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Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 17:53
par EGr
Douze photographes de presse, œuvrant pour CNN, ont trouvé un petit papier rose sur leurs bureaux, leur indiquant de prendre la porte.
Info US, reprise par
le Monde.
Ce sont les motivations de la décision qui sont intéressantes :
Jack Womack a écrit :Nous avons passé beaucoup de temps à analyser la façon dont nous utilisons et nous déployons nos photojournalistes dans le pays. […] Les technologies grand public sont plus simples et plus abordables. De petits appareils photo sont maintenant de haute qualité. Cette technologie est dans les mains de plus de personnes. Après cette analyse, CNN a décidé que quelques photojournalistes doivent quitter la société.
Rien de bien nouveau, juste un énième exemple de cette lente agonie de ce métier, torpillé par un changement sociétal lui-même généré par un virage technologique que les professionnels eux-mêmes ont grandement apprécié avant de l'avoir amer.
Plus que jamais, il faut savoir rebondir dans ce monde.
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Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 18:38
par mitrailleur fou
Il faut pleurer

CNN le top de l'info made in america

,ils pourront se reconvertir dans la chasse photo aux stars aux usa .....
ah les médias qui pleurent sur eux mêmes ..... les pauvres ...... pas convaincu qu'ils soient les plus à plaindre ..... 12 en moins ou lala , et combien en moins dans d'autres secteurs ....

Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 18:47
par EGr
euh... ben j'm'excuse... mais ici on cause photo...
Alors toutes mes confuses pour les mineurs et autres allumeurs de réverbères, je respecte leur combat, mais on va continuer à parler photo ici si tu veux bien...
Il ne s'agit pas de pleurer, et encore moins sur les médias US... il s'agit d'être en prise avec le présent d'un pan de la profession photo, c'est tout.

Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 18:56
par jujucoline
Comme dans tant d'autres domaines, quand la concurrence quasi-gratuite devient forte, on se débarasse... de qui au fait ? Ben quand on fait dans l'écrémage, on garde les plus "performants". Ladite définition de performance variant selon les postes et entreprises, ça veut aussi dire qu'il faudra être "meilleur" pour en vivre : plus original, plus percutant, plus à-propos, etc. Y'a un moment où un amateur avec un reflex ne fera jamais aussi bien qu'un bon avec le même boîtier, et ce bon-là, il va garder son poste.
Par contre quand on voit le niveau consternant d'une grande partie de la PQR niveau photo, faut pas s'étonner que la direction préfère de la photo à 1 € d'amateurs...
Bref oui le métier souffre fort, mais dans l'ensemble j'ai bien l'impression que ce ne sont pas ce qui s'investissent le plus qui souffrent le plus pour le moment. Après, quand je vois un "photographe" venir shooter un national motocross avec un 300D et un Sigma 18-105, et que le lendemain en page 3 de PQR il y a une moto minuscule au loin esseulée et coupée en 2 par un fil électrique, je me dis que lui aussi a du souci à se faire quand on voit ce que des "amateurs" sortent ici...
Même topo à l'époque sur les magasins de bricolage qui allaient tuer les artisans. Au final ça a plutôt écrémé la profession, on a toujours besoin d'un bon maçon, mais pour une bricole on ne donne plus 150 € à un incapable. Idem pour la photo de mariage, personne ne veut plus donner 500 € à un tocard, par contre il reste toujours une clientèle disposée à payer 2 à 3000 € pour un vrai beau reportage et des portraits construits...
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 18:57
par jujucoline
Au cas où ce ne serait pas clair, je suis Darwinien dans l'âme

Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 18:59
par EGr
En même temps, tout une armée de photoreporters ne sera jamais aussi proche de l'action qu'une population de 65 millions de porteurs de gsm avec appareils photo, pour parler de la France. Et comme ces mêmes 65 millions de consommateurs d'informations sont devenus des zappeurs fous qui n'ont pas plus de 3sec à consacrer par information, la qualité d'une image importe peu... il faut fournir la quantité "exigée" !
Bien sur, ces consommateurs sont alimentés par ces médias qui sont donc bien le moteur de cette course en avant vers le toujours plus toujours plus vite, jusqu'à en commenter des informations insignifiantes qui ne deviennent socialement signifiantes qu'une fois publiées.
ça fait partie des raisons qui font le succès de supports qui se donnent le temps du recul, à la semaine, au mois ou plus, au semestre, comme 6mois par exemple. Mais pour combien de temps ?
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:01
par m gomba
Bonsoir
Je partage ton "dépit" EGR, mais pas totalement ton analyse.
Le changement technologique est aussi une excuse et un prétexte. I apporte la gratuité et la rapidité. Pas la qualité. Les images ainsi procurées ont très peu de sens, pas de composition qui mette en exergue la signification de l'événement, généralement pas prises à "l'instant décisif".
Les photoreporters en utilisant cette technique profiteraient aussi de la rapidité. Donc reste la gratuité.
Et sur la gratuité nous le public sommes coupables
En tant que photographe amateur en voulant passer à la télé à tout prix, sans talent, juste parce qu'on a "la chance" d'avoir été là avec son mobile. La "roue de la fortune" tuant dans l'oeuf les futurs Capa, étonnant non?
En acceptant de laisser les mercantis des médias nous mener par le bout du nez en mettant en scène la 'bouleversification", plutôt que de nous aider a réfléchir.
Désolé mais j'ai le tournis dans cette spirale déflationniste et de perte de qualité....
Je n'arrive pas à me résoudre que ce soit le "monde moderne", qu'on doive l'accepter et auquel il faille se résigner. C'est trop destructeur (il n'y a pas que les photoreporters qui passent à la casserole), et ça me rappelle trop les renoncements terrible du milieu du siècle dernier.
Cordialement
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:04
par m gomba
jujucoline a écrit :Au cas où ce ne serait pas clair, je suis Darwinien dans l'âme

Attention au vrai faux Darwinisme. le Darwinisme peut être mal compris.
Discute avec des scientifiques, des biologistes
Admettre la sélection "naturelle" comme l'arbitre de tout c'est ramener l'humanité à son animalité degré zéro.
Et c'est un agnostique qui te le dit.
Cordialement
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:12
par jujucoline
Vi vi, d'où mon

Mon topo est simple, je ne compare pas aux déménagements d'usines ni au dumping social, juste je repose sur une base "artisanale". L'artisan ou l'employé qui voit son métier menacé par l'amateur, c'est aussi parce qu'il n'offre pas une prestation meilleure que l'amateur tout en étant plus cher.
Je ne voue pas un culte à la performance, loin de là, mais je constate qu'à chaque écrémage ça se sépare plutôt des peu convaincants que de ceux qui font venir des clients. Et je constate aussi que les quelques photoreporters que je vois se plaindre de perdre leur poste ne sont pas les plus engagés, mais plutôt des branleurs pour qui la photo a été pendant des années un moyen de bosser 10-12h par semaine en se pavanant dans les réceptions sans trop transpirer. Ils sont faciles à reconnaître, ce sont ceux qui gueulent le plus fort. Pas gentil ce que je dis, mais j'en connais plusieurs, dont un de très près. A côté de ça je connais aussi des jeunes qui s'installent et arrivent à bosser, avec toutefois une implication supérieure

Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:13
par EGr
m gomba a écrit :Et sur la gratuité nous le public sommes coupables
En tant que photographe amateur en voulant passer à la télé à tout prix, sans talent, juste parce qu'on a "la chance" d'avoir été là avec son mobile. La "roue de la fortune" tuant dans l'oeuf les futurs Capa, étonnant non?
En acceptant de laisser les mercantis des médias nous mener par le bout du nez en mettant en scène la 'bouleversification", plutôt que de nous aider a réfléchir.
Bien sur que nous sommes coupables. Je n'ai pas dit le contraire.
Avec juste une précision : le numérique n'interdit pas non plus l'instant décisif... c'est l'homme qui décide. Idem pour la compo et tout autre critère qualitatif qui font une bonne image.
Du coup, ce qui fait défaut, c'est la sélection devant cette masse énorme. Et c'est là, je crois surtout qu'un nouveau modèle économique n'a pas eu le temps de se mettre en place, entre cette foultitude d'amateurs présents sur le terrain devant l'action, et les médias, déjà en place, tout puissants. Si des microstocks par exemple, avaient vraiment occupé cette place, en valorisant à son juste prix ce qui méritait de l'être, c'est-à-dire en vendant au juste prix les bonnes images avant que de proposer leur foultitude de bouses infâmes à 0.50€HT, ce virage technologique, au lieu de conduire à une voie sans issue pour tout unp an de la profession, aurait été le terreau d'une nouvelle génération de talents, potentiellement bien plus nombreuse, la barrière technologique étant tombée.
Parfois, des virages se ratent à peu de choses...
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:15
par m gomba
jujucoline a écrit :personne ne veut plus donner 500 € à un tocard, par contre il reste toujours une clientèle disposée à payer 2 à 3000 € pour un vrai beau reportage et des portraits construits...
C'est pourquoi dans le temps on voyait de bonnes photos de mariage avec une 4cv et maintenant on ne voit pas de twingo mais uniquement des BMW et consort
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:19
par m gomba
EGr a écrit :
Parfois, des virages se ratent à peu de choses...
Tout à fait EGR pourvu que le(s) virage(s) qu'on rate en ce moment ne nous envoie(nt) pas tous dans le décor, Y compris ceux qui se croient encore au milieu et seuls sur la route!
Cordialement
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:22
par mitrailleur fou
jujucoline a écrit :Par contre quand on voit le niveau consternant d'une grande partie de la PQR niveau photo, faut pas s'étonner que la direction préfère de la photo à 1 € d'amateurs...
oui et malheureusement le niveau consternant est valable aussi pour le contenu global ...... et pourtant niveau rotative c'est du super matos ..... bah ils sont de plus en plus aidés par l'état à travers des plans d'aides , 401 millions d'euros pour l'année 2011 ...... au sinon la clef sous la porte pour de nombreux titres avec les conséquences que l'on imagine .
Pour rester dans le monde photo , souvent les photos de la presse écrite régionale sont faites par des correspondant locaux , pas spécialement photographe ou le copain du copain .....etc
bon faut pas chercher les chef d’œuvre dans ce genre de presse ..... ( mais super utile pour allumer le feu ou dans les chaussures

).
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:23
par jujucoline
C'est un choix... A peu de moyens maintenant, les mariés préfèrent mettre 1000 € dans un voyage que dans un photographe. Ce n'est pas gentil pour la photo, mais franchement je ne suis pas sûr que ce soit le plus mauvais choix (surtout pour ne pas fâcher Mâdâme)... J'en connais plusieurs qui sont TRES satisfaits de bêtes photos faites par les copains. Malheureusement pour les photographes. La concurrence gratuite étant là, il faut maintenant justifier ses tarifs par une qualité de prestation.
Autrefois, le photographe était "quasi" forcément compétent : pour utiliser son matériel il lui fallait déjà une sérieurse formation. aujourd'hui il y a malheureusement beaucoup de "pros" qui n'y connaissent pas plus que beaucoup d'amateurs, et qui font du boulot d'amateur. Ce seront ceux-là les premiers à souffrir, mais franchement ça ne me traumatise pas.
Après je ne me crois pas supérieur à d'autres, simplement dans beaucoup de domaines la question se pose ou s'est posé, et on retombe toujours sur la même conclusion : ce sont rarement les investis et motivés qui dégagent...
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:26
par m gomba
jujucoline a écrit :Vi vi, d'où mon

Mon topo est simple, je ne compare pas aux déménagements d'usines ni au dumping social, juste je repose sur une base "artisanale". L'artisan ou l'employé qui voit son métier menacé par l'amateur, c'est aussi parce qu'il n'offre pas une prestation meilleure que l'amateur tout en étant plus cher.
Je ne voue pas un culte à la performance, loin de là, mais je constate qu'à chaque écrémage ça se sépare plutôt des peu convaincants que de ceux qui font venir des clients. Et je constate aussi que les quelques photoreporters que je vois se plaindre de perdre leur poste ne sont pas les plus engagés, mais plutôt des branleurs pour qui la photo a été pendant des années un moyen de bosser 10-12h par semaine en se pavanant dans les réceptions sans trop transpirer. Ils sont faciles à reconnaître, ce sont ceux qui gueulent le plus fort. Pas gentil ce que je dis, mais j'en connais plusieurs, dont un de très près. A côté de ça je connais aussi des jeunes qui s'installent et arrivent à bosser, avec toutefois une implication supérieure

Dans mes cours de MBA, il y a 30 ans déjà, on expliquait que les crises (en général et dans un secteur) conduisent toujours à la disparition des acteurs milieux de gamme. ne restent que les fournisseurs de haut de gamme et les low-costs. Côté clients cela se traduit par la disparition de la classe moyenne et des très riches qui jubilent.
C'est pas nouveau mais c'est pas l'esprit et les faits du développement des trente glorieuses et de l'Amérique du New deal.
Cordialement
Re: Sale temps pour les photojournalistes...
Publié : Jeu 01 Déc 2011 19:31
par jujucoline
... C'est bien de ce qu'il s'agit : reste le low-cost et le haut de gamme. Le premier moyen inquiété étant le pusillanime, les "moyens" sérieux doivent déjà réfléchir à une spécialisation, en gros depuis la sortie du premier RN performant abordable, le 300D.
Idem dans tous les domaines, je suis dans le transport et ce qui se passe aujourd'hui en photo s'est passé chez nous en 1992. Ca prédisait la mort d'une industrie entière, au final on a plus d'emplois qu'avant, mais spécialisés, plus qualifiés, plus "hauts en prestations". Les discounters et autres profiteurs ont coulé devant la concurrence de l'Est...