Pour cette semaine je vous propose de mettre Ă l'honneur Corinne 'tite route pour la belle photo en N&B ci-dessous, car pour moi l'hiver est souvent synonyme de N&B

Corinne est très loin d'être une inconnue ici puisqu'elle est entrée dans sa dixième année d'inscription


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1 - Bonjour Corinne et bravo pour cette photo qui m'a vraiment tapé dans l'œil.
Il y a déjà presque 5 ans que tu es passée ici interviewée par slipsale, quoi de neuf depuis ? Consacres-tu autant de temps à la photo ?
- En cinq ans, il y a eu pas mal de neuf, notamment en photo ! Lors de l'interview par Slipsale, je parlais de peut-être continuer à suivre des compétitions moto. Ça a été le cas : j'ai eu la chance d'aller à Pikes Peak pour suivre la course d'amis sidecaristes, et sur l'île de Man pour le Manx GP. Deux belles aventures qui ont pris la forme, en plus des reportages sur mon site, de deux articles conséquents dans un journal moto (avec une double page d'ouverture d'enfer pour le Manx GP !). J'ai continué avec des compétitions de moindre envergure, mais tout aussi sympas, comme les 24 h de mobylette de Carcassonne. Cette année, je ne lâche pas le sujet, avec un projet autour du Promosport et peut-être un retour outre-Manche

En 2012, je parlais aussi de mon envie de faire des reportages sur des artisans, ça avait donné lieu aux "Semaine après semaine" avec les vignerons et les boulangers. Pour moi, le bilan est mitigé sur ces reportages qui prennent beaucoup de temps sur la durée et que je n'ai pas tout à fait menés comme je le voulais. Pour l'instant, faute de temps, c'est dans un coin de ma tête et je les reprendrai plus tard sous cette forme ou sous une autre.
2016 a été bien chargée en photo, mais de manière moins visible : j'ai fait plusieurs reportages dans le cadre de mon travail, sur des réunions avec 100-150 personnes. J'ai essayé d'y apporter ma petite touche graphique et d'humour, et ça a été plutôt bien perçu. Le mariage d'un couple d'amis m'a aussi bien occupé : photographe officielle d'une bringue qui a duré pas loin d'une semaine, ça fait faire un certain nombre de clichés qu'il faut post-traiter ensuite


2 - En effet il s'est passé des choses, et d'ailleurs tu les as largement partagé avec nous ici, merci

Tes deux derniers projets sont très intéressants, j'avais repéré quelques pépites dans "4/7" dont celle-ci que j'aime beaucoup, et tu nous proposes une démarche assez similaire ici il me semble avec "Exploration" mais avec moins de contraintes si j'ai bien compris. En quoi estimes tu nécessaire d'inclure tes images dans des projets?
- Alors là , c'est une question dont la réponse n'est pas venue facilement ! Parce que je ne m'étais jamais demandée pourquoi je fais les choses comme ça…
Déjà , ce n'est pas une nécessité, plutôt une envie. J'ai longtemps pris des photos sans réfléchir, comme ça venait, de manière déstructurée. Au fil des reportages, j'ai mis en place une autre façon de travailler et j'ai aussi envie de relier mes photos entre elles, de construire un univers. D'où les projets, les séries, et encore et toujours les reportages

3 - Pour revenir plus précisément à la photo sélectionnée, peux tu nous en dire un peu plus? Pourquoi ce détail, cette composition, ce traitement ?
- Cette photo est prise un matin, tôt, en attendant la collègue avec laquelle je fais du covoiturage pour aller au bureau. Il faisait froid, la lumière du lever du soleil était belle, les paysages tout juste enneigés. Il y avait vraiment de jolies choses à photographier pour rendre hommage à cette Auvergne que j'aime tant. C'est donc naturellement que je me suis tournée vers cette porte un peu décatie, à la peinture écaillée, sur laquelle s'accrochent des bouts d'affiche et finissent de rouiller quelques clous

4 - Saurais-tu me dire pourquoi selon toi cette photo fonctionne alors que le sujet est on ne peut plus minimaliste ? Est-ce l'opposition de l'affiche détruite d'un coté et des clous qui résistent de l'autre coté ? Qu'est-ce qui t'a conduit à sortir l'appareil en pareille circonstance ?
- Comme dit dans la question précédente, ces objets abimés me parlent, me racontent des histoires que j'ai à mon tour envie de transmettre. J'aime beaucoup écrire, mais j'ai toujours mieux réussi à transmettre mes émotions de manière visuelle, que ce soit avec la poterie ou la photo. En fait, j'ai du mal à mettre en mots ce que je ressens. Le meilleur moyen que j'ai de transmettre ce qui s'est passé en moi quand je me suis retrouvée face à cette porte, c'est de faire une photo parce que je ne trouve pas les mots adéquats. Les explications que je vais sortir me paraissent toujours fades par rapport à la richesse de ce que je vis. C'est pour cette raison que je vais avoir du mal à répondre à ta question... (oui, je botte en touche

5 - Sur cette photo tu critiques le Nex mais tu oublies son principal avantage: sa légèreté te permet de l'avoir toujours avec toi


- Ce que tu ne sais pas, c'est qu'avant d'avoir le Nex, je trimballais tout le temps mon A57 et avant l'A700 et encore avant l'A100 et encore avant avant (mais là , on remonte au temps des dinosaures) mon Dynax 7000i, et (on arrive au big bang) mon Foca Sport. Mon sac était juste un peu plus gros


Mon outil rêvé, c'est celui qui me permet de faire des photos. Le truc que j'aime dans les reflex, c'est de plonger l'oeil dans le viseur. Le truc que je n'aime pas dans les compacts, c'est l'écran arrière fixe qui impose une tenue à bout de bras que je trouve désagréable, ce qui est résolu avec l'écran mobile du Nex5n (que j'adore). Pendant un moment, j'avais même un pare-écran qui se relevait sur trois côtés, un peu à la manière des viseurs des 6x6 par le dessus. Cela recréait cette impression de plonger dans la photo.
Au-delà de cette préférence de visée, ce qui m'importe, c'est ce que je fais avec, plus que l'objet en lui-même. D'où mon peu d'intérêt pour les nouveautés matérielles, vu que mes appareils actuels me conviennent parfaitement.
6 - Le meilleur appareil photo étant celui que l'on emmène avec soi, tu as toujours eu de très bon appareils, parmi lesquels je retiendrai le Foca

D'ailleurs si j'ai un peu compris "Exploration", la disponibilité de l'appareil est nécessaire pour mettre en valeur des instants de la vie de tous les jours. Pour le moment ce fil mélange N&B et couleur, campagne et ville, nuit et jour… où nous emmènes-tu ?
- Je n'en sais strictement rien, d'oĂą le titre de ce projet !



7 - Bref et efficace

Ton album de plus de 1500 photos montre que tu sembles plus photo spontanée que construite, y a-t-il des styles de photo que tu te refuses à aborder et pourquoi ?
- Je le trouve étrange, ce terme "refuser"


Si je devais résumer ce qu'est la photo pour moi, c'est "regarder, aimer, transmettre". Après, le style de photos ou la catégorie m'importe peu. Ce sont des rencontres qui m'ont amenée à faire des photos de compétition moto qui à la base ne m'intéresse pas plus que ça. D'autres rencontres peuvent m'amener ailleurs, le champ des possibles est vaste.
8 - "La photo c'est regarder, aimer, transmettre", ça je me le garde

Un appareil, un objectif, une carte mémoire, une destination, où vas-tu et pour faire quoi ?
- La destination est déjà trouvée, je repars sur l'île de Man cet été




En 2014, je me suis retrouvée à appeler un mec que je ne connaissais pas pour savoir s'il participait bien au Manx GP en août. C'était le cas, j'ai pris le bateau et ça avait donné lieu à un reportage comme j'aime sur mon site, un article de 7 pages dans Moto Magazine avec une double d'ouverture terrible (oui, je sais, je me répète, mais j'en suis vraiment fière et contente), et surtout ça m'avait permis de faire la connaissance de pilotes hors normes. Le mec dont je parle au début, c'est Morgan Govignon, que j'ai recroisé à plusieurs reprises (au Bol d'or Classic par exemple). J'adore la manière dont il écrit et apparemment, il aime mes photos. Résultat, on s'est retrouvés en décembre à aller planter la tente dans un champ rempli de barbus et parsemé de feux de bois : on a fait les Millevaches avec à la clé un article de 8 pages dans Moto Revue (paru le 18 janvier). C'est la première fois que je bosse uniquement comme photographe et franchement, j'ai adoré. Avec Morgan, on a évoqué l'idée que je vienne dans son équipe en août pour le TT Classic. Rien n'est organisé (on a le même sens de l'improvisation, même si je lui concède un niveau bien plus élevé que le mien), mais ça va se faire ! Et l'idée de travailler avec lui, d'illustrer ses textes remplis d'humanité et d'humour, m'enthousiasme vraiment !
9 - Nous n'avons pas parlé technique, ni à la prise de vue ni au post-traitement, est-ce que ça a de l'importance pour toi ?
À l'opposé sur le plan purement artistique as-tu des photographes de référence ?
- Là , je ne vais pas être super originale : la technique a de l'importance, parce qu'elle me permet d'obtenir le résultat que je veux, qui me plaît. Mais ce n'est pas une fin en soi, ce n'est qu'un moyen. Vouloir s'en affranchir, c'est se priver de moyens d'arriver à ses fins ; ne jurer que par ça, c'est brider son côté créatif.
Je n'ai pas vraiment de photographes de référence, même si j'ai un faible pour les photographes humanistes des années 50-60. Je ne regarde pas forcément beaucoup de photos. En revanche, j'essaye d'observer autour de moi et dans d'autres arts, qui peuvent me servir de source d'inspiration. Mes plus grands progrès en photo, c'est à la poterie que je les dois…
10 - Pour moi tu es l'un des piliers de ce forum, tu as officié dans l'équipe, qu'est-ce qui t'y retient et comment en vois-tu l'avenir ? Des envies particulières d'évolution ?
- C'est vrai que j'ai été très très active sur DxD il y a quelques années. Puis le forum a évolué, moi aussi et aujourd'hui, je me sens moins en phase avec ce qui se passe, d'où ma participation limitée. Plus le fait que d'une manière générale, je suis beaucoup moins présente sur le net : moins de forums, moins d'implication, moins de temps aussi (avoir repris les études puis ne plus travailler à la maison a pas mal changé la donne). Pour l'avenir du forum, je n'ai pas d'envie particulière, et encore moins de conseils à donner. Je vois juste qu'il continue à vivre, qu'il évolue et ça, c'est chouette

Merci de ta disponibilité Corinne


- L'interview est déjà assez longue comme ça, je ne sais pas si beaucoup de monde va arriver jusqu'à ces lignes

