Merci pour vos retours!
khunfred a écrit :Plusieurs écoles coexistent. Ce sont de purs choix artistiques personnels. Soit tu imposes que le regard aille toute de suite vers le(s) point(s) fort(s) de la compo, soit tu laisses le lecteur les découvrir petit à petit. Voire tu en sous-traites certains pour que le lecteur intéressé les trouve par lui-même.
Malheureusement nous sommes à une ère de l'ultrazappping où l'on regarde beaucoup et où l'on ne prend pas le temps de voir: tu as maxi 2 secondes pour susciter l'intérêt du lecteur et le convaincre de prendre le temps de "lire" réellement ta photo. Par conséquent le spectaculaire, l'esbroufe et le surlignage sont les plus efficaces. Logique quand pratiquement 2 milliards de photos sont mises en ligne chaque jour...
Ce phénomène de sur-abondance des images est une donnée contemporaine. Et il me semble vain de vouloir s'en abstraire. Etant jeune photographe, je n'ai pas connu l'avant, donc c'est surement plus aisé pour moi. En tous cas, en tant que spectateur, je me plains régulièrement de cet océan de photos non abouties.
Donc, ma position est de tenter de produire ce que j'aime voir: des images dont la force s'impose dans l'instant. Cognitivement.
Bien sur, ce n'est pas limitatif: c'est mieux si il y a des choses à intellectualiser en seconde lame. On peut toujours produire des photos illisibles et compter sur un spectateur patient pour en découvrir tous les trésors. Mais il y a 2 risques à cela: 1. prendre le risque de ne toucher aucun public et 2. ouvrir la voie à de la "branlette" artistique que seuls les érudits ou censés l'être peuvent apprécier. L'Art doit s'imposer. En tout cas, c'est ce que j'attends de lui.
khunfred a écrit :Personnellement je ferais encore plus taper la silhouette contre le bord de l'image
J'aime l'idée que la falaise domine cet homme. Donc on a besoin de voir la partie supérieure de la falaise à gauche du sujet. Ensuite, la silhouette s'inscrit harmonieusement entre les deux masses des arbres il me semble. En rognant à gauche, cet encadrement ne tient plus. Et puis, rogner poserait un problème de coupe de l'arbre le plus à gauche.
khunfred a écrit :je reste assez "gêné' par le rapport H/L mais c'est une déformation de mon éducation, et je ne vois pas l'intérêt de "surligner" les marches mais je viens d'en parler.
En tout cas, belle diagonale qui partage ta photo en n/b.

Effectivement, l'homothétie est bâtarde. Mais c'est aussi ce qui permet de dessiner cette diagonale. Comme dit ci-dessus, mon objectif est d'abord de produire un motif graphique immédiatement "efficace".
Le surlignage des marches était certes grossier sur la v1, mais dans son principe, il permet de signifier un cheminement et de créer une histoire. Sans surlignage, je pense qu'on peut passer à côté.
Scribe a écrit :Pour moi, c'est cadré un peu trop serré : je suis assez gêné par la façon dont le rocher est coupé brutalement en bas à droite
Right, je vais voir ce que je peux faire.
Scribe a écrit :Et le "tamponnage" d'une partie de l'arrière-plan me paraît une aberration

Cette idée qu'il faille à tout prix "purifier" son image me semble un réflexe assez simpliste, et assez appauvrissant… Tu avais un horizon qui s'étageait en deux plans différemment estompés et différemment structurés, ce qui est une richesse esthétique, pourquoi les sacrifier au fantasme d'un monde prétendûment "naturel" (mais où il y a quand-même des balustrades, c'est bizarre

) ?
Il y a vraiment une sorte de scission philosophique sur ce point, qui revient inlassablement.
Je ne souscris pas à l'idée selon laquelle la réalité dans sa banalité ou dans son aléa porte de l'Intérêt. La mission du photographe (du moins, la mienne) est justement de débusquer et d'isoler ce qu'il y a d'intéressant dans le réel.
Pour le coup, s'investir d'un devoir de loyauté avec le réel, ça, c'est appauvrissant. Et il me semble aussi que ça maintient cette idée tenace et limitative que la photographie, ca doit d'abord être un témoignage.
Dans ma photo, la scène a quelque chose d'un peu rétro il me semble (le traitement, le chapeau du gars. Le macabé vient surement d'être laissé en contre-bas

). Et, comme le soulignait khunfred, cette tour et la barre d'immeubles du fond ne collent pas. Et si ils ne collent pas, ils n'ont donc rien à faire dans le tableau.
PS: je connais un peu le Scribe. Je ne doute pas de sa bienveillance. La critique n'est jamais aussi bonne que quand elle est bienveillante et sans concession.