En général peu sensible à la photo de concert malgré les pépites qu'on voit régulièrement passer sur le forum ici ou là , j'ai eu un vrai coup de cœur cette semaine.
De ces photos qui me transportent loin dans le temps...
J'ai aimé la compo et le traitement aussi...parti pris très réussi à mes yeux.
J'ai découvert par ailleurs un groupe de musique qui aura bercé une de mes soirée et surtout rencontré Simon alias Garfi 75 sur le forum qui nous fait le plaisir de venir partager ici à ses heures dans une bonne humeur permanente.
Vous pouvez découvrir la série complète ici
- #251124: Consulté 4181 fois
Bref... que du bonheur pour ma part!!
J'espère que vous y prendrez plaisir aussi!!
Go, c'est parti
Peux tu nous raconter un peu l'histoire de cette photo?
- C'est une commande d'Universal Londres dans le cadre d'un partenariat avec Guitar Hero et le groupe Imagine Dragons (connus pour de célèbres titres que vous avez je pense tous entendus si vous écoutez la radio : Radioactive étant un des plus connus : >400 millions de vues sur Youtube).
Bref. Ils avaient besoin de visuels des deux concerts, du coup en contact avec un membre de l'équipe d'Universal, j'ai pu avoir l'opportunité de bosser avec eux sur ces deux dates. J'avais accès au devant de la scène dans la fosse pour les trois premiers titres (entre le public et la scène) puis ensuite j'étais libre de me balader dans le stade.
J'ai bossé avec mon A7ii et A7s + Samy 14mm, Loxia 35, Zeiss 55, Samy 85 et Tamron 70-200
Un A7Rii et ses 42MP aurait été utile pour shooter en crop apsc afin de gagner un peu en allonge, j'me suis trouvé un peu court avec le 200mm à certains moments.
Niveau traitement...peux tu nous en dire plus ? Pourquoi ce choix ?
- Là j'ai passé la photo en noir et blanc, car les couleurs ne me plaisaient pas. Le NB favorise aussi un focus sur le langage corporel. Ici, on n’est pas perturbé par du bleu, du rose ou autre, le monochrome donne ici plus de relief j’ai l’impression et l’on accroche davantage sur la gestuelle, les éléments clés (chanteur, mains et bras, expressions de visages, téléphones et appareil photo des pairs qui m’ont bien emmerdés pour les 3 premiers titres) Rires !!
J'ai l'impression de voir souvent des annonces de vente ou d'achat te concernant...ou en es tu niveau matos?
- Je ne suis pas de la vieille école, mais je suis à mi-chemin entre la pratique de l'âge d'or (manuelle), à l'encombrement minimal (typé Leica) et le contemporain (les possibilités qu'offre le numérique). C'est pourquoi j'ai souhaité alléger mon sac en passant sur la monture E. Ce sac est un Billingham : je crois que c'est l'un des meilleurs achats que j'ai pu faire !

J’en ai profité pour monter encore en gamme avec du Zeiss que j’affectionne particulièrement. J’aime le rendu des couleurs et contrastes, la précision du focus et donc le piqué.
Le Loxia 35 a un bokeh qui accroche fort, c’est assez particulier, et à vrai dire, j’aime beaucoup ce rendu.
Le Sony (Zeiss) 55mm quant à lui a un bokeh très souple (sur les quelques tests terrain que j’ai pu faire) et un piqué exceptionnel (oui ça n’est pas une breaking news!).
Aussi les montures Leica M (j’ai commandé récemment le Voigt Ultron 21/1.8) m’attirent de par leur style rétro, la compacitié, le froid du métal et leur qualité optique.


Je commence aussi à avoir des projets un peu plus sérieux (qui nécessiteront probablement de la 4k courant 2016.


J’ai aussi des envies de tirages et d'exposition donc le A7Rii et ses 42Mp m'a fait de l'oeil hier soir et j'ai craqué ! Mon dieu, à chaque fois, je me dis "c'est le dernier achat..." mais c'est en fait « le dernier achat... avant le prochain ^^ ».
Pour tous ceux qui ne te connaissent pas, une présentation a été faite ici lors de ta première sélection pour la photo de la semaine. Nous continuerons donc cette rencontre sous un autre angle si tu le veux bien.
Il n'est pas difficile de deviner Ă parcourir ton fil que tu es un homme de projets un peu Ă©lectron libre aussi...peux tu nous en dire plus?
- J'ai trouvé dans le freelance, une manière de bosser qui me correspondait. Emploi du temps modulable comme je l'entends, pas de compte à rendre, autonomie et pleine responsabilité. C'est très plaisant de bosser comme ça. Puis je vais aussi reconnaître que je n’ai pas un tempérament à me faire orchestrer.
J’ai quelques clients réguliers : mon ancienne école de commerce (pour qui je réalise des captations de conférences, d’événements internes et des photos pour leur communication), des agences événementielles ou de communication (tenues par des amis). Pour cette dernière, quand le client est ravi de la prestation, une collaboration tripartite s’installe et ça c’est fabuleux ! Des liens d’amitiés peuvent même se créer. Et c’est ce qui fait que je travaille exclusivement via mon réseau, via le bouche à oreille.

Il n’y a pas de secret, aujourd’hui dans ce secteur, il faut sortir, rencontrer des gens, car je crois sincèrement que le réseau est un vrai outils pour la réussite professionnelle, voir même la clef. Si tu restes invisible, tu n’existes pas. 

En 2016 on prévoit de créer une boite de production avec l’agence d’un ami pour collaborer plus sérieusement sur des projets aussi plus importants.

Côté personnel, je travaille avec un média associatif : Sans A : http://www.sans-a.org
Actuellement je fais un reportage sur un collectif d'artistes Africains qui ont été expulsés d'une villa qu'ils occupaient depuis plus de 15 ans (occupation jadis avec l'accord implicite du propriétaire, qui a souhaité il y a quelques semaines enfin la récupérer).
Je porte aussi une vive attention aux sujets ayant attrait à l’enfance et aux droits de l’homme.

Aujourd’hui j'ai envie de travailler sur des projets au long court, sur plusieurs mois voir années.

Dans cette idée, j'aimerais repartir au Népal, tenter de retrouver des personnes que j'ai pu rencontrer en mai dernier (j'irai montrer leur photo dans les endroits où je les ai rencontrés, et peut-être réussir à en retrouver quelques uns). Je cherche un axe qui n'ait pas déjà été traité, sinon une manière singulière de l'aborder.
Aussi je repars au Cambodge fin Février pour la réalisation d'un projet photo et vidéo avec deux violonistes qui vont jouer pour des enfants handicapés, dont des sourds, muets, aveugles. En ça, je pense que les images peuvent être très fortes car il s'agira de capter la subtilité entre la musique et les émotions transmises via l'oreille ou d'autres sens (toucher : perception des vibrations de l’instrument).
Sinon j'ai aussi un projet de documentaire sur une ile perdue et minuscule à l'autre bout du monde, j'aimerais y rester 1 ou 2 mois. Mais pour ça, il va me falloir près de 6000€ (dont 4000€ d'avion ^^) pour le réaliser (sans me rémunérer pendant ces 2 mois^^). C'est un projet qui je pense pourrait se vendre. Soit je prends le risque de le présenter à des agences ou magazines (qui pourraient ne pas être intéressés faute de référence me concernant) et avec le risque également de me faire piquer le sujet ou j'y crois dur comme fer, et j'y investi un petit paquet de pognon en spéculant sur un possible retour sur investissement... C'est la difficulté de travailler en freelance (et le privilège aussi d'être libre et maitre de ses sujets) sérieux dilemme !
Bon sinon, je viens de changer d'appartement, je passe d'un 10m2 que j'occupais depuis 3 ans, à 60m2 avec verrière (en coloc!). J'aimerais y organiser une vente de tirage (pré-commande via internet) suivie d'une petite exposition où les acheteurs pourront venir récupérer leurs photos ainsi exposées. Une manière de se rencontrer autour d'une même sensibilité, et d'échanger. Dans ce même appart, je vais avoir la possibilité d'installer un studio (éphémère). J'aimerais commencer à travailler sérieusement la lumière en intérieur et sur fond (pour aussi développer un nouvel axe de prestation).
L'autodidacte que je suis se demande aujourd'hui comment trouver des sujets, comment les aborder pour proposer un regard intéressant voir nouveau. C'est sans doute ce qui me turlupine le plus aujourd'hui. En ça, il faut que je développe une culture du monde, que j'avale des informations, que je dévore des livres, que je me familiarise avec l'histoire, l'économie et plus encore, des pays d'Europe, d'Amérique, d'Asie, etc. Pour aborder correctement un sujet, il faut connaitre le contexte, l'environnement et ce qui le précède. Un bon journaliste (pour voir plus large) est d'abord une personne cultivée qui a une connaissance de son environnement. Du coup, c'est la radio (RFI, France Culture, ...) ou des documentaires, des reportages et le Petit Journal (pour la détente) qui me chuchotent des brides de culture G la journée et qui accompagnent mes post-productions jusqu’à tard dans la nuit. 

Supers projets...Je te souhaite très sincèrement beaucoup de succès.
Tu sembles très attaché au reportage et aux photos humanitaires. Que réponds tu à ceux qui te reprochent de faire du commerce sur des événements souvent tragiques?
- J'ai dû entendre 2 fois cette question, heureusement ! Preuve que la plus part des gens n'ont pas les idées tordues et ceux qui s'intéressent ne serait-ce qu'un peu à cette branche de la photo, savent très bien pourquoi on le fait. Je ne peux pas croire qu'un photographe qui ramène des photos de tels événements (on parle de photo, pas de clichés hein) le fasse pour cette intention pécuniaire. La presse ne paie pas. Il est loin l'âge d'or de l'époque de Magnum, etc.
L'investissement est énorme : personnel (on sacrifie pas mal de vie familiale, amicale), financier (rare sont ceux qui partent sur commande, souvent on spécule, puis on frappe aux portes pour vendre) et il y a une prise de risque (physique, intellectuelle plus ou moins importante selon le contexte).
Alors à ceux qui se posent encore la question, je ne répondrais pas, on ne parle clairement pas de la même chose.
As tu une règle de conduite en photographie?
- Ce qui me plait dans l'approche photographique de reportage, c'est le challenge qui en découle : être près de son sujet tout en étant le moins visible possible pour ne pas perturber la scène qui se déroule. C'est une capacité qui est indéfiniment perfectible. On ne peut que s'améliorer, il n'y a aucune limite. Chaque situation ou sujet est un nouveau défi. Qu'il s'agisse de mariage ou de reportage journalistique délicat (en hôpital par exemple) il faut réussir à ne pas intimider, ni gêner, ni paraitre intrusif afin d'être au plus près de la réalité. 
Je dois me sentir légitime pour photographier. Au Népal par exemple, dans les hôpitaux, il y a certaines photos que je n’ai pas prises, car je ne savais pas à ce moment là , comment les prendre sans tomber dans le cliché ou le voyeurisme.
Y a t il une photo à tes yeux légendaire que tu aimerais nous faire partager?
- La photo de la jeune fillette Kim Phuc, brulée au Napalm et courant nue sur une route le 8 juin 1972 lors d'une attaque aérienne des forces américaines sur le village de Trang Bang au Vietnam. Photo légendaire prise par Nick Ut pendant la guerre du Vietnam.
C'est une photo qui me revient souvent quand on parle de photographie de guerre. Le genre de photographie imprégnée dans ta tête et qui m’a fait aimer le photoreportage.
- #251125: Consulté 4181 fois
Par rapport à la photo en général quel est ton rapport au temps qui passe ?
- Elles moisissent dans des disques durs.
J'ai tiré une photo en 70cm (grand côté) l'autre jour, j'ai adoré la découvrir sur papier. La photo ne prend vie que sur papier selon moi, pas sur un écran. Sentir le doigt accrocher au grain ou glisser sur un plexiglass, éclairée par une lampe de salon ou une fenêtre, elle n’aura pas la même couleur ni le même rendu. Du mat ou brillant, de la couleur au noir et blanc, elle prendra vie sur un mur ou dans un cadre simplement posé au sol adossé au mur. Sur un écran, elle est figée, aseptisée, sans vie.
Quel est le roman qui pourrait illustrer une de tes photos préférées... et pourquoi ?
- Je ne lis guère de roman, il m'arrive de dévorer quelques récits de voyage ou depuis que j'ai mis un oeil dans la photographie, de parcourir les récits photographiques comme biographiques de photographes.
En revanche, un film qui illustrerait un parcours photographique que j'envierai serait Le Sel de la Terre, le documentaire sur Sebastiao Salgado. Sa photographie est tout simplement mon Ă©toile du berger.
Quel est le photographe que tu rĂŞverais de rencontrer et quelle question lui poserais tu?
- J'aimerais plutôt observer en silence un Sebastiao Salgado ou un James Nachtwey sur le terrain. Ca n'est qu'après que l'on discuterait photo autour d'un feu et d'un vin chaud dans un chalet au Canada. La neige virevolterait devant les fenêtres, tandis qu’ils me feraient le récit des rencontres qui les ont marquées.
A quel magazine aimerais vendre tes photos?
- Celui qui voudra bien m'en publier.
Polka ?
Quel est ton meilleur souvenir photo ?
- Je crois que c'est une photo toute simple que j'ai prise en Terre de Feu, à Ushuaïa. C’est plutôt le meilleur souvenir d’un moment.
Il n'y avait personne dans le parc ce jour là (basse saison sans doute) c'était un jour de fin octobre, il faisait très frais (c'est peu dire^^), devant moi un grand plan d'eau cerclé de montagnes enneigées. Sous mes pieds de la mousse, des arbres recouverts d'un manteau de champignons oranges, verts. Devant un canard, tranquille, sur le dessus d'un gros cailloux planté sur un promontoire de terre comme au bord d'une falaise.
J'ai dû m'asseoir à côté un instant et j'ai pris une photo avec mes yeux. Je pense que les plus belles photographies sont celles que l'on capture avec sa rétine, sans filtre.
Seul avec ce compagnon muet, je me suis senti libre, vivant, dans une plénitude totale. Ushuaïa à ça de magique ! J’y retournerai !
As tu un geste technique photo que tu apprécies particulièrement?
- Tout simplement tourner la bague de map et déclencher (ça fait deux je sais, mais c'est moi qui raconte...)
Bon d'accord...Ton rĂŞve de gosse alors...
- Mon rêve de gosse ? Je ne m'en souviens pas, joueur en NBA sans doute. A l'époque j'étais passionné par le basket : des posters de Jordan ou Oneil sur les murs de ma chambre à ma casquette des Bulls ou mes Air Max. Je passais des heures à jouer (en club ou sur les terrains avec mon père). Je regardais tous les matchs de NBA sur canal+ et je refaisais les matchs à coup de dunks dans la garage. Oui sans doute ça : jouer en NBA
Aujourd'hui ? Un rêve de réalisation et de rencontres extraordinaires plus que de devenir. Etre reconnu pour ce que je fais plus que pour qui je pourrais être.
Si tu avais un super pouvoir...
- Voler. Pas que je sois un Yann Arthus Bertrand dans l'âme, mais pour avoir la possibilité d'aller voir plus loin voir un peu plus haut (l'univers me fascine, d'ailleurs je sors de "Seul sur Mars" un film de Ridley Scott, tout bonnement MA-GNI-FIQUE ! A voir en 3D.)
Un petit j'aime, j'aime pas pour terminer?
- J'aime... les petits mots doux de mes clients ou collaborateurs satisfaits du travail
J'aime pas... les gens qui me disent "et le droit à l'image alors?" sans savoir à quoi font-ils référence.
(Lors d'une manif Ă Paris (celle-ci : http://www.simonguillemin.com/rassemblementprogbagbo ), une nana vient me voir et me demande d'arrĂŞter de prendre des photos. Je lui demande alors Ă quoi cela sert de manifester si personne ne les entend ? "Et puis vous ĂŞtes sur la voie publique, et vous faites une manifestation Madame" )
J'aime... commander un nouvel objectif ou appareil
J'aime pas... devoir payer pour ça...
J'aime... rencontrer des collègues et blablater dans un langage que, seuls nous comprenons !
J'aime pas... quand quelqu'un me demande d'évaluer le prix de son matériel d'occaz pour sa revente (parce que je suis censé connaitre tout ce qui se fait sur le marché?) Un coup d’oeil sur le bon coin pour comparer les prix les gars…


J'aime... qu’on m’engage pour mon oeil (« Etre reconnu pour ce que je fais »)
J'aime pas... qu’on ne considère pas mon oeil mais plutôt comme un vulgaire exécutant.

J'adore alors... les remercier gentiment en rappelant comment je travaille. (Rien de plus jouissif de refuser soi-même un travail, c’est si rare ! rires)

J'aime... réussir à partager et susciter une émotion à travers mes images
J'aime pas... quand ça parle pas. :/
J'aime... ce petit jeu de dualité
J'aime pas... devoir trouver des trucs Ă pas aimer... On ne peut pas juste aimer et en avoir rien Ă faire du reste ?
Cheers !
Un grand grand merci Simon de t'être prêté au jeu et d'avoir pris le temps de répondre à ces questions qui ont débuté par un gros chaos pas du tout organisé!!
J'aime...tes photos, ton enthousiasme
J'aime pas....... non je ne vois pas en fait....Continues d'ĂŞtre toi mĂŞme et de nous faire profiter de tes photos et projets
à vous deux
