Semaine 10 : J.C
Publié : Dim 03 Mars 2013 21:13
C'est le fil Couchers de soleil, très actif actuellement, qui m'a inspiré la sélection de la semaine ; une image de J.C qui date de son voyage autour du monde, il y a quelques années désormais. L'occasion était trop belle de mieux découvrir un ancien du forum, non encore passé dans cette rubrique hebdomadaire...
Salut J.C ! Si les "anciens" du forum te connaissent, notamment au travers du fil Vagabondage qui nous a longtemps tenu en haleine, ce n'est sans doute pas le cas des membres arrivés plus récemment. Alors une petite présentation s'impose !
Qu'est-ce qui t'a fait débuter la photographie ? Les voyages ou autre chose ? Et comment as-tu débuté ?
De mémoire, les premières images postées ici étaient prises avec un D7D, puis avec un A700. Te souviens-tu ce qui t'as amené à choisir alors la monture A ?
Dans la mesure où tu as aujourd'hui basculé vers un autre système, que garderas-tu comme principaux souvenirs, positifs ou négatifs, de notre monture ?
Tu as eu la gentillesse de partager votre voyage sur ce forum tout au long du fil Vagabondage alors que bon nombre de voyageur le font plutôt au travers d'un blog. Pourquoi le choix d'AlphaDxD pour ce récit ?
En rentrant d'un aussi long périple, je peux imaginer que ta pratique photographique, respectivement ton approche photographique a varié, évolué ? On ne photographie pas tout à fait de la même manière en voyage que dans une période plus sédentaire, non ? Comment décrirais-tu ces changements (s'il y en a) ?
Aujourd'hui, comment définirais-tu ton projet photographique ? Qu'est-ce qui t'attire actuellement ?
Venons-en à ton image proprement dite : raconte-nous sa génèse !
Une question que j'aime bien poser car je trouve qu'elle révèle passablement de choses sur un photographe : la focale fétiche de chacune de tes pratiques photo (paysage, reportage, etc.) ?
Et pour le futur proche ou plus lointain, des projets concrets à venir ? Une image particulière que tu as en tête ?
Grand merci à Jean-Christophe de s'être prêté au jeu de l'interview avec la sincérité et le naturel qui le caractérise !
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Salut J.C ! Si les "anciens" du forum te connaissent, notamment au travers du fil Vagabondage qui nous a longtemps tenu en haleine, ce n'est sans doute pas le cas des membres arrivés plus récemment. Alors une petite présentation s'impose !
- Tout d'abord , je tiens à te remercier pour cette sélection, cela me fait très plaisir, d'autant plus venant de toi qui nous régale régulièrement avec de superbes paysages.
Mon vrai nom est Jean-Christophe Surateau, 37 ans, Français. Ma femme, Autrichienne, m'a attiré en Suisse alémanique où je suis installé depuis 13 ans maintenant. La multi-culture est notre motto!
Qu'est-ce qui t'a fait débuter la photographie ? Les voyages ou autre chose ? Et comment as-tu débuté ?
- Commençons donc par le début.
J'ai découvert la photo à l'âge de 12 ans. Je dévorais Chasseur d'images, les belles photos me fascinaient. Mon rêve était alors de devenir reporter photographe. 2 ans plus tard mes parents ont eu les moyens de m'offrir un Zenith 12 XP avec 2 objectifs. J'étais aux anges!
Je mitraillais tout ce que je pouvais mais n'ayant personne pour m'expliquer je galèrais assez, la lecture seule de CI ne m'aidant pas beaucoup à apprivoiser cet appareil tout manuel.
J'ai finis par arrêter de brûler de la pellicule pour rien et ai lentement laissé tomber la photo, le sport (j'ai été basketteur à haut niveau) ayant fait son entrée dans ma vie et prenant tout mon temps.
Ce n'est que 12 ans plus tard, en 2001, lors de mon premier long voyage de 6 mois en Australie que cette passion a refait surface. Nous avions pour l'occasion acheté un Dynax 500si avec un 24-85, si je me rappelle bien.
Je découvrais également que c'était la photo de paysage qui m'attirait le plus. J'ai donc passé 6 mois de formation paysagiste intensive sur un des plus beaux continent qui soit, en dévorant tous les magazines disponibles sur place et en visitant un maximum de galeries d'excellents photographes australiens, notamment Peter Lik et Ken Duncan. Ils ont ancré définitivement mon amour pour le paysage et plus particulièrement pour ce style typiquement anglo-saxon, avec des photographies très colorées et des compositions très soignées. Ces deux là m'ont par la même occasion transmis le virus de la photographie panoramique.
Mes mentors sont logiquement devenus, entre autres et en plus des deux précédemment cité: Mark Gray, Lee Frost, Di Fruscia, Adam Burton, Marc Adamus, Galen Rowell, le génialissime Michael Anderson dont j'envie non seulement les images mais aussi les voyages.
Une place spéciale pour Jay Patel qui à comme moi la particularité, en plus de partager sa passion avec sa compagne Varina, d'avoir aussi commencé sérieusement la photographie en 2001, et de la même manière, sans aucun bagage académique, juste en dévorant des magazines et des articles internet.
Plus près de chez nous, j'apprécie également beaucoup le travail des membres du collectif "Bouts de Planète" qui revendiquent aussi une culture anglo-saxonne de la photographie de paysage.
De mémoire, les premières images postées ici étaient prises avec un D7D, puis avec un A700. Te souviens-tu ce qui t'as amené à choisir alors la monture A ?
- Au retour de ce voyage en Australie, j'avais très bien assimilé tout le côté technique de la photographie et je connaissais les possibilités mais aussi les limites du 500si. Je décidais donc de m'équiper d'un boitier me permettant de réellement mettre en oeuvre tout ce que j'avais appris. J'hésitais entre le Dynax D7 et l'EOS 33. Après une prise en main je me suis décidé pour le D7, plus gros pour mes grandes paluches et surtout bourré de fonctions bien utile pour un prix à la Minolta. Il n'était pas question de Nikon, hors de prix pour moi à l'époque. C'est avec le D7 que j'abandonnais définitivement le négatif pour la diapo.
Quand arriva l'heure du numérique je découvris le D7D, et je m'inscris par la même occasion sur le forum. J'en ai acheté un dès que j'ai pu. Un des gros avantages étant que l'ergonomie était quasi identique au D7, avec tous les avantages du numérique, et ayant encore beaucoup à apprendre, j'allais économiser de la diapo! Et voilà, le passage en monture A numérique était fait! Je me mis alors en quête de bons objectifs.
Par la suite, lors de notre tour du monde, je changeais le D7D pour un A700 trouvé au Panama après moultes recherches.
Dans la mesure où tu as aujourd'hui basculé vers un autre système, que garderas-tu comme principaux souvenirs, positifs ou négatifs, de notre monture ?
- Les souvenirs que j'ai de la monture A sont principalement liés à Minolta, en effet même dans l'A700 on sent la patte des ingés d'Osaka.
Le D7D était un APN extra, un exemple d'ergonomie, un bouton une fonction. Une fabrication solide. Descendant direct du D7, le boitier argentique le plus abouti qu'est développé la firme.
Ce qui m'attira au prime abord vers la monture A, c'était le rapport qualité / prix imbattable du matériel Minolta. Bien sûr il y avait les petits défauts récurrents, un AF toujours un poil plus lent que la concurrence, mais pour ma pratique cela m'importait peu. En numérique on a toujours eu des ISOs qui montaient moins bien mais on a appris à faire avec. Pour moi tout cela n'était pas rhédibitoire tant que le fameux rapport qualité /prix était là, et je peux dire qu'on en a eu pour notre argent.
De nos jours la donne à changé. Le rapport qualité/prix n'est à mon avis plus là, mais les défauts sont resté, certes améliorés par rapport au matériel de l'époque mais encore et toujours un cran derrière la concurrence. Aux prix proposés, ce n'était pour moi plus acceptable.
De plus n'étant pas professionnel, mon matériel est plus qu'un outil, il doit me procurer du plaisir à l'utilisation, et cela est valable pour tout mon matériel, pas uniquement pour le boitier, et je n'ai pas retrouvé le plaisir que j'ai eu à utiliser un D7D ou un A700 dans les nouveaux SLT. Ça c'est pour moi un gros souci: un boitier qui ne me donne pas envie de déclencher freine ma créativité. Je voulais retourner vers le format 24x36 et le nouveau matériel proposé en monture A ne me faisant plus rêver, je me décidais donc à regarder ailleurs.
Mais je n'ai toujours pas réussi à me résigner à vendre mon A700, ni mes objectifs Minolta.
Tu as eu la gentillesse de partager votre voyage sur ce forum tout au long du fil Vagabondage alors que bon nombre de voyageur le font plutôt au travers d'un blog. Pourquoi le choix d'AlphaDxD pour ce récit ?
- Je ne suis pas du genre à étaler ma vie sur les réseaux sociaux et autres blog, vous ne me trouverez pas sur Facebook, ni sur Tweeter, je n'ai pas de compte Google+ ou Myspace, rien de rien.
Un site, une adresse email et basta. Je sais que cela servirait ma photographie (surtout la vente) mais ce n'est tout simplement pas moi. Par contre avec le forum c'est différent, il y a un vrai échange, et puis j'ai tellement appris ici que je me sentais presque redevable. Partager cette aventure avec vous m'a semblé tout simplement normal. Comme montrer ses photos en famille, sauf que le public est plus averti, et souvent plus réceptif. Avoir des retours positifs de ses pairs est très encourageant. Ma femme à tenu un blog pendant le voyage, mais c'était plus pour la famille et les amis, qu'ils sachent où nous étions. Et puis pour que nous puissions garder une trace écrite de cette aventure.
En rentrant d'un aussi long périple, je peux imaginer que ta pratique photographique, respectivement ton approche photographique a varié, évolué ? On ne photographie pas tout à fait de la même manière en voyage que dans une période plus sédentaire, non ? Comment décrirais-tu ces changements (s'il y en a) ?
- Effectivement le voyage force le sédentaire à adapter sa technique.
En paysage un des facteurs les plus importants est le temps, je pense surtout au sens spatio-temporel du terme, plus que météorologique:
Repérer à l'avance pour être au bon moment au bon endroit, savoir attendre la bonne lumière, ne pas avoir peur de ne pas déclencher pour revenir à un moment plus propice, etc...
Tout cela est très rarement possible en voyage, tout dépend de la manière de voyager mais même en prenant son temps, on ne peut pas toujours se permettre de rester à un endroit autant que nécessaire afin de réussir LA photo, encore plus lorsque l'on voyage en sac à dos (avec un véhicule la donne est légèrement différente).
On apprend donc à être plus spontané, toujours prêt, et à s'adapter aux conditions pour réussir la meilleur photo possible avec la lumière disponible.
Depuis, je pense que je repère plus vite un sujet, j'ai aussi appris à "lire une scène"et sa luminosité plus rapidement, pour savoir où me placer et effectuer mes réglages en perdant le moins de temps possible. On est plus dans une démarche reportage, constamment sur le qui-vive.
Aujourd'hui, comment définirais-tu ton projet photographique ? Qu'est-ce qui t'attire actuellement ?
- Je cherche toujours à améliorer ma technique en paysage, dégager (encore) plus de temps pour cette passion. Je suis encore et toujours attiré par les mêmes choses: être dehors, m'émerveiller, saisir des moments magiques, éphémères, non reproductibles.
Voyager, voir, apprendre et partager.
Venons-en à ton image proprement dite : raconte-nous sa génèse !
- Elle a été prise au bord du Pacifique, dans la petite cité portuaire de San Juan Del Sur au Nicaragua.
Nous avions envie de bord de mer et avions lu quelque part que San Juan était réputé pour offrir les plus beaux couchers de soleil au monde. Propagande touristique, chaque pays fait ça, mais on s'est quand même décidé à aller voir.
Arrivés sur place, nous avons trouvé une petite ville bien sympathique et des gens accueillants, tant mieux nous allions donc rester un peu! On a repéré les lieux en faisant de longs ballades au bord de l'eau. J'ai tout de suite compris que la propagande touristique, n'était pas complètement fausse. Les conditions sont en effet idéales: La côte est orientée plein ouest, le climat est humide, de grosse formations nuageuses font le va et vient entre le large et les sommets volcaniques à l'intérieur des terres.
Parfait car sans nuages, pas de couchers de soleil intéressants, règle n°1!
Restait à trouver un premier plan car sans premier plan, pas (ou très peu) de couchers de soleil intéressants, règle n°2!
Le jour d'avant, j'avais vu que la mer se retirait sur une longue distance, laissant derrière elle ces ridules et de grands flaques, dans lequel se reflétait les nuages. Le ciel n'étant pas propice à une belle image nous nous étions contentés d'une ballade. Mais je savais que je tenais mon premier plan.
Le lendemain soir nous avions droit à un de ces moments ou tout semble parfait, les ridules étaient là, le ciel était chargé de nuages mais suffisamment ouvert du côté du soleil pour laisser les derniers rayons venir les illuminer.
Cerise sur le gâteau, une des flaques se prolongeait jusqu'à la mer, formant une sorte de delta parfait pour guider le regard dans l'image.
Le temps de monter l'appareil sur trépied pour être sûr d'être net, de monter filtre GND de 0.9 pour ramener les écarts de luminosité dans la plage de dynamique du capteur, mesure matricielle, une correction d'expo de 3/4 d'IL pour bien caler l'expo à droite afin d'avoir des BL propres dans le premier plan et clic clac, c'est dans la boîte!
Une question que j'aime bien poser car je trouve qu'elle révèle passablement de choses sur un photographe : la focale fétiche de chacune de tes pratiques photo (paysage, reportage, etc.) ?
- En paysage, avec le D7D et l'A700 c'était le 20mm 2.8. Ca me faisait un équivalent 30mm dû au crop factor, sans distorsion, très piqué et très homogène centre-bord (important en paysage). Je n'ai pas de problème avec les focales fixes, au contraire j'aime bouger pour trouver le bon cadrage. Je trouve que cela développe la créativité.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire lorsque l'on débute en paysage, on a pas toujours besoin d'un ultra grand-angle, même si l'on veut inclure un premier plan, cette photo en est un bon exemple. C'est également l'objectif que j'utilisais pour mes panoramas.
En reportage c'était le 28-70 2.8 G. Parfois un peu long en APS-C mais versatile, rapide, et de très bonne qualité. Son seul défaut étant son poids dû à une construction tout métal digne d'un char d'assaut.
Depuis mon retour au plein format avec un D800, je recherche encore un peu mes marques, j'aime beaucoup le 16-35 f4 qui exploite pleinement la résolution du capteur et permet le montage de filtres, mais je découvre que j'utilise de plus en plus le 50mm 1.8, j'ai apparemment encore allongé ma focale de référence pour du paysage.
Et pour le futur proche ou plus lointain, des projets concrets à venir ? Une image particulière que tu as en tête ?
- Pour l'instant, je suis encore en convalescence suite à mon opération du coeur, je m'emploie à retrouver le plus possible de mes capacités pour être à nouveau capable d'aller crapahuter par monts et par vaux et ramener de belles images.
Afin de mieux vivre notre sédentarisation, nous sommes devenus les heureux propriétaires d'un fourgon que nous avons aménagé et qui va devenir un partenaire important de nos prochains voyages photographiques.
Grand merci à Jean-Christophe de s'être prêté au jeu de l'interview avec la sincérité et le naturel qui le caractérise !