"J' erre, minable" récit zolien, takumarique et bretonnant!
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jean-louis - Messages : 723
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Dois sortir demain donc un peu d'avance pour ce chapitre 4. chapitre de transition, certes, mais y en faut... et z'avez noté le suspense insoutenable que crée la fin du chapitre en question ! Y a guère que "Dallas" qui faisait mieux dans le genre!
Et n'allez pas croire que j'espère, avec lui, me faire offrir une invitation au "Hangar" à Tréguier!
C'est pas SAS ici :Tout comme "compétence photo" ou "le Canard" pas de pub à chaque page pour le Chivas régal, les montres Seiko ou la SAS (avant qu'il ne passe à Air France, le Gérard) Quand je vais déguster un plateau de fruits de mer, je demande l'addition! C'est pas les ripous 2!
Suis un homme libre, moi, enfin autant que faire se peut!
"Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul!" Et tout ça...
Notez que, si la direction du forum veut m'adresser un magnum d' Aberlour ou un exemplaire de votre FF pour "services rendus", me vexerai pas!
C'est pour dire!
Bonne lecture.
PS Vous devriez aller voir sur google les vidéos Full HD qu'on peut faire avec le Canon 5 D mk2 :
C'est pas sale du tout! Ah mais c'est vrai qu'il faut le live view pour ça, j'oubliais!
Mais non, je vous cherche pas. On s'amuse et c'est tout! hi hi hi
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Chapitre 4
Le patron, après avoir refermé soigneusement la porte, avait pris Odile par l’épaule, au grand dam de Kléber, forcé de s’écarter, puis, sans regarder la jeune fille, avait murmuré :
- Carabosse, c’est un brave gars qui a eu des malheurs alors il ne faut pas s’étonner qu’il soit remonté contre la photo qui lui en a fait voir, et des pas belles… Je te raconterai peut-être tout ça, le moment venu, mais, pour l’instant, c’est toi qui dois avoir des tas de choses à me raconter ! Mais d’abord, tu vas manger un bout, j’ai dans l’idée que ce ne sera pas de refus ! Viens donc voir ce qui t’attend, la belle. Et déjà il entraînait Odile, portant toujours Kléber sur l’épaule, vers la cuisine dont il poussait la porte et soufflait à la jeune fille, restée sans voix devant ce qu’elle découvrait : « Alors, la belle, tu ne diras pas que les Bretons ne savent pas recevoir ? »
Devant elle, s’ouvrait une pièce tout en longueur, qu’une table massive recouverte d’une éblouissante nappe brodée occupait presque entièrement. Les meubles, des meubles rustiques en bois sombre, avaient été repoussés dans le fond, sous un escalier, une simple échelle de meunier, pour que cinq chaises pussent tenir. De hautes chaises en bois sculpté et velours grège qui se détachaient en contre-jour sous la lumière dansante de dix bougeoirs. Leur flamme se reflétait sur l’éclat du service en porcelaine, jouait sur les verres et les carafes de cristal. On voyait encore briller, sur la desserte, un seau en métal poli d’où émergeait le col des bouteilles mises à refroidir, une serviette immaculée autour d’elles, telle une écharpe de dandy. Son regard revenant à la table principale, Odile retint avec peine un soupir douloureux devant les écrevisses en buisson et les homards aux pinces menaçantes débordant du gigantesque plateau de fruits de mer trônant au centre de la table. Mon Dieu, n’avoir rien eu à se jeter dans le ventre depuis trois jours et se trouver à présent devant de si bonnes choses, sans pouvoir encore y toucher ! Mais le patron dut comprendre ce qu’elle éprouvait : - Tiens, petite, lanca-t-il, comme tu le vois, j’ai des invités, mais sûr qu’ils auront été retardés par les grèves et les défilés qu’on annonçait pour aujourd’hui. Ils n’auront pas pu m’avertir : je ne veux pas de téléphone chez moi, pour rester un homme libre, mais il y a des fois où ça manque, faut le dire ! Sais-tu ce qu’on va faire ? On va grignoter sans eux, pour les faire venir ! Et il lui tendait déjà un plat ovale où s’étageaient, en pyramide, les toasts tièdes au saumon, tandis qu’il s’apprêtait à emplir un verre d’un vin couleur paille.
- Mais pourquoi faites-vous ça, en quel honneur ? murmurait Odile, incrédule, résistant à l’envie qui lui cisaillait le ventre de sentir descendre en elle la douceur exquise de cette nourriture de riches.
- En ton honneur, ma belle, qui es invitée sous mon toit, depuis hier, quand Marche en Crabe t’a rapportée sans connaissance, enroulée dans sa vareuse ! Et puis aussi en l’honneur de mon gars, Yoan, dont j’ai bien lieu d’être fier : Il rentre à cette heure de Brest, son diplôme d’ingénieur agronome sous le bras ! Ah, si ma pauvre Enora voyait ça, elle serait bien heureuse ! Dix ans déjà que ce cochon me l’a enlevée, sur cette maudite route du Phare !
- On vous l’a prise ? demanda timidement Odile.
- Non, c’est un sanglier qui l’a chargée et lui a sectionné la fémorale, comme elle revenait de voir de près les fesses du grand Anael !
Elle vous… trompait ? murmura Odile, ayant peur de comprendre !
- Elle, me tromper, tu déparles, ma belle, ou tu n’as rien compris : infirmière qu’elle était, ce qui lui a valu d’approcher toutes les fesses du canton, en tout bien tout honneur ! Et il eut un
long regard d’amour pour une belle jeune femme à coiffe de dentelle dont le portrait trônait en bonne place, somptueusement encadré.
- Mon Dieu, qu’elle est belle, ne put que murmurer Odile, dont l’œil pourtant expert ne songeait même pas à s’émerveiller devant la splendeur du tirage baryté viré sépia et fini à l’or, les teintes chaudes l’attestaient.
- Encore plus que ne le montre ce portrait, murmura l’homme, tout ému, et Odile comprit que ce pouvait bien être aussi parce qu’elle avait parlé au présent de la belle jeune femme.
C’est moi qui l’ai photographiée, à la « Fête des filets de maquereau » où elle avait si bien dansé que c’était comme s’il n’y avait eu qu’elle sur la scène. Ah ! misère !
- Vous faisiez donc, vous aussi, de la photo, demanda très doucement Odile, qui s’était enfin décidée à porter à se bouche un de ces canapés au saumon dont la saveur la chavirait.
- Avant de me reconvertir dans la limonade, j’ai fait pas mal de choses, ma petite, dont de la photo, en amateur. J’ai aussi failli partir comme mousse sur un thonier, après quoi j’ai été élève du petit séminaire, à Tréguier : en ce temps-là , j’avais dans la tête de vendre de l’espérance ; aujourd’hui, comme tu vois, je vends de la consolation ! Faut dire qu’on m’a renvoyé bien vite à la vie laïque, pour avoir été surpris à lire Renan ! Dis-moi, Renan, tu connais ce nom ?
-Elle mâchait aussi discrètement que possible son canapé et ne put qu’hocher négativement la tête. L’autre continuait, songeur :
- Mon maître ! Un grand savant et une belle figure d’honnête homme qui a rompu avec eux après avoir connu le doute à lire l’Ecriture dans le texte original. N’ont jamais pardonné sa « trahison » les curés ! Aussi quelle campagne de dénigrement lorsque sa statue a été inaugurée sur la grand place de Tréguier. Chaque fois que j’y passe, avant d’aller manger un bar grillé au « Hangar », je vais lui dire un petit bonjour, au grand Ernest, et j’ai toujours l’impression qu’il m’attendait ! Ecoute un peu, petite, « Quand l’homme saura tout, il sera Dieu ! » C’est ce qu’il explique dans l’Avenir de la Science son grand livre, qui déclencha un beau scandale, milieu XIXe siècle !
Odile s’efforçait encore d’écouter, malgré la faiblesse qui s’emparait d’elle. Un vertige la prit, elle vacilla et serait tombée si la poigne de l’homme ne l’avait retenue.
- Mais quel idiot je fais, à te causer des bars grillés du « Hangar » et de L’avenir de la science et quand tu meurs de faim, car c’est bien ça, pas vrai, petite ?
- Un peu, monsieur, murmura-t-elle avec un sourire triste.
- Pour ton avenir à toi, on verra plus tard ce qu’on peut faire, mais on va déjà s’occuper de ton présent !
Déjà l’homme avait poussé devant elle le plateau des toasts, du pain, une assiettée d’andouilles et il remplissait un verre d’eau à la carafe de dc cristal.
- Mange, ma belle, et ne t’occupe de rien d’autre ! Et ne t’inquiète pas pour ton corbeau : il a déjà eu sa part, lui, tandis que tu dormais. Il m’a suivi en bas sans faire de manières ! Il avait bien senti qu’il pouvait te laisser dormir en haut, et que rien ne t’arriverait de mal chez moi !
Odile ne répondit pas : elle pleurait de bonheur, de petits sanglots qui la secouaient tout-entière et l’empêchaient de manger, malgré sa faim. Pourtant, elle vint presque à bout de l’assiette d’andouilles et elle faisait un geste pour refuser le verre de Chablis qu’on lui tendait quand on frappa brutalement à la porte. Des voix montaient dans le silence de la nuit.
-Oh, Monsieur le Tizefgen ! ouvrez nous vite ! Il y a eu du grabuge ! On ramène Yoan qui a reçu, mais il est seulement blessé, on vous le jure !
Déjà le patron avait bousculé une chaise pour se précipiter sur la porte qu’il ouvrit furieusement. L’obscurité et le froid de la nuit firent frissonner Odile qui distingua vaguement deux silhouettes soutenant un tout jeune homme, très grand et très mince, dont les mèches blondes moussaient sur le visage. Son bras gauche était ramené sur la poitrine par un bandage souillé de taches de sang.
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Et n'allez pas croire que j'espère, avec lui, me faire offrir une invitation au "Hangar" à Tréguier!
C'est pas SAS ici :Tout comme "compétence photo" ou "le Canard" pas de pub à chaque page pour le Chivas régal, les montres Seiko ou la SAS (avant qu'il ne passe à Air France, le Gérard) Quand je vais déguster un plateau de fruits de mer, je demande l'addition! C'est pas les ripous 2!
Suis un homme libre, moi, enfin autant que faire se peut!
"Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul!" Et tout ça...
Notez que, si la direction du forum veut m'adresser un magnum d' Aberlour ou un exemplaire de votre FF pour "services rendus", me vexerai pas!
C'est pour dire!
Bonne lecture.
PS Vous devriez aller voir sur google les vidéos Full HD qu'on peut faire avec le Canon 5 D mk2 :
C'est pas sale du tout! Ah mais c'est vrai qu'il faut le live view pour ça, j'oubliais!
Mais non, je vous cherche pas. On s'amuse et c'est tout! hi hi hi
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Chapitre 4
Le patron, après avoir refermé soigneusement la porte, avait pris Odile par l’épaule, au grand dam de Kléber, forcé de s’écarter, puis, sans regarder la jeune fille, avait murmuré :
- Carabosse, c’est un brave gars qui a eu des malheurs alors il ne faut pas s’étonner qu’il soit remonté contre la photo qui lui en a fait voir, et des pas belles… Je te raconterai peut-être tout ça, le moment venu, mais, pour l’instant, c’est toi qui dois avoir des tas de choses à me raconter ! Mais d’abord, tu vas manger un bout, j’ai dans l’idée que ce ne sera pas de refus ! Viens donc voir ce qui t’attend, la belle. Et déjà il entraînait Odile, portant toujours Kléber sur l’épaule, vers la cuisine dont il poussait la porte et soufflait à la jeune fille, restée sans voix devant ce qu’elle découvrait : « Alors, la belle, tu ne diras pas que les Bretons ne savent pas recevoir ? »
Devant elle, s’ouvrait une pièce tout en longueur, qu’une table massive recouverte d’une éblouissante nappe brodée occupait presque entièrement. Les meubles, des meubles rustiques en bois sombre, avaient été repoussés dans le fond, sous un escalier, une simple échelle de meunier, pour que cinq chaises pussent tenir. De hautes chaises en bois sculpté et velours grège qui se détachaient en contre-jour sous la lumière dansante de dix bougeoirs. Leur flamme se reflétait sur l’éclat du service en porcelaine, jouait sur les verres et les carafes de cristal. On voyait encore briller, sur la desserte, un seau en métal poli d’où émergeait le col des bouteilles mises à refroidir, une serviette immaculée autour d’elles, telle une écharpe de dandy. Son regard revenant à la table principale, Odile retint avec peine un soupir douloureux devant les écrevisses en buisson et les homards aux pinces menaçantes débordant du gigantesque plateau de fruits de mer trônant au centre de la table. Mon Dieu, n’avoir rien eu à se jeter dans le ventre depuis trois jours et se trouver à présent devant de si bonnes choses, sans pouvoir encore y toucher ! Mais le patron dut comprendre ce qu’elle éprouvait : - Tiens, petite, lanca-t-il, comme tu le vois, j’ai des invités, mais sûr qu’ils auront été retardés par les grèves et les défilés qu’on annonçait pour aujourd’hui. Ils n’auront pas pu m’avertir : je ne veux pas de téléphone chez moi, pour rester un homme libre, mais il y a des fois où ça manque, faut le dire ! Sais-tu ce qu’on va faire ? On va grignoter sans eux, pour les faire venir ! Et il lui tendait déjà un plat ovale où s’étageaient, en pyramide, les toasts tièdes au saumon, tandis qu’il s’apprêtait à emplir un verre d’un vin couleur paille.
- Mais pourquoi faites-vous ça, en quel honneur ? murmurait Odile, incrédule, résistant à l’envie qui lui cisaillait le ventre de sentir descendre en elle la douceur exquise de cette nourriture de riches.
- En ton honneur, ma belle, qui es invitée sous mon toit, depuis hier, quand Marche en Crabe t’a rapportée sans connaissance, enroulée dans sa vareuse ! Et puis aussi en l’honneur de mon gars, Yoan, dont j’ai bien lieu d’être fier : Il rentre à cette heure de Brest, son diplôme d’ingénieur agronome sous le bras ! Ah, si ma pauvre Enora voyait ça, elle serait bien heureuse ! Dix ans déjà que ce cochon me l’a enlevée, sur cette maudite route du Phare !
- On vous l’a prise ? demanda timidement Odile.
- Non, c’est un sanglier qui l’a chargée et lui a sectionné la fémorale, comme elle revenait de voir de près les fesses du grand Anael !
Elle vous… trompait ? murmura Odile, ayant peur de comprendre !
- Elle, me tromper, tu déparles, ma belle, ou tu n’as rien compris : infirmière qu’elle était, ce qui lui a valu d’approcher toutes les fesses du canton, en tout bien tout honneur ! Et il eut un
long regard d’amour pour une belle jeune femme à coiffe de dentelle dont le portrait trônait en bonne place, somptueusement encadré.
- Mon Dieu, qu’elle est belle, ne put que murmurer Odile, dont l’œil pourtant expert ne songeait même pas à s’émerveiller devant la splendeur du tirage baryté viré sépia et fini à l’or, les teintes chaudes l’attestaient.
- Encore plus que ne le montre ce portrait, murmura l’homme, tout ému, et Odile comprit que ce pouvait bien être aussi parce qu’elle avait parlé au présent de la belle jeune femme.
C’est moi qui l’ai photographiée, à la « Fête des filets de maquereau » où elle avait si bien dansé que c’était comme s’il n’y avait eu qu’elle sur la scène. Ah ! misère !
- Vous faisiez donc, vous aussi, de la photo, demanda très doucement Odile, qui s’était enfin décidée à porter à se bouche un de ces canapés au saumon dont la saveur la chavirait.
- Avant de me reconvertir dans la limonade, j’ai fait pas mal de choses, ma petite, dont de la photo, en amateur. J’ai aussi failli partir comme mousse sur un thonier, après quoi j’ai été élève du petit séminaire, à Tréguier : en ce temps-là , j’avais dans la tête de vendre de l’espérance ; aujourd’hui, comme tu vois, je vends de la consolation ! Faut dire qu’on m’a renvoyé bien vite à la vie laïque, pour avoir été surpris à lire Renan ! Dis-moi, Renan, tu connais ce nom ?
-Elle mâchait aussi discrètement que possible son canapé et ne put qu’hocher négativement la tête. L’autre continuait, songeur :
- Mon maître ! Un grand savant et une belle figure d’honnête homme qui a rompu avec eux après avoir connu le doute à lire l’Ecriture dans le texte original. N’ont jamais pardonné sa « trahison » les curés ! Aussi quelle campagne de dénigrement lorsque sa statue a été inaugurée sur la grand place de Tréguier. Chaque fois que j’y passe, avant d’aller manger un bar grillé au « Hangar », je vais lui dire un petit bonjour, au grand Ernest, et j’ai toujours l’impression qu’il m’attendait ! Ecoute un peu, petite, « Quand l’homme saura tout, il sera Dieu ! » C’est ce qu’il explique dans l’Avenir de la Science son grand livre, qui déclencha un beau scandale, milieu XIXe siècle !
Odile s’efforçait encore d’écouter, malgré la faiblesse qui s’emparait d’elle. Un vertige la prit, elle vacilla et serait tombée si la poigne de l’homme ne l’avait retenue.
- Mais quel idiot je fais, à te causer des bars grillés du « Hangar » et de L’avenir de la science et quand tu meurs de faim, car c’est bien ça, pas vrai, petite ?
- Un peu, monsieur, murmura-t-elle avec un sourire triste.
- Pour ton avenir à toi, on verra plus tard ce qu’on peut faire, mais on va déjà s’occuper de ton présent !
Déjà l’homme avait poussé devant elle le plateau des toasts, du pain, une assiettée d’andouilles et il remplissait un verre d’eau à la carafe de dc cristal.
- Mange, ma belle, et ne t’occupe de rien d’autre ! Et ne t’inquiète pas pour ton corbeau : il a déjà eu sa part, lui, tandis que tu dormais. Il m’a suivi en bas sans faire de manières ! Il avait bien senti qu’il pouvait te laisser dormir en haut, et que rien ne t’arriverait de mal chez moi !
Odile ne répondit pas : elle pleurait de bonheur, de petits sanglots qui la secouaient tout-entière et l’empêchaient de manger, malgré sa faim. Pourtant, elle vint presque à bout de l’assiette d’andouilles et elle faisait un geste pour refuser le verre de Chablis qu’on lui tendait quand on frappa brutalement à la porte. Des voix montaient dans le silence de la nuit.
-Oh, Monsieur le Tizefgen ! ouvrez nous vite ! Il y a eu du grabuge ! On ramène Yoan qui a reçu, mais il est seulement blessé, on vous le jure !
Déjà le patron avait bousculé une chaise pour se précipiter sur la porte qu’il ouvrit furieusement. L’obscurité et le froid de la nuit firent frissonner Odile qui distingua vaguement deux silhouettes soutenant un tout jeune homme, très grand et très mince, dont les mèches blondes moussaient sur le visage. Son bras gauche était ramené sur la poitrine par un bandage souillé de taches de sang.
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J'ai du Canon mais je me soigne!
Bravo !! Quel talent. Je décèle en vous des qualités littéraires. Vous avez surement dût voir de la lumière et rentrer dans ce forum. Vivement la suite !
Vous imitez Zola avec perfection. Ce texte mérite d'être publié !
Bonne continuation
Jean-Bernard
Vous imitez Zola avec perfection. Ce texte mérite d'être publié !
Bonne continuation
Jean-Bernard
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jean-louis - Messages : 723
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- Inscription : 04 Jan 2008
- Localisation : Lyon 5 ième
Je crois deviner d'où ça vient... mais je ferai toute la lumière sur cette affaire!
J'aime être éclairé !
( "le total le prouve" , comme disait l'agent EDF à Achille Talon qui sindignait devant sa facture d'électricité, dans la BD Immortelle de Greg!)
J'aime être éclairé !
( "le total le prouve" , comme disait l'agent EDF à Achille Talon qui sindignait devant sa facture d'électricité, dans la BD Immortelle de Greg!)
J'ai du Canon mais je me soigne!
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jean-louis - Messages : 723
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- Inscription : 04 Jan 2008
- Localisation : Lyon 5 ième
Et toujours, petits veinards, avec une légère avance sur les plans de sortie (On n'est pas chez Minolta ici... Heu, ben si justement !!!) notre ch 5, si vous le voulez bien !
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Chapitre 5
Comme majeur de promotion, Yoann avait eu l’honneur de présider le comité des sages chargé de planifier le bizutage à venir, dès novembre. La réunion avait été houleuse, opposant, dans une nouvelle querelle, les Anciens et les Modernes. Les premiers, des nostalgiques de la marine en bois, penchaient pour des choix traditionnels, sans surprises, ayant fait leurs preuves : en échauffement, pour les garçons, une simple quête, en centre ville, au profit des parents d’orphelins, façon Pierre Dac, et, pour les demoiselles, une autre, destinée à permettre l’achat de navigateurs GPS pour filles perdues ! Suivrait l’incontournable séance de tags sur véhicules de police, avant de se retrouver, au foyer de l’école, pour le casse-croûte classique (andouille, maquereaux en papillotes, coulommiers, far breton, le tout arrosé au gwin-ruz bouché !) ce qui conduirait sans surprise au bain de minuit dans la rade, après une petite récupération, pour laisser les crus s’tasser..
Les modernes, sans remettre en question l’idée de la quête, souhaitaient l’orienter davantage vers l’actualité politique et sociale : les sujets ne manquaient guère, selon eux : financer l’étude de projets dits « d’intérêt national » comme le comblement du trou de la Sécu par enfouissement des déchets radioactifs de la Hague… Les filles, elles, en guêpière et porte-jarretelles, pourraient aller, tout benoîtement, en procession solennelle avec chœurs de paillardes, fleurir une bitte d’amarrage sur le port, et la passer au cirage noir ! La séance de tags, pour sa part, devait être conçue à plus grande échelle et négliger les fourgons et les Mégane pourries des forces de l’ordre, auxquels on pourrait préférer avantageusement l’un des bateaux gris mouillés dans la rade ! Bien que séduit, Yoan restait sur sa réserve face à ces propositions novatrices : il fit observer que le plan Vigie pirate accroissait les risques et que, plus fondamentalement, les directives de Ségolène, la peu loyale, avaient sévèrement encadré cette tradition ancestrale et glorieuse du bizutage. Ne pouvait-on pas craindre, par ailleurs, une opposition résolue des talas* et des féministes, des groupuscules très actifs et cruellement dépourvus d’humour ? On décida, in fine, de donner du temps au temps et de se revoir en début de semaine, chacun devant mûrir sa réflexion dans le week-end.
Yoan n’était pas mécontent de retrouver son père, qu’il vénérait, se doutant, par ailleurs, qu’une réception fastueuse l’attendait. Auparavant, il tenait à rejoindre les manifestants qui défilaient dans la ville pour exprimer sa solidarité aux laissés-pour-compte de l’expansion
A peine sorti de l’Ecole, il se trouva en pleine cohue : Les boulevards bourdonnaient d’une colère sourde, trop longtemps contenue. C’est toute la Bretagne qui était dans la rue, en cette journée de printemps. En tête, les éleveurs, les plus durement touchés, criaient leur désespoir face à la chute des cours du porc, la richesse régionale. Sur les banderoles brandies par des costauds en maillot, des slogans vengeurs s’en prenaient aux importations des pays de l’est et aux centrales d’achat qui les étranglaient. Même l’enfant du pays n’était pas épargné, certains proposant d’aller tirer les choses au Leclerc ! Arrête ton char, Leclerc, l’apostrophaient d’autres pancartes ! Les céréaliers venaient ensuite, qu’une sécheresse terrible accablait, les marins-pêcheurs que la hausse du fuel poussait à rester à quai, les ouvriers des filatures, que le textile chinois réduisait au chômage. Et toujours, c’est l’Europe qu’on accusait, cette Europe du libre-échange, ce monstre insaisissable qu’on devinait à l’œuvre, dans les luxueux bureaux de Bruxelles, règlant, pour leur malheur, la vie des pauvres gens, poussant ses tentacules jusqu’à la plus humble bourgade, ne laissant derrière lui que ruines et larmes. Aussi, quelle stupidité que cette nouvelle réglementation limitant la pêche au hareng ! Déjà qu’on arrivait à peine à attraper la fin de mois ! D’autres groupes suivaient, insolites, en habits de ville, de ceux qu’on aurait pu croire protégés, et pourtant les traits tirés par la même exaspération : des employés du commerce que des plans de restructuration menaçaient, des photographes d’agences, montés de Paris pour couvrir l’événement, qui avaient rejoint les rangs des manifestants et brandissaient leurs appareils au-dessus des têtes. Un 400 F 2,8 Canon passa ainsi, oscillant tel un mât dans la tempête, qui avait, dans l’éclat du soleil, les reflets inquiétants d’une arme de guerre ! Yoan, que son idéalisme de jeune homme et sa connaissance des dossiers agricoles rapprochaient de ces professions menacées, voulut garder un témoignage de cette colère populaire qui embrasait sa ville. Il tira de son étui son fidèle G5 Canon et entreprit, non sans peine, de cadrer ce flot humain sur l’écran à cristaux liquides toujours aussi mal commode en extérieur. C’est à ce moment que tout bascula : un colosse à cou de taureau dont le souffle court s’épuisait à suivre les autres, venait, dans son exaspération, d’enfoncer une vitrine d’un seul coup de barre à mine. Quelques autres l’imitèrent aussitôt, dans la folie de détruire qui les soulevait. Sans doute de ces furieux que les RG nommaient plaisamment les « archi-chauds de Bretagne » et qui avaient déjà fait parler d’eux, à moins qu’il ne s’agît de casseurs montés de la capitale pour l’occasion. Un coup de sifflet strident retentit en réponse, puis ce fut l’éclatement sourd des grenades lacrymogènes : les gardes mobiles défendant la Préfecture chargaient ! Casqués, matraque au poing, équipés, pour l’occasion, de leur flanelle, ils balayèrent tout sur leur passage, dans un sévère ragoût de semelles ! Yoan, aux prises avec son viseur, vit trop tard le danger. Déjà , il roulait au sol où on le piétinait. Une douleur aigüe lui vrilla l’épaule et, avant de s’évanouir, il sentit qu’on le tirait à l’écart… Ses deux meilleurs amis étaient là , qui avaient compris en un instant qu’il était blessé, mais qu’il ne fallait surtout pas qu’on l’embarquât pour l’hôpital : fiché comme suspect, jugé, peut être condamné en flagrant délit, comme casseur, tout son avenir professionnel s’effondrait. Non, c’est chez son père qu’il fallait le ramener bien vite. Tous deux savaient, pour avoir été si souvent invités, que Ti Zefgen connaissait beaucoup de monde, dans le milieu hospitalier, qu’il avait gardé bien des relations du temps de sa femme. Lui saurait ce qu’il fallait faire. C’est ainsi qu’une heure plus tard, l’antique BX turbo-diesel des étudiants s’arrêtait devant le café paternel. On en tira Yoan, à demi-inconscient, dont on avait maladroitement bandé le bras. La souplesse de la suspension lui avait, par bonheur, épargné de nouvelles souffrances ; il grimaçait pourtant quand la porte s’ouvrit devant son père et une jeune fille inconnue.
( Ă suivre)
* talas : dans le jargon des grandes écoles : catholique pratiquant : qui va- « t -à - la » messe !
P Perret : le parler des métiers…
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Chapitre 5
Comme majeur de promotion, Yoann avait eu l’honneur de présider le comité des sages chargé de planifier le bizutage à venir, dès novembre. La réunion avait été houleuse, opposant, dans une nouvelle querelle, les Anciens et les Modernes. Les premiers, des nostalgiques de la marine en bois, penchaient pour des choix traditionnels, sans surprises, ayant fait leurs preuves : en échauffement, pour les garçons, une simple quête, en centre ville, au profit des parents d’orphelins, façon Pierre Dac, et, pour les demoiselles, une autre, destinée à permettre l’achat de navigateurs GPS pour filles perdues ! Suivrait l’incontournable séance de tags sur véhicules de police, avant de se retrouver, au foyer de l’école, pour le casse-croûte classique (andouille, maquereaux en papillotes, coulommiers, far breton, le tout arrosé au gwin-ruz bouché !) ce qui conduirait sans surprise au bain de minuit dans la rade, après une petite récupération, pour laisser les crus s’tasser..
Les modernes, sans remettre en question l’idée de la quête, souhaitaient l’orienter davantage vers l’actualité politique et sociale : les sujets ne manquaient guère, selon eux : financer l’étude de projets dits « d’intérêt national » comme le comblement du trou de la Sécu par enfouissement des déchets radioactifs de la Hague… Les filles, elles, en guêpière et porte-jarretelles, pourraient aller, tout benoîtement, en procession solennelle avec chœurs de paillardes, fleurir une bitte d’amarrage sur le port, et la passer au cirage noir ! La séance de tags, pour sa part, devait être conçue à plus grande échelle et négliger les fourgons et les Mégane pourries des forces de l’ordre, auxquels on pourrait préférer avantageusement l’un des bateaux gris mouillés dans la rade ! Bien que séduit, Yoan restait sur sa réserve face à ces propositions novatrices : il fit observer que le plan Vigie pirate accroissait les risques et que, plus fondamentalement, les directives de Ségolène, la peu loyale, avaient sévèrement encadré cette tradition ancestrale et glorieuse du bizutage. Ne pouvait-on pas craindre, par ailleurs, une opposition résolue des talas* et des féministes, des groupuscules très actifs et cruellement dépourvus d’humour ? On décida, in fine, de donner du temps au temps et de se revoir en début de semaine, chacun devant mûrir sa réflexion dans le week-end.
Yoan n’était pas mécontent de retrouver son père, qu’il vénérait, se doutant, par ailleurs, qu’une réception fastueuse l’attendait. Auparavant, il tenait à rejoindre les manifestants qui défilaient dans la ville pour exprimer sa solidarité aux laissés-pour-compte de l’expansion
A peine sorti de l’Ecole, il se trouva en pleine cohue : Les boulevards bourdonnaient d’une colère sourde, trop longtemps contenue. C’est toute la Bretagne qui était dans la rue, en cette journée de printemps. En tête, les éleveurs, les plus durement touchés, criaient leur désespoir face à la chute des cours du porc, la richesse régionale. Sur les banderoles brandies par des costauds en maillot, des slogans vengeurs s’en prenaient aux importations des pays de l’est et aux centrales d’achat qui les étranglaient. Même l’enfant du pays n’était pas épargné, certains proposant d’aller tirer les choses au Leclerc ! Arrête ton char, Leclerc, l’apostrophaient d’autres pancartes ! Les céréaliers venaient ensuite, qu’une sécheresse terrible accablait, les marins-pêcheurs que la hausse du fuel poussait à rester à quai, les ouvriers des filatures, que le textile chinois réduisait au chômage. Et toujours, c’est l’Europe qu’on accusait, cette Europe du libre-échange, ce monstre insaisissable qu’on devinait à l’œuvre, dans les luxueux bureaux de Bruxelles, règlant, pour leur malheur, la vie des pauvres gens, poussant ses tentacules jusqu’à la plus humble bourgade, ne laissant derrière lui que ruines et larmes. Aussi, quelle stupidité que cette nouvelle réglementation limitant la pêche au hareng ! Déjà qu’on arrivait à peine à attraper la fin de mois ! D’autres groupes suivaient, insolites, en habits de ville, de ceux qu’on aurait pu croire protégés, et pourtant les traits tirés par la même exaspération : des employés du commerce que des plans de restructuration menaçaient, des photographes d’agences, montés de Paris pour couvrir l’événement, qui avaient rejoint les rangs des manifestants et brandissaient leurs appareils au-dessus des têtes. Un 400 F 2,8 Canon passa ainsi, oscillant tel un mât dans la tempête, qui avait, dans l’éclat du soleil, les reflets inquiétants d’une arme de guerre ! Yoan, que son idéalisme de jeune homme et sa connaissance des dossiers agricoles rapprochaient de ces professions menacées, voulut garder un témoignage de cette colère populaire qui embrasait sa ville. Il tira de son étui son fidèle G5 Canon et entreprit, non sans peine, de cadrer ce flot humain sur l’écran à cristaux liquides toujours aussi mal commode en extérieur. C’est à ce moment que tout bascula : un colosse à cou de taureau dont le souffle court s’épuisait à suivre les autres, venait, dans son exaspération, d’enfoncer une vitrine d’un seul coup de barre à mine. Quelques autres l’imitèrent aussitôt, dans la folie de détruire qui les soulevait. Sans doute de ces furieux que les RG nommaient plaisamment les « archi-chauds de Bretagne » et qui avaient déjà fait parler d’eux, à moins qu’il ne s’agît de casseurs montés de la capitale pour l’occasion. Un coup de sifflet strident retentit en réponse, puis ce fut l’éclatement sourd des grenades lacrymogènes : les gardes mobiles défendant la Préfecture chargaient ! Casqués, matraque au poing, équipés, pour l’occasion, de leur flanelle, ils balayèrent tout sur leur passage, dans un sévère ragoût de semelles ! Yoan, aux prises avec son viseur, vit trop tard le danger. Déjà , il roulait au sol où on le piétinait. Une douleur aigüe lui vrilla l’épaule et, avant de s’évanouir, il sentit qu’on le tirait à l’écart… Ses deux meilleurs amis étaient là , qui avaient compris en un instant qu’il était blessé, mais qu’il ne fallait surtout pas qu’on l’embarquât pour l’hôpital : fiché comme suspect, jugé, peut être condamné en flagrant délit, comme casseur, tout son avenir professionnel s’effondrait. Non, c’est chez son père qu’il fallait le ramener bien vite. Tous deux savaient, pour avoir été si souvent invités, que Ti Zefgen connaissait beaucoup de monde, dans le milieu hospitalier, qu’il avait gardé bien des relations du temps de sa femme. Lui saurait ce qu’il fallait faire. C’est ainsi qu’une heure plus tard, l’antique BX turbo-diesel des étudiants s’arrêtait devant le café paternel. On en tira Yoan, à demi-inconscient, dont on avait maladroitement bandé le bras. La souplesse de la suspension lui avait, par bonheur, épargné de nouvelles souffrances ; il grimaçait pourtant quand la porte s’ouvrit devant son père et une jeune fille inconnue.
( Ă suivre)
* talas : dans le jargon des grandes écoles : catholique pratiquant : qui va- « t -à - la » messe !
P Perret : le parler des métiers…
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J'ai du Canon mais je me soigne!
Salut salut Jean Louis, tes textes nous manquent vivement dimanche pour connaitre la suite de se super récit et en attendant voici une petite citation de Baudelaire pour égiser ton apétit de fin grammairien !
Ce qui est créé par l'esprit est plus vivant que la matière.
Bonne fin de journée à tous
PS : j'espère que ta journée au lycée c'est bien passée


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jean-louis - Messages : 723
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Elève de première, sans doute. L'écriture est caractéristique ! (dur dur)
De Baudelaire, je préfère celle-ci où seul un esprit superficiel verrait de la misogynie :" je n'ai jamais compris qu'on laissât les femmes entrer aux églises ! Que peuvent- elles donc avoir à dire à Dieu!"
Ou cette autre encore, toujours du grand Charles : " Devant l'histoire et devant le peuple français, la grande gloire de Napoléon III aura été de prouver que le premier venu peut, en s'emparant du télégraphe et de l'imprimerie nationale (traduisez aujourd'hui, de la télé et de la presse) gouverner une grande nation"
Bien vu, quand mĂŞme!
Ah ça calme, ça!
Cordialement
De Baudelaire, je préfère celle-ci où seul un esprit superficiel verrait de la misogynie :" je n'ai jamais compris qu'on laissât les femmes entrer aux églises ! Que peuvent- elles donc avoir à dire à Dieu!"
Ou cette autre encore, toujours du grand Charles : " Devant l'histoire et devant le peuple français, la grande gloire de Napoléon III aura été de prouver que le premier venu peut, en s'emparant du télégraphe et de l'imprimerie nationale (traduisez aujourd'hui, de la télé et de la presse) gouverner une grande nation"
Bien vu, quand mĂŞme!
Ah ça calme, ça!
Cordialement
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jean-louis - Messages : 723
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J'en reviens pas !!!
Y a la créature péroxydée de Canal ,celle qui présente la météo qui vient de lâcher : demain un ciel bas et lourd pèsera comme un couvercle sur une bonne moitié du pays !
V'là qu'ils embauchent des baudelairiennes dans les étranges lucarnes c'est à n'y pas croire!
Je fonce regarder les Guignols des fois que ça continuerait!
Y a la créature péroxydée de Canal ,celle qui présente la météo qui vient de lâcher : demain un ciel bas et lourd pèsera comme un couvercle sur une bonne moitié du pays !
V'là qu'ils embauchent des baudelairiennes dans les étranges lucarnes c'est à n'y pas croire!
Je fonce regarder les Guignols des fois que ça continuerait!
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Dis JL avant les guignols , ca va donner quoi un S-tak sur un capteur de 14 MP ?
A6400 des objectifs Monture A et E
Entre l'ombre subtile, et l'absence de lumière, réside la nuance de l'illusion.
Ƹ̵̡Ӝ̵̨̄Ʒ Flickr Ƹ̵̡Ӝ̵̨̄Ʒ
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jean-louis - Messages : 723
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Ben chai pas... Et encore moins sur le 20 mégas du 5 D mk2 que je convoite !
Voudrais bien savoir aussi si mon 28/135 IS qui donne entière satisfaction sur le 40 D va pas faire un peu léger... Pour le vignetage le boîtier corrige de lui-même, pas de blème!
Ce qui est sûr c'est que le 85 et le 50 F 1,8 vont se promener
Vais aller demander sur le forum Canon s'ils ont déjà essayé. Y a un redoutable -très sympa, au demeurant- (canon passion) que j'ai rencontré lors d'une sortie dans le sud et qui teste tout ce qui sort !
N'empêche que des trucs sortis y a plus de 40 ans et qui tiennent encore la dragée haute à des p'tits petits djeunes actuels, j'en vois pas trop, à part la suspension pneumatique de mes Citroën, dans un autre genre!
Voudrais bien savoir aussi si mon 28/135 IS qui donne entière satisfaction sur le 40 D va pas faire un peu léger... Pour le vignetage le boîtier corrige de lui-même, pas de blème!
Ce qui est sûr c'est que le 85 et le 50 F 1,8 vont se promener
Vais aller demander sur le forum Canon s'ils ont déjà essayé. Y a un redoutable -très sympa, au demeurant- (canon passion) que j'ai rencontré lors d'une sortie dans le sud et qui teste tout ce qui sort !
N'empêche que des trucs sortis y a plus de 40 ans et qui tiennent encore la dragée haute à des p'tits petits djeunes actuels, j'en vois pas trop, à part la suspension pneumatique de mes Citroën, dans un autre genre!
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jean-louis - Messages : 723
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Quand je causais des 50 et 85, je pensais à mes Canon EF actuels, mais t'as raison, c'est sans doute plus dur pour un objo de s'en tirer devant un capteur aps de 14 mégas que devant un FF de 20, malgré ce qu'a dit CI quand est sorti le 5 D
J'ai du Canon mais je me soigne!
Qui vivra verra pour l'instant j'en suis qu'avec 6MP et j'assume .
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jean-louis - Messages : 723
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Très bien, Dark, ton 135 F 2,8 : léger,maniable,excellent piqué mais autofocus d'un autre âge et map un peu lointaine, il me semble me rappeler!
J'ai eu ça avec le 24/50 F 4 (merveillle) et le 35/70 F 4 (j'ai encore ce dernier)
Bonnne période de la production Minolta, ça!
J'ai eu ça avec le 24/50 F 4 (merveillle) et le 35/70 F 4 (j'ai encore ce dernier)
Bonnne période de la production Minolta, ça!
J'ai du Canon mais je me soigne!
Salut à tous, j'espère que vous avez passer une bonne journée...
Manque d'inspiration aujourd'hui alors voila quelques citation :
- Les idées reçues sont des maladies contagieuses
- Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ?
- Ah ! Que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
Bon allez laisson Baudelaire lĂ oĂą il est
BONNE SOIREE A TOUS

Manque d'inspiration aujourd'hui alors voila quelques citation :
- Les idées reçues sont des maladies contagieuses
- Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ?
- Ah ! Que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
Bon allez laisson Baudelaire lĂ oĂą il est

BONNE SOIREE A TOUS

Voila un vrai texte ( certe moins bon que celui de jean louis ) mais Maupassant est quand meme un génit
Voila la nouvelle :
<< Quand le père Leras, teneur de livres chez MM.Labuze et Cie, sortit du magasin, il demeura quelques instants ébloui par l’éclat du soleil couchant. Il avait travaillé tout le jour sous la lumière jaune du bec de gaz, au fond de l’arrière boutique, sur la cour étroite et profonde comme un puits. La petite pièce ou depuis quarante ans il passait ses journées était si sombre que, même dans le fort de l’été, c’est à peine si on pouvait se dispenser de l’éclairer de onze heures à trois heures.
Il y faisait toujours humide et froid ; et les émanations de cette sorte de fosse ou s’ouvrait la fenêtre entraient dans la pièce obscure, l’emplissait d’une odeur moisie et d’une puanteur d’égoût.
M. Leras , depuis quarante ans arrivait, chaque matin, à huit heures, dans cette prison ; et il y demeurait jusqu’à sept heures du soir, courbé sur ses livres, écrivant avec une application de bon employé.
Il gaganit maintenant trois mille francs par an, ayant débuté à quinze cent francs.Il était demeuré céléibataire, ses moyens ne lui permettant pas de prendre femme.Et n’ayant jamais joui de rien, il ne désirait pas grand chose. De temps en temps, cependant, las de sa besogne monotone et continue, il formulait un voeu platonique : " Cristi, si j’avais cinq mille livres de rentes, je me la coulerais douce ".
Il ne se l’était jamais coulée douce, d’ailleurs, n’ayant jamais eu que ses appointements mensuels.
Sa vie s’était passée sans évènements, sans émotions et presque sans espérances.La faculté des rêves, que chacun porte en soi, ne s’était jamais développée dans la médiocrité de ses ambitions.
Il était entré à vingt et un ans chez MM. Labuze et Cie. Et il n’en était plus sorti.
En 1856, il avait perdu son père, puis sa mère en 1859. Et depuis lors, rien qu’un démanagement, en 1868, son propriétaire ayant voulu l’augmenter..
Tous les jours, son réveil matin, à six heures précises, le faisait sauter du lit, par un effroyable bruit de chaînes qu’on déroule.
Deux fois, cependant, cette mécanique s’était détraquée, en 1866 et en 1874, sans qu’il eût jamais su pourquoi.Il s’habillait, faisait son lit, balayait sa chambre, époussetait son fauteuil et le dessus de sa commode. Toutes ces besognes lui demandaient une heure et demie.
Puis il sortait, achetait un croissant à la boulangerie Lahure, dont il avait connu onze patrons sans qu’elle perdît son nom, et il se mettait en route en mangeant son petit pain.
Son existence toute entière s’était donc accomplie dans l’étroit bureau sombre tapissé du même papier. Il y était entré jeune, comme aide de Mr Brument et avec le désir de le remplacer.
Il l’avait remplacé et n’attendait plus rien.
Toute cette moisson de souvenirs que font les autres hommes dans le courant de leur vie, les évènements imprévus, les amours douces ou tragiques, les voyages aventureux, tous les hasards d’une existence libre lui étaient demeurés étrangers.
Les jours, les semaines, les mois,les saisons, les années s’étaient ressemblés.A la même heure, chaque jour, il se levait, partait, arrivait au bureau, déjeunait, s’en allait, dînait et se couchait, sans que rien eût jamais interrompu la régulière monotonie des mêmes actes, des mêmes faits et des mêmes pensées.
Autrefois il regardait sa moustache blonde et ses cheveux bouclés dans la petite place ronde laissée par ses prédecesseurs.Il contemplait, maintenant, chaque soir avant de partir, sa moustache blanche et son front chauve dans la même glace.Quarante ans s’étaient écoulés, longs et rapides, vides comme un jour de tristesse, et pareils comme les heures d’une mauvaise nuit ! Quarante ans dont il ne restait rien, pas même un souvenir, pas même un malheur, depuis la mort de ses parents.>>
Guy de Maupassant, 1884

Voila la nouvelle :
<< Quand le père Leras, teneur de livres chez MM.Labuze et Cie, sortit du magasin, il demeura quelques instants ébloui par l’éclat du soleil couchant. Il avait travaillé tout le jour sous la lumière jaune du bec de gaz, au fond de l’arrière boutique, sur la cour étroite et profonde comme un puits. La petite pièce ou depuis quarante ans il passait ses journées était si sombre que, même dans le fort de l’été, c’est à peine si on pouvait se dispenser de l’éclairer de onze heures à trois heures.
Il y faisait toujours humide et froid ; et les émanations de cette sorte de fosse ou s’ouvrait la fenêtre entraient dans la pièce obscure, l’emplissait d’une odeur moisie et d’une puanteur d’égoût.
M. Leras , depuis quarante ans arrivait, chaque matin, à huit heures, dans cette prison ; et il y demeurait jusqu’à sept heures du soir, courbé sur ses livres, écrivant avec une application de bon employé.
Il gaganit maintenant trois mille francs par an, ayant débuté à quinze cent francs.Il était demeuré céléibataire, ses moyens ne lui permettant pas de prendre femme.Et n’ayant jamais joui de rien, il ne désirait pas grand chose. De temps en temps, cependant, las de sa besogne monotone et continue, il formulait un voeu platonique : " Cristi, si j’avais cinq mille livres de rentes, je me la coulerais douce ".
Il ne se l’était jamais coulée douce, d’ailleurs, n’ayant jamais eu que ses appointements mensuels.
Sa vie s’était passée sans évènements, sans émotions et presque sans espérances.La faculté des rêves, que chacun porte en soi, ne s’était jamais développée dans la médiocrité de ses ambitions.
Il était entré à vingt et un ans chez MM. Labuze et Cie. Et il n’en était plus sorti.
En 1856, il avait perdu son père, puis sa mère en 1859. Et depuis lors, rien qu’un démanagement, en 1868, son propriétaire ayant voulu l’augmenter..
Tous les jours, son réveil matin, à six heures précises, le faisait sauter du lit, par un effroyable bruit de chaînes qu’on déroule.
Deux fois, cependant, cette mécanique s’était détraquée, en 1866 et en 1874, sans qu’il eût jamais su pourquoi.Il s’habillait, faisait son lit, balayait sa chambre, époussetait son fauteuil et le dessus de sa commode. Toutes ces besognes lui demandaient une heure et demie.
Puis il sortait, achetait un croissant à la boulangerie Lahure, dont il avait connu onze patrons sans qu’elle perdît son nom, et il se mettait en route en mangeant son petit pain.
Son existence toute entière s’était donc accomplie dans l’étroit bureau sombre tapissé du même papier. Il y était entré jeune, comme aide de Mr Brument et avec le désir de le remplacer.
Il l’avait remplacé et n’attendait plus rien.
Toute cette moisson de souvenirs que font les autres hommes dans le courant de leur vie, les évènements imprévus, les amours douces ou tragiques, les voyages aventureux, tous les hasards d’une existence libre lui étaient demeurés étrangers.
Les jours, les semaines, les mois,les saisons, les années s’étaient ressemblés.A la même heure, chaque jour, il se levait, partait, arrivait au bureau, déjeunait, s’en allait, dînait et se couchait, sans que rien eût jamais interrompu la régulière monotonie des mêmes actes, des mêmes faits et des mêmes pensées.
Autrefois il regardait sa moustache blonde et ses cheveux bouclés dans la petite place ronde laissée par ses prédecesseurs.Il contemplait, maintenant, chaque soir avant de partir, sa moustache blanche et son front chauve dans la même glace.Quarante ans s’étaient écoulés, longs et rapides, vides comme un jour de tristesse, et pareils comme les heures d’une mauvaise nuit ! Quarante ans dont il ne restait rien, pas même un souvenir, pas même un malheur, depuis la mort de ses parents.>>
Guy de Maupassant, 1884
jean-louis a écrit :Très bien, Dark, ton 135 F 2,8 : léger,maniable,excellent piqué mais autofocus d'un autre âge et map un peu lointaine, il me semble me rappeler!
J'ai eu ça avec le 24/50 F 4 (merveillle) et le 35/70 F 4 (j'ai encore ce dernier)
Bonnne période de la production Minolta, ça!
Salut , ton 35/70 f/4 c'est un RS ?
Il est très bon sur le D7D le 135 piqué , boheh mais pour l'A-F c'est vrai faut pas le soumettre à la photo de sport !
A6400 des objectifs Monture A et E
Entre l'ombre subtile, et l'absence de lumière, réside la nuance de l'illusion.
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