Voici la photo :
1°). Première question classique, peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?
- Avant toute chose, je tiens à vous remercier d’avoir sélectionné une de mes photos, j’en suis vraiment très touchée.
J’ai 48 ans, mariée, 2 filles de 27 et 23 ans (qui ont quitté le nid). Mon mari est agriculteur et je travaille sur l’exploitation. Je suis également trésorière d’une association sportive (handball avec une équipe qui joue en D2 féminine) en bénévolat bien sûr, et je suis membre du conseil municipal. Il me reste néanmoins un peu de temps libre, pour la photo, que je ne pratique réellement que depuis 2007.
2°). Tu es sur le forum depuis 2007, qu’es-tu venue chercher ici ?
- J’ai longtemps joué au hand et vers 40 ans, j’ai pensé qu’il serait temps que j’arrête de courir (après un ballon et peut-être aussi le temps). J’avais un Dynax 5 argentique que j’utilisais uniquement avec les modes scène et en 2007, alors que mon homme fêtait ses 50 ans, je me suis offert un A100 et à lui un voyage en Namibie. C’était le moment de m’intéresser d’avantage au fonctionnement de cet appareil et en même temps à la photo. J’ai trouvé toutes les réponses ici sur ce forum, ainsi que dans les livres et revues. Parallèlement, j’ai trouvé un club photo sympa, le Phocs car le contact humain est important pour moi.
3°). Ton album photo et ton site internet sont vraiment riches en photos de reportages rapportés de tes différents voyages. Tu es donc une inconditionnelle des voyages ?
- Le temps me manque pour faire de la photo. Les voyages sont l’occasion d’assouvir ma passion. Mais je voyagerais bien plus et j’aurais aimé commencer bien plus tôt si j’en avais eu les moyens. Là, j’avoue, on se lâche un peu ! La période hivernale nous est dictée par notre métier, et vu que je n’aime pas trop le froid… Ceci-dit je rêve de faire un tour de France, car nous avons de très belles régions.
Je partage aussi d’autres photos sur mon espace Joomeo, avec un accès restreint à la famille.
4°). On perçoit très rapidement ton attrait pour la photo « humaniste », comment en es-tu arrivée là ?
- C’est la question à laquelle j’ai le plus de mal à répondre… Mon côté émotif, qui frise probablement l’hypersensibilité. C’est dans cet exercice que je m’éclate le plus. Mais c’est aussi celui dans lequel j’ai le plus de frustration, l’impossibilité de retranscrire le dénuement, la misère, la maladie tellement ça me ronge. Des photos que j’ai dans ma tête.
5°). Venons-en à la photo. Celle-ci m’a beaucoup touché car chacun peut se créer une histoire autour d’elle… Peux-tu nous expliquer les conditions de cette prise de vue ?
- Cette photo a été prise à Stone Town (Zanzibar) en visitant la cathédrale anglicane. Nous étions devant la fosse aux esclaves. J’essayais de retranscrire ce lieu, mais je n’y arrivais pas. A l’arrière, une école et des enfants à la récré. De la vie, de l’espoir de jours meilleurs. J’avais vu ce seau sur cette chaise, et puis les enfants qui sont allés boire : 2 tasses et un seau à partager, il n’en faut pas plus pour la plupart. Une bouteille en plastique traine sous la chaise ; malgré l’uniforme ils ne sont pas tous égaux.
6°). Comment t’es venue l’idée de cette série « Sur le pas de la porte » ?
- Quand on a la chance de pouvoir voyager, il est plus facile de faire une série pour exposer : des paysages, un peu d’animalier, ça peut plaire au public. Mais pas (ou plus) à moi. Zanzibar est réputé pour ses portes cochères, il est par contre plus difficile d’y intégrer les habitants, l’influence musulmane y est oppressante. Je savais que j’avais quelques clichés, et aussi quelques photos lors d’un séjour à Cochin (en Inde du Sud) qui a ses similitudes.
La porte, ouverture sur les autres, sur la vie. Derrière la porte, l’intimité, l’isolement…Toute une histoire à raconter ou inventer.
7°). Techniquement cette série est réalisée quasi exclusivement au 135mm… J’ai ma petite idée sur le pourquoi du comment, mais j’aimerais bien en être sûr… Alors pourquoi 135mm ?
- Une évidence : approcher les gens au 35/50 mm, il faut déjà avoir leur approbation. C’est plus facile en Inde qu’à Zanzibar ou même à Tortuguero où les gens sont assaillis de touristes sans scrupules. Mais c’est faisable. Un sourire, montrer ses photos et respecter quand ils ne veulent pas. Parfois une pièce, même s’ils ne la demandent pas parce que je sais que ça va les aider un peu.
Le 135 est mon objectif fétiche. Quand je le monte sur le boîtier, je sais quel type de photos je vais faire et ce que je recherche. Et je rentre dans la photo volée, une autre façon de voyager. Et puis il a ce rendu incomparable.
8°). Concernant le matériel, ton sac photo lors de tes reportages, il ressemble à quoi ?
- 2 boîtiers : l’A850 essentiellement et un A77 récent pour les fois où j’aurais besoin de changement rapide (animalier). Et en cas de défaillance.
Je n’ai qu’un zoom, le 70-400 dédié à l’animalier quasi exclusivement. Pour de la discrétion en ville, on fait pas pire !
Le reste, des fixes, un défi probablement que je me suis imposé : du 24, 35, 50, 85, 105 et 135.
Quand je pars en voyage, j’emmène tout sauf le 85 et 105. 2 sacs, un pour mon homme.
Hors voyage, un boitier et 2 fixes (24 et 50 pour les ballades et paysages ou 35 et 135 pour la ville).
9°). Autre question « technique », quelle place prend le post traitement dans ta pratique photo ?
- Incontournable, avec Lightroom et Silver Efex comme logiciel. Je n’ai pas assez de temps pour tester ou comprendre Photoshop ou DXO.
10°). On approche de la fin de l’interview, alors inévitablement au vue de tes différents voyages, on se demande qu’elle sera la prochaine destination ?
- La Namibie, de nouveau. Le sud cette fois ci, avec une incursion dans le KTP. Fish River Canon, le désert du Namib, la côte, Erongo et pour finir une réserve Erindi.
11°). Enfin, as-tu d’autres projets photos à venir hormis les voyages ?
- Je suis une quiche en photo de paysage. Il faut que je m’y mette sérieusement. Et être prête pour le prochain voyage.
Il m’est difficile d’avoir des projets pour l’instant, pas assez de temps libre.
Je te remercie pour t’être prêtée au jeu de l’interview Corinne, ce fut un plaisir et je te laisse le mot de la fin.
- Le plaisir est pour moi. Je voudrais te remercier Quentin pour cette interview, mais aussi et surtout toute l’équipe qui fait vivre ce forum. Je terminerai par ce proverbe chinois : « Tes pieds t'emmèneront là où se trouve ton cœur ».
Bonne fin de WE et très bonne semaine à tous.