un éclair, avait eu le temps de reconnaître un appareil moyen format.
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La suite. Et malgré les vacances !
C'est que nous ne sommes pas, pour notre part, de ces "partageux", de ces "rouges", dont les femmes, créatures impudentes, osent se présenter en cheveux au divin Office, ceux là encore auxquels on a accordé imprudemment le droit de vote, les congés payés, les trente cinq heures... et qui revendiquent à présent la sécûrité de leurs dépots bancaires, alors que nos élites éclairées s'échinent à augmenter la richesse de la nation en tentant de vendre aux Africains des Rafale et autres produits de première nécessité !
C'est vrai kwâââ!
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Chapitre 9
L’abbé Lefrollogen, officiant à Kerleven le Menhir, s’était intéressé très jeune à la photographie, bien avant son entrée au petit séminaire et sa vocation religieuse n’avait en rien constitué un obstacle : restituer la beauté du monde et des êtres et, par là même, célébrer leur Créateur lui semblait une autre forme d’adoration, qui n’était pas si indigne de l’officielle. Son évêque lui-même, dûment informé de cette activité, en était convenu et n’avait nullement songé à lui chercher des crosses, donnant son « nihil obstat » au plus prometteur de ses prêtres, dont seul l’intégrisme militant et le dogmatisme intransigeant l’inquiétaient : n’avait-il pas décidé d’aller pieds nus, en toutes circonstances, pour mieux renoncer à Satan et à ses pompes et ne pas accroître l’empire de Méphisto ?
L’abbé projetait d’initier à la prise de vue et au travail de laboratoire les préadolescents du patronage. Puisant sur ses fonds propres, il avait donc acheté le matériel nécessaire à un petit laboratoire : un agrandisseur Krokus fabriqué dans un pays impie, mais au rapport qualité/prix très favorable et quatre Lubitel, appareils rustiques bien adaptés à l’initiation.
Las, si le doigt de Dieu se fourre partout, la griffe de Satan n’est pas en reste. Pénétrant à l’improviste dans le laboratoire, le prêtre avait découvert avec horreur, sous la lumière rougeâtre de la lanterne, un spectacle infernal : deux de ses enfants de chœur préférés, à qui il aurait donné le Bon Dieu sans confession, occupés à tirer, en grand format qui plus est, des scènes de conversation très intime entre des jeunes gens possédés par l’esprit du mâle au point d’arborer sans pudeur leur virilité triomphante et des créatures dénudées visiblement moins impénétrables que les voies de la Providence ! L’abbé était rentré dans une rage folle qu’il avait maîtrisée à grand peine puis, après avoir chassé les coupables, promis aux pires représailles, il avait longuement médité : quoi, toujours le Sexe ! Toujours la Femme, cet être démoniaque faisant souffler le désir d’un frémissement de ses jupons et détournant l’homme de la voie étroite ! Et voilà qu’au soir de sa vie, l’abbé P… lui-même, cette figure emblématique plus populaire que Zidane, confessait avoir fauté ! Miséricorde ! L’Ecriture disait donc vrai : la Femme avait partie liée avec le Démon ! Dans son horreur du Désir qui affichait partout sa puissance, l’abbé en venait à vouer à l’enfer toutes les femmes en âge de séduire. « Je n'ai jamais compris qu’on laissât les femmes entrer aux églises : Que peuvent-elles donc avoir à dire à Dieu ? » pensait-il lui aussi. (NDLR : Baudelaire « Journaux intimes )
Et comment s’étonner, d’ailleurs, que la lubricité triomphât partout alors qu’une presse irresponsable affichait ouvertement des images licencieuses conviant à la débauche. Les revues de photo qu’il consultait parfois, pour des raisons techniques, rivalisaient dans l’impudeur, exhibant en couverture des drôlesses qu’il devinait ouvertes à toutes propositions ! « Traqueur d’images », surtout, l’excédait, dont il arrachait rageusement les pages honnies pour se plonger dans les rubriques techniques et les petites annonces.
L’abbé, qui n’avait toujours pas renoncé à immortaliser la beauté de la Création, et plus particulièrement de la côte bretonne, vivait, en effet, un problème technique qui le minait : dix ans d’économies lui avaient permis d’acquérir, d’occasion, un Mamiya C 220, reflex à bi-objectifs interchangeables, qui lui donnait toute satisfaction, à l’exception du viseur dépoli, inversé latéralement et peu lisible. Il en était donc réduit à retrousser sa soutane jusqu’à s’en faire un capuchon, semblable au drap noir des photographes de jadis. Las, l’irrévérence de la
posture en résultant lui pesait terriblement et seule la perspective de trouver un viseur à prisme qui fût abordable lui rendait l’espérance. Ses recherches étaient jusque là restées vaines et il lui fallait parfois repousser énergiquement la pensée peu chrétienne que seule une pandémie (grippe aviaire ou autre) et les messes d’enterrement résultantes résoudrait son problème existentiel en permettant l’achat d’un Hasselblad à prisme et cellule TTL.
Ce jour-là , il s’employait à photographier en légère plongée, se détachant sur l’horizon marin, la paillote ravagée de cet ivrogne et mécréant de Marche en crabe. La vue des ruines fascinait immanquablement l’abbé, sans doute parce qu’elles illustraient l’Ecriture : « Ecce mensurabiles posuisti dies meos, et substantia mea tanquam nihilum ante te : Et voici que vous avez fait mes jours mesurables, et ma substance n’est rien devant vous ». Les clichés qu’il se proposait d’en afficher, à l’ entrée de la vieille église, constitueraient pour ses paroissiens un salutaire rappel de la vanité de toute entreprise humaine.
C’est cet homme que venait de renverser le triporteur d’Odile.
C'est que nous ne sommes pas, pour notre part, de ces "partageux", de ces "rouges", dont les femmes, créatures impudentes, osent se présenter en cheveux au divin Office, ceux là encore auxquels on a accordé imprudemment le droit de vote, les congés payés, les trente cinq heures... et qui revendiquent à présent la sécûrité de leurs dépots bancaires, alors que nos élites éclairées s'échinent à augmenter la richesse de la nation en tentant de vendre aux Africains des Rafale et autres produits de première nécessité !
C'est vrai kwâââ!
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Chapitre 9
L’abbé Lefrollogen, officiant à Kerleven le Menhir, s’était intéressé très jeune à la photographie, bien avant son entrée au petit séminaire et sa vocation religieuse n’avait en rien constitué un obstacle : restituer la beauté du monde et des êtres et, par là même, célébrer leur Créateur lui semblait une autre forme d’adoration, qui n’était pas si indigne de l’officielle. Son évêque lui-même, dûment informé de cette activité, en était convenu et n’avait nullement songé à lui chercher des crosses, donnant son « nihil obstat » au plus prometteur de ses prêtres, dont seul l’intégrisme militant et le dogmatisme intransigeant l’inquiétaient : n’avait-il pas décidé d’aller pieds nus, en toutes circonstances, pour mieux renoncer à Satan et à ses pompes et ne pas accroître l’empire de Méphisto ?
L’abbé projetait d’initier à la prise de vue et au travail de laboratoire les préadolescents du patronage. Puisant sur ses fonds propres, il avait donc acheté le matériel nécessaire à un petit laboratoire : un agrandisseur Krokus fabriqué dans un pays impie, mais au rapport qualité/prix très favorable et quatre Lubitel, appareils rustiques bien adaptés à l’initiation.
Las, si le doigt de Dieu se fourre partout, la griffe de Satan n’est pas en reste. Pénétrant à l’improviste dans le laboratoire, le prêtre avait découvert avec horreur, sous la lumière rougeâtre de la lanterne, un spectacle infernal : deux de ses enfants de chœur préférés, à qui il aurait donné le Bon Dieu sans confession, occupés à tirer, en grand format qui plus est, des scènes de conversation très intime entre des jeunes gens possédés par l’esprit du mâle au point d’arborer sans pudeur leur virilité triomphante et des créatures dénudées visiblement moins impénétrables que les voies de la Providence ! L’abbé était rentré dans une rage folle qu’il avait maîtrisée à grand peine puis, après avoir chassé les coupables, promis aux pires représailles, il avait longuement médité : quoi, toujours le Sexe ! Toujours la Femme, cet être démoniaque faisant souffler le désir d’un frémissement de ses jupons et détournant l’homme de la voie étroite ! Et voilà qu’au soir de sa vie, l’abbé P… lui-même, cette figure emblématique plus populaire que Zidane, confessait avoir fauté ! Miséricorde ! L’Ecriture disait donc vrai : la Femme avait partie liée avec le Démon ! Dans son horreur du Désir qui affichait partout sa puissance, l’abbé en venait à vouer à l’enfer toutes les femmes en âge de séduire. « Je n'ai jamais compris qu’on laissât les femmes entrer aux églises : Que peuvent-elles donc avoir à dire à Dieu ? » pensait-il lui aussi. (NDLR : Baudelaire « Journaux intimes )
Et comment s’étonner, d’ailleurs, que la lubricité triomphât partout alors qu’une presse irresponsable affichait ouvertement des images licencieuses conviant à la débauche. Les revues de photo qu’il consultait parfois, pour des raisons techniques, rivalisaient dans l’impudeur, exhibant en couverture des drôlesses qu’il devinait ouvertes à toutes propositions ! « Traqueur d’images », surtout, l’excédait, dont il arrachait rageusement les pages honnies pour se plonger dans les rubriques techniques et les petites annonces.
L’abbé, qui n’avait toujours pas renoncé à immortaliser la beauté de la Création, et plus particulièrement de la côte bretonne, vivait, en effet, un problème technique qui le minait : dix ans d’économies lui avaient permis d’acquérir, d’occasion, un Mamiya C 220, reflex à bi-objectifs interchangeables, qui lui donnait toute satisfaction, à l’exception du viseur dépoli, inversé latéralement et peu lisible. Il en était donc réduit à retrousser sa soutane jusqu’à s’en faire un capuchon, semblable au drap noir des photographes de jadis. Las, l’irrévérence de la
posture en résultant lui pesait terriblement et seule la perspective de trouver un viseur à prisme qui fût abordable lui rendait l’espérance. Ses recherches étaient jusque là restées vaines et il lui fallait parfois repousser énergiquement la pensée peu chrétienne que seule une pandémie (grippe aviaire ou autre) et les messes d’enterrement résultantes résoudrait son problème existentiel en permettant l’achat d’un Hasselblad à prisme et cellule TTL.
Ce jour-là , il s’employait à photographier en légère plongée, se détachant sur l’horizon marin, la paillote ravagée de cet ivrogne et mécréant de Marche en crabe. La vue des ruines fascinait immanquablement l’abbé, sans doute parce qu’elles illustraient l’Ecriture : « Ecce mensurabiles posuisti dies meos, et substantia mea tanquam nihilum ante te : Et voici que vous avez fait mes jours mesurables, et ma substance n’est rien devant vous ». Les clichés qu’il se proposait d’en afficher, à l’ entrée de la vieille église, constitueraient pour ses paroissiens un salutaire rappel de la vanité de toute entreprise humaine.
C’est cet homme que venait de renverser le triporteur d’Odile.
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Suis en vacances dans le sud... oĂą il pleut ,d'ailleurs
Prochain épisode avec un peu de retard, donc...L'ai pas sur moi!
On n'est pas aux pièces...
"Et le désir s'accroît quand l'effet se recule" et tout ça... comme l'écrivait le vieux Corneille....
Ai fait fumer le 40 D sur les villlages des "cinq terres" ,en Italie.
Zouli tout plein !!! J'ai rencontré plein de nikonistes en vadrouille sur les chemins de rando.
On s'est croisés très dignes....
Ai pu tester par ailleurs le D 300 d'un pote avec 17/55 2,8 et flash sérieux. L'a même le transmetteur wifi, c'est vous dire ! Sacré matos, faut l'admettre, mais lourd,lourd...
Prochain épisode avec un peu de retard, donc...L'ai pas sur moi!
On n'est pas aux pièces...
"Et le désir s'accroît quand l'effet se recule" et tout ça... comme l'écrivait le vieux Corneille....
Ai fait fumer le 40 D sur les villlages des "cinq terres" ,en Italie.
Zouli tout plein !!! J'ai rencontré plein de nikonistes en vadrouille sur les chemins de rando.
On s'est croisés très dignes....
Ai pu tester par ailleurs le D 300 d'un pote avec 17/55 2,8 et flash sérieux. L'a même le transmetteur wifi, c'est vous dire ! Sacré matos, faut l'admettre, mais lourd,lourd...
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jean-louis - Messages : 723
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Et pour "Tulaie", au fait, toujours rien!
Quelle déception! Un forum si distingué !!! tsss!!!
C'est pourtant évident, à c'qu' i m'semble !
Tiens vais m'en jeter un, pour me remettre!
Quelle déception! Un forum si distingué !!! tsss!!!
C'est pourtant évident, à c'qu' i m'semble !
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jean-louis - Messages : 723
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Chapitre 10
En roulant au sol, l’abbé n’avait songé d’abord qu’à protéger son moyen-format mais, à la vue du triporteur renversé et des décombres de la paillotte pesant de tout leur poids sur cette frêle jeune fille en uniforme de postière, le sentiment de sa responsabilité l’accabla : il se précipita pour tenter de la dégager. En vain ! La caisse de l’engin la maintenait prisonnière. Il lui fallut défoncer cette maudite caisse dont le choc avait faussé la serrure et fourrager à pleines mains dans le courrier qu’il vida rageusement, si bien qu’un colis, éventré, éclata, révèlant à l’écclésiastique stupéfait un objet insolite où il finit par reconnaître un vibromasseur en provenance d’un sex-shop brestois !
Horror, horror, horror ! Rien ne lui serait donc épargné ! La perversion humaine était donc sans limites ! Et la Ville exportait ses vices à la Campagne, en Colissimo recommandé, qui plus est ! Il faudrait qu’un jour le feu du ciel anéantît cette nouvelle Babylone !
Son accablement fut à son comble lorqu’il découvrit, effondré, que la destinataire était sa plus sûre paroissienne, une veuve à la piété insoupçonnable ! Il écrasa sous son talon l’objet satanique, tomba à genoux et commençait la prière des exorcismes quand il prit conscience que la jeune fille ne donnait nul signe de vie : la dégager du triporteur ne lui prit qu’un instant ; lui ôtant sa casquette, il reconnut alors cette étrangère au district que cet apostat de Tizefgen avait recueillie et qu’on voyait toujours en compagnie de son fils, l’étudiant, tous les deux étroitement enlacés sans, bien évidemment, y être autorisés par les saints liens du mariage ! Cependant, elle gisait là , par sa faute, inanimée, en péril de mort et, à coup sûr, en état de péché mortel, elle qui se faisait le véhicule du Diable. L’abbé n’hésita pas : après s’être signé, il la coucha sur les ajoncs, dégrafa son chemisier et entreprit un message cardiaque et un bouche à bouche. Cela dura longtemps, très longtemps. Enfin, il sentit, comme dans le Cantique des Cantiques, battre le sein de la jeune femme et un frémissement anima ses lèvres adorables. L’abbé resta peut-être un peu plus longtemps qu’il n’aurait dû à prodiguer ses secours et c’est presque à regret qu’il abandonna ses soins pour se redresser enfin, mal à l’aise, comme ne sachant plus à quel sein se vouer.
Quoi ! Se pouvait-il que le Seigneur l’abandonnât lui aussi aux tentations de la chair ?
Allait-il succomber, après tant d’autres, au pouvoir de la Femme ?
Il se raidit dans son attitude et ce fut presque sévèrement qu’il s’adressa à la jeune fille qui revenait tout à fait à elle. « Ainsi te voilà de retour parmi les hommes, ma fille. Dieu, qui est Amour, n’a pas voulu punir avec sévérité, pourtant ta faute est grande! En as-tu seulement conscience ? »
« De quoi donc m’accusez-vous, mon père ? » s’étonna Odile qui respectait la Religion, même si elle ne pratiquait pas.
« Ces revues impies que tu livres à des âmes abusées, ces accessoires maudits d’un Plaisir satanique, ce concubinage notoire avec un homme qui n’est pas ton mari, dans la demeure d’un apostat, sont autant de fautes qui te seront reprochées par le tr… »
Il ne put achever. Marche en Crabe venait d’apparaître, surgissant des débris et sa voix s’éleva, assurée, terrible. A coup sûr, ce n’était plus la voix d’un homme qui buvait, il semblait comme inspiré, porteur de mots qui le dépassaient, mais qu’il devait faire entendre.
« Ne l’écoute pas, petite, n’écoute pas ces discours affreux qui vont t’empoisonner ! A ceux qui veulent détourner de l’amour, je dis en face : le ciel n’est pas pour eux…Personne ne te reprochera jamais d’avoir aimé, ni son Dieu ni les hommes ! Il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux mortels qui oublient un temps qu’ils le sont dans l’échange d’un baiser. Aime et sois aimée, ma belle, c’est ce que le Ciel attend de toi. Puis, se tournant vers l’abbé, il lança, solennel : à toi, prêtre fourbe ou abusé qui trahis le message de ton Dieu, je veux dire ces seuls mots : « Vade retro faux-cul ».
Cette formule angénieuse avait figé l’abbé sur place. On le vit ramasser en hésitant le viseur sportif de son appareil qui s’en était désolidarisé dans la chute. Il embrassa d’un regard le panorama grandiose, puis son regard croisa celui de la jeune fille qui ne sourcilla pas, évita celui de Marche en Crabe avant de s’arrêter longuement à fixer le triporteur éventré dont s’échappaient plusieurs exemplaires de Traqueur d’Images. On distinguait parfaitement, sous l’emballage protecteur, la courbe d’un sein. Alors l’abbé Le Frollogen, dardant un œil terrible sur la carcasse de la paillotte et du triporteur, puis se tournant avec une genuflexon vers le clocher de Kerleven, lâcha, terrible :
« Ceci tuera cela ! »
Et il s’enfonça dans les fourrés.
Longtemps, entre les blocs de granit, résonna l’écho de ses derniers mots et il semblait que ce fût comme une malédiction.
En roulant au sol, l’abbé n’avait songé d’abord qu’à protéger son moyen-format mais, à la vue du triporteur renversé et des décombres de la paillotte pesant de tout leur poids sur cette frêle jeune fille en uniforme de postière, le sentiment de sa responsabilité l’accabla : il se précipita pour tenter de la dégager. En vain ! La caisse de l’engin la maintenait prisonnière. Il lui fallut défoncer cette maudite caisse dont le choc avait faussé la serrure et fourrager à pleines mains dans le courrier qu’il vida rageusement, si bien qu’un colis, éventré, éclata, révèlant à l’écclésiastique stupéfait un objet insolite où il finit par reconnaître un vibromasseur en provenance d’un sex-shop brestois !
Horror, horror, horror ! Rien ne lui serait donc épargné ! La perversion humaine était donc sans limites ! Et la Ville exportait ses vices à la Campagne, en Colissimo recommandé, qui plus est ! Il faudrait qu’un jour le feu du ciel anéantît cette nouvelle Babylone !
Son accablement fut à son comble lorqu’il découvrit, effondré, que la destinataire était sa plus sûre paroissienne, une veuve à la piété insoupçonnable ! Il écrasa sous son talon l’objet satanique, tomba à genoux et commençait la prière des exorcismes quand il prit conscience que la jeune fille ne donnait nul signe de vie : la dégager du triporteur ne lui prit qu’un instant ; lui ôtant sa casquette, il reconnut alors cette étrangère au district que cet apostat de Tizefgen avait recueillie et qu’on voyait toujours en compagnie de son fils, l’étudiant, tous les deux étroitement enlacés sans, bien évidemment, y être autorisés par les saints liens du mariage ! Cependant, elle gisait là , par sa faute, inanimée, en péril de mort et, à coup sûr, en état de péché mortel, elle qui se faisait le véhicule du Diable. L’abbé n’hésita pas : après s’être signé, il la coucha sur les ajoncs, dégrafa son chemisier et entreprit un message cardiaque et un bouche à bouche. Cela dura longtemps, très longtemps. Enfin, il sentit, comme dans le Cantique des Cantiques, battre le sein de la jeune femme et un frémissement anima ses lèvres adorables. L’abbé resta peut-être un peu plus longtemps qu’il n’aurait dû à prodiguer ses secours et c’est presque à regret qu’il abandonna ses soins pour se redresser enfin, mal à l’aise, comme ne sachant plus à quel sein se vouer.
Quoi ! Se pouvait-il que le Seigneur l’abandonnât lui aussi aux tentations de la chair ?
Allait-il succomber, après tant d’autres, au pouvoir de la Femme ?
Il se raidit dans son attitude et ce fut presque sévèrement qu’il s’adressa à la jeune fille qui revenait tout à fait à elle. « Ainsi te voilà de retour parmi les hommes, ma fille. Dieu, qui est Amour, n’a pas voulu punir avec sévérité, pourtant ta faute est grande! En as-tu seulement conscience ? »
« De quoi donc m’accusez-vous, mon père ? » s’étonna Odile qui respectait la Religion, même si elle ne pratiquait pas.
« Ces revues impies que tu livres à des âmes abusées, ces accessoires maudits d’un Plaisir satanique, ce concubinage notoire avec un homme qui n’est pas ton mari, dans la demeure d’un apostat, sont autant de fautes qui te seront reprochées par le tr… »
Il ne put achever. Marche en Crabe venait d’apparaître, surgissant des débris et sa voix s’éleva, assurée, terrible. A coup sûr, ce n’était plus la voix d’un homme qui buvait, il semblait comme inspiré, porteur de mots qui le dépassaient, mais qu’il devait faire entendre.
« Ne l’écoute pas, petite, n’écoute pas ces discours affreux qui vont t’empoisonner ! A ceux qui veulent détourner de l’amour, je dis en face : le ciel n’est pas pour eux…Personne ne te reprochera jamais d’avoir aimé, ni son Dieu ni les hommes ! Il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux mortels qui oublient un temps qu’ils le sont dans l’échange d’un baiser. Aime et sois aimée, ma belle, c’est ce que le Ciel attend de toi. Puis, se tournant vers l’abbé, il lança, solennel : à toi, prêtre fourbe ou abusé qui trahis le message de ton Dieu, je veux dire ces seuls mots : « Vade retro faux-cul ».
Cette formule angénieuse avait figé l’abbé sur place. On le vit ramasser en hésitant le viseur sportif de son appareil qui s’en était désolidarisé dans la chute. Il embrassa d’un regard le panorama grandiose, puis son regard croisa celui de la jeune fille qui ne sourcilla pas, évita celui de Marche en Crabe avant de s’arrêter longuement à fixer le triporteur éventré dont s’échappaient plusieurs exemplaires de Traqueur d’Images. On distinguait parfaitement, sous l’emballage protecteur, la courbe d’un sein. Alors l’abbé Le Frollogen, dardant un œil terrible sur la carcasse de la paillotte et du triporteur, puis se tournant avec une genuflexon vers le clocher de Kerleven, lâcha, terrible :
« Ceci tuera cela ! »
Et il s’enfonça dans les fourrés.
Longtemps, entre les blocs de granit, résonna l’écho de ses derniers mots et il semblait que ce fût comme une malédiction.
J'ai du Canon mais je me soigne!
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jean-louis - Messages : 723
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Chapitre 11
Mon Dieu, qu’est-ce que ça veut dire, laissa échapper Odile, terrorisée. On aurait cru qu’il me jetait un sort ! Mais que lui ai-je donc fait pour qu’il m’en veuille ainsi ?
Rassure-toi, ma belle, je connais assez bien l’oiseau ! Pour sûr qu’il est moins sympathique
que ton corbeau à toi, mais il est incapable de souhaiter la mort de personne. D’ailleurs sa religion le lui interdirait ! Sans doute encore une de ces tournures tordues dont ils ont le secret, dans leur boutique ! Le Tizefgen qui a été aux écoles, lui, saura bien t’ expliquer ce que voulait dire ce corbeau.. A propos, où est-il donc passé, ton emplumé à toi ?
– Mon Dieu mais c’est vrai, s’exclama Odile, se rendant compte que, dans la frayeur de l’accident et de l’apparition de l’abbé, elle avait oublié Kléber.
Mais la faucheuse, elle, ne l’avait pas oublié ! Elle était là , dans l’ombre qui veillait, comme attendant d’avoir fini sa besogne. On découvrit enfin l’oiseau coincé sous la barre du triporteur, aplati par un colis de la boutique Fotim ! Un pied girafe pesait sur lui, qui lui avait écrasé le corps. Il gisait là , l’œil déjà couvert d’une taie, une aile pendante, la serre de son unique patte serrée par un dernier spasme ! Une triste fin, pour sûr ! Déjà Odile s’était précipitée, cherchant à dégager son cher oiseau, mais le lourd triporteur ne frémissait même pas, pris sous un entrecroisement de planches et de poutres.. Alors, sans souci du danger, Marche en Crabe se glissa sous l’engin et collant sa bosse contre l’essieu, à quatre pattes, d’un effort continu qui faisait saillir ses veines et couler une grosse goutte de sueur sur sa tempe, il entreprit de soulever le triporteur et sa charge de bois mort..
Fais-vite, petite, souffla-t-il et Odile eut à peine le temps d’enlever Kléber qu’elle serra contre elle en sanglotant, déjà l’effroyable charge retombait sur Marche en Crabe et lui brisait les côtes. Le vieil hommme eut un râle et une écume de sang moussa sur ses lèvres. Odile se casse vainement les ongles à tenter de le dégager puis, comprenant qu’elle n’y parviendrait pas toute seule, elle bondit sur son téléphone portable réglementaire pour trouver du secours et forma le numéro de Yoann qui l’attendait, tout près, au bout du chemin. Cinq minutes plus tard, le jeune homme était là et, sans souci de sa blessure à l’épaule encore récente, dans un effort désespéré, il souleva le triporteur chargé de planches, juste assez pour qu’ Odile pût glisser sous lui, en manière de levier, le bâton noueux dont le vieillard ne se séparait jamais. Le reste fut plus aisé. Ils parvinrent presque aisément à renverser l’engin et à dégager Marche en Crabe mais, pour lui, il était trop tard, son souffle rauque le disait assez. Odile s’était jetée sur lui, attentive à entendre un battement de cœur qui pût la rassurer et elle suppliait :
« Monsieur Marche en Crabe, dites que vous m’entendez, dites-le, je vous en prie ; on va vous tirer de là . Yoann téléphone au SAMU. Dans dix minutes, ils seront là ! Mais parlez-moi, Monsieur Marche en Crabe, dites-moi que vous m’entendez »
Et elle prenait entre ses mains celles du vieillard pour les réchauffer, les présentant au soleil qui perçait derrière les nuages. Hélas, ce que la Mort touche de ses mains froides ne se réchauffe pas aux rayons d’ici bas ! Le vieil homme eut pourtant la force suprême d’ouvrir les yeux et, voyant tout près de lui cette belle fille pour qui il avait eu un si fort béguin, il eut comme l’ombre d’un sourire et, par une dernière générosité, il voulut encore la délivrer de ses peurs.
« Tu vois, la belle, trouva-t-il la force de murmurer, l’abbé voulait sans doute dire que ton foutu triporteur aurait la peau de ma vieille carcasse et rien de plus… N’empêche qu’il nous aura eus tous les deux, ton triporteur, ma cabane d’abord et puis moi, sans que tu y soies pour rien, pour sûr ! Bah, c’est peut-être mieux ainsi : où c’est-y que j’aurais retrouvé à gîter, à mon âge ? L’avait vu juste, pour cette fois, ce corbeau-là ! C’est qu’on finirait à y croire, à leurs histoires de prophètes et de double vue, si qu’on se surveillait pas !
Odile n’écoutait plus, elle sanglotait, serrée contre lui, de brefs sanglots qui la secouaient tout-entière. Derrière elle, elle sentit la main de Yoann se refermer sur son épaule et, le devinant là , muet, désemparé, elle comprit que ces deux-là l’avaient aimée aussi fort l’un que l’autre, et cela dès la première fois qu’ils l’avaient rencontrée. Le vieux, en les voyant tous deux penchés vers lui, leurs têtes se touchant, eut un ultime sourire. Réunissant ses dernières forces, il murmura encore : « Aimez-vous bien, mes enfants, je vous bénis »
-« Monsieur Marche en Crabe… » s’écria Odile.
« … M’appelle Lequasimogen » eut encore la force de faire entendre l’autre.
« Monsieur Lequasimogen, je vous aime ! » s’entendit crier Odile
« Merci ! » murmura le vieux.
Et ce fut tout.
Quittant sans regret ce vilain corps, cette belle âme venait de s’envoler.
___________________________________________________________________________
Qoi, vous pleurez, milord? _Ca je l'aurais jamais cru !
C'est vrai que c'est émouvant, dans le fond mon truc! Et achement moral, en plus comme on va le voir à la fin!
Le pathétique, à vrai dire, c'est facile à faire et ça marche toujours! alors que "c'est une chose malaisée que de faire rire les honnêtes gens"
...même en leur exposant les commentaires opposés de CI et de RP sur le niveau de bruit de l'alpha 900 à 1600 isos ! d'où il appert que, forcément, il y a l'un des deux canards qui dit n'importe quoi !
Mais on va pas se gâcher ce beau week-end pour si peu
Salut bien, fidèle(s) lecteur(s)
Mon Dieu, qu’est-ce que ça veut dire, laissa échapper Odile, terrorisée. On aurait cru qu’il me jetait un sort ! Mais que lui ai-je donc fait pour qu’il m’en veuille ainsi ?
Rassure-toi, ma belle, je connais assez bien l’oiseau ! Pour sûr qu’il est moins sympathique
que ton corbeau à toi, mais il est incapable de souhaiter la mort de personne. D’ailleurs sa religion le lui interdirait ! Sans doute encore une de ces tournures tordues dont ils ont le secret, dans leur boutique ! Le Tizefgen qui a été aux écoles, lui, saura bien t’ expliquer ce que voulait dire ce corbeau.. A propos, où est-il donc passé, ton emplumé à toi ?
– Mon Dieu mais c’est vrai, s’exclama Odile, se rendant compte que, dans la frayeur de l’accident et de l’apparition de l’abbé, elle avait oublié Kléber.
Mais la faucheuse, elle, ne l’avait pas oublié ! Elle était là , dans l’ombre qui veillait, comme attendant d’avoir fini sa besogne. On découvrit enfin l’oiseau coincé sous la barre du triporteur, aplati par un colis de la boutique Fotim ! Un pied girafe pesait sur lui, qui lui avait écrasé le corps. Il gisait là , l’œil déjà couvert d’une taie, une aile pendante, la serre de son unique patte serrée par un dernier spasme ! Une triste fin, pour sûr ! Déjà Odile s’était précipitée, cherchant à dégager son cher oiseau, mais le lourd triporteur ne frémissait même pas, pris sous un entrecroisement de planches et de poutres.. Alors, sans souci du danger, Marche en Crabe se glissa sous l’engin et collant sa bosse contre l’essieu, à quatre pattes, d’un effort continu qui faisait saillir ses veines et couler une grosse goutte de sueur sur sa tempe, il entreprit de soulever le triporteur et sa charge de bois mort..
Fais-vite, petite, souffla-t-il et Odile eut à peine le temps d’enlever Kléber qu’elle serra contre elle en sanglotant, déjà l’effroyable charge retombait sur Marche en Crabe et lui brisait les côtes. Le vieil hommme eut un râle et une écume de sang moussa sur ses lèvres. Odile se casse vainement les ongles à tenter de le dégager puis, comprenant qu’elle n’y parviendrait pas toute seule, elle bondit sur son téléphone portable réglementaire pour trouver du secours et forma le numéro de Yoann qui l’attendait, tout près, au bout du chemin. Cinq minutes plus tard, le jeune homme était là et, sans souci de sa blessure à l’épaule encore récente, dans un effort désespéré, il souleva le triporteur chargé de planches, juste assez pour qu’ Odile pût glisser sous lui, en manière de levier, le bâton noueux dont le vieillard ne se séparait jamais. Le reste fut plus aisé. Ils parvinrent presque aisément à renverser l’engin et à dégager Marche en Crabe mais, pour lui, il était trop tard, son souffle rauque le disait assez. Odile s’était jetée sur lui, attentive à entendre un battement de cœur qui pût la rassurer et elle suppliait :
« Monsieur Marche en Crabe, dites que vous m’entendez, dites-le, je vous en prie ; on va vous tirer de là . Yoann téléphone au SAMU. Dans dix minutes, ils seront là ! Mais parlez-moi, Monsieur Marche en Crabe, dites-moi que vous m’entendez »
Et elle prenait entre ses mains celles du vieillard pour les réchauffer, les présentant au soleil qui perçait derrière les nuages. Hélas, ce que la Mort touche de ses mains froides ne se réchauffe pas aux rayons d’ici bas ! Le vieil homme eut pourtant la force suprême d’ouvrir les yeux et, voyant tout près de lui cette belle fille pour qui il avait eu un si fort béguin, il eut comme l’ombre d’un sourire et, par une dernière générosité, il voulut encore la délivrer de ses peurs.
« Tu vois, la belle, trouva-t-il la force de murmurer, l’abbé voulait sans doute dire que ton foutu triporteur aurait la peau de ma vieille carcasse et rien de plus… N’empêche qu’il nous aura eus tous les deux, ton triporteur, ma cabane d’abord et puis moi, sans que tu y soies pour rien, pour sûr ! Bah, c’est peut-être mieux ainsi : où c’est-y que j’aurais retrouvé à gîter, à mon âge ? L’avait vu juste, pour cette fois, ce corbeau-là ! C’est qu’on finirait à y croire, à leurs histoires de prophètes et de double vue, si qu’on se surveillait pas !
Odile n’écoutait plus, elle sanglotait, serrée contre lui, de brefs sanglots qui la secouaient tout-entière. Derrière elle, elle sentit la main de Yoann se refermer sur son épaule et, le devinant là , muet, désemparé, elle comprit que ces deux-là l’avaient aimée aussi fort l’un que l’autre, et cela dès la première fois qu’ils l’avaient rencontrée. Le vieux, en les voyant tous deux penchés vers lui, leurs têtes se touchant, eut un ultime sourire. Réunissant ses dernières forces, il murmura encore : « Aimez-vous bien, mes enfants, je vous bénis »
-« Monsieur Marche en Crabe… » s’écria Odile.
« … M’appelle Lequasimogen » eut encore la force de faire entendre l’autre.
« Monsieur Lequasimogen, je vous aime ! » s’entendit crier Odile
« Merci ! » murmura le vieux.
Et ce fut tout.
Quittant sans regret ce vilain corps, cette belle âme venait de s’envoler.
___________________________________________________________________________
Qoi, vous pleurez, milord? _Ca je l'aurais jamais cru !
C'est vrai que c'est émouvant, dans le fond mon truc! Et achement moral, en plus comme on va le voir à la fin!
Le pathétique, à vrai dire, c'est facile à faire et ça marche toujours! alors que "c'est une chose malaisée que de faire rire les honnêtes gens"
...même en leur exposant les commentaires opposés de CI et de RP sur le niveau de bruit de l'alpha 900 à 1600 isos ! d'où il appert que, forcément, il y a l'un des deux canards qui dit n'importe quoi !
Mais on va pas se gâcher ce beau week-end pour si peu
Salut bien, fidèle(s) lecteur(s)
J'ai du Canon mais je me soigne!
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jean-louis - Messages : 723
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Et pour Tulaie, toujours rien?
tsss!!!
tsss!!!
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jean-louis - Messages : 723
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- Localisation : Lyon 5 ième
Et mĂŞme que, sur le bruit du 50 D Canon, c'est encore plus comique de voir comment qu'ils sont pas d'accord !
Bouffons, va ! (l'un des deux, au moins)
Que des magazines politiques divergent, c'est normal et même souhaitable, mais que des mensuels qui se vantent tous deux du sérieux de leurs tests arrivent à des conclusions opposées, ça porte à rire... ou à pleurer, c'est selon...
Mais j'avais lu des trucs assez farces sur " Que choisir" aussi fut un temps, sur le niveau de bruit d'un petit Sony qui aurait surclassé, à hauts isos, le 400 D, dont le capteur était alors reconnu comme une référence dans sa catégorie
En leur temps, le Balzac et le Baudelaire avaient dit des atrocités sur les journalistes...
On a beau dire, les leçons des classiques, ça vieillit pas !
Mais faut pas généraliser, c'est sûr.
Tiens, vais m'en jeter un pour me remettre!
Bouffons, va ! (l'un des deux, au moins)
Que des magazines politiques divergent, c'est normal et même souhaitable, mais que des mensuels qui se vantent tous deux du sérieux de leurs tests arrivent à des conclusions opposées, ça porte à rire... ou à pleurer, c'est selon...
Mais j'avais lu des trucs assez farces sur " Que choisir" aussi fut un temps, sur le niveau de bruit d'un petit Sony qui aurait surclassé, à hauts isos, le 400 D, dont le capteur était alors reconnu comme une référence dans sa catégorie
En leur temps, le Balzac et le Baudelaire avaient dit des atrocités sur les journalistes...
On a beau dire, les leçons des classiques, ça vieillit pas !
Mais faut pas généraliser, c'est sûr.
Tiens, vais m'en jeter un pour me remettre!
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jean-louis - Messages : 723
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Dernier épisode samedi 22
Qu'on se le dise!
(Le jour de la sortie du Beaujolais nouveau...)
Y a des jours fastes, quand mĂŞme!
JL
Qu'on se le dise!
(Le jour de la sortie du Beaujolais nouveau...)
Y a des jours fastes, quand mĂŞme!
JL
J'ai du Canon mais je me soigne!
Bon Jean-Louis, faudra nous le donner le "tulaie"....
Au salon, z'ont pas voulu que je mette une carte dans le 5DmkII....
Au salon, z'ont pas voulu que je mette une carte dans le 5DmkII....
Nex 7 + 18-55 + 18-200 + Voigtlander 15 et 35 1,7 + Zeiss G 28, 45 et 90 | Nex 3 défiltré. 50 1,7 et 35 2,8 Zeiss ; 24 2,8 ; ... ; 50 2,8 macro ; 100 2,8 macro ; 17-35 2,8-4 ; 85 1,4 CZ Contax ; 24-105 ; Tokina 500 f8 MD ; .
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jean-louis - Messages : 723
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Pas de problème pour Tulaie !
Mais vous me décevriez en ne trouvant pas.
Suis sûr qu'Odile a trouvé, elle!
Sur le 50 D c'est surtout l'écran à haute déf, la correction auto de vignetage en jipeg des objos Canon et le réglage précis de l' AF en fonction de l'objo qui sont un plus par rapport à mon actuel 40 D
Parce que les 15 millions de pixels, je m'en passe assez bien jusqu'ici
En suis pas encore revenu de la qualité perçue de ce D 300 Nikon et de son autofocus qui enfoncent les boîtiers Canon (40D, 5D... pour le mk 2 je sais pas encore...)
Et dire que le gars qui me l'a prêté ne sait pas s'en servir, mais alors pas du tout! Triste!
Mais vous me décevriez en ne trouvant pas.
Suis sûr qu'Odile a trouvé, elle!
Sur le 50 D c'est surtout l'écran à haute déf, la correction auto de vignetage en jipeg des objos Canon et le réglage précis de l' AF en fonction de l'objo qui sont un plus par rapport à mon actuel 40 D
Parce que les 15 millions de pixels, je m'en passe assez bien jusqu'ici
En suis pas encore revenu de la qualité perçue de ce D 300 Nikon et de son autofocus qui enfoncent les boîtiers Canon (40D, 5D... pour le mk 2 je sais pas encore...)
Et dire que le gars qui me l'a prêté ne sait pas s'en servir, mais alors pas du tout! Triste!
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