Faut avouer que la tâche était particulièrement difficile cette semaine pour choisir une photo. En effet, la production a été vraiment de qualité.
Mon choix s'est penché pour une photo de GRIBOUILLE, d'autant plus que j'aurai pu en choisir deux autres de lui sur son fil personnel.
Voici la photo : L’atmosphère a été remarquablement retranscrite ... avec une très belle composition. BRAVO.
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Je tiens Ă remercier Patrice "GRIBOUILLE" pour sa participation et laisse place maintenant Ă l'interview ...
Avant de répondre aux questions, je souhaite remercier vivement l’équipe qui fait vivre ce forum, et particulièrement loloi33 pour avoir sélectionné ma photo.
1) Tu es sur le forum depuis 2007, peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je suis âgé de 47 ans, marié, et suis l’heureux papa de deux filles de 11 et 8 ans.
Nous vivons dans notre belle région de Franche-Comté, tout près de Besançon, au pied du massif du Jura.
De formation universitaire supérieure dans le domaine technique, (hé oui la Franche-Comté est un berceau de la mécanique), et après un parcours professionnel chaotique je suis aujourd’hui responsable de service pour une entreprise de fabrication des arts de la table (moulins).
Ma venue sur le forum ne date pas d’aujourd’hui, 2007, comme tu l’as précisé. Elle a été motivée par la recherche d’informations techniques sur le matériel. A l’époque, je venais tout juste de basculer de l’autre côté de la frontière pour aller travailler en Suisse. Cela faisait déjà quelques temps que je souhaitais m’équiper en reflex numérique, et ce changement professionnel associé à un pouvoir d’achat substantiellement supérieur, m’a permis de me faire plaisir. Après quelques recherches et lectures d’avis, je me suis équipé avec le D5.
Ayant trouvé à travers le forum un lieu d’échange riche et convivial, je me suis inscrit et ai pris tout de suite plaisir à partager avec les amis forumeurs.
2) Quelle est ta relation Ă la photographie et comment as-tu appris la photo ?
C’est une longue histoire avec la Photo.
En fait, dans mes plus lointains souvenirs, la photo a toujours été présente.
En effet, à l’époque, (et oui, le temps où j’étais petit est loin) mon père rédigeait des articles pour le journal « les dépêches » (devenu par la suite « le progrès »), relatant les activités et événements se déroulant de la commune où l’on habitait. Activité menée sous forme de « pigiste », comme il y en avait beaucoup. Dans ce cadre-là il avait un appareil photo qu’il utilisait régulièrement, pour illustrer les articles. Mais il faisait aussi beaucoup de photos de famille. Photos de famille rangées en vrac dans une grosse boite à chaussure que j’adorais farfouiller.
L’appareil ; un Rolleiflex avec ses deux objectifs, le verre dépoli au fond de la chambre de visée, et son étui en cuir. Appareil emblématique.
J’ai donc eu envie assez rapidement de faire pareil, mimétisme « familial ».
C’est donc à l’âge de 13 ans que j’ai eu mon premier appareil photo. Il s’agissait d’un appareil REVUEFLEX 1001 (Foto-Quelle), équipé d’un 50 mm f1:2.8 (dans les années 80/81)
Je faisais évidemment de la photo familiale, mais j’aimais aussi beaucoup faire de petits reportages photos, des activités auxquelles j’avais accès, dans mon petit village de campagne, genre les moissons, activités à la ferme. (Pour l’anecdote, manu2023 est originaire du même coin !)
C’est beaucoup plus tard, que j’ai eu le Dynax 3xi avec le kit 18-70 / 70-210
Voilà donc pour le matériel. Quant à l’apprentissage, je dirais en résumé, autodidacte, basé sur l’expérimentation par la pratique.
Bien sûr beaucoup de lecture autour du sujet, mais aussi la participation au club photo de mon collège. De bons souvenirs des découvertes des bases du développement, avec le travail en chambre noire.
Je me souviens aussi des mercredis, tous les mercredis, où j’allais chez le marchand de journaux au village d’à côté pour récupérer le fascicule hebdomadaire de « l’encyclopédie da la photographie, aux éditions atlas ». Après des semaines et des semaines, l’encyclopédie a fini par être complète. C’était une mine d’informations.
Plus récemment, la pratique des concours photos du forum ont été pour moi une école formidable. Exercice au combien difficile de sortir une image qui plaise et qui ne soit pas hors sujet. Faire preuve de créativité sur commande, pas si facile que cela ! Je conseille donc d’aller participer au concours mensuel, en plus cela fera plaisir à l’ami Pascal.
Ok je participe moins souvent ces derniers temps, promis, je reviendrais.
Tu me demande »comment as-tu appris la photo ?».
Je dirais que j’ai appris durant ces années certes, mais qu’aujourd’hui je n’ai aucune prétention à dire que je me maitrise. J’estime donc que j’apprends tous les jours et que je continuerai à apprendre encore demain.
3) En regardant ton Flickr, tu sembles toucher un peu Ă tout. Aujourd'hui, as-tu une pratique qui t'attire en particulier et pourquoi ?
J’ai effectivement une pratique tout azimut. Mon esprit scientifique me conduit à une curiosité naturelle de tout.
Je peux effectivement passer de la photo animalière, à de la photo de spectacle, défilé de mode, concert, battles de danse hip-hop, à du paysage.
En fait, je réussi à trouver l’inspiration dans chacun de ces instants, et événements ;l’inspiration venant de l’émotion éprouvée face au spectacle.
Mais je crois que j’ai au travers de la photo envie de conserver ces instants, de les figer, et de pouvoir les faire partager à ceux qui n’y étaient pas, ou ceux qui n’ont pas tout à fait vu la même chose, les éclairer sur ma vision, mais aussi conserver une émotion, voire la déclencher.
Le manque de temps, mais aussi l’envie de concilier une activité loisir qu’est la photo avec une vie familiale équilibrée, j’adapte mon activité photographique à notre vie.
Mes filles exerçant la danse et la musique, dès lors, je vais faire des photos sur ces thématiques. Cela permet de rester chacun dans sa pratique, mais aussi de partager ensemble.
Tout récemment, je me suis frotté à un autre pan de la photographie, celle des photos de mariage, en mode reportage. Activité au combien compliquée par l’enjeu de l’obligation de réussite, car les photos sont attendues, et il n’y a pas de séance de rattrapage. J’ai pu m’exercer avec un ami professionnel qui fait cela depuis presque 20 ans en l’accompagnant. C’est très excitant. Il est prévu que cette année je couvre quelques mariages.
J’ai d’autres projets, car je suis sollicité par différentes associations pour réaliser des photos pour eux. Il va falloir que je m’organise.
Sinon, je vais avoir mes quelques sujet leitmotiv, tel que le suivi des guêpiers dans la vallée du Doubs, avec les amis du 21 (le duo Ben et Stef), et bien sûr quelques organisations de rencontres de Dxdiens, comme on les aime, avec ma copine Cath-AJT, les sorties Jura, ou Montier.
Je salue d’ailleurs au passage tous les copains dxdiens adeptes de nos rencontres. Je ne vais pas les citer tous, ils se reconnaîtront.
4) Concernant la photo sélectionnée, peux-tu nous en dire plus sur la prise de vue ?
Elle est toute fraîche de la semaine dernière. J’ai profité des vacances pour battre la campagne environnante, après avoir pu faire des photos de grues au Der à Noël.
Avec les pluies récentes, je suis allé aux cascades des tufs, près d’Arbois, à ½ h de route de la maison. Je pressentais qu’elles pouvaient être spectaculaires. Le brouillard montait doucement dans les vallées, notamment au-dessus du Doubs, mais aussi sur la Loue. A divers endroits, au bénéfice du relief, le brouillard s’estompait, voir disparaissait. Tout en roulant, alors que je restais à l’affût d’un renard ou autre bête à poil, je suis tombé sur cette scène. Juste le temps de me dire « là il y a de la matière ». Chacun sait que dans ce genre de scène le temps peu jouer contre nous. Un petit coup de vent et hop tout disparaît. C’est donc avec empressement que j’ai sorti le 77 du sac pour faire quelques clichés, en tout une vingtaine, avec différents cadrages et réglages pour assurer le coup.
5) De manière générale, es-tu du genre à penser et planifier tes photos ou laisses-tu une grande place à l'inattendu ?
Oui et Non.
Fonctionnant beaucoup en mode reportage, il y a une grande part à l’instantané. Mais même dans l’instantané, il y a de la planification. Dans le changement de place, pour choper un angle de vue différent, certes c’est une planification à court terme, mais c’est tout de même une projection de ce que cela pourra donner si je change de position.
Et je dirais, à l’inverse, il y a la photo que l’on planifie, on a choisi la petite branche qui va bien, avec le beau bokeh pour que l’oiseau soit bien mis en valeur, et la scène est toute autre. C’est le coup de chance, on arrive au bon endroit au bon moment. Un de mes amis me dirait ce n’est pas de la chance, cela devait arriver, il n’y as pas que du hasard. (Clin d’œil à Jean-Paul).
L’opportunité de faire de jolies photos passe aussi par la connaissance du sujet que l’on va traiter ; les caractéristiques de l’espèce pour les oiseaux par exemple. On peut dès lors anticiper sur l’action parce qu’on sait ce que le sujet va faire, et donc être prêt à l’instant crucial.
Un autre exemple, la connaissance de la chorégraphie de la danseuse va permettre de saisir et figer le grand jeté.
C’est donc une grande alchimie.
6) Selon toi, quelle est la différence entre "prendre une photo" et "créer de l'art" ?
Je rajouterai une étape intermédiaire, qui serait « Faire une photo »
Je m’explique. « Prendre une photo » serait presque péjoratif. C’est le simple appui sur le déclencheur, sans rien maîtriser, sans avoir travaillé son cadrage (ce qui est en soit le minimum requis, en mode auto)
Je disais « presque » péjoratif, car une belle photo peut être prise dans cette condition minimaliste, mais cela relève quand même du coup de bol.
«Faire une photo » va plus s’apparenter pour moi, à un travail de recherche à la façon du peintre qui va faire une toile et repeindre dessus jusqu’à l’obtention de l’expression attendue, du déclenchement d’une émotion.
C’est pour cela qu’il est important que le photographe amateur s’intéresse à la peinture.
Les peintres n’étaient-ils pas quelque part nos ancêtres de la photographie. Réflexion ! Témoins de leur époque avec le réalisme, ou vecteurs d’émotions avec d’autres courants.
Je dis alors, oui, la photo fait partie des pratiques Artistiques.
La photo est un support, une matière, quelques photons rapides que l’on a stoppé dans leur course folle, comme la gouache posée sur la toile.
7) Tu te situes oĂą par rapport Ă la retouche photo ?
LR est notre ami.
En fait, dès l’apparition de LR j’ai adopté ce logiciel, et je ne travaille quasi exclusivement qu’avec lui (+ les quelques plug-in du type mogrify et Niksoftware)
Je trouve qu’il est plus confortable et l’on gagne en productivité en se cantonnant à quelques outils ciblés, les habitudes aident à aller vers l’efficacité.
J’ai bien sûr suivi les différents trainings vidéos apparus au cours des évolutions de LR et autre livres dont celui de notre ami Patrick Moll pour apprendre et me perfectionner.
Je reste sur des réglages basiques, et de manière légère, surtout sur les paysages ou photos de nature. L’image doit se défendre d’elle-même sans artifice.
Par contre je n’hésite pas à jouer avec les curseurs dès que je veux faire des choses un peu plus créatives ou en correspondance avec le thème comme avec l’univers de la danse urbaine par exemple.
8) Le matériel et la technique c'est bien mais l’œil du photographe c'est mieux. Selon toi comment peut on le développer ?
Un seul mot : la PRATIQUE
Au-delà de la pratique, je pense qu’il faut avant tout avoir une sorte de curiosité, et une envie de faire partager. Une photo dans un disque dur, ce n’est pas une photo, c’est un tas de 000110111010 qui ne sert à rien. Il faut qu’elle soit vue, lue, et au-delà , critiquée. Il faut que le photographe puisse entendre ce que l’autre, celui qui la voit, a à dire. C’est de cet échange que la progression se fera.
Mais aussi par l’observation, l’observation de ce qui nous entoure, de ce que font les autres.
Le comment font les autres, on peut le retrouver au travers des sorties dxd faites ensemble. On voit la même chose, on est sur les mêmes spots, mais ont fait des photos différentes. On les diffuse, on les confronte, et la comparaison permet ainsi de progresser. Ce sont des moments privilégiés où les plus à l’aise vont conseiller les jeunes padawans.
9) S'il y avait un seul endroit sur terre oĂą faire de la photo de paysage (ou autres), quel serait-il ?
Il m’est impossible de répondre à cette question. J’ai déjà eu l’occasion de traverser quelques pays, mais pas encore assez à mon goût (à notre goût, car j’associe mon épouse), mais aucun n’a le privilège d’être au-dessus des autres.
Chaque lieu a son cachet, sa beauté, sa personnalité je dirais même. Donc la photo de paysage peut se faire partout, et dois se faire partout. Paysage naturel ou urbain.
Preuve en est que notre ami Pschitt qui nous fait rêver est parti à la quête de ces lieux magiques, et je pense qu’il n’a pas trouvé lui non plus Le Seul et Unique Lieu.
10) Et pour finir, comment vois-tu la suite de ton aventure photographique ?
LONGUE.
C’est un peu comme une drogue, on est facilement addict. Je ne suis pas prêt d’arrêter.
Il m’arrive lorsque je n’ai pas fait de photos depuis plusieurs jours de ressentir un manque. Le manque de cette excitation de faire une photo en se disant « je pense que celle-ci sera belle »
Comme dis plus haut, j’espère pouvoir continuer longtemps cette activité pour faire plaisirs aux autres, et me faire plaisir.
J’espère ne pas vous avoir trop ennuyé avec mes réponses.
Je vais conclure en vous souhaitant une très bonne année photographique à vous toutes et tous amis du forum. Que chacun d’entre vous puisse avoir la santé, et continuer de pratiquer notre passion commune.
Au plaisir de vous recroiser en virtuel ou en réel.
Patrice
