C'est amusant que ce topic soit créé alors qu'en 24h j'avais déjà discuté à deux reprises en MP et avec un photographe un peu hésitant en street de comment je procède.
Je vais faire simple je vais partager le message que j'ai envoyé a Thingvellir après sa belle photo de la semaine. Si ça n'a pas sa place ici ou si c'est pas adapté/clair ou que quelque chose va pas, dites moi.
Bon je vais essayer de pas en écrire des tartines :p
1ère chose très importante : rare sont les agressions envers les photographes, et a moins de faire de la provoc' ou d'insister, je dirai qu'il n'y a aucun risque (bien que le risque 0, j'y crois pas non plus

). Ensuite raisonnablement, un cassage de gueule pour une photo ou un matos détruit, il faut admettre que c'est rien. Quelques blessures de guerre, ça donne du charme. Et pour le matos, si tu as la gueule cassé, c'est pris en charge par notre bienveillant système d'assurance (enfin, je crois

).
Je dramatise pour dédramatiser ensuite : je suis pas hyper expérimenté ni particulièrement doué, mais si y'a bien une chose que j'ai compris, c'est que la seule peur du photographe, c'est le regard de l'autre. Quand je photographie, je regarde, je "comprend". Étymologiquement "je prend avec moi", je partage quelque chose. La plus grosse peur c'est d'être rejeté. Le reste, la violence, c'est quelque chose qui nous permet de nous cacher cette réalité.J'en viens à la partie plus pratique et plus épineuse finalement. Une fois qu'on est prêt à faire des photos de rue... comment on fait ? Là, c'est un style à se trouver. Je pense qu'il faut mélanger les techniques.
NOTE : born en à déjà dit et montré une partie alors je coupe un peuClassiquement, la scène de rue : des plans larges d'ambiance, de plusieurs personnes. C'est ce qu'il y a de plus facile et de plus courant. Il y a souvent suffisamment de monde pour que les gens oublient le photographe. Souvent certains regardent l'objectif avec curiosité, en fronçant les sourcils ou en riant (ça gâche pas mal de scènes d'ailleurs

). Ce genre de truc qui se font sans se poser la moindre question :

L'autre truc c'est les portraits à la volée, la scène est fugace et il ne faut pas hésiter à prendre la photo aussi discrètement que possible. Je me souviens plus quel photographe disais ça mais "l'important c'est pas ne pas être vu, c'est de n'être vu qu'après la photo". De toute manière ce sera quasi systématiquement le cas. On n'est pas invisible derrière le boitier

.


Généralement après ce genre de photo, on passe son chemin, la vie continue. Si les gens s'opposent à la photo ce sera avant la prise de vue. Après, il suffit de faire mine de partir vers autre part ou de regarder d'autres gens pour qu'ils renoncent même a venir dire "Ah mais vous m'avez pris en photo là ?". Typiquement, il faut faire le naïf (
la meilleure méthode que j'ai trouvé c'est de continuer de photographier des trucs inutilement cf. Born, les gens se sentent moins "envahis" quand ils ne se sentent pas sujet principal mais parti d'un tout)
Enfin, ma méthode préférée mais aussi la plus dure et la plus forte en émotion :
aborder les gens.
[Aparté]
J'ai une théorie, autour du mail, qui consiste à dire qu'aujourd'hui, nos technologies nous permettent de nous esquiver lorsqu'il s'agit de poser un problème aux autre : par exemple, j'envoie un mail à mon prof pour lui dire que j'ai un problème ceci cela alors que je le vois le lendemain matin... parce que la confrontation physique est dure émotionnellement et qu'il faut un investissement bien plus important que lorsqu'on clique sur "Envoyer".
[/aparté]
En photo de rue, c'est là que ça devient intéressant. Le portrait de rue c'est une épreuve en soi mais c'est ce qui, selon moi, fournit les meilleures photos. (en tout cas, mes meilleures photos viennent de là). Tout passe par le regard, tout est dans la confiance qu'il faut inspirer aux autre d'un simple hochement de tête, c'est 1/4 de seconde qui fait la photo.


Quand je fais ce genre de photo je procède avec beaucoup de patience parce que dans l'urgence, le refus est systématique. Si le temps presse, il faut déclencher avant d'être vu (cf. méthode au dessus

). Généralement, je me place dans le champ de vision du sujet, à 2 ou 3 metres. Je commence par me mettre à sa hauteur (donc à genoux pour les deux ci dessus). Je prépare mon boitier, vitesse, iso, ouverture. Ensuite je regarde le sujet, brièvement. Un petit jeu de séduction en quelque sorte. Je dois faire comprendre à l'autre qu'on est égaux, que je ne vole pas son image, que je ne vais pas gagner de l'argent sur son dos.
Si on est sincère dans sa pratique photographique, le simple fait d'être naturel suffit. Une fois que le contact est passé, je met l'oeil au viseur, ajuste et déclenche. Généralement c'est suffisant parce que j'ai tout préparé avant la photo. J'en refait 3 ou 4, par principe, mais je sais que la photo est déjà prise.
Bref, je vais conclure rapidement j'ai déjà trop parlé. En gros, tu ne risques rien si ta pratique est honnête. La règle en photo de rue
c'est de ne pas faire aux autres ce qu'on aimerait pas qu'on nous fasse. A chaque situation il faut savoir déclencher au bon moment => rapidement si il le faut, ou alors en prenant le temps quand le sujet le permet. Aller voir son sujet une fois la photo prise, c'est une adresse email récupérée/donnée et un ou deux mots échangés avec plaisir. Les gens sont plus ouverts qu'ils ne le laissent paraître (surtout à paris

).
Il faut se forcer à s'interdire les photos de dos parce que c'est là que surviennent les cassages de gueule de photographe.La question juridique se pose aussi : aujourd'hui on peut tout prendre en photo (sauf des enfants). La restriction ne concerne que la diffusion. Là encore, si il n'y a pas de but malsain (se moquer ou gagner de l'argent) aucune photographe ne peut être embêté. Dans les derniers procès contres photographes pour diffusion d'image d'autrui, la justice tranche par le "versement d'un euro symbolique" au plaignant => ces procès sont à but pécunier et énervent les juges et la justice; et avec les réseaux sociaux on ne contrôle plus son image de toute manière... donc pas grand chose à craindre.
Tout ça n'engage que moi, c'est largement critiquable, allez y c'est l’intérêt de ce topic
(bonne idée Born, encore merci, j'osai pas)