Semaine 30-2015: Clodoweg
Publié : Lun 20 Juil 2015 22:17
Cette semaine j'ai choisi de mettre en avant l'astrographie et Julien, alias Clodoweg.
Exifs
1/ Tout d'abord, en introduction, qui es-tu?
Je m’appelle Julien, j’ai 34 ans. Je fais de la photo depuis quelques années seulement. Je pratique beaucoup le trek, notamment dans l’Himalaya ou en Europe du nord, et j’ai donc suivi avec attention la montée en puissance des hybrides, avant de sauter le pas avec l’A7R. Le rapport qualité/poids est idéal pour moi. Mon site résume ces pérégrinations.
Passionné d'astronomie depuis tout petit, j'ai décidé de franchir le pas et me lancer dans l'astroport au mois de décembre dernier (et de casser la tirelire). Cela fait donc 6 mois que je passe toutes les nuits claires dehors, et mes journées à arpenter des forums, lire des livres à ce sujet, et travailler sur des logiciels à l’ergonomie préhistorique.
J'habite en région parisienne, à Saint Rémy les Chevreuse, en pleine zone blanche de pollution lumineuse (et donc la plus mauvaise), ce qui ne simplifie pas les choses. On ne voit pas les objets que l'on photographie dans le télescope, il faut donc se fier aux étoiles alentours, et attendre, certains objets nécessitant un temps de pose très long pour se révéler.
2/ J'ai entendu dire que notre système solaire se situait carrément dans une banlieue oubliée de la galaxie?
Le système solaire est situé dans l’un des bras extérieur de la galaxie, le bras d’Orion. C’est pour cette raison que l’on voit la voie lactée comme une bande, et que le plus grand nombre d’étoiles visible sont dans cette direction. Suivant les saisons (et le lieu), la terre est tournée la nuit vers le centre galactique (été et hiver) ou le jour vers l’extérieur (printemps et automne), ce qui explique que suivant la saison on photographie surtout des objets proches et dans notre galaxie (nébuleuses, amas, …) ou des objets lointains dans un ciel plus pauvre en étoiles (galaxies…).
Le centre galactique (y compris le trou noir super massif central) est à 28 000 années-lumière.
Mais notre galaxie fait partie d’un amas d’une quarantaine de galaxies, dont les plus importantes sont la galaxie d’Andromède et la nôtre. Ces deux galaxies vont d’ailleurs d’ici 4 milliards d’année environ rentrer en collision. Il n’y aura que très peu de choc physique entre les astre, mais l’impact gravitationnel sera tel qu’il se peut que des astres des bras éloignés des centres galactiques (comme le soleil qui ne sera plus qu’une naine blanche qui aura fusionné avec quelques une des proches planètes), soit éjectée et se retrouve orpheline dans le vide intergalactique…
3/ Je ne vais pas faire l'impasse sur le matos, vu qu'on a plein de geeks sur le forum, mais quelles sont les facteurs indispensables pour réussir une bonne photo du ciel, la nuit?
Il va m’être très difficile de répondre à cette question. Il y a en fait 3 grandes catégories de photo du ciel, qui nécessitent chacune du matériel et des techniques très différentes.
La photographie grand champs, de la voie lactée dans son entier : c’est ici le domaine des reflex et des grands angles très ouverts. Des temps de poses jusqu’à 30s, et une montée en ISO permettent de faire de belles choses. Mais cela implique une très faible pollution.
Ensuite il y a la photographie de planètes. Télescope obligatoire (ou alors une lunette hors de prix..), accompagné de lentille de Barlow pour faire monter la focale à 5000mm, 7000mm, voir plus. Un reflex est inutile la : son capteur est bien trop grand pour le petit diamètre apparent de l’objet et les photos sont bien trop lourde. On va plutôt utiliser une caméra de 1 ou 2MP pas plus, mais capable de filmer a 30 ou 60fps. L’idée étant de prendre le plus d’images possibles pendant 1 min (la durée dépend de la cible, mais les planètes tournant sur elle-même au bout d’un moment on voit une différence). Au post traitement on va « stacker » les meilleures images pour maximiser le rapport signal sur bruit et récupérer le plus de détails. Je me suis essayé à la Lune, Saturne, Jupiter, Venus. Mais n’ayant pas à un télescope à longue focale, le résultat n’est pas brillant et pour le moment je n’insiste pas trop.
Enfin il y a la photographie du ciel profond. Ici le plus important est la monture. La terre tournant sur elle-même, pour des focale entre 600mm et 1200mm (utilisées par les lunettes ou télescope en CP – on voit d’ailleurs que ce ne sont pas les mêmes que pour le planétaire, d’où le fait que généralement les astrophotographes font l’ou au l’autre mais rarement les deux), une pose supérieur à 2s transforme les étoiles en trait. Il faut donc une monture, motorisée, qui suit le mouvement de la terre. Mais les montures n’étant jamais parfaite, pour des poses plus longues, un met une lunette en parallèle du télescope (ou de la lunette), et ici une autre camera va analyser en direct la dérive des étoiles et corriger la monture. C’est l’autoguidage et c’est obligatoire pour des poses supérieures à 30s ou 1min suivant la monture. De mon j’utilise un diviseur optique, un prisme qui récupère une partie de la lumière qui n’arrive pas sur le capteur qui image (car il ne couvre pas tout le champ), et le redirige vers un second capteur pour le guidage. Ma monture est une NEQ6.
Le télescope ou la lunette eux vont devoir avoir un F/D le plus petit possible, à la différence justement du planétaire ou il faut exactement l’inverse. J’utilise un newton dont le miroir fait 200mm de diamètre, et 1000mm de focale (F/5 donc)
Et enfin vient le problème du capteur. Les APN en général ont un filtre anti-IR installé juste devant le capteur dans le boitier. Le problème est que ces boitiers coupent généralement aussi le proche IR. Or l’hydrogène, principal constituant des nébuleuses dans le ciel, émet justement dans cette longueur d’onde (Ha) massacrée par ces filtres. Il faut donc alors dé filtrer son appareil (voir idéalement remplacer ce filtre par un qui laisse passer Ha et ne coupe vraiment que l’IR), ce qui implique une utilisation diurne plus compliquée. Pour ma part j’utilise un capteur dédié, thermo régulé, noir et blanc, et je prends les photos à travers plusieurs filtres pour reconstituer l’image RGB à la fin du traitement (Un capteur Sony ICX694 sur une caméra Atik One 6). Il faut garder à l’esprit qu’il faut des temps de poses de plusieurs heures pour voir certains objets. Pour minimiser le bruit, l’on ne prend pas une pose mais un grand nombre que l’on stacke ensuite pour maximiser le rapport signal/bruit.
Et il faut aussi une myriades de petits accessoires, optiques comme des correcteurs de champs, mécaniques comme des moteurs de mise au point, etc…
Bon je m’arrête, sinon je vous parler des offset, dark, flat et je vais y passer la nuit.
3/ Et si un reflex et un grand angle f/1.8 ne suffisent plus, que je décide d'aller plus loin, vers quelle configuration puis je m'orienter pour débuter?
Avec un reflex et un grand angle, et surtout une absence de pollution lumineuse, ce sont ces photos grand champs de voie lactée qui s’offrent à nous. Par contre les planètes resteront des points, et toutes les nébuleuses resteront invisibles. Pour avancer il faut ensuite savoir vers quoi se tourner en termes de photo. Je ne peux que recommander cet article qui explique a peut prêt tout :
http://www.webastro.net/index.php?waped ... rticle=223
4/ Sinon, sur cette photo en particulier, peux tu nous en dire plus?
Il s’agit de la nébuleuse de l’haltère (ou Dumbell en anglais). Au centre on voit une naine blanche, une étoile, de taille comparable au soleil) qui a expulsé tout son gaz une fois le combustible du noyau consumé. Le gaz on le voit encore autour, car cette explosion a eu lieu il n’y a que 3000 ou 4000 ans. On appelle cela une nébuleuse planétaire (mais si cela n’a rien à voir avec une planète).
C’est ce qui arrivera au soleil d’ici quelques temps, et il devrait donc ressembler à ça…
Elle est assez proche de nous, seulement 861 années-lumière. Son diamètre apparent est de 8*6 min d’arc. (Il y a 60 minutes dans un degré, et pour comparaison la lune fait 30*30 min d’arc de diamètre apparent).
Pour les détails techniques de la photo il y a tout ici : http://www.astrobin.com/185653/
Mais pour résumé c’est une combinaison de photos en noir et blanc prises avec différents filtres, et la couleur reconstituée ensuite :
Couche L : 18 photos de 5 min avec un filtre anti IR
Couche R : 8 photos de 5 min avec un filtre rouge
Couche G : 8 photos de 5 min avec un filtre vert
Couche B : 8 photos de 5 min avec un filtre bleu
Soit un total de 3,5 h de poses.
Je n’ai pas utilisé de filtre a bande étroite (méthode Hubble) car en cette période de l’année les nuits sont trop courte pour permettre un temps de pose plus long.
5/ Quittons le cosmos. Quand je regarde ta galerie je vois beaucoup de paysages montagneux. Depuis que tu t'es mis à l'astrographie j'imagine qu'il y a des sites d'altitude où tu irais bien poser ton matos pour capturer des morceaux de cosmos non ? As-tu un projet qui va dans ce sens?
C’est compliqué. Mon matériel pèse plus de 50kg, mon télescope fait 1m de longueur, et il faut une alimentation conséquente. Pour le moment je n’y ai pas encore réfléchi (je débute juste). Dans un premier temps je pense que le plus simple serait de tenter de faire des photos grandes champs de la voie lactée prise de la-haut, avec un objectif classique.
Sinon il faut trouver un site accessible en voiture, mais l’esprit n’est pas le même.
6/ Un kit de voyage/trek est-il possible dans ces cas-là?
Pour le trek ça me semble incompatible. J’ai vendu tout mon matériel canon et objectif pour prendre l’A7R et sa gamme d’objectifs FE… pour une économie d’à peine 500 g !
Je ne prends même pas de trépied en trek (en autonomie complète on a déjà 18kg sur le dos, alors on compte le moindre accessoire supplémentaire). Ceci dit il existe des montures de voyage plus légères, des lunettes de 80cm de diamètre qui ne dépassent pas 2kg. Mais ce que l’on gagne avec l’absence de pollution lumineuse, le perd on en qualité de matériel ? Je ne sais pas…
7/ Même si l'astrographie prend de plus en plus de place dans ta pratique, y a t'il d'autres domaines photographiques qui t'attirent ou bien es-tu avant tout un astronome amateur utilisant la photographie pour te rapprocher des étoiles?
Un peu des deux. Je m'essaye depuis plusieurs années à la photo de paysage, notamment pendant mes treks ou les vacances. Je me suis installé un petit studio chez moi, pour faire les photos de famille, notamment pour les amis qui n'ont pas l'occasion d'en faire. Je travaille aussi régulièrement avec des associations de reconstitution médiévales (dont je fais aussi parti) pour photographier leurs événements.
Quelques exemples ici: http://www.psaltery.org/koken/sets/medieval-1/
Je ne suis astrophotographe que depuis 6 mois, mais c'est le domaine que j'aimerais développer dans les années a venir.
8/ Sinon, as-tu des projets à court, moyen ou long terme, un rêve photographique?
Je suis en train de préparer le mois d'aout, avec le retour de la nuit, en fonction des phases de la lune et de mes disponibilités, il y a quelques objets célestes que j'aimerais photographier !
Le niveau est plus élevé, mais j'aimerais réussir un cliché de la nébuleuse de l'aigle, avec ses fameux piliers de la création au centre.
Et pour le moyen et long terme, aucune idée, on verra
9/Merci d'avoir bien voulu nous expliquer ta pratique de l’astrographie et participer à cet échange Julien. C'était instructif. En tout cas pour moi
Voilà, merci à toi !
- #244340: Consulté 5343 fois
1/ Tout d'abord, en introduction, qui es-tu?
Je m’appelle Julien, j’ai 34 ans. Je fais de la photo depuis quelques années seulement. Je pratique beaucoup le trek, notamment dans l’Himalaya ou en Europe du nord, et j’ai donc suivi avec attention la montée en puissance des hybrides, avant de sauter le pas avec l’A7R. Le rapport qualité/poids est idéal pour moi. Mon site résume ces pérégrinations.
Passionné d'astronomie depuis tout petit, j'ai décidé de franchir le pas et me lancer dans l'astroport au mois de décembre dernier (et de casser la tirelire). Cela fait donc 6 mois que je passe toutes les nuits claires dehors, et mes journées à arpenter des forums, lire des livres à ce sujet, et travailler sur des logiciels à l’ergonomie préhistorique.
J'habite en région parisienne, à Saint Rémy les Chevreuse, en pleine zone blanche de pollution lumineuse (et donc la plus mauvaise), ce qui ne simplifie pas les choses. On ne voit pas les objets que l'on photographie dans le télescope, il faut donc se fier aux étoiles alentours, et attendre, certains objets nécessitant un temps de pose très long pour se révéler.
2/ J'ai entendu dire que notre système solaire se situait carrément dans une banlieue oubliée de la galaxie?
Le système solaire est situé dans l’un des bras extérieur de la galaxie, le bras d’Orion. C’est pour cette raison que l’on voit la voie lactée comme une bande, et que le plus grand nombre d’étoiles visible sont dans cette direction. Suivant les saisons (et le lieu), la terre est tournée la nuit vers le centre galactique (été et hiver) ou le jour vers l’extérieur (printemps et automne), ce qui explique que suivant la saison on photographie surtout des objets proches et dans notre galaxie (nébuleuses, amas, …) ou des objets lointains dans un ciel plus pauvre en étoiles (galaxies…).
Le centre galactique (y compris le trou noir super massif central) est à 28 000 années-lumière.
Mais notre galaxie fait partie d’un amas d’une quarantaine de galaxies, dont les plus importantes sont la galaxie d’Andromède et la nôtre. Ces deux galaxies vont d’ailleurs d’ici 4 milliards d’année environ rentrer en collision. Il n’y aura que très peu de choc physique entre les astre, mais l’impact gravitationnel sera tel qu’il se peut que des astres des bras éloignés des centres galactiques (comme le soleil qui ne sera plus qu’une naine blanche qui aura fusionné avec quelques une des proches planètes), soit éjectée et se retrouve orpheline dans le vide intergalactique…
3/ Je ne vais pas faire l'impasse sur le matos, vu qu'on a plein de geeks sur le forum, mais quelles sont les facteurs indispensables pour réussir une bonne photo du ciel, la nuit?
Il va m’être très difficile de répondre à cette question. Il y a en fait 3 grandes catégories de photo du ciel, qui nécessitent chacune du matériel et des techniques très différentes.
La photographie grand champs, de la voie lactée dans son entier : c’est ici le domaine des reflex et des grands angles très ouverts. Des temps de poses jusqu’à 30s, et une montée en ISO permettent de faire de belles choses. Mais cela implique une très faible pollution.
Ensuite il y a la photographie de planètes. Télescope obligatoire (ou alors une lunette hors de prix..), accompagné de lentille de Barlow pour faire monter la focale à 5000mm, 7000mm, voir plus. Un reflex est inutile la : son capteur est bien trop grand pour le petit diamètre apparent de l’objet et les photos sont bien trop lourde. On va plutôt utiliser une caméra de 1 ou 2MP pas plus, mais capable de filmer a 30 ou 60fps. L’idée étant de prendre le plus d’images possibles pendant 1 min (la durée dépend de la cible, mais les planètes tournant sur elle-même au bout d’un moment on voit une différence). Au post traitement on va « stacker » les meilleures images pour maximiser le rapport signal sur bruit et récupérer le plus de détails. Je me suis essayé à la Lune, Saturne, Jupiter, Venus. Mais n’ayant pas à un télescope à longue focale, le résultat n’est pas brillant et pour le moment je n’insiste pas trop.
Enfin il y a la photographie du ciel profond. Ici le plus important est la monture. La terre tournant sur elle-même, pour des focale entre 600mm et 1200mm (utilisées par les lunettes ou télescope en CP – on voit d’ailleurs que ce ne sont pas les mêmes que pour le planétaire, d’où le fait que généralement les astrophotographes font l’ou au l’autre mais rarement les deux), une pose supérieur à 2s transforme les étoiles en trait. Il faut donc une monture, motorisée, qui suit le mouvement de la terre. Mais les montures n’étant jamais parfaite, pour des poses plus longues, un met une lunette en parallèle du télescope (ou de la lunette), et ici une autre camera va analyser en direct la dérive des étoiles et corriger la monture. C’est l’autoguidage et c’est obligatoire pour des poses supérieures à 30s ou 1min suivant la monture. De mon j’utilise un diviseur optique, un prisme qui récupère une partie de la lumière qui n’arrive pas sur le capteur qui image (car il ne couvre pas tout le champ), et le redirige vers un second capteur pour le guidage. Ma monture est une NEQ6.
Le télescope ou la lunette eux vont devoir avoir un F/D le plus petit possible, à la différence justement du planétaire ou il faut exactement l’inverse. J’utilise un newton dont le miroir fait 200mm de diamètre, et 1000mm de focale (F/5 donc)
Et enfin vient le problème du capteur. Les APN en général ont un filtre anti-IR installé juste devant le capteur dans le boitier. Le problème est que ces boitiers coupent généralement aussi le proche IR. Or l’hydrogène, principal constituant des nébuleuses dans le ciel, émet justement dans cette longueur d’onde (Ha) massacrée par ces filtres. Il faut donc alors dé filtrer son appareil (voir idéalement remplacer ce filtre par un qui laisse passer Ha et ne coupe vraiment que l’IR), ce qui implique une utilisation diurne plus compliquée. Pour ma part j’utilise un capteur dédié, thermo régulé, noir et blanc, et je prends les photos à travers plusieurs filtres pour reconstituer l’image RGB à la fin du traitement (Un capteur Sony ICX694 sur une caméra Atik One 6). Il faut garder à l’esprit qu’il faut des temps de poses de plusieurs heures pour voir certains objets. Pour minimiser le bruit, l’on ne prend pas une pose mais un grand nombre que l’on stacke ensuite pour maximiser le rapport signal/bruit.
Et il faut aussi une myriades de petits accessoires, optiques comme des correcteurs de champs, mécaniques comme des moteurs de mise au point, etc…
Bon je m’arrête, sinon je vous parler des offset, dark, flat et je vais y passer la nuit.
3/ Et si un reflex et un grand angle f/1.8 ne suffisent plus, que je décide d'aller plus loin, vers quelle configuration puis je m'orienter pour débuter?
Avec un reflex et un grand angle, et surtout une absence de pollution lumineuse, ce sont ces photos grand champs de voie lactée qui s’offrent à nous. Par contre les planètes resteront des points, et toutes les nébuleuses resteront invisibles. Pour avancer il faut ensuite savoir vers quoi se tourner en termes de photo. Je ne peux que recommander cet article qui explique a peut prêt tout :
http://www.webastro.net/index.php?waped ... rticle=223
4/ Sinon, sur cette photo en particulier, peux tu nous en dire plus?
Il s’agit de la nébuleuse de l’haltère (ou Dumbell en anglais). Au centre on voit une naine blanche, une étoile, de taille comparable au soleil) qui a expulsé tout son gaz une fois le combustible du noyau consumé. Le gaz on le voit encore autour, car cette explosion a eu lieu il n’y a que 3000 ou 4000 ans. On appelle cela une nébuleuse planétaire (mais si cela n’a rien à voir avec une planète).
C’est ce qui arrivera au soleil d’ici quelques temps, et il devrait donc ressembler à ça…
Elle est assez proche de nous, seulement 861 années-lumière. Son diamètre apparent est de 8*6 min d’arc. (Il y a 60 minutes dans un degré, et pour comparaison la lune fait 30*30 min d’arc de diamètre apparent).
Pour les détails techniques de la photo il y a tout ici : http://www.astrobin.com/185653/
Mais pour résumé c’est une combinaison de photos en noir et blanc prises avec différents filtres, et la couleur reconstituée ensuite :
Couche L : 18 photos de 5 min avec un filtre anti IR
Couche R : 8 photos de 5 min avec un filtre rouge
Couche G : 8 photos de 5 min avec un filtre vert
Couche B : 8 photos de 5 min avec un filtre bleu
Soit un total de 3,5 h de poses.
Je n’ai pas utilisé de filtre a bande étroite (méthode Hubble) car en cette période de l’année les nuits sont trop courte pour permettre un temps de pose plus long.
5/ Quittons le cosmos. Quand je regarde ta galerie je vois beaucoup de paysages montagneux. Depuis que tu t'es mis à l'astrographie j'imagine qu'il y a des sites d'altitude où tu irais bien poser ton matos pour capturer des morceaux de cosmos non ? As-tu un projet qui va dans ce sens?
C’est compliqué. Mon matériel pèse plus de 50kg, mon télescope fait 1m de longueur, et il faut une alimentation conséquente. Pour le moment je n’y ai pas encore réfléchi (je débute juste). Dans un premier temps je pense que le plus simple serait de tenter de faire des photos grandes champs de la voie lactée prise de la-haut, avec un objectif classique.
Sinon il faut trouver un site accessible en voiture, mais l’esprit n’est pas le même.
6/ Un kit de voyage/trek est-il possible dans ces cas-là?
Pour le trek ça me semble incompatible. J’ai vendu tout mon matériel canon et objectif pour prendre l’A7R et sa gamme d’objectifs FE… pour une économie d’à peine 500 g !
Je ne prends même pas de trépied en trek (en autonomie complète on a déjà 18kg sur le dos, alors on compte le moindre accessoire supplémentaire). Ceci dit il existe des montures de voyage plus légères, des lunettes de 80cm de diamètre qui ne dépassent pas 2kg. Mais ce que l’on gagne avec l’absence de pollution lumineuse, le perd on en qualité de matériel ? Je ne sais pas…
7/ Même si l'astrographie prend de plus en plus de place dans ta pratique, y a t'il d'autres domaines photographiques qui t'attirent ou bien es-tu avant tout un astronome amateur utilisant la photographie pour te rapprocher des étoiles?
Un peu des deux. Je m'essaye depuis plusieurs années à la photo de paysage, notamment pendant mes treks ou les vacances. Je me suis installé un petit studio chez moi, pour faire les photos de famille, notamment pour les amis qui n'ont pas l'occasion d'en faire. Je travaille aussi régulièrement avec des associations de reconstitution médiévales (dont je fais aussi parti) pour photographier leurs événements.
Quelques exemples ici: http://www.psaltery.org/koken/sets/medieval-1/
Je ne suis astrophotographe que depuis 6 mois, mais c'est le domaine que j'aimerais développer dans les années a venir.
8/ Sinon, as-tu des projets à court, moyen ou long terme, un rêve photographique?
Je suis en train de préparer le mois d'aout, avec le retour de la nuit, en fonction des phases de la lune et de mes disponibilités, il y a quelques objets célestes que j'aimerais photographier !
Le niveau est plus élevé, mais j'aimerais réussir un cliché de la nébuleuse de l'aigle, avec ses fameux piliers de la création au centre.
Et pour le moyen et long terme, aucune idée, on verra
9/Merci d'avoir bien voulu nous expliquer ta pratique de l’astrographie et participer à cet échange Julien. C'était instructif. En tout cas pour moi
Voilà, merci à toi !
