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Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 14:47
par jr56
Pas trouvé mieux que cette rubrique du forum pour vous restituer ce bref extrait d'une interview de Raymond Depardon, parue dans la dernière livraison (datée de Juin 2012) du mensuel "Studio Cine Live", p.76 (dans le cadre de la présentation à Cannes puis sortie en salle le 13 Juin du film "Journal de France" qui mêle des séquences de reportages sur Depardon parcourant la France pour la photographier (non seulement en argentique, mais à la chambre!) et d'extraits originaux de ses nombreux films: film à ne pas rater à mon avis).


En incidente il y donne son avis sur le numérique (aussi bien en photo qu'en cinéma):

"Je n'ai pas encore succombé à l'image numérique, dont le gros désavantage est de très mal restituer les hautes lumières. Dès que c'est trop lumineux, le rendu n'est pas bon. Voilà pourquoi la majorité des séries américaines ont pour cadre des bureaux et que les réalisateurs privilégient les gros plans ou les ambiances nocturnes. (...)
J'aime les paysages, En photo l'usage du numérique m'est donc impossible!"


(il poursuit sur le cinéma en retenant l'autonomie plus grande en numérique qu'en pellicule, qui pourrait l'inciter à filmer en numérique pour certains films).

Si cela vous suscite des commentaires... :ordi (par ex. pour les adeptes du paysage et qui ont pratiqué les deux techniques).
Pour les séries américaines, c'est assez vrai, mais je n'avais jamais pensé à cette raison (plutôt à l'économie par rapport à des tournages en extérieur!). Mais maintenant, je rapproche aussi cela à la mode des films tournés en extérieur de nuit ou en ambiance bien sombre... :lol:

Re: Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 15:26
par vroum
Bof, en jeu vidéo c'est pareil, ils ont oubliés la lumière... :mrgreen: :ideenoire:

Re: Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 15:28
par jr56
Normal, c'est aussi de l'image purement numérique :mrgreen:

Re: Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 15:36
par vroum
Sinon j'ai pas vu de bouleversement du paysage en numérique par rapport au paysage en argentique.
Je dirais que le numérique a une réponse "trop" linéaire par rapport à l'argentique, donc des transitions plus brutales, mais honnêtement rien de bouleversifiant :mrgreen: niveau rendu.
Après souvent les artistes ont des approches/sensibilités et idées très particulières , donc ils peuvent vite être gênés si un nouveau matériel vient perturbé les "tics" mis en place sur de longues années.

Re: Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 15:56
par jr56
De toute façon, cela doit se voir essentiellement sur grands tirages. C'est vrai que dans ses essais de boitiers, Chasseur d'image décortique toujours en faisant une grosse loupe, la façon dont la courbe sensitométrique se raccorde à la partie horizontale (blanc cramé, photosite saturé), en villipendant ceux dont le raccordement se fait de façon abrupte, avec un angle, et encensant ceux qui le font avec un bel arrondi très progressif.

Mais je pense que le fait que la pellicule ait par essence une texture (support physique) tandis que le numérique en soit dépourvu joue au moins autant (sur un blanc brulé en argentique, il reste au moins la texture du support, ce n'est donc pas un blanc pur uni sans aucune variation même infime comme en numérique).

Re: Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 17:50
par Tom D
Il y a aussi un article sur Depardon dans le dernier numéro de Polka.

Re: Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 21:43
par ear_78
Il a entièrement raison... Et jr56 a donné la raison principale, un film conserve de la matière : c'est le voile de base de l'émulsion, pareil pour le papier photo, en numérique cela n'existe pas.

Re: Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 21:58
par vroum
Oui mais le grain n'est pas détail rendu, non? Donc un aspect différent c'est certain, mais niveau captation des détails?

Re: Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 22:03
par jr56
Depardon dit que le rendu n'est pas bon. Ce rendu peut-être subjectif: l'à-plat blanc uni est pour moi ce qui choque le plus l'oeil (enfin le cerveau).

Le rendu des détails en THL dépend effectivement lui de la forme et progressivité du raccord de la courbe sensitométrique avec l'horizontale de saturation. Mais de fait, là je ne suis pas caable de comparer numérique et argentique, car pour moi, c'est l'aspect texture du support qui prend le pas.
Maintnant, je suis preneur d'avis d'experts à l'oeil aiguisé et exercé...

Re: Depardon, numérique et hautes lumières

Publié : Jeu 17 Mai 2012 22:15
par ear_78
Je pense que notre cerveau arrive à 'imaginer' des nuances à partir de quelques informations comme le voile de base d'une émulsion et quelques pouillėmes de niveaux enregistrés au-delà du voile base alors qu'avec un blanc uniforme en numérique... Notre cerveau est incapable d'imaginer quoi que ce soit.