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- On commence par la traditionnelle présentation : qui es-tu, que fais-tu dans l’existence, comment es-tu arrivé à la photo et sur AlphaDXD ?
- Vosgien d'origine, je suis Kiné libéral à Caen, je vais avoir 60 balais, je n'ai que peu de temps à consacrer à mes loisirs, je pratique le VTT, la rando, et (de plus en plus exclusivement) la photographie animalière qui est pour moi une totale évasion. J'essaie de me mettre en immersion en pleine nature, en affût ou en billebaude, le plus souvent seul, mais j'adore partager des sorties à plusieurs !
Je dois à mon père cet engouement pour la photo, dès l'âge de 10 ans quand il m'offrit son précieux Rétina 3 S, et plus tard son Minolta SRT 303, j'avais un 3,5-200 Rokkor pour approcher les chamois et les chevreuils du Hohneck... Que de souvenirs émouvants...
Ma venue sur DxD, je dois à Jacques Rodet de m'y avoir convié (merci encore Jacques). Je l'avais appelé pour un convertisseur en vente. J'avais un Minolta 7D et étais ignare en numérique, au point de ne pas savoir ce qu'était un raw, et encore plus nul en matière de post traitement. Puis j'ai effectué une sortie DxD à Bâle et rencontré depuis individuellement plusieurs membres qui se reconnaîtront ici et que je salue au passage.
- Tu dis avoir tout appris du post-traitements alors que, comme la plupart des plus âgés d'entre nous, tu pratiquais déjà la photographie argentique depuis longtemps. Qu'est-ce que ce la a changé dans ta manière de photographier alors que tu as le boîtier entre les mains ? En d'autres termes, qu'as-tu modifié dans ta pratique en passant de l'argentique au numérique ?
- En fait, j'avais tout à apprendre du post-traitement

Il me semble que les boitiers numériques ont dépassé leurs ancêtres en AF et en rapport bruit/sensibilité, ils sont plus complexes à régler, mais le déclenchement reste comparable en sensations.
C'est ensuite que le changement s'opère, un ordi, une souris, un écran, un logiciel, un oeil et une imprimante à calibrer, on passe de l'objectif au subjectif, sans DXD, j'aurais certainement abandonné !
- Quel rôle attribues-tu au post-traitement ? Tu aimes ou tu n'aimes pas ? Est-ce une étape importante dans ton process ou essaies-tu au contraire de le minimiser ?
- Le post traitement permet à mon avis d'exprimer une photo, de l'accentuer si besoin, la personnaliser pour la partager, mais pas pour la récupérer, l'idéal est un raw bien exposé, bien cadré, bien piqué, mais c'est rare en animalier...Ce n'est pas ma tasse de thé, je m'éclate plus à la prise de vue, mais je m'y mets peu à peu et la satisfaction s'améliore avec CC, c'est toujours une usine à gaz, mais je me débrouille à mon niveau avec quelques outils limité dans mon process !
- Tu dis aussi te spécialiser de plus en plus dans la seule photo animalière... Pourquoi ? Qu'est-ce qui te plaît tant dans cette discipline au point de te faire abandonner les autres ou presque..?
- Ce qui me plait dans la photo animalière, c'est de larguer les amarres, le stress du quotidien, avec la possibilité d'observer des scènes privilégiées, planqué dans mon affût avec une longue focale ou rampant pour approcher un animal, en somme un plaisir bien primitif que je ne ressens pas dans d'autre disciplines. Membre d'un club, j'ai essayé le strobist, la photo de rue, le paysage, cela m'a intéressé mais pas passionné, d'où mon recentrage sur la nature et surtout les bestioles en tous genres !
- Comment s'organise une sortie animalière typique de VIGENRON ? C'est plutôt très organisé, repéré, planifié et répété jusqu'à l'obtention du résultat escompté ou préfères-tu partir à la bonne franquette en comptant sur ta bonne étoile pour t'offrir des instants imprévus ? En d'autres termes, te documentes-tu beaucoup sur les sujets que tu cherches à mettre dans en boîte, sur les lieux où tu cherches à les rencontrer où privilégies-tu la billebaude et les rencontres au hasard ?
- C'est tout l'un ou l'autre, peu de temps pour repérer, mais c'est indispensable pour le Martin ou le Cincle, choisir la place de l'affût en fonction de la lumière, de l'arrière plan, des angles de vision périphérique et de visée...Et en billebaude le sens de l'observation, au sol comme dans le ciel, puis la chance, l'anticipation et les réflexes, mais en affût comme en vadrouille, une bonne connaissance des espèces, de leur biotope et de leur comportement est très profitable aux résultats.
- Quel est ton matériel actuel pour l'animalier ? Boîtier(s) ? Caillous ? Accessoires ? Tu trimballes plutôt tout tout le temps ou tu choisis en fonction du but de la sortie ? Travailles-tu beaucoup à main levée ou plutôt avec un trépied ?
- Question matos, je ne suis pas raisonnable, de Minolta-Sony je suis passé au rouge Canon (logique pour un Vigneron) mais déçu par les microréglages AF fastidieux, je suis passé au jaune Nikon qui me convient mieux sur le plan ergonomique et logiciel. Actuellement, j'ai un D750 et un D7200, en attendant le D500 bien sûr, et pour les cailloux, Nikkor 24-85, 2,8-60 macro, 2,8-70/200 VR2, 4-300, 4-500 VR nano, les 3 TC, et un Tamron 150-600 et deux flashes Nuongo. J'ai deux trépieds, Manfrotto+Sidekick et Velbon à colonne orientable, une potence M393 fixée sur un vieux plateau à tarte, un monopode, un affût assis et un debout, des vêtements camo et 2 sacs Lowepro Computrekker+ et Lenstrakker 600 fixé sur un chassis à roulettes, un gros investissement compensé par un budget voiture minimal...
Trimballer est bien le mot, j'ai toujours 2 boitiers 24X36 et APSC et deux télés, en affût comme en billebaude, j'apprécie le Tamron pour sa maniabilité à main levée, AF un peu poussif, mais c'est un bon outil et je prends moins le 500, le plus souvent sur trépied en affût.
- Et quand tu pars en vacances comme pour l'image sélectionnée je suppose, en voyage, te réserves-tu des périodes dédiées à l'image ou es-tu opportuniste au gré du chemin ? Qu'emportes-tu alors, comme matos photo ou autre ?
- En vacances je pars souvent avec mon bon vieux camping-car sécurisé pour emporter tout mon matos sélectionné en fonction de la sortie. La prise de vues prend beaucoup de place dans mes vacances, les destinations sont orientées sur des objectifs animaliers potentiels, avec compromis rando/photo/VTT. Par exemple en Martinique, le sac faisait 12 kg (dont 2 l d'H2O), 9 jours en moyenne avec 30°, la pause baignade est la bienvenue! Il y a 4 ans, j'avais repéré des sites, mangouste, héron vert, pélican, balbuzard... et avec D750+300, D7200+150-600 je pouvais, environ 3 H par jour, me lâcher sur le déclencheur et pixelliser mes émotions contemplatives, environ 3000 clics !
Ayant offert à ma femme mon D71OO+28-300, elle me suit dans cette quête d'images de vie animale, trouve souvent le temps long face à mon entêtement, mais j'ai la chance qu'elle le supporte!
- Venons-en à l'image qui a attiré mon oeil cette semaine, en particulier pour le bokey sur l'océan en arrière plan dont je trouve qu'il "situe" parfaitement le pélican brun dans son milieu. Quelle en a été la genèse ? L'as-tu prise sur un lieu repéré il y a 4 ans ? L'arrière plan était-il voulu ou est-il le fruit du hasard au déclenchement ? L'as-tu rapidement "mise en boîte" ou t'a-t-il fallu différents essais pour y parvenir ?
- Cette image est également ma préférée de cette série, je savais qu'il y avait des pélicans bruns à Grand-Rivière, tout au bout de la route du nord côté Atlantique, j'en avais vu il y a 4 ans et avant de partir j'avais épluché sur le net tous les sites ornithos de Martinique. J'avais réglé le D7200 en iso auto, priorité diaphragme sur 8, 2000° minimum, mode rafale. Il n'y avait qu'un couple de pélicans, j'ai suivi ce mâle à focale maxi, équivalent 900 mm, et déclenché 3 fois en 3 secondes sans rafale, afin d'avoir la trilogie sur fond de ciel, mixte et océan. Il a ensuite plongé et là j'ai eu beaucoup de déchets avec l'AF, j'étais en 21 points et je suis revenu à 9 points ensuite...J'ai d'autres photos de profil, mais le pélican est beaucoup moins esthétique sous cet angle
- Peux-tu nous en dire un peu plus sur le traitement de cette image et sur ton work flow en général ? C'est toujours intéressant de partager la manière dont chacun aborde le post-traitement, en particulier dans la séquence des différentes actions effectuées...
- Utilisant CC depuis peu, j'ai appliqué le flow suivant à partir de caméra RAW :
Recadrage, correction du voile (important car journée brumeuse), accentuation (à 100%) réduction du bruit, BDB, Sat +3, expo-05, tonalité, puis sous Photoshop un peu d'accentuation sous Niksoftware, réduction du bruit avec Dfine2, dernier réglage par niveaux. Puis cadre sous Goodframe, recadrage latéral, redimensionnement et légère accentuation sous Fastone viewer, le tout sur environ 40 mn...
Il doit être possible de mieux faire, mais j'ai plus de patience en prise de vue que pour le PT!
- En reprenant un peu de recul par rapport à ta pratique, quelle animal que tu n'as pas encore photographié te fait rêver et pourquoi ? Prévois-tu bientôt une expédition pour aller à sa rencontre ?
- Les animaux que je rêve de cadrer un jour dans la nature sont le lynx, le loup et le gypaète, je ne suis pas le seul...pour le dernier, j'en ai eu l'occasion plusieurs fois, mais trop loin ou mal réglé, je ne les ai jamais postées, mais je l'aurai, un jour, je l'aurai!
- Tu l'as mentionné plus haut, tu as passablement appris le numérique sur le tas, avec des amis et via AlphaDxD. Y a-t-il toutefois des photographes, animaliers ou autres, qui t'inspirent particulièrement, voire dont tu as appris dans ta pratique personnelle ?
- Deux photographes m'inspirent beaucoup de respect, ils sont vosgiens, V. Munier et F. cahez, mais aussi le Grand Jacques




Un grand merci particulier à Torobouk qui m'a beaucoup motivé et aidé

- En te remerciant d'avoir répondu à mes questions, je te laisse la parole pour le traditionnel le mot de la fin !
- Merci encore pour le choix de cette photo, j'invite les membres de DxD à suivre ce fil avec d'autres oiseaux à venir comme le caïali, la sterne royale, le sporophile, le moqueur à gorge blanche...et le balbuzard que j'ai déjà posté en partage en plongeon.
J'ai eu bien du plaisir à répondre à ton interview Claude-Alain


Merci également aux animateurs et aux galeristes du forum, vous faites un excellent boulot et vous devez y passer beaucoup de temps, chapeau!

Merci encore à toi Philippe pour ta disponibilité à rondement mener cette interview.
