Sur les traces du plus grand gallinacé de nos alpes: le grand tétras
Publié : Mer 28 Avr 2021 21:17
Hello l'équipe,
Pour ceux qui m'on un peu suivit en taverne, je suis en train d'essayer de suivre et photographier tous les gallinacés des alpes.
Nous voilà en avril, selon la littérature, la pariade du grand tétras commence mi-avril et se termine en mai. On remet le cap vers la zone prospectée 6 mois plus tôt. Tous les cols ne sont pas encore ouverts, le temps de voyage passe de 4h30 à 5h30. Sur place, la neige est encore bien présente, impossible de monter en voiture comme en octobre, il nous faudra transporter tout le matériel à dos d’homme. Nous sommes bien chargés avec la tente, les affûts, le matériel de bivouac, les appareils et pièges photo. Trois aller/retour seront nécessaires pour amener le matériel sur les 3km et 400m+ de montée dans la neige qui séparent la voiture du camp de base.
Après quelques jours, nous repérons grossièrement une zone avec une bonne densité de coqs. Les traces dans la neige nous aident beaucoup. Les trois doigts du tétras se voient bien et parfois on peut même voir l’empreinte des plumes des ailes dans la neige.
Pour éviter le dérangement, il est évident que l’on ne peut pas faire de billebaude (se promener dans la forêt à découvert pour photographier les animaux). On ne sort pas des chemins/routes pour éviter le dérangement au maximum et nous rentrons bien avant le lever du jour dans les tentes (vers les 4h du matin) et nous en sortons vers les 12h pour y retourner vers 15h.
Les matinées sont magiques, au petit matin vers 5h30 on entend des petits « pouc » un peu partout autour de nous. Le bruit ressemble à une goutte d’eau tombant dans un évier. On se croirait dans une forêt enchantée. Puis on entend les individus parader au loin. Malheureusement, les affûts restent infructueux. Les individus paradent non loin de l'affût, « juste » derrière une bosse ou « juste » plus bas dans la pente. Le terrain est relativement accidenté avec une forte pente (normal dans les Alpes), il est assez compliqué d’avoir une zone très dégagée. Un matin, il me semble qu’il chante à côté de moi. Une fois les parades terminées vers 12h, je décide de sortir de l'affût pour aller repérer les traces de l’individu entendu. Je trouve quelques crottes non gelées et des traces de parade dans la neige. Manque de chance, il y avait juste un arbre entre lui et moi…
C’est très frustrant de les entendre matinées après matinées mais de ne jamais vraiment les voir devant l'affût. Contrairement aux tétras lyre où tous les individus ont leur petit territoire d’environ 50m^2, les territoires pour les grands coqs, comme leur nom, sont beaucoup plus grand : je dirais dans les 25’000m^2. Il est impossible d’avoir un affût avec une vue sur tout le territoire d’un individu à cause de la pente et des arbres, il faut donc faire des compromis et compter sur beaucoup de chance.
Je commence à dormir sur place dans la zone la plus interessante. Je suis en affut 22h sur 24 pendant 3 jours. Les nuits sont un peu acrobatique dans la pente dans l'affut avec le sac de couchage.
C’est seulement l’avant dernier jours qu’un grand tétras fait un passage devant l'affut.
Il ne fait que traverser le chemin en position de parade.
Je suis en rafale silencieuse et je ne lâche pas le déclencheur, je suis complètement euphorique, voir l’oiseau que j’attends depuis maintenant 6 jours.
A chaque gloussement, le coq ferme sa paupière nictitiante par reflex pour protéger son oeil en cas d'attaque. Cette membrane protège et humidifie l'oeil chez la plupart des oiseaux. Chez nous, seul un petit bout subsiste dans le coin de notre oeil.
La photographie animalière, c’est un peu de frustration, beaucoup de patience et de cours instants d’euphorie. 1 semaine de repérage en automne et une semaine d'affût pour un passage du plus gros et plus rare gallinacé des Alpes.
Quelle joie d’avoir pris quelques photos, évidemment, j’aurais préféré en faire plus, faire plus d’images d’ambiance où l’on voit le grand tétras dans son environnement alpin, faire plus d’images de confrontation entre tétras. Mais je suis tellement content d’avoir pris ne serait-ce qu’une image !
Et même sans image, l’ambiance matinale, entendre leur chant, entendre leur vol lourd, toutes ces sensations valent déjà les heures d’attente. Il vaut mieux avoir peu d’images, même imparfaites mais en prenant toutes les précautions pour ne pas déranger l’espèce car pour moi, la photographie animalière est là pour montrer au monde la beauté qui nous entoure.
Pour ceux qui m'on un peu suivit en taverne, je suis en train d'essayer de suivre et photographier tous les gallinacés des alpes.
Nous voilà en avril, selon la littérature, la pariade du grand tétras commence mi-avril et se termine en mai. On remet le cap vers la zone prospectée 6 mois plus tôt. Tous les cols ne sont pas encore ouverts, le temps de voyage passe de 4h30 à 5h30. Sur place, la neige est encore bien présente, impossible de monter en voiture comme en octobre, il nous faudra transporter tout le matériel à dos d’homme. Nous sommes bien chargés avec la tente, les affûts, le matériel de bivouac, les appareils et pièges photo. Trois aller/retour seront nécessaires pour amener le matériel sur les 3km et 400m+ de montée dans la neige qui séparent la voiture du camp de base.
Après quelques jours, nous repérons grossièrement une zone avec une bonne densité de coqs. Les traces dans la neige nous aident beaucoup. Les trois doigts du tétras se voient bien et parfois on peut même voir l’empreinte des plumes des ailes dans la neige.
Pour éviter le dérangement, il est évident que l’on ne peut pas faire de billebaude (se promener dans la forêt à découvert pour photographier les animaux). On ne sort pas des chemins/routes pour éviter le dérangement au maximum et nous rentrons bien avant le lever du jour dans les tentes (vers les 4h du matin) et nous en sortons vers les 12h pour y retourner vers 15h.
Les matinées sont magiques, au petit matin vers 5h30 on entend des petits « pouc » un peu partout autour de nous. Le bruit ressemble à une goutte d’eau tombant dans un évier. On se croirait dans une forêt enchantée. Puis on entend les individus parader au loin. Malheureusement, les affûts restent infructueux. Les individus paradent non loin de l'affût, « juste » derrière une bosse ou « juste » plus bas dans la pente. Le terrain est relativement accidenté avec une forte pente (normal dans les Alpes), il est assez compliqué d’avoir une zone très dégagée. Un matin, il me semble qu’il chante à côté de moi. Une fois les parades terminées vers 12h, je décide de sortir de l'affût pour aller repérer les traces de l’individu entendu. Je trouve quelques crottes non gelées et des traces de parade dans la neige. Manque de chance, il y avait juste un arbre entre lui et moi…
C’est très frustrant de les entendre matinées après matinées mais de ne jamais vraiment les voir devant l'affût. Contrairement aux tétras lyre où tous les individus ont leur petit territoire d’environ 50m^2, les territoires pour les grands coqs, comme leur nom, sont beaucoup plus grand : je dirais dans les 25’000m^2. Il est impossible d’avoir un affût avec une vue sur tout le territoire d’un individu à cause de la pente et des arbres, il faut donc faire des compromis et compter sur beaucoup de chance.
Je commence à dormir sur place dans la zone la plus interessante. Je suis en affut 22h sur 24 pendant 3 jours. Les nuits sont un peu acrobatique dans la pente dans l'affut avec le sac de couchage.
C’est seulement l’avant dernier jours qu’un grand tétras fait un passage devant l'affut.
Il ne fait que traverser le chemin en position de parade.
Je suis en rafale silencieuse et je ne lâche pas le déclencheur, je suis complètement euphorique, voir l’oiseau que j’attends depuis maintenant 6 jours.
A chaque gloussement, le coq ferme sa paupière nictitiante par reflex pour protéger son oeil en cas d'attaque. Cette membrane protège et humidifie l'oeil chez la plupart des oiseaux. Chez nous, seul un petit bout subsiste dans le coin de notre oeil.
La photographie animalière, c’est un peu de frustration, beaucoup de patience et de cours instants d’euphorie. 1 semaine de repérage en automne et une semaine d'affût pour un passage du plus gros et plus rare gallinacé des Alpes.
Quelle joie d’avoir pris quelques photos, évidemment, j’aurais préféré en faire plus, faire plus d’images d’ambiance où l’on voit le grand tétras dans son environnement alpin, faire plus d’images de confrontation entre tétras. Mais je suis tellement content d’avoir pris ne serait-ce qu’une image !
Et même sans image, l’ambiance matinale, entendre leur chant, entendre leur vol lourd, toutes ces sensations valent déjà les heures d’attente. Il vaut mieux avoir peu d’images, même imparfaites mais en prenant toutes les précautions pour ne pas déranger l’espèce car pour moi, la photographie animalière est là pour montrer au monde la beauté qui nous entoure.