Récit précédent - Sommaire - Récit suivant Le paradoxe des modèles - 24 Juillet 2015Aaaah les modèles météo, cette source indispensable d'information pour chasser les orages. Elle peut faire naître les plus grands espoirs de trophées photographiques et provoquer de grandes désillusions ...
C'est ce qu'il s'est passé lors des 3 dernières offensives orageuses : le Rhône est à chaque fois bien placé, à un horaire intéressant niveau lumière. Pourquoi aller plus loin ? C'est donc par 3 fois que je vais voir arriver 3 MCS (Mésoscale Convective System, pour faire simple : gros amas pluvio/orageux très électrique mais aussi très humide duquel on ne voit quasiment jamais la foudre sortir) en fin de vie. A chaque fois de belles promesses et à chaque fois des cartes mémoires désespérément vides.
C'est donc avec un bon esprit de contradiction que je vais envisager la journée du 24 Juillet : de gros orages sont attendus en fin de journée sur les reliefs de l'Est, Météo France a même sorti l'alerte orange pour l'occasion. Le Rhône est placé en marge du risque, un peu trop à l'Ouest de la zone intéressante. Et si ? Et si justement, alors que l'on a pas grand chose à espérer, on pouvait avoir le droit à un petit quelque chose ?
En fin de journée, un premier orage se développe au niveau de Saint-Etienne. Suivant un axe de déplacement SO-NE, il va doucement remonter la limite entre Rhône et Isère. Perché sur mon point de vue, il n'a rien d'esthétique, il est trop loin, la lumière est trop dure et de toute façon l'activité électrique au radar n'est pas exceptionnelle.
Mais une trentaine de kilomètre plus au Nord, des convections apparaissent au dessus des Monts du Lyonnais. Bien plus intéressantes, elles vont mettre du temps pour arriver à maturité mais une fois le premier rideau de pluie apparu, les choses vont s'accélérer. Le fin rideau évolue en imposant pied de pluie, l'activité électrique dans l'enclume est très forte (la cellule de déclenchement lance des rafales toutes les 3/4 secondes), le roulement du tonnerre quasi-continu mais aucun coup de foudre au sol n'est visible.
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En faisant défiler les photos au dos de l'appareil, une rotation de la base nuageuse apparait.
Cette première partie a été diffusée sur Chasing-Live :
Il faut maintenant rapidement bouger car l'orage vient droit sur nous. 5 minutes plus tard me voilà perché un peu plus haut et un peu plus au Nord, au plus près des précipitations sans être pris dedans (la colline en bas à gauche au second plan est celle où j'étais 5min plus tôt).
Les violentes rafales de vent m'obligent à tenir le trépied, je mange la poussière soulevée, les grosses gouttes d'eau viennent fouetter le visage, ça bouge la dessous !
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L'orage poursuit sa route, le calme revient un peu et il est temps de le shooter de derrière. Les fractus qui apparaissent sous la base mettent maintenant en évidence la rotation à l'oeil nu. L'orage est maintenant teinté de vert signe de présence de grêle.
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Nouvelle diffusion à ce moment :
De nouvelles convections apparaissent au dessus de moi, sur le flanc Sud-Ouest de l'orage. Un coup d'oeil au radar me confirme ce que je crois voir : l'orage est en train de
spliter : il se sépare en deux cellules distinctes. La cellule la plus faible suit l'axe de déplacement du jour (SO-NE), tandis que la plus forte dévie du flux principal et part plein Nord en remontant le département de l'Ain.
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Tout ce faisceaux de caractéristiques permet de dire qu'il s'agît d'une supercellule : un orage en rotation comme ceux producteurs de tornade au USA (mais on en était bien loin ici).
Au final toujours pas de photo de foudre mais au moins de bonnes sensations et des cieux bien torturés à prendre en photo !
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