Voici donc comme photo de la semaine un lever du jour sur Glen Torridon, que j'aime pour sa lumière, pour la délicatesse des tons et pour le calme qui en émane.
Une double signature pour cette photo, donc interview commune de Rachel et Jean-William.
1 - Bonjour KaptainIgloo et Polar Girl, aka Jean-William et Rachel. Pouvez-vous vous présenter rapidement ?
- Bonjour Corinne ! Un couple voyageur-photographe-aventurier est sans doute la meilleure façon de résumer les passions qui nous animent et nous unissent depuis plus de 10 ans maintenant, avec une attirance plus particulière pour le Grand Nord.
Aujourd'hui nous vivons en partie de la photo, Rachel surtout car moi j'ai toujours un emploi salarié à plein temps, et nous collaborons tous les deux avec l'agence Naturimages qui diffuse nos photos et reportages.
2 - Cette photo m'a donné instantanément envie de voyager, comme les autres photos de la série et celles, prises lors du même séjour, que vous avez mises en ligne sur le forum il y a quelques temps déjà. Racontez-nous des détails sur la prise de vue.
- Nous avons passé une semaine dans les Highlands au début du mois de novembre... Il faisait très (trop) beau et une grande partie de nos images a été réalisée tôt le matin ou tard dans l'après midi. Ici il s'agit de Glen Torridon, un site magnifique qui pourrait justifier d'y passer une semaine entière. Le temps de pose de 20' a permis d'obtenir un léger flou sur le loch, tandis que la lumière matinale illumine l'arrête sommitale de Liatach...
3 - Vous partez régulièrement vers des régions très froides et une grande partie de vos photos sont faites dans des conditions plutôt extrêmes. Qu'avez-vous comme matériel et comment le protégez-vous ?
- Nous avons chacun un A700, ensuite nous nous partageons les objectifs : 8, 16-80, 105 macro, 70-300 G, 50 1.4, 300 2.8 et TC... trépied alu, tête pendulaire et trépied carbone ultra léger (- de 1 kg). Suivant l'orientation de notre voyage (trek en autonomie totale pour lequel le moindre gramme compte, ou voyage plus classique avec véhicule), nous faisons un choix plus ou moins étendu parmi notre équipement.
Assez étonnement, en conditions "extrêmes", c'est plus l'humain qu'il est difficile de protéger ! Les boitiers et les objectifs supportent très bien le froid (nos A700 fonctionnent parfaitement par des températures de -18°). La neige sèche n'est pas un problème car elle glisse sur les boitiers et les objectifs, et ne s'infiltre pas. Le seul vrai souci est causé par l'humidité. Un de nos A700 a d'ailleurs goûté l'eau malgré lui lors d'un séjour en Ecosse : le petit ruisseau qui coulait à cent mètres de la tente est sorti de son lit durant la nuit et a dévalé la colline. Le boitier baignait dans 10 cm d'eau au réveil... il fonctionne encore aujourd'hui !
4 - Si on regarde vos photos sur la durée, il y a une énorme évolution entre celles du voyage au Spitzberg, qui datent de 2007, et celles plus récentes, comme le reportage sur les boeufs musqués, mais aussi les dernières sorties en Auvergne ou en Ecosse. Les images sont plus poétiques, contiennent plus d'émotions. A quoi est dû ce changement, à quel état d'esprit correspond-il ?
- En 2007 lors de notre voyage au Spitzberg, nous étions encore équipés en argentique (un dynax 5 et un dynax 7) et les images ont été réalisées lors d'un trek. En randonnée il est très difficile de consacrer du temps à la prise de vue, d'attendre la bonne lumière : nous avons un planning généralement serré avec des impératifs de progression. Au contraire, les images de Dovrefjell ou d'Ecosse ont été réalisées lors de voyages entièrement dédiés à la photo. A Dovrefjell, à la rencontre des boeufs musqués, nous avons consacré l'intégralité de nos journées à la prise de vue, et ceci sur une semaine. Revenir sur un même sujet, heure après heure, jour après jour, oblige à trouver de nouvelles idées de prises de vue.
Le matériel a également sa part dans le changement du type d'images que nous réalisons : en argentique nous faisions 1500 à 2000 diapos par ans... Aujourd'hui nous devons faire 5000 à 10000 images sur une même période. Le numérique est un formidable outil d'apprentissage et de progression, grâce à l'instantanéité de la visualisation d'un résultat et au coût moindre du déclenchement.
Enfin, notre démarche photographique, sans doute influencée par le travail d'autres photographes (Vincent Munier, par exemple), tend à donner un caractère minimaliste et graphique à nos images alors qu'à nos débuts, elles étaient plutôt orientées reportage.
5 - Vous avez participé très récemment avec Conca à l'expo ImagesNature, dans le Jura. Cela s'est-il bien passé ?
- Notre expo commune sur le thème du grand nord est à la base une idée de Gilles (Conca). Nous avons monté notre dossier de candidature sans nous connaître. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois à Montier-en-Der en novembre dernier, et la seconde fois au Vaudioux pour accrocher l'exposition ! Un pari audacieux mais au final une belle expérience !
Quant aux rencontres Imagesnature, il y a eu 1300 visiteurs dans le week-end, ce qui est très positif car une exposition est avant tout une expérience humaine, faite de rencontres avec le public et bien sûr avec les autres photographes.
6 - Quels sont vos projets, vos prochains voyages ? Où allez-vous nous emmener ?
- A court terme (août 2012) nous pensons retourner en Islande (une 5ème fois !!) et nous envisageons de retourner à Dovrefjell en Norvège en mars 2013, mais cette fois en ski de randonnée/pulka/tente pour une "expédition photographique" d'une quinzaine de jours, à la recherche des rennes et des boeufs musqués dans des conditions hivernales...
Merci à vous d'avoir pris le temps de répondre à ces questions et j'attends avec impatience vos prochains voyages !