Merci beaucoup pour ton retour, busoqueur
busoqueur a écrit :Une question plus pratique sais-tu comment était faites les portraits ? de l'émail ?
Oui, les anciennes sont le plus souvent des photographies émaillées sur plaque de tôle. Il y a aussi des céramiques, plus épaisses (photo 2 par exemple). Aujourd'hui, on en trouve en résine ou encrées sur métal ou carrément sur plastique. Peu de chance que ce soit durable…
busoqueur a écrit :Sur la 7 sous la tête du Christ entre les deux portraits deux yeux sont apparents, vraiment une figure fantôme avec les larmes en blanc sur le fond noir.
Je suis très content que tu remarques ce regard tragique (une pure paréidolie, d'ailleurs), car c'est ce qui a justifié le traitement très contrasté que j'ai appliqué
busoqueur a écrit :Pas de souci pour photographier dans les cimetières ?, une fois pour le projet 52 il y a deux ou trois ans j'étais dans un cimetière et les jardiniers m'ont dit que c'était interdit, après explication du but ils m'ont laissé, la condition étant que les noms n'apparaissent pas.
Sur la problématique de la photographie dans les cimetières, on pourrait écrire un livre !
Quelques rapides observations :
1) Hormis le cas particulier des nécropoles nationales et des cimetières militaires, qui ont leurs propres lois, les cimetières sont administrés par les communes. Chacune y applique son règlement particulier. Ce qui est autorisé ici peut ne pas l'être ailleurs…
2) Ainsi, certaines municipalités autorisent explicitement la photographie dans les cimetières (Paris), d'autres l'interdisent explicitement (Lyon, Six-Fours-les-Plages… ). D'autres encore la permettent de fait (Grenoble, où des expositions sont même organisées dans la chapelle du cimetière Saint-Roch) ; ou au contraire l'empêchent
de facto, et de la façon la plus désagréable, quoique sans daigner donner connaissance d'une quelconque décision officielle dûment référencée (Marseille, Toulon… ).
3) Dans certains cas (à Paris par exemple), un usage considéré comme "non amateur", défini de manière totalement arbitraire (usage du trépied, du flash… et « toutes prises de vues envisagées dans le cadre d’une activité professionnelle, journalistique, commerciale, étudiante, pédagogique ou artistique », ce qui ne veut rien dire du tout, et contredit de nombreux droits, ne serait-ce que le droit d'informer et le droit d'expression artistique), — est en théorie soumis à autorisation préalable. En pratique, l'usage du flash, s'il ne s'agit pas d'une batterie de torches surpuissantes, ne semble pas poser de problème. Je n'ai jamais vu personne utiliser de trépied. Et personne ne demande jamais si par hasard on ne serait pas un peu pro sur les bords : dans les cimetières parisiens, les gardiens ont bien autre chose à faire que de trier les photographes.
4) Dans les villes comme Lyon, où la photographie est nommément interdite, on peut faire auprès de la Conservation une demande motivée d'autorisation (ni facile ni rapide à obtenir). On peut aussi passer outre ; mais à Lyon par exemple, les gardiens sont nombreux, particulièrement à cheval sur le règlement, et fort prompts à dégainer tout l'arsenal administratif à leur disposition, ce qui, au mieux, vous fait perdre un temps fou et votre énergie… Même pour les tombeaux qui ont un intérêt historique et/ou artistique évident, ils n'entendent pas raison. Ce qui n'empêche pas qu'on trouve sur Internet des milliasses d'images des cimetières lyonnais, comme de tous les autres… Leur combat est donc totalement d'arrière-garde, et ne pénalise que la « vraie photo » en laissant proliférer la photophonie la plus superficielle, mais évidemment quasi impossible à déceler et à contrer.
5) Il est douteux que les règlements municipaux qui interdisent la photographie dans leurs nécropoles aient un fondement juridique bien solide, puisque ils impliquent que l'acte photographique est
en soi et par nature soit un trouble à l'ordre public soit un préjudice aux personnes, ce qui ne tiendrait la route devant aucune juridiction supérieure. Mais quand un employé municipal vous dit de remballer votre appareil, il n'est guère utile de vouloir lui faire entamer un semestre de droit…
Les gardiens et jardiniers peuvent d'ailleurs très bien faire de l'excès de zèle et juger de leur propre initiative que telle chose n'est pas permise, ou choque la moralité ou le bon goût ; et comme en général ce ne sont pas les membres les plus éclairés du personnel local, allez donc discuter…
6) Une tombe n'est au sens strict ni une propriété privée (quoiqu'elle en ait quelques prérogatives), ni une location (quoiqu'elle s'en approche sur plusieurs points, comme le mot "concession" l'indique assez), ni un bien public (quoiqu'elle possède un aspect patrimonial, et appartienne en dernière instance à la commune), mais un objet au statut juridique complexe et évanescent. Ce qui ne facilite évidemment pas la clarté quant à la permission (ou non) que l'on a de les photographier, vis-à-vis cette fois des "ayants-droit"… Il y a fort à parier d'ailleurs que les municipalités qui interdisent la prise de vue le fassent moins par puritanisme que pour se défausser de toute responsabilité, au cas ou un descendant se choquerait… et voudrait grappiller quelques dommages et intérêts. C'est le même genre de problèmes qu'avec le prétendu "droit à l'image" dans la rue.
7) À toute cette complexité s'ajoute le problème du droit d'auteur éventuel sur les œuvres — sculptures notamment — ornant certaines tombes, et non encore tombées dans le domaine public (ce qui n'est jamais facile à savoir)…
8) Effectivement, il est souvent recommandé par le personnel des cimetières de ne pas cadrer les noms — même si à ma connaissance aucune loi nulle part ne l'interdit — et j'évite moi aussi systématiquement de le faire, ce qui rend la prise de vue beaucoup plus acceptable (pour moi et pour les autres). Sauf le cas de "célébrités historiques" qui d'ailleurs ne sont pas souvent mon sujet…
9) En général, ça se passe bien
